Son existence a été bien trop douce... C'est d'ailleurs à cause de ce cocon qu'elle peine aujourd'hui à voyager... L'entraînement sera dur et c'est ce dont elle a besoin. Cela mettra en perspective ses convictions, car si elle s'y tient, si elle va jusqu'au bout des séances, elle saura qu'elle est prête à assumer ses choix. Tout repose donc sur sa propre motivation et son sérieux. La leçon passe donc, elle comprend le message caché derrière la métaphore. Son entraînement ne portera ses fruits que si elle s'y applique, jour après jour. Bien. De toute manière, pour faire honneur aux enseignements de la volhyr, elle se voit mal arrêter subitement après ses futures semaines d'entraînements.

"Compris." elle hoche la tête pour mettre plus d'assurance à son acceptation.

Finalement vient la première demande de la cheffe de guerre. Un lieu où dormir... Elle lui sourit.

"Bien sûr ! Il y a une petite auberge confortable pas loin. Les patrons sont vraiment gentils."

Des gens dévoués, comme beaucoup en Cerah. La biquette invite donc la laerte à la suivre. Au passage, elle rend les tasses au vendeur, qui pourra les nettoyer et les réutiliser. Des manières qui surprennent toujours les étrangers, mais les habitants sont très préoccupés par leur empreinte sur la nature environnante. Après des salutations au commerçant, elle avance, se fondant dans la population, habituée à se déplacer rapidement, à éviter les regards, elle se faufile entre les passants, démontrant sans le vouloir son agilité et sa rapidité. Le gabarit de la biquette n'est certes pas impressionnant, mais depuis toute petite, elle est habituée à user de son agilité. En pensant que peut-être sa mentor n'oserait pas forcément la suivre à son rythme, de peur d'heurter quelqu'un ou de se faire remarquer, elle l'attend sagement.

"L'auberge est dans le tronc, c'est petit, mais très chaleureux ! Vous allez adorer." annonce-t-elle ravie.

Devant le tronc, celui-ci est creusé, laissant apparaître une porte couverte d'un épais rideaux verdoyant et de petites fenêtres. En entrant, une cloche tinte pour signaler leurs présence. Face à elles, un comptoir impeccablement rangé est occupé par une cluasan féline pétillante, aux formes prononcées. Alya la salue timidement, s'approchant le rouge aux joues... même pour aider, prendre la parole est toujours aussi difficile.

"Mon amie aurait besoin d'une chambre... Tu pourrais la loger ? Elle s'occupera de descendre les grains pour nourire les montures au matin et également des corvées physiques en fin de journée !"

La cluasan sort un registre, cherchant si les tâches sont déjà prises...

"Je n'ai personne pour le grain, donc ça me va et le soir, j'aurais besoin d'aide pour la plonge. Cela lui conviendrait ?" annonce la tenancière.

Les deux cluasan se tournent donc vers la guerrière attendant donc sa réponse pour la réservation. D'ordinaire, elle aurait troqué les fabrications de ses parents, qui ont un certain succès surtout dans les lieux d'accueil, mais Sigrun a envie de régler par ses propres moyens. Le troc concerne autant les biens que les services donc.

Hochant la tête pour indiquer qu'elle a bien compris les instructions, elle salue la cheffe de guerre, puis quitte les lieux, l'esprit léger et accompli. Fièrement, elle pourra annoncer à son cher et tendre qu'elle continue à s'entraîner durement pour le rejoindre et aussi poursuivre les recherches de sa cadette. Alya est satisfaite, cette journée a été si constructive. Donc, elle rentre, déjà chargée de motivation pour le début de son entraînement.

Avant l'aube, elle se lève, bien décidée à reprendre sérieusement son entraînement et pour se le prouver, elle s'habiller et part courir pour s'échauffer, mettant en pratique les conseils de sa meilleure amie : Treag. A bout de souffle, elle se nettoie, se change pour prendre une tenue à la fois légère et confortable, un pantalon noir taillé haut, une chemise légère tout aussi sombre et une paire de chaussures plates. Nouant sa ceinture en cuir, troquée il y a peu pour contenir du matériel dans ses poches et surtout le fourreau de son épée, elle s'équipe en terminant par nouer ses cheveux blancs sur le dessus de sa tête.

