Ce qui était intéressant avec les gens dans la misère, c’était qu’il y avait deux principales motivations qui les poussaient. La survie, et l’ambition d’en sortir. Dans un trou comme Iter Caedis, c’était le cas de manière amplifiée, surtout par le fait qu’il était fonctionnellement impossible pour beaucoup de ses habitants de sortir totalement de cette misère. Améliorer leur situation était possible, mais fuir cette ville quand les lames et armes à feu elfes étaient tout ce qui les attendaient à l’extérieur était un choix impossible à faire.

Et donc tout un ordre social s’était créé, avec les habitants de la surface qui étaient les mieux lotis, tandis que les profondeurs abritaient les parias, ceux qui n’avaient rien et aucune valeur quelconque pour la ville et qui s’entredévoraient, figurativement comme parfois littéralement pour survivre. Yraëlle avait un statut… particulier dans les profondeurs. Elle n’était pas médecin ou guérisseuse, mais en tant qu’ingénieure, elle était une des rares capables de maintenir la plupart des rares pièces de technologie présentes en ce lieu.

De ce fait, elle était souvent laissée tranquille à sa solitude et à ses expériences, ce qui l’arrangeait. Même si elle aurait aimé sociabiliser un peu plus, la faune locale n’était pas la plus saine d’esprit comme de corps, et elle avait assez de moyens pour maintenir un niveau de vie suffisant pour conserver la santé, même en ce lieu. Des purificateurs d’eau bricolés, de quoi se nettoyer, quelques armes pour se défendre… La belle vie au plus profond d’Iter Caedis, simplement interrompue par ses clients et ceux qui avaient besoin de son aide, contre services.

C’est pour cette raison que la Beathach se redressa rapidement en entendant quelqu’un frapper de manière insistante à sa porte. Un client pressé ? Une urgence ? Elle soupira, regrettant déjà le lit qu’elle venait de quitter. Aussi peu confortable était-il, c’était toujours mieux que de devoir se lever. Urgh…

Elle ouvrit la porte, ses yeux fixant un jeune Beathach rat, à peine un adolessant, qui semblait nerveux.

« Ma… Madame, il y a… il y a quelqu’un qui vous cherche. Un nouveau. »

Immédiatement, toute envie de se rendormir se dissipa, remplacée par une barre de glace dans son estomac.

« Qui ? Pourquoi ? »

Ce n’était pas la première fois que le jeune garçon avait accompli quelque tâche pour elle, et il était habitué de sa manière de parler. Les gangs d’enfants pullulaient dans la misère, et avoir quelques contacts cordiaux était crucial pour une femme souhaitant avoir la paix comme elle.

« Un homme seul. Il semble humain, pas un elfe. Il est habillé comme un pauvre mais il a de belles chaussures. »

Ah, les chaussures. Il était toujours difficile de les déguiser, surtout quand on ne se rendait pas compte du confort qu’elles représentaient. Toujours était-il qu’un étranger la cherchant était potentiellement un danger, ou pouvait être une opportunité. Iter Caedis était trop petit, et les matériaux disponibles de mauvaise qualité. Avoir un contact hors de la ville ghetto… voire même si elle pouvait se permettre de rêver hors du pays, lui ouvrirait bien des nouvelles portes pour ses expérimentations.

« Merci de m’avoir prévenu petit. Attends une seconde. »

Elle rentra dans sa maison quelques instants avant de ressortir avec une caisse asse lourde qu’elle traina difficilement à l’extérieur. C’était leur marché. Elle avait trop peu de pièces et de mécanismes pour leur offrir des armes et autres gadgets, et sa nourriture était achetée… mais une caisse remplie de gourdes d’eau pure et propre valait cher en ces lieux, et il s’agissait d’un paiement suffisant pour services rendus.

