Le printemps rend les décors de Cerah magnifique. L'Orée d'Émeraude profite d'une aura magnifique. Son feuillage si verdoyant, ses oiseaux chantant, tout y est enchanteur. Dommage que Mihaela a une envie profonde de tuer quelqu'un. De manière figurée. M'sing la force à rentrer à coup de chantage et de menaces, pour récupérer ses "responsabilités" d'élue. Et puis quoi encore ? La succube n'aime que profiter, s'amuser... Comment peut-on imaginer un seul instant qu'elle se tiendra sage face aux demandes ? D'humeur massacrante, la centenaire réussie à s'échapper de son convoi en rusant. La voilà donc, vêtue d'une grande cape à capuche, à arpenter les branches de la ville suspendue, l'esprit plein de souvenirs récents. D'ordinaire, elle aurait pu s'énerver, faire quelques caprices aux habitants, s'imposer, mais... quelqu'un vivant ici a eu une bonne influence sur elle. Evane... Est-il ici ? Peut-être qu'elle pourrait lui rendre visite ? Après tout,il lui a montré beaucoup de choses sur les lieux et ses habitants... C'est grâce à lui qu'elle comprend mieux la vie et la philosophie des cerans.

D'abord, elle doit manger. Même si son corps n'en a pas besoin, la Luxure est gourmande et déguster quelques plats d'ici lui ferait un bien fou, surtout au moral. Elle missionne un local, pour aller réserver au meilleur restaurant du coin et privatiser la salle. Pour une élue -sans avoir préciser de quel vice ou bénédiction-, ils allaient bien faire cet effort ? La dépéris profite réellement de son statut ~. Les liges ? Des services ? Sa propre réputation ? À ce stade, Mihaela est prête à tout pour passer un bon moment, sans avoir la surprise d'être retrouvée par la foutue chauve-souris corrompue.

Écumant les bars jusqu'à ce que l'heure de sa réservation arrive, elle se sent enfin vivre. Elle ?! Enfermée ?! Elle ne pourrait pas survivre, la déchéante a besoin d'être libre de se détruire. Le claquement de ses talons suit sa démarche chaloupée, elle passe l'entrée du restaurant et est directement frappée par l'aspect des lieux. L'arbre semble pousser à l'intérieur... Elle observe la salle, sourit en voyant qu'il n'y a aucun client, sa demande a été respectée. Mihaela découvre sa capuche, ses cheveux verts tombent en cascade sur son corps voluptueux, qu'elle peut enfin montrer en défaisant la cape qu'elle porte depuis bien trop longtemps. Disons qu'elle est sensible au sort des cerans et elle n'aime pas afficher son apparence et ses manières exubérantes au risque d'évoquer de sombres souvenirs donnés par la nation corrompue.

Elle porte un pantalon en velours nuit, montant jusqu'à sa taille, suivant la courbe de ses hanches plantureuses et un haut en dentelle aux motifs stellaires, entièrement transparent. Le peu de pudeur qui lui reste est protégée par un bustier noir coupé assez court pour que le haut de son ventre soit visible. Ses ailes sont rabattues, fermées, pour éviter de gêner ses mouvements. Mihaela s'installe à une table centrale, celle qui lui semble être la plus importante, elle croise ses jambes attendant donc qu'on vienne à sa rencontre. Curieuse du service, elle jette de petits regards intrigués autour d'elle.

Voilà quelques semaines que Léandre est rentré d'Ananda et qu'il a repris un semblant de vie normale. Semblant, parce qu'il n'oublie pas. Parce que la nuit, il se réveille en sueur. Parce que tout ce qu'il voit, c'est les dents qui se referment sur lui.

Aujourd'hui est une journée spéciale. Il a renvoyé ses serveurs à la maison et il peut gérer le feuillage tout seul. Du moins, pour l'instant. Sa mise en place est longue, parce qu'un élu doit séjourner à sa table, et qu'on lui a prévenu de sortir l'artillerie lourde. Il avait réfléchi quelques instants. Gourmandise ? Il se serait annoncé. Orgueil ? Elle ne se serait pas annoncée. Peut-être les élus d'Arvandor ? Peu importe. Léandre cuisine pour tous et toutes.

