Partir devient vital pour la biquette. Sonya n'a toujours pas donnée signe de vie et si jusqu'ici sa famille gardait son calme et sa sérénité, un vent glaciale à frapper la petite bicoque certaine. En attendant son départ, elle ne perd pas les conseils de sa meilleure amie, elle court, travaille son endurance, et surtout elle fait ce qu'elle fait de mieux : lire avec sérieux toute la documentation possible sur Arvandor et ses alentours. Quelques voisins l'aident à trouver du matériel, son expédition prend peu à peu forme et bientôt elle partira pour retrouver sa soeur cadette et au moins être rassurée. Manque-t-elle de quelque chose ? Est-elle en santé ? Est-elle en vie ?...

En cette belle journée automnale et fraîche, elle fait quelques courses pour pouvoir s'entraîner à camper seule. Un sac à dos plein de conserves préparées par ses parents, elle échange, toujours avec cet air sérieux et réservé, les habitants de l'arbre sont habitués au petit caractère de l'aîné Dheneb.

Vêtue de noir, dans une tenue à la fois élégante et confortable, elle continue ses petites affaires, cochant les éléments qu'elle a déjà récupéré sur sa liste. Son pantalon noir, taille haute, est parfaitement coupé, bien droit, tombant les formes de longilignes de la jeune femme, tandis que ses bottines noires éprouvées par la marche dénotent. En haut, elle porte un pull à col montant, assez strict comme souvent avec la cuilleuse. Parfois pour calmer son anxiété sociale, elle caresse la pierre de lien qui l'unit à son élu.

Lorsqu'elle arrive près d'un étal de vente de denrées séchées, elle patiente, laissant d'autres passer devant elle… Alya n'a pas réellement envie de s'imposer, surtout qu'il y a beaucoup de clients… nerveuse, elle observe, attendant le bon moment pour passer entre deux personnes, avant que son regard ne soit attiré par une silhouette peu commune. Large d'épaules, un long manteau, des cheveux de jais, de dos cette femme en impose, mais ce qui étonne réellement c'est sa manière de troquer trahissant son statut d'étrangère. Si d'habitude elle n'intervient pas, laissant d'autres le faire, personne ne semble oser perturber la colosse… Les cerans ne sont pas réputés pour leur force de caractère brute.

Alya se mordille la lèvre frustrée. Elle n'a pas envie de se mettre en spectacle, mais de voir cette inconnue chercher une bonne mise ey ralentir la cadence de vente, commence à sérieusement user sa patience. Autant le temps elle s'en moque, mais elle semble perdue et personne ne l'aide.

Maladroitement, la cluasan cède, elle se faufile jusqu'à rejoindre la soldats, avant de donner plusieurs conserves.

”Bonjour. Tenez, c'est pour la dame et moi-même. Je prendrais quelques légumes et deux de vos confits végétariens. Merci. elle rougit un rien, anxieuse d'être ainsi intervenue…

Et si elle aurait pu garder son calme, lorsqu'on lui tend son sac, elle relève le regard vers l'inconnue avant de voir son visage. La grande lectrice analyse. Écusson volhyr, tenue chaude, laerte aux écailles au cou, cheveux de jais… Chef Eldrdrakens ?! Non ? Si ? Comme ça ? Elle vient d'aider une grande guerrière aux hauts faits connus… son visage passe subitement au rouge, elle bafouille quelques mots inaudibles.

Il lui faut bien quelques secondes pour se reprendre. Elle a lu tant de livre sur Volheim et ses conflits… la voilà face à une héroïne de guerre.

”Je vous admire beaucoup et c'est un euphémisme madame. C'est un… un… un honneur ! Enfin si c'est bien vous Mme.Eldrdrakens” murmure-t-elle timidement.

Dans son dos, sa queue remue frénétiquement.

Alya attrape son sac, elle rougit une fois de plus sous l'émotion, heureuse de rencontrer quelqu'un avec autant d'expérience et de choses passionnantes à raconter. Pour l'écrivaine, son parcours serait une source d'inspiration certaine. Contente d'avoir pu aider et que sa bonne action soit récompensée, elle accepté de s'éloigner pour pouvoir discuter. Quelle chance d'être ici, à cette heure, face à cette déesse de la guerre. La chèvre ouvre la marche, esquivant pressée quelques clients, avant de se tourner vers la soldate dès qu'elles sont assez loin de l'agitation.