Elle n'a pas beaucoup d'équipements, surtout qu'elle ne s'attendait pas à manier l'épée avec une guerrière aussi expérimenté... elle espère que cela suffira pour le premier entraînement. Si il le faut, elle ira farfouiller pour trouver des pièces ou des matériaux conseillés par sa mentor.

En arrivant au point de rendez-vous avec un peu d'avance, elle voit Sigrun déjà installée. Ravie qu'elle soit bien là, elle s'approche en la saluant de la main.

"Bonjour. Vous avez bien dormi ?" s'inquiète-t-elle "Hm... Je vous guide ? Je connais un endroit parfait pour s'entraîner !"

Elle tourne les talons pour se mettre en route, sa queue blanche fouette l'air matinale. Il n'y a pas foule sur les branches de l'arbre, les habitants se réveillent doucement pour installer leurs commerces. Alya a un grand sourire radieux.

"Je me suis étirée et j'ai couru ce matin. Je me suis dit que ça serait une bonne manière de commencer la journée et surtout, on pourra plus rapidement commencer dans le vif... du sujet." elle ne réalise pas encore qu'elle va avoir un entraînement préparé par une femme aussi importante... ses joues rougissent en y pensant "Merci encore pour votre aide... Je ferais bon usage de vos enseignements, c'est une promesse." son ton est ferme et solennel -bien qu'on sente toujours sa timidité-

Elle la guide jusqu'à rejoindre des passerelles qui leur permettent de descendre au pied de l'arbre. Une petite marche de quelques dizaines de minutes sur un sentier entretenu et les voilà devant une plaine dégagée, bordée d'un petit cours d'eau frai. Proche de l'arbre, sans pour autant être fréquenté, elle espère que cela convienne.

"J'ai pensé à ici... Qu'en pensez-vous ?"

Le premier conseil est d'une évidence et d'une clairvoyance folle. S'habituer à se déplacer, surtout dans l'effort, avec son épée... Elle hoche la tête. Alya retient bien de s'entraîner à courir avec son épée et à essayer de la dégainer de temps en temps, pour améliorer son mouvement. Face au lieu, elle sourit fièrement lorsque Sigrun félicite son choix, sa queue animale s'agite dans son dos ravie d'avoir déjà pu se rendre utile.

Sans prévenir, la laerte lève soudainement son épée et d'un mouvement à la fois lent et terriblement rapide pour les yeux de la novice, l'attaque verticalement. La biquette a un instant de surprise, le regard interrogateur, puis les réflexes prennent le dessus, elle essaie de reculer, mais dans la précipitation, elle s'emmêle les pieds manquant de peu de tomber sur les fesses. Bon, elle a au moins des réflexes, mais si ce n'est clairement pas au point... L'entraînement a commencé ? Une pointe de stress la prend, alors qu'elle réalise que oui en voyant sa mentor asséner un nouveau coup dans sa direction. Elle s'approche, tient son épée à deux mains et vient frapper latéralement. Sans connaissance, elle panique un rien et cette fois, elle essaie de bouger mais ses pieds ne se coordonnent pas, elle tombe réellement par terre cette fois.

Sa petite chute lui fait certes manquer l'attaque, jouée lentement pour lui permettre d'apprendre, mais elle la manque pas d'une manière bien glorieuse. Sigrun va-t-elle continuer ? Immédiatement, elle essaie de mettre de la distance entre elles, reculant en poussant de ses pieds, puis elle dégaine maladroitement, tenant sa lame droit devant elle pour essayer de dissuader la cheffe de guerre d'avancer. Bien sûr, c'est une petite scène pour tester les réflexes de défense de la cluasan qui ne sont donc pas très... reluisant. Elle part de très loin la petite Alya ~.

"J'ai fait n'importe quoi..." conclue-t-elle se rendant elle-même compte du problème tant celui-ci est évident.