Il entend les bruits de pas dans la salle principale, depuis la cuisine en hauteur. Pas le temps de voir qui est rentré, ses choux sont enfin prêts. Il a passé une partie de l'après-midi a préparer sa pâte et il est plutôt fier du résultat. Garnie d'une préparation à l'avocat, il y place quelques petites fleurs pour couronner le tout. Certes, l'assiette n'est pas énorme, mais il reste encore au moins trois ou quatre plats. Il s'agit d'ouvrir l'appétit.

Il se regarde dans l'un des -nombreux- miroirs de la cuisine, puis soupire. Il resserre légèrement sa cravate, d'un orange pastel digne des tenues les plus excentriques qu'il lui arrive de porter. Sa chemise est ample, comme à son habitude, et l'accessoire aurait pu faire tache, si ce n'était pas Léandre qui le portait.

Plat dans la main, il s'élance dans l'escalier pour descendre jusqu'à la table. Son regard se pose enfin sur l'élue.

Ah.

Ahhh.

Léandre n'a pas d'apriori sur les élus. Mais la présence de la nouvelle élue de la Luxure lui brise le coeur. Après tout, la dernière élue pour laquelle Léandre avait préparé un plat était Meridia. Mais Léandre doit garder le cap et rester digne. La réputation de son restaurant est en jeu, et la dame n'a rien fait de mal.

"Mademoiselle."

Il dépose le plat sur la table, pousse l'assiette en face et se penche pour se présenter.

"Je suis Léandre, chef du Feuillage éternel. Merci d'avoir choisi notre restaurant pour votre repas de ce soir. Il sera composé d'un apéritif, que vous avez sous les yeux. S'en suivront une entrée, deux plats, un fromage et un dessert."

On ne lui avait pas signalé d'allergies.

"Si vous avez besoin de moi, je reste disponible à votre convenance."

Il doit se retourner. Vite. Pitié, qu'elle ne lui demande pas de rester. Les larmes commencent à monter et Léandre est presque certain qu'elle n'a pas envie d'assister à l'effondrement d'un céleste.

Mihaela sent du mouvement, elle se tourne vers le chef en personne qui vient lui présenter la première assiette. Intriguée, elle hausse un sourcil. Elle ne peut s'empêcher, un instant de l'observer de haut en bas, détaillant l'inconnu qui pour une raison qui lui échappe, est beau à s'en damner. Une beauté angélique, elle a beaucoup de mal à l'expliquer et ça l'intrigue. Une magie ? Peut-être est-ce naturel ? Il a des êtres frôlant le parfaits...

À son niveau, il la sert, présentant l'apéritif qu'elle observe avec beaucoup d'intérêt. La gourmande sourit, dévoilant ses crocs acérés, pendant qu'il se présente. À peine a-t-elle le temps de contempler son plat, qu'il s'apprête à filer. Hm ? Ne compte-il pas lui tenir compagnie ? Même un peu ? Elle a privatisé la salle, elle qui aime être entourée, la voilà bien embêtée. Foutu M'sing, sans lui elle n'aurait pas demandé à réservé l’entièreté de l'établissement.

"Et pour le divertissement, à qui je m'adresse ? ~"

Loin de l'empathie, elle ne remarque pas l'état émotionnel de son hôte et si elle l'avait remarqué sans doute aurait-elle eut moins de tact encore. Disons qu'elle n'est pas habituée à gérer les tracas des autres, plutôt centrée sur son petit nombril. Mihaela joueuse, elle se retourne sur sa chaise, posant son avant bras sur le haut de celle-ci, observant le bellâtre s'éloigner.