”Alya Dheneb. Ce n'est rien… v… vraiment ! Hm.” ses longues oreilles se secouent ”Le troc n'est pas une notion évidente, vous n'êtes pas la première à avoir besoin d'aide.”

Elle lui sourit timidement, le regard un rien fuyant de timidité. La biquette n'est pas habituée à nouer des liens avec des inconnus et encore moins à discuter simplement. Simplement. Il n'y a rien de simple à discuter. Quel sujet aborder ? Comment se rendre intéressant ? Quand faut-il rire ? Le social est un problème toujours aussi pénible aux yeux de l'introvertie. Au moins cette fois, elle a des voies d'inspirations faciles.

”Avez-vous besoin d'un guide ? J'ai toujours vécu ici… je peux vous aider. En échange d'informations. Enfin si cela vous convient. toujours aussi polie, elle essaie de se rendre intéressante ”Sauf si vous avez mieux à faire… je ne voudrais pas vous déranger.”

Elle lui pointe du doigt un marchand distribuant des infusions chaudes dont les effluves parfument jusqu'ici.

”Cela vous tente ? Elles sont préparées sur place avec des produits frais.”

Elle espère sincèrement une réponse positive.

Sigrun est loin d'être la première étrangère en difficulté face aux traditions cerannes. Leur vie est plus simple, plus sincère, elle en a conscience et pour cela, elle redoute son départ dans le reste d'Arathia. En tout cas pour le moment, il est temps de faire connaissance avec une héroïne dont elle a lu quelques faits dans des livres d'histoire et de récits de guerre. Donc les voilà à troquer, chacune de leurs expériences.

”Le troc il faut voir ça comme un échange de bons procédés. Il faut troquer de l'utile. Une paire de bras pour des corvées, de la nourriture, des boissons, des potions… Beaucoup d'objets ont peu de valeurs pour nous. Du moins tant qu'on ne peut pas en tirer quelque chose d'utile. Je rends beaucoup de service à l'Orée d'Emeraude, et ma famille cueille et propose des bonnes conserves de fruits ou des fruits séchés, alors en échange, je peux me procurer ce dont j'ai besoin.”

L'importance vient donc de ce qu'on peut apporter à la communauté et de son implication à l'intérieur.

”Vous ne me dérangez pas… Je ne suis pas habituée à converser. Enfin, un peu plus depuis que j'ai commencé à voyager… J'aimerais beaucoup sortir de Cerah.

Ce qui l'en empêche ? Pour le moment, le danger. Si la théorie n'a plus de secret pour elle, Arathia est encore trop dangereuse pour elle qui ne sait pas se défendre. Est-ce saugrenue de penser qu'une cheffe de guerre aussi reconnue puisse lui apprendre quelques notions de base ?

”Quelques récits de guerre, les batailles menées contre Arvandor essentiellement. Je passe tout mon temps libre dans les livres, alors j'ai beaucoup lu sur l'histoire d'Arathia.” elle rougit un rien.

Sa vie n'est pas trépidante, elle préfère lire celles des autres. En arrivant devant le marchand, elle le salut d'un hochement de tête, tout le monde est habitué à ce qu'elle parle peu.

”Deux infusions tropicales.” c'est sa préférée, elle s'imagine goûter aux saveurs d'Al'Malaq une destination qu'elle vise, et une fois de plus elle règle avec les conserves de ses parents ”C'est ma préférée. Il y beaucoup d'épices et un fruit très sucré qui ne pousse pas dans les environs.”

Deux tasses en bois leur sont servies, elles peuvent donc s'éloigner pour les boire.

”Ne vous embêtez pas pour la tasse après, je leur rendrais une fois propre. en se promenant, elle laisse la combattante observer les alentours afin qu'elle puisse signaler si elle a besoin de quelque chose ”N'hésitez pas si vous avez à nouveau besoin de troquer. Pour les informations, je me demandais… Je veux partir d'ici, pour rechercher quelqu'un, mais je manque cruellement d'expérience pour… me défendre. Pourriez-vous m'aider ? Je vous aide à faire vos réserves en échange.” le prix lui semble juste.

Attendant sa réponse, elle l'observe pleine de curiosité.