« Je vais aller voir ce qu’il en est. Cette caisse est à toi. N’oublie juste pas de me ramener les gourdes vides quand vous les aurez finies. »

Le recyclage était  une nécessité matérielle après tout…

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La chouette avait assez de contacts pour que sa recherche soit rapidement fructueuse. Une paire d’heures tout au plus avant qu’elle ne l’ait en vue. Sa mobilité aérienne couplée à sa magie gravitationnelle étaient un avantage monstrueux dans cette ville, et profiter de celles-ci pour tendre une embuscade était un jeu d’enfant, surtout en comptant sur le fait qu’elle connaissait très bien ces lieux.

Ce fut donc au détour d’un passage, entre deux bâtiments que l’homme put entendre un cliquetis au-dessus de lui.

« Pas de mouvement brusque ou je tire. »

La chouette était en position, le corps partiellement caché derrière une plaque de tole, son arme braquée sur le capitaine.

« On m’a dit que vous me cherchez. Pourquoi ? »

Simple, droit au but. En même temps, dans la position dans laquelle elle se trouvait, Yraëlle ne pouvait pas se permettre la moindre erreur et aimait avoir toutes les cartes de son côté.

Blah blah blaaaah, Yraëlle avait demandé à l’homme ce qu’il lui voulait, pas entendre un monologue sur qui il était, ses relations et ce qu’il avait mangé la veille. Bon, elle exagérait un peu, mais c’était ce qu’elle retirait de tout ça. Et comme elle n’avait pas de filtre…

« Vous aimez vous écouter parler hein ? »

C’était son droit, mais elle ne lui avait pas demandé sa biographie… enfin, il avait répondu. Des artefacts contre le fait de sortir d’Iter Caedis. Une idée intéressante en soit, mais il y avait quelques soucis sur la forme... et en premier…

« Ecoutez, je ne vais pas vous insulter en vous disant que je veux rester ici. Ne plus avoir ces saletés d’elfes qui veulent m’empailler sera un plaisir. »

Elle baissa son arme et la rangea, confiante en sa capacité à fuir si les choses dégénéraient. Elle resta à une certaine distance de lui avant de continuer.

« Le souci, c’est que j’ai pas de quoi faire quoi que ce soit d’impressionnant ici. Donc je peux vous faire des artefacts intéressants et n’ai rien contre l’idée, mais j’ai pas de quoi fabriquer quoi que ce soit de qualité, vous voyez le souci ? »

Elle détestait cet état de fait, mais elle avait devant elle une transaction qui l’intéressait grandement, mais elle n’avait rien à lui offrir dans l’immédiat.

« Ce n’est pas l’endroit pour parler. Venez. »

Elle lui fit signe de la suivre au bord de la plateforme de bois sur laquelle ils se trouvaient, avant de lui tendre la main. Elle n’était pas douée pour cibler des êtres vivants avec sa magie, mais s’il y avait contact et elle avait un peu de temps, elle en était capable. Assez pour chuter jusqu’aux niveaux inférieurs sans danger en tout cas.

« Prenez ma main, je garantis votre sécurité. »

S’il acceptait, ils tomberaient tous deux en chute libre avant qu’elle n’inverse leur gravité pour diminuer leur vitesse. Cela leur permettrait d’atterrir sans souci, et si elle se rappelait bien, après ça il n’y aurait que quelques petites minutes de marche jusqu’à sa maison.

La réplique de l’homme à sa pique arracha un petit rire amusé à Yraëlle, qui ne put qu’hocher de la tête, appréciative. Elle appréciait ceux capables de ne pas se laisser décontenancer par une remarque acérée ou deux, et un peu d’humour en prime n’était pas désagréable, bien au contraire.

Le fait qu’il prenne sa main et saute dans le vide à ses côtés était appréciable également. S’ils devaient faire affaire et coopérer, autant qu’il y ait un minimum de confiance entre eux, et il montrait qu’il pourrait être un allié intéressant. Bon, il était encore un peu tôt pour cela, mais c’était une possibilité. Une fois arrivé au sol, l’invité de la Beathach poussa un soupir de soulagement et elle secoua sa tête, amusée sans pour autant le juger.

Après tout, pour quelqu’un qui n’était pas habitué, elle supposait qu’une telle chute libre pouvait être effrayante.