"Mihaela, enchantée. Élue de la Luxure." énonce-t-elle pour suivre les présentations, sans avoir conscience qu'elle enfonce le couteau dans la plaie "Vous n'avez rien de prévu pour une "mademoiselle" qui n'a pas envie d'être seule ? Paradoxale, je saiiis, j'ai demandé à réservé le restaurant, mais... Un salaud de la pire espèce me traque." sa voix est joueuse, elle évoque évidement la chauve-souris de la Tour Galate.

Une fois de plus, elle n'a aucune conscience encore de ce qui a coûté la vie à sa chère Meridia, que bien qu'inconnue, elle l'a toujours respecté pour son aura et sa présence. Donc voilà, qu'elle parle d'être taquée, elle la fraîche élue, à un homme qui vient de perdre un être cher dans des circonstances similaires.

Bien sûr, elle veut qu'il reste, sinon, tout aurait été trop facile.  Vite, il doit trouver une parade. Du moins, c'est ce qu'il pense avant qu'elle parle de ses propres problèmes. Non, Léandre, tu ne peux pas te permettre d'abandonner quelqu'un qui a besoin d'aide. Même si elle est l'élue de la Luxure, même si tu n'as pour l'instant que l'image de la tombe de Meridia en tête.

Il respire un grand coup, bloque les larmes, reste beau. Un sourire céleste pour rassurer sa convive du jour et hoche la tête.

"Laissez moi quelques instants pour revenir les mains pleines et je pourrai égayer votre repas de ma présence. Mais le plat sur le feu ne peut malheureusement pas attendre plus longtemps."

Il s'échappe rapidement. Il doit faire vite, parce qu'elle ne peut pas attendre longtemps. Elle n'a pas l'air très ravie d'être seule et si elle est bien traquée, alors Léandre doit être là pour s'assurer que tout va bien. Il remonte rapidement en cuisine et arrache cette cravate qui semble l'étouffer. Mais est-ce ça ? Non. Non, parce que ça ne va toujours pas.

Dès qu'il a quitté le regard de l'élue, les larmes se sont mises à couler. Il s'essuie tant bien que mal dans l'un de ses torchons qui traine non loin d'un plan de travail. Il se regarde à nouveau dans un miroir : quelle catastrophe. Et puis lorsque ses yeux se plongent dans leur reflet, un flash blanc. Oh non, pas encore. Devant lui, le Galatien, encore.

Non, Léandre. Tu n'es pas là-bas. Tu es à Cerah. Tu dois te resaisir, parce qu'on attend de toi que tu sois excellent.

Il respire un grand coup et frotte, frotte ses yeux. Ils seront peut être un peu rouge, mais il pourra prétexter que c'est à cause d'une cuisson. Il remplit deux verres de vin, puis encore une fois, grande respiration. Il est l'heure de jouer le rôle de sa vie et d'essayer d'ignorer ce qui lui passe par la tête.

Quelques instants plus tard, il est face à Mihaela. Il dépose les deux verres sur la table, puis le plateau sur une autre, à côté. Il récupère une chaise qu'il installe en face et vient s'asseoir.

"Veuillez m'excuser pour le contretemps. Pour commencer, je recommande notre Rivage Étoilé blanc de Clara Nocte. Je suis certain que vous apprécierez ses subtiles notes de poire et de vanille."

Il en sert deux verres (le sien est moins rempli, bien sûr, il faut rester en forme pour le reste du repas et éviter de mettre le feu à l'établissement) et glisse celui de son invitée vers elle.

"Je ne vous garantis cependant pas le service de garde du corps. Je ne suis qu'un humble restaurateur."

L'hôte esquive. Bon, c'est logique qu'il doive protéger son repas d'une cuisson peu adaptée, mais Mihaela s'ennuie. Elle le regarde filer, non sans laisser son regard vagabonder sur quelques détails qui lui ont échappés. Sa beauté relève des cieux, elle a rarement rencontré aussi captivant. Une beauté envoutante, dont elle ne connaît pas le secret, cela la dérange. C'est elle qui subjugue de part sa beauté, sa jeunesse éternelle et surtout -vraiment- son comportement. Profondément agacée, elle croise les jambes dans l'autre sens, patientant en goûtant l'apéritif apporté. Rapidement, sa petite moue boudeuse disparaît, pour afficher un sourire franc. Incroyable, tout simplement. La gourmet doit reconnaître que les talents du chef ne sont pas usurpés.