En remarquant la réaction de la soldate, Alya rougit un peu plus, gênée de l'importunée ainsi avec ses petites affaires familiale. Mme. Eldrdrakens a bien mieux à faire que de prendre une novice sous son aile le temps de son séjour. Surtout qu'elle se doute bien que quelques heures d'entraînements, aussi bon soit l'enseignant, ne suffiront pas à rattraper le faussé qui la sépare des autres aventuriers, mais quoi ? Doit-elle abandonner pour autant ? Quelques mois en arrière, sans ses rencontres avec Ciara, Arderus, Treag, Anya, sans doute elle aurait laissé en priant chaque jours pour que sa sœur finisse par rentrer, mais... c'est elle l'aînée. Même la plus grande, la plus valeureuse, la plus expérimenté, a besoin de sa grande sœur. Sonja est la seule personne à réellement comprendre l'introvertie, la seule qui ne l'a jamais laissé tombé et à cause de sa fénéantise et de son égoïsme, sa cadette est partie, seule. Peut-être que si elle avait été plus à l'écoute des besoins de sa moitié, peut-être qu'elles seraient encore réunies...

Si au début elle se voilait la face sur les raisons de sa recherche intensive, en réalité se cache seulement de la culpabilité.

Elle... Elle accepte ?! Alya en sursaute presque de surprise. Hochant vivement la tête, elle semble soudainement bien plus sérieuse, prenant déjà des notes mentales sur les premiers conseils qu'on pourrait lui donner. Consciencieuse, appliquée, Sigrun vient de gagner une disciple attentive. Son sourire admiratif disparaît, pour afficher du sérieux. Naïve qu'elle est, Alya n'a même pas songé à se battre contre des semblables... Seulement se défendre contre des potentielles attaques de créatures. En dégainant, elle doit donc se tenir prête à en assumer les conséquences...

"Je ne comptais pas attaquer de semblable... Je n'ai de problèmes avec personnes et je prie chaque jour pour ne jamais en avoir, seulement j'ai déjà été attaqué par des créatures agressive. Cela fait sens, si jusqu'ici seules des créatures m'ont attaqués, je ne suis pas à l'abri d'un jour, devoir me défendre contre... quelqu'un d'autre." elle fera tout pour ne pas en arriver là "Je n'avais même pas pensé à cette éventualité... Quelle nigaude."

Cela prouve bien à quel point elle manque d'expérience...

"Je souhaite surtout me défendre, mais acculée, je ne sais pas ce qui pourrait arriver effectivement... Je prends votre conseil, merci." elle est reconnaissante pour la mise en garde.

En remarquant un banc, sculpté dans l'écorce, elle s'y rend pour s'y asseoir, invitant donc la guerrière à en faire de même. Pour boire et discuter, c'est bien plus simple.

"Je vous propose de nous organiser de sorte à se rejoindre chaque matin pour un entraînement et ensuite, je resterais avec vous pour vous guider et vous aider. Je n'ai pas réellement de travail ici, j'aide un peu tout le monde et surtout ma famille, donc je peux aisément m'organiser pour vous accompagner et vous servir de guide."

Pour le troc, les lieux à connaître, les déplacements, les services... La biquette a toujours vécu à l'Orée d'Émeraude, elle commence à la connaître comme sa poche.

"Cela vous convient ? Ah... Combien de temps restez-vous ?"

Toujours aussi sérieuse, elle pense déjà à l'organisation et la logistique...

Bien sûr, autour de l'arbre, en descendant, il y a une multitude d'endroits calmes où s'entraîner, sans avoir à trop s'éloigner. Elle acquiesce donc en réponse, l'esprit plongé dans la logistique. Il faudra qu'elle affûte sa lame, comme le taillandier d'arme lui a montré. Sérieuse dans ses demandes et ses projets, elle a prit les bons conseils, aux bonnes personnes et a tout consigné dans différents carnets qu'elle utilise pour réviser ou s'entraîner. D'ailleurs, il lui faudra un nouveau carnet pendant sa petite semaine d'entraînement avec Sigrun. Sa vision du troc l'amuse, elle secoue alors la tête, la laissant terminer tout en sirotant son infusion sucrée.

"Ici, on voit le troc comme une manière de rendre service à la communauté et aux autres, ce n'est en rien une contrainte. On propose ce qu'on veut proposer, alors je propose mes services de bon cœur. Seulement, si pour vous c'est plus... simple d'appeler ça un échange, alors faisons un échange. Je n'hésiterais pas, si j'ai besoin de plus ou de moins à la faire savoir." bon, sans doute qu'elle hésitera, mais ça c'est dans son caractère "Échange conclu donc !"