« Nous y sommes presque. »

Il lui exposa son plan sur le trajet, et elle plissa des yeux pour y réfléchir, n’aimant pas le fait que cette transaction était aussi… inégale. Avoir de telles dettes était problématique pour elle. Elle préférait après tout travailler d’un coup pour pouvoir se reposer après. Avoir une dette au-dessus de la tête était contraire à ses ambitions.

« Laissez-moi le trajet pour y réfléchir. »

Quelques minutes de marche seulement et ils arrivèrent chez elle, une maisonnée modeste d’apparence extérieure semblable aux autres aux alentours. Bien entendu, l’intérieur était tout autre. Confortable sans être exubérant, avec un éclairage correct et un air moins vicié qu’à l’extérieur. La plupart des ressources qu’elle avait pu récupérer dans ce cloaque étaient passées dans le confort de sa maison et pour avoir un cadre de vie sain au milieu de ce ghetto de crasse et de pauvreté.

« Installez vous. »

Elle lui indiqua un des sièges qu’elle avait fabriqués pour être aussi confortables que possible en ce lieu. Malheureusement, le manque de matériaux et le fait qu’elle était ingénieure et non une spécialiste des meubles faisait que son mieux était sans doute bien moins agréable que ce dont il était habitué.

« Vous voulez de l’eau propre ? Je suis désolée, je n’ai pas grand-chose d’autre comme boisson, mais en ce lieu une eau non contaminée est déjà beaucoup. »

Une fois le service fini, elle vint s’installer face à lui avant de reprendre la parole.

« Pour commencer, je suis Yraëlle. Enchantée. »

Elle hocha de la tête vers lui avant de continuer.

« Je suis intéressée par votre plan, mais n’aime pas l’idée d’avoir une dette ainsi. »

Elle le regarda longuement avant de soupirer, sa main griffue glissant entre ses plumes tandis qu’elle réfléchissait.

« Si vous voulez bien me transporter, je peux regarder vos artefacts. S’il y a la moindre usure, souci d’efficacité ou amélioration possible, je peux m’en occuper en attendant d’avoir de quoi payer réellement le trajet. »

Elle se reposa de manière plus détendue dans son fauteuil, une partie de sa tension se dissipant.

« Après… je serai probablement intéressée par un arrangement plus… régulier si ça vous intéresse et si notre premier trajet se déroule sans encombre, donc mon premier paiement sera sans doute accompagné d’un communicateur. »

Elle fit un petit geste vers sa maison, le fixant toujours du regard.

« Je compte bien rester ici pour l’instant, moins d’ennuis en perspective politiquement parlant, mais j’ai besoin de ressources, de matériel… et pour ça, il me faudra bouger. Si je peux vous accompagner lors de certains trajets, sans vouloir diriger votre voyage bien entendu, juste profité de l’opportunité présente, je serais intéressée. Bien entendu, chaque trajet serait accompagné de paiements appropriés. »

Elle s’avançait sans doute un peu, mais c’était une proposition rêvée pour Yraëlle qui avait non seulement une protection intéressée lors de ses trajets, mais également des contacts en cas de souci et la capacité de se déplacer pour récupérer des matières premières.

Et bricoler pour quelqu’un d’autre n’était pas un problème tant que cela restait en interne et que ça ne dégénérait pas en problème diplomatique majeur. Beaucoup trop fatiguant pour elle ça.

Une fois sa proposition faite, Yraëlle observa l’homme face à elle et écouta son retour. Le fait qu’il était beau parleur était une évidence, et elle ne comprenait toujours pas cette manie de vouloir faire des choses pour obtenir des amis. Qui pro quo était sa manière de fonctionner et la norme aux fins fonds d’Iter Caedis, car tout avait une valeur et agir par pure bonté était le meilleur moyen de finir sans rien.

Après, il n’était pas d’ici, donc elle se contenterait d’opiner à ce qu’il disait et de se méfier de toute entourloupe future. En tout cas il avait mis le point là où ça posait problème. Sortir d’Iter Caedis et ensuite de Clara Nocte n’était pas évident, surtout vu qu’elle était une Beathach avec une arme à feu. Car il était hors de question pour elle de se passer de son arme, mais ça attirait l’attention.