Elle manque de technique, d'efficacité, de confiance, de connaissance... Anxieuse à l'idée que la volhyr puisse regretter de lui être venue en aide, elle se relève, se tenant prête pour la suite.

Sigrun range son arme, donnant un peu de répit à l'apprentie, mais surtout un temps pour qu'elle puisse mieux comprendre ses erreurs et envisager des pistes d'amélioration. Pendant qu'elle s'adresse à la biquette, la soldat manipule son corps pour la figer dans une bonne posture de garde. Alya se laisse faire, intriguée par les mouvements qui lui sont imposés. Essayant de mémoriser ses appuis, d'ancrer dans sa tête la position de son buste, sa tête, ses bras et ses jambes, elle finit par regarder son instructrice. Elle est dure. En même temps, à quoi s'attendait-elle ? Elle a d'autres talents que le combat, mais si déjà ce n'est pas une peine perdue, la biquette est ravie. Un hochement de tête pour valider ses conseils, elle se tient donc face à elle,luttant pour ne pas éternuer et perdre la pose.

En face à face, Sigrun dégaine à nouveau sa lame, expliquant la suite des exercices. Comprenant tout de suite où cet échange les amène, elle retient donc l'ordre et les manœuvres. L'exercice vise à améliorer sa posture et à s'habituer à la conserver au maximum.

"D... D'accord !" s'exclame-t-elle motivée.

Si elle n'est pas un diamant brut, elle sera déterminée à s'améliorer. Alya maintient sa garde. Lorsque la générale s'avance d'un pas, elle recule suivant les instructions, puis elle vient parer de sa lame le coup vertical. Gardant bien sa position, elle avance donc à son tour, venant donner un coup un peu plus hésitant, à l'horizontal. Au moins il n'est pas nécessaire d'expliquer trop de fois, la biquette est d'un sérieux remarquable. Les échanges de coups s'enchaînent, elle observe la laerte faire, s'empreignant de ses mouvements, pour s'affirmer davantage. Une fois terminé, elle recule une dernière fois, pour ranger sa lame, imitant le geste de son enseignante. Le mimétisme est redoutable dans l'apprentissage, surtout aux prémices. Elle aura tout le temps d'apporter sa personnalité dans sa manière de combattre, pour le moment, elle doit en apprendre beaucoup en peu de temps.

"J'aime beaucoup l'idée de rester constante en se rattachant à une posture... C'est plus rassurant que de ne pas savoir où se mettre..." le nombre de fois qu'elle a chuté bêtement comme ça... "Bien compris pour la posture !" annonce-t-elle, la reprenant une nouvelle fois, dégainant avec précaution "Pour la défense, cela ne risque pas de me rendre trop rigide ?" se demande-t-elle, la tête un rien penché sur le côté.

Ses explications font sens... Alya hoche la tête. Elle est sèche, peu agréable, mais sans doute qu'elle lui apporte un enseignement militaire... Surtout qu'elles ont peu de temps, donc la fermeté ne fait pas de mal. La biquette maintient donc la posture, en défense, comme en attaque, s'appliquant à l'imiter, frapper et défendre avec plus de vigueur. Ses membres souffrent, elle n'est clairement pas habituée à autant de maintien. Ses aptitudes physiques sont à améliorer c'est certain... Avec de la rigueur, elle pourra s'améliorer. Les heures suivent, elle pose ses questions, Sigrun y répond avec la même implication, continuant d'apporter son savoir à la cluasan. C'est intense, surtout pour un premier cours, mais au moins ça lui donne une estimation de la cadence à maintenir pour évoluer.

Au bout de deux longues heures d'entraînement, la malheureuse est à bout de souffle, courbaturée, et pourtant elle ne rechigne pas, prête à continuer s'il le faut. Alya a beaucoup de défauts, mais elle peut être une véritable tête de mule lorsqu'elle a une idée en tête. Surtout qu'elle veut faire bonne impression... Finalement, la fin de l'entraînement sonne et si elle aurait bien continué pour prouver sa détermination, elle ne peut s'empêcher de soupirer de soulagement, haletant férocement pour reprendre son souffle. Dès que son épée est rengainée, elle se penche en avant, les mains sur les genoux, pour essayer de calmer ses muscles.