Lorsqu'il revient, elle se tourne avec un grand sourire ravi. Déjà, parce qu'il apporte du vin et surtout parce qu'il vient enfin proposer sa compagnie. Mihaela déteste être seule, son esprit s'embrume, divague sur des pensées, qu'elle ne supporte pas. Remords, regrets, détresse, son cœur est piégé dans un carcan d'épines. Dès qu'il s'installe en face d'elle, elle repère ses yeux rougit. La cuissons ? Ou est-elle en face d'un autre écorché vif ? Elle qui a connu la souffrance et surtout l'art de dissimuler, croit reconnaître un confrère cachotier. Ce n'est pas ses affaires, surtout qu'elle ne compte pas offrir son aide à un homme. Evane lui a suffit, elle ne verse pas dans la charité.

Les hommes méritent tous les maux.

"Très bon choix j'en suis certaine." elle prend sa coupe, la lève "Pour ce divin repas."

Elle trempe ses lèvres, goûtant le nectar, laissant la fine empreinte de ses lèvres pourpres sur le contour du verre. Délicieux, elle laisse une onomatopée de contentement lui échapper.

"Merveilleux ! Hm... Non, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas traquer de cette manière. Disons que je dois prendre quelques responsabilités que je ne veux pas prendre. Un caprice ~." s'amuse-t-elle de son propre comportement qu'elle reconnaît comme égoïste... mais qu'en a-t-elle à foutre ? "Léandre... Vous avez coupé combien d'échalottes pour avoir le regard si marqué ? Hm... Ou cela vient d'une sauce relevée ?"

Elle le taquine prêchant le faux pour avoir le vrai. Si il est réellement bouleversé, elle se demande bien pourquoi avoir ouvert son restaurant... à moins que ça soit sa présence qui l'inconforte ? Cette pensée l'amuse. Comme un chat ayant repéré une petite souris, elle se met à jouer. Ses doigts passent dans une de ses mèches de jade, jouant avec tout en sirotant sa coupe de l'autre.

"Ou c'est moi qui vous met dans cet état ? Vos traits ne sont pas fait pour connaître le désespoir."

Une beauté pareille se doit d'être conservée.

Léandre a l'impression qu'elle arrive à lire à travers lui et il n'apprécie pas totalement la démarche. Une partie de lui est plutôt heureux d'entendre un compliment sur ses traits (parce que sa vanité est tout de même une part importante de son caractère), mais elle touche la cible en sous entendant qu'elle le met dans cet état.

"Simplement un nuage de vapeur un peu trop chaud qui a décidé de se jeter à mon visage."

Vertu, certes, mais pas incapable de mentir. Le plus important, c'est de maintenir la réputation du restaurant.

"Je ne vous ai jamais rencontrée, Mihaela. Je ne suis pas de ceux qui sont tout de suite choqué par la présence d'une élue."

Vous n'êtes ni la première, ni la dernière, qu'il voulait répondre. Mais ça, c'est sa colère qui parle. Elle a pris la place de Meridia et elle se permet de jouer avec lui. Alors il termine son verre beaucoup trop rapidement, pour se remettre les idées en place.

Non. Elle n'a pas pris la place de Meridia.
Elle ne lui a pas pris Meridia
Quelqu'un a pris Meridia.

Mais de quel droit pouvait-il penser qu'elle lui appartenait ? Il s'est pourtant épris d'autres personnes et sur le papier, Meridia n'était qu'un des amours de Léandre. Mais c'était celui du moment, et c'est peut être pour ça qu'il est blessé.