Puis vint le moment où il lui proposa le marché. Examiner, réparer et modifier son arme en échange de la sortie immédiate de cette ville. Un marché équitable selon elle, et qui suivait ce qu’elle avait dit. Elle se leva et prit donc l’arme sans se faire prier, avant de lui indiquer de la suivre.

La Beathach se rendit dans l’arrière-boutique, une pièce qui ne voyait normalement nul autre personne qu’elle et qui contenait tous ses outils, ainsi qu’une source vive de lumière éclairant un bureau dégagé. Immédiatement, elle enfila un monocle faisant office de loupe et se mit au travail.

« En effet, sortir de cette ville et du pays est le principal problème pour moi. Par souci de sécurité, il me faut vous indiquer que l’Inquisition a vent de mon existence même si ils ne savent pas exactement qui je suis. Si je suis repérée… les choses vont devenir compliquées pour moi comme pour vous. »

Ses mains griffues faisaient preuve d’une dextérité impressionnante alors qu’elle démontait le pistolet rapidement, les pièces flottant dans les airs devant elle grâce à une simple application de sa magie pour qu’elle puisse les observer. Il s’agissait là d’un pistolet classique, sans particularité autre que sa belle facture. Légèrement décevant, mais pas surprenant pour autant. Il ne semblait pas être de Clara Nocte ou avoir de contacts auprès de ses artisans, sinon il ne serait probablement pas venu la voir elle.

« Une arme bien entretenue dans l’ensemble, mais ce n’est pas votre spécialité. »

Il n’y avait pas de jugement dans ses mots, elle énonçait simplement un fait. Quelques petites pièces n’avaient pas souvent été démontées car trop fragiles, la saleté et les résidus de poudre avaient été nettoyés, mais par endroits de manière légèrement insuffisante tandis qu’en d’autres le métal était légèrement rayé. Somme toute, une utilisation consciencieuse par un amateur. Un partenaire acceptable pour un partage de futurs artefacts.

Elle commença par le nettoyage de toutes les pièces sauf les boiseries, les plongeant dans une cuve de nettoyage. Une idée elfique qu’elle avait volée sans vergogne, mais qui fonctionnait particulièrement bien pour éliminer la crasse de diverses pièces.

« Pour l’amélioration de votre pistolet, je vais être honnête, je ne pourrai pas faire grand-chose sans le dénaturer. Il s’agit d’une arme classique, et elle est assez efficace si on ne veut pas remplacer la quasi-totalité des pièces par des mécanismes. »

Elle haussa des épaules, légèrement frustrée.

« Je veux dire, avec de l’arcanite peut-être pourrai-je la transformer en Catalyseur de Tir, une arme qui utilise votre magie comme balle, mais c’est un gros changement et l’arme ne serait plus la même. »

Les pièces nettoyées, elle commença à appliquer aux pièces intactes un traitement à l’huile pour protéger le métal avant de se concentrer sur celles qui avaient besoin de réparation. Pour ça, pas de secrets, il lui faudrait faire usage de quelques-uns de ses outils volés, pas ceux qu’elle avait su recréer. Il s’agissait d’un outil en arcanite servant à réparer des métaux en ponctionnant de la matière d’un métal pour l’intégrer à un autre. Très précis, très très utile. Et rapide à utiliser, surtout sur des pièces comme celles-ci.

« Mais je peux réparer tout ça facilement, la faire chanter comme si elle était neuve. »

Cette étape prendrait un peu plus de temps. Une petite vingtaine de minutes peut-être ? Mais en attendant, elle était concentrée, sa langue pointant au bord de son bec.

Yraëlle écouta ses retours avant de hocher de la tête, comprenant ses besoins. Elle s’arrêta de travailler quelques instants en le regardant, son cerveau en action. Son idée de rajouter un canon était très simple à mettre en place même si elle n’était probablement pas capable de faire du beau travail. Elle n’était pas ébéniste après tout. Pour le système de rechargement… c’était autre chose.