Un rire nerveux lui échappe...

"C'est... intense, mais je suis fière d'avoir tenu jusqu'au bout." elle lui sourit timidement, avant de se redresser en s'étirant "Une bonne nuit de repos et ça ira mieux ! Je serais prête pour reprendre demain."

Tout en rentrant à l'Orée d'Émeraude, elle avance avec son enseignante, tout en discutant de la séance passée. Elle la raccompagne jusqu'à son auberge pour qu'elle puisse se laver et se doucher, d'ailleurs, elle aussi file pendant ce temps pour faire de même chez elle. Prête, habillée de manière plus décontractée, elle la rejoint pour passer la journée avec elle et l'aider à se repérer en Cerah et surtout à troquer avec les habitants. Cet échange, ses services de guide et les entraînements militaires de la général, est vraiment parfait pour la biquette qui, dans les deux cas, en apprend beaucoup. Forcée d'être plus sociale, de prendre sur elle, d'user de sa patience par moment, elle est satisfaite de ses efforts.

Au petit matin, leur routine reprend. La ceranne est courbaturée, son corps est fatigué et pourtant, elle s'est tenue à sa course d'introduction, et dès l'arrivée de Sigrun, elle est prête à attaquer les nouvelles leçons.

Alya n'est pas importunée par le retard des autres, surtout que son enseignante a surement mieux à faire que de venir l'entraîner, elle est déjà reconnaissante du temps qu'elle lui accord, alors la biquette attend en s'étirant convenablement. Sa course l'a déjà mise sur les rotules, c'est frustrant que son corps ne tiennent pas la route... Si seulement elle avait écouté scrupuleusement les conseils de Treag, sans doute qu'elle serait en bien meilleure condition pour effectuer cet entraînement. La ceranne a la tête penchée en avant, les bras au bout de ses pieds lorsqu'elle capte les pas de la laerte, ses oreilles animales s'agitent un instant. Alya se redresse d'un coup, droite comme un piquet pour l'observer.

"Bonjour ! Oui, une bonne nuit reposante !" bon, elle préfère lui cacher le tracas qu'elle a éprouvé, mais c'est dans sa nature de stresser "Bien !"

Motivée à mener cette nouvelle journée d'entraînement, elle hoche la tête en laissant la soldate s'approcher d'elle sans aucune méfiance. Faire attention à son angle mort... Ce n'est pas évident, pour elle qui doit déjà apprendre à gérer un adversaire, mais elle se fie à l'expertise de la guerrière, qui à ses yeux est toujours une personnalité illustre. Une bénédiction qu'on lui envoie. Lorsqu'elle assène un coup dans le vent, pour lui montrer, elle ne peut retenir un léger sursaut.

Intriguée par ses mots, elle penche la tête sur le côté. Faire sans entraînement sur le terrain ? L'idée lui paraît folle, mais si celle-ci peut lui enseigner ces bases en une journée, lui donnant des pistes d'entraînement à mener au quotidien, elle est preneuse.

"Faire sans... me voilà intriguée." annonce-t-elle en écho à ses pensées.

Elle sort donc une bûche, un pieu et une corde solide... La question vient. Là, comme ça aucune idée... Elle regarde les objets, sans connaissance du combat, cela ne lui évoque rien. Pourtant, appliquée, elle cherche, attrape son menton entre son index et son pouce, plisse du regard concentré.

"Je dois avouer que je ne sais pas..." cela l'agace, elle n'apprécie pas être mise face à un problème dont elle ne peut pas avoir la solution "Je dirais que si l'idée est de m'entraîner à la défense, il s'agirait d'utiliser la corde, peut-être essayer de me défendre avec celle-ci ? Ou essayer de viser la buche avec le pieu...? Non c'est ridicule... Désolée, mais sans connaissance, vous me posez une question dont je ne peux pas avoir la réponse."

Elle se frotte l'arrière de la tête frustrée. C'est une factuelle, elle a besoin de concret pour se perdre aux devinettes.