"Quelles responsabilités tentez vous d'ignorer ? Pas celles d'élue, j'espère. Ananda a besoin de vous, encore plus au regard de la situation du pays."

Si elle avait été corrompue, il serait déjà mort, à l'heure qu'il est.
Mort et enterré.

Un nuage de vapeur ? Plausible. De toute manière ses états d'âme ne l'intéressent pas, c'est sa curiosité maladive qui parle. Son comportement reste étrange, il semble tendu et pourtant, s'efforcer de feindre de la sérénité. Sans doute cherche-t-il à préserver les apparences de son beau restaurant, elle est une invité de marque après tout ~. C'est son orgueil qui parle, elle aime se répéter sa soudaine importance. Mihaela prend une nouvelle gorgée de vin, observant son hôte descendre son verre avec un peu trop de précipitation... Cela l'amuse.

"Oh non, pas vous. J'ai pas envie de me faire sermonner. Je fais ce qu'il me chante et ce que ma déesse attend de moi... Prier dans la débauche et amuser ceux qui en ont besoin et je crois que ce n'est pas un hasard si je suis ici." elle fait référence à son état qu'il continue de nier, mais sa descente de coupe a fini de convaincre la succube "Je sais !" elle a une idée.

Selon les points de vue, ce n'est pas forcément une bonne chose que la dépéris ait une idée. Son regard pétille d'une étincèle de malice, avant qu'elle termine son verre d'une traite pour le suivre.

"Jouons ce soir joli cœur. Mes responsabilités, je les prendrais en temps voulu, là je suis fatiguée et ennuyée, donc j'ai envie de m'amuser." elle lui tend sa coupe pour qu'il la serve à nouveau "On énonce une vérité, si celle-ci est vraie, le ou la concerné boit." va-t-elle lui dire qu'elle joue gagnant ne ressentant que très peu les effets de l'alcool ? Non ~ "Si on a envie de détailler on peut, mais sinon le simple fait de boire ou non répond à la vérité."

Effectivement, il cuisine, il pourrait avoir envie d'éviter un tragique scénario, donc elle ne lui laisse pas le temps de rétorquer avant d'ajouter :

"Vous pourrez arrêter quand vous voulez et je commence..." elle marque un temps pour réfléchir, avant de lui lancer "Tu es du genre coureur de jupons." elle l'imagine bien cumuler les relations et les amants ou amantes... sa bouille d'ange doit aider, il a bien raison d'en profiter, elle n'allait clairement pas le juger à ce sujet ~.

Une vérité facile en réalité, il a l'air à l'aise, son métier est intéressant, il a un physique avantageux... Elle serait étonnée du contraire.

Il lève juste les mains en réponse, comme pour se dédouaner. Il ne veut pas l'enchaîner à Ananda et elle a bien évidemment le droit d'être libre -comme nous tous- et Léandre ne pensait pas à mal.

Elle propose de jouer. Dans d'autres contextes, Léandre est joueur. Mais Léandre ne peut pas refuser une invitation d'une élue, alors il hoche la tête. Avec ses presque soixante dix ans, il a bu assez de litres pour savoir ou s'arrêter et à quel moment repartir avec pour prétexte la cuisine.

Il sert les deux coupes.

Elle parle. Elle le tutoie. Il lève son verre et boit une légère gorgée.

"Je n'utiliserai pas ce terme, mais j'ai du succès avec les dames."

Elle veut jouer ? Jouons. Peut être que Léandre est un peu de mauvais poil, mais elle lui doit bien ça. Les choses doivent sortir.

"Vous ne connaissiez pas l'ancienne élue de la Luxure."

Il croise les jambes sous la table, se recule un peu et croise les bras.