Fière, elle serre timidement sa main, de sa poigne légère.

"Ah et je connais des lieux oui, je vous montrerais." elle hésite un moment, avant de demander, toujours aussi factuelle "Sur une semaine, combien d'heures estimez-vous nécessaire par jour pour évoluer suffisamment ?"

Déjà agile, elle a aussi travailler sa force et surtout son endurance conseillées par Treag son amie la plus cher, il lui manque les fondamentaux du combat.

"Je voudrais manier l'épée... Est-ce possible avec vos enseignements ?"

La voilà déjà envahie de questions...

"D'origine, je ne suis pas une grande sportive, mais je me suis beaucoup entraînée. Je ferais de mon mieux pour être à la hauteur !" affirme-t-elle motivée par cette promesse d'accord "J'espère aussi être suffisamment intéressante pour vous aider à évacuer vos besoins..."

La pression commence déjà pour elle. Peur de l'échec ou de ne pas être douée... Pire, d'être ennuyante. Ses oreilles tombent vers l'arrière, alors que sa queue bat faiblement, semblant peiner à bouger. Son manque de confiance en elle peut parfois être une barrière, surtout pour ceux qui ne la comprennent pas.

Peu habituée  discuter avec des inconnus, ou même des connaissances, elle n'a même pas saisie le sous-entendu dans ses mots. Au rire de sa mentor, elle penche la tête sur le côté, intriguée, puis rapidement honteuse. Sigrun n'est pas cruelle au point de se moquer d'une novice, elle en est certaine, mais sans doute qu'elle a dit ou fait quelque chose de gênant ? Doit-elle avoir honte ? Ses oreilles retombent sur le côté de sa tête, avant qu'elle n'ait l'explication de cette réaction si surprenante. Au moins elle pourra se venter -à elle-même vu sa vie sociale- d'avoir fait rire une cheffe de guerre.

Alya continue de siroter sa tasse, toujours aussi surprise de la tournure des évènements. Sociabiliser est un art fascinant, en quelques mots, la voilà avec une professeur expérimentée. Si toute sa vie, elle avait fait comme sa sœur, peut-être qu'elle serait plus confiante et aurait plus de projets ou de consistance. Parfois elle se sent comme une feuille basculée au vent, sans maîtrise de sa trajectoire... Si jusqu'ici sa cadette lui servait de protection, la voilà à virevolter au gré des évènements... Heureusement pour elle, doucement, elle se construit un cercle d'amis et de connaissances, capables de l'aider ou de la tirer vers le haut lorsqu'elle en a besoin.

Le constat tombe comme une sentence. Quelques pauvres semaines ne suffiront pas... C'était évident, mais de l'entendre, cela rend la sentence plus tangible. Encore une fois, elle a attendu trop de temps en restant passive et maintenant qu'elle souhaite partir, elle manquera de préparation. Heureusement pour son moral, la soldate complète son constat d'une explication. Maîtriser les fondamentaux pour s'améliorer par la pratique... Cela fait sens. Donc, en suivant ses conseils et ses enseignements, avec un rythme régulier et sérieux, elle pourrait progresser. Hochant vivement la tête, elle accepte son labeur.

"Hm... Je n'ai pas pour intention de mentir, je... M'entraîne en moyenne 1h par jour, surtout pour mon endurance, mais parfois je saute cette étape de mes journées... Je serais sérieuse promis et si je dois en faire plus, j'en ferais plus. C'est juste que je suis quelqu'un de factuel et j'aime prioriser, comme mon entraînement n'évolue pas, je l'ai descendu dans mes priorités..."

Son esprit est donc aussi bien rangé qu'une bibliothèque, tout est compartimenter, tout a une place et lorsque ça bouche, elle fait du trie.

"Je suivrais la cadence nécessaire et bien sûr par rapport à votre emploi du temps !" confirme-t-elle avec une assurance... approximative, elle manque encore de confiance en elle "Nous commençons demain ?" demande-t-elle en terminant sa tasse.

L'infusion terminée, elle se relève, prête à poursuivre le programme, elle a maintenant une mentor à suivre et guider.

"Vous avez besoin d'aide aujourd'hui ?" elle ne connaît pas encore son programme...