Elle le tutoie, il ne s'y oppose pas, mais n'en fait pas de même. Une simple forme de respect, une habitude ou une manière de mettre de la distance ? Mihaela le trouve divertissant. Pourquoi est-il si difficile à lire ? Quelque chose cloche, elle le sent et pourtant, elle ne saurait pas mettre des mots sur ce qui fait grincer le rouage de leur rencontre. Il annonce qu'elle a raison, bien sûr qu'elle a raison ~ Une manche de gagner, elle a un petit sourire fier, pendant que ses doigts manucurés de noir tapent le bord de son verre. Curieuse de ce qu'il allait oser, elle hausse les sourcils à sa question... L'ancienne Luxure... Elle affiche une moue. Cependant, il a gagné, donc avant même de répondre, elle se serre puis boit une gorgée.

"Ma douce Meridia." elle a un grand respect pour l'ancienne Luxure, elle l'a toujours eut, après tout elles priaient la même déesse "Effectivement, c'est bien un regret. J'ai toujours la sensation d'avoir le temps de tout et voilà qu'elle a été rencontré un funeste destin. Je ne suis pas une politicienne ou une combattante, mais ceux qui lui ont fait ça paieront. J'ai d'autres atouts et le sang a été versé, au nom de la Luxure je prendrais réparation." aucune plaisanterie, un ton presque autoritaire que peu lui connaissent "Pour l'heure, je ne bois pas avec..." elle le jauge du regard, s'installant contre l'assise de sa chaise "un simple humain."

Un métisse ? Cluasan ? Elle ne l'imagine pas en humain pur. Mihaela se rend compte qu'elle s'est lancée dans un jeu dangereux, car des secrets elle a beaucoup trop... mais vivre dans le risque n'est-il pas bon ? Sensible aux addictions, le jeu reste un de ses péchés mignon. La succube ne le quitte pas du regard, se demandant si il oserait détailler comme elle l'a fait.

Elle boit. Bien sûr qu'elle boit. Si elle n'avait pas bu, il aurait été surpris. Peu importe, cependant. Gagner, perdre, tout ça n'est pas très important pour le céleste. Il ne sait pas ce qu'il fait, là. Il a un perdu le contrôle, pour être franc.

"La vengeance n'apportera rien."

Elle ne ramènera pas Meridia.
Il boit.

Bien sûr qu'il n'est pas un simple humain. Il arpente les routes depuis une soixantaine d'années et si il venait uniquement d'Arvandor, il serait déjà vieux et ridé (il frissonne rien qu'à l'idée d'avoir une ride un jour).

"Vous vous pavanez et répétez à tous que vous êtes l'élue de la Luxure, peu importe ou vous vous trouvez."

Comme si Meridia n'avait jamais été. Comme si il suffisait d'un peu de charme (même si dans d'autres situations, Léandre aurait très probablement considéré que Mihaela avait BEAUCOUP de charme.) pour la remplacer.

En voilà une phrase qui a bien sa place en Cerah. Cela lui arrache un sourire. La vengeance apporte la satisfaction, rien de plus et ça lui suffit amplement. Ce qu'il peut être bougon. Traite-t-il tous ses clients avec si peu d'enthousiasme ? Pourtant, elle a entendu parlé du traitement réservé aux élus sous son enseigne... A-t-il un problème avec la Luxure ? Beaucoup d'esprits étriqués la voient comme une menace pour leurs petites vertus... un comportement qu'elle peut trouver amuser, voire parfois intrigant, mais bien souvent, cela finit par l'agacer surtout lorsqu'on lui manque de respect. Ce n'est bien sûr pas le cas ici, mais elle commence à se demander, si il est mal luné ou si il a un problème avec elle ou sa foi ?

Il n'est donc pas un simple humain. Voilà qui nourrira quelques théorie à ce sujet... elle l'imagine cluasan ou peut-être elfique ? Elle-même est métissée à l'origine.

"Je ne vois pas de mal à assumer qui je suis. Mihaela, élue de la Luxure." elle boit donc, cette fois cul sec terminant son verre "Cessons ce jeu, vous n'êtes pas amusé et donc, vous n'êtes pas amusant."

Elle plisse le regard, suspicieuse et comme à son habitude, elle décide de ne pas prendre de gants.

"Luxure par-ci, Luxure par-là... Visiblement l'état de mes mœurs vous intéresse beaucoup ou vous perturbe ou... Ce n'est pas la Luxure que j'incarne qui vous pose problème." elle croise les bras sous sa poitrine "Vous connaissiez Meridia et vu votre état, vous étiez bien plus qu'une connaissance, je me trompe ?"

Cessons de tourner autour du pot, il n'a cessé d'évoquer la Luxure et sa réputation énonce qu'il accueille tous les élus des bénédictions, comme des vices, donc à moins qu'ils soient un des nombreux éconduits ou offensés qu'elle se trimballe, il a connu la défunte Meridia.

"À moins que j'ai malencontreusement marché sur votre petit cœur par le passé, rien n'explique votre comportement à mon égard." autant essayer d'en discuter directement en espérant qu'il pourrisse pas toute sa soirée avec ses affaires.

Elle aime s'imaginer en âme sans bienveillance pour autrui, mais la réalité est bien plus complexe. Mihaela est loin de l'image de l'apôtre libidineuse et sans cœur qu'elle s'est construite -même si elle ne voudra pas le reconnaître ~-.

Elle n'a pas tord et marque un point. Et parce qu'il est tout de même sérieux, lorsqu'elle dit qu'il ne s'amuse pas, il boit un coup. Non, il ne s'amuse pas. Comment pourrait-il s'amuser ?

"Vous..."

Pour une fois, Léandre n'a rien à dire. Peut être parce que dans sa tête, ça tourne à mille à l'heure. Il n'a le temps de rien faire. Rien comprendre, rien décider, rien choisir. Quand il essaie de réfléchir correctement, il repense à Meridia. Quand il repense à Meridia, il repense à Ananda. A la Tour Galate. A la peur. Au frisson. A la mort qui lui était promise dans les sous-sols du lieu.

Il ouvre la bouche à nouveau, mais rien ne sort. Son rythme cardiaque s'accélère. Il fait chaud, soudainement. Ce n'est pas l'alcool. L'alcool n'a jamais été un problème pour lui, pas depuis qu'il y a goûté en trempant les lèvres lorsqu'il avait à peine 13 ans.

"Je..."

Et puis d'un coup, tout s'écroule sur lui. La pression de réussir, la réputation de son restaurant, ses émotions négatives qu'il cache beaucoup trop. Il se penche un peu vers l'avant, son dos n'est plus collé à la chaise, et tant mieux. Tant mieux parce que les pensées tristes se répètent, encore et encore, indéfiniment. Jusqu'à ce que le visage du Galatien se marque clairement dans sa tête. Il se relève, repousse la chaise en un instant, puis dans un mouvement sec, plaque ses deux mains contre la table. Dans le même temps, une paire d'ailes s'ouvre dans son dos, déchirant clairement le tissu de sa chemise (pourtant neuve) et repoussant la veste qu'il porte par dessus au sol.

D'un coup, la lumière arrive. Entouré pendant un petit instant par la chaleur de ses ailes, Léandre ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive.

"Excusez..."

Est-ce qu'il contrôle ça ? Peut être. Mais pour l'instant, le voilà debout, en face d'elle, les ailes dépliées, le soleil traversant la baie vitrée du toit pour frapper directement sur le cuisinier.

"Vous avez raison. Sur tout."

Il n'a pas fait son deuil. Non, bien sûr. Mais ses ailes sont la pour le rassurer. Il existe toujours. Il a chuté, certes, mais il ne doit pas disparaître. Elles sont belles (tout comme lui, selon son propre avis) et solides.

"Veuillez m'excuser, Mihaela. Vous n'êtes pas responsable de ce qui est arrivé à Meridia. Il est indigne de ma part de vous traiter de la sorte et j'aurais du être franc avec vous dès le début."

Il se penche pour ramasser sa veste et la chaise qu'il remet droite.

"Veuillez également excuser cette excroissance incontrôlée. Je... c'est la première fois."