« Mmh, le canon est simple, mais ça ne sera pas joli. Il suffit de rajouter un deuxième canon en parallèle, avec une détente à deux gâchettes une pour chaque canon. Simple, mais le souci est que votre pistolet est une œuvre d’art et moi… »

Elle se leva avant de ramener son fusil sur la table. Il était impressionnant au niveau des mécanismes présents, mais une chose était évidente. Yraëlle n’était pas artiste mais ingénieur. Tout était dans la fonctionnalité, et quasiment rien dans l’aspect visuel.

« Au pire des cas, je peux facilement vous bricoler les mécanismes, et ensuite vous pourrez de votre côté aller voir quelqu’un pour enjoliver tout ça. »

Elle alla reposer son arme avant de se reconcentrer sur l’homme devant elle, visiblement beaucoup plus intéressée par sa deuxième option. Améliorer le rechargement. Plus facile à dire qu’à faire.

« Pour le rechargement, on a deux options. Soit on fait une petite explosion avec de la magie mais ça va en consommer à chaque tir de manière non négligeable. Ça aurait l’avantage de pouvoir charger juste la balle et le bourrage à chaque tir, donc plus de poudre et de nettoyage. Le souci c’est qu’il me faudra pas mal d’arcanite et ça va modifier l’arme. »

Un sourire apparut sur son visage en pensant à la suite.

« Ou alors on peut ruser. »

Elle se déplaça avant de se placer devant un tableau usagé ayant visiblement bien vécu, une craie se retrouvant rapidement entre ses griffes alors qu’elle griffonnait un schéma.

« Ce que je vous propose, c’est un système externe permettant de passer outre et de recharger en quelques secondes. Il y aura besoin d’un peu d’arcanite, mais honnêtement presque rien, je vous explique. »

Elle montra le schéma qu’elle était en train de faire au tableau, un stockage dans des petits tubes avec un disque amovible comme couvercle, et à côté une tige assez longue présentant quelques circuits d’arcanite.  

« En gros, je vous propose de préparer vos tirs à l’avance. Je vous fais une sacoche avec une quinzaine de balles préparées. Il faudra gérer ça à l’avance, placer la poudre, la bourre et la balle, et vous les couvrez avec le couvercle métallique qui ferme le tout et empêche tout ça de voler partout en combat. »

Elle lui montra le schéma d’un conduit de balle et d’un couvercle, ce dernier possédant quelques encoches et aspérités pour se fixer.

« La tige elle est là où la magie opère. En gros, en plaçant le tube autour d’une balle, le capuchon de protection va être dévissé et coller magnétiquement au bout de l’instrument. L’arcanite elle va servir à attirer toute la préparation, balle et poudre pour la maintenir dans l’outil. Après ça, vous avez juste à déposer ça au fond du canon du pistolet. »

Elle montra une gachette sur le côté de la tige.

« Tant que vous appuyez sur la gâchette, l’enchantement d’arcanite est brisé et la poudre retombe au fond du pistolet. Et voilà ! Simple, facile et efficace. »

Elle semblait contente d’avoir eu cette idée. Bon, après sa maitrise de la magie gravitationnelle aidait pour créer de petits dispositifs magitech ayant le même fonctionnement.

« Il ne reste plus à la fin de la bataille qu’à retirer tous les couvercles, nettoyer le pistolet et préparer de nouvelles balles. Et en plus ça n’utilise pas de magie de votre part !»

Elle se reposa après son explication, finissant de réparer le pistolet. Elle avait oublié un truc non ? Non... Peut-être... Rien d’important sans doute.

Avoir le feu vert de l’homme était suffisant pour elle et elle hocha de la tête pour commencer le travail, avant de s’arrêter quelques instants. Elle avait beau être intéressée, cela lui prendrait un certain temps, et elle n’était pas sûre de sa capacité de patience.

« Cela me prendra au moins deux heures. Ce n’est pas particulièrement dur, mais il y a deux outils à faire et il faut que je fasse preuve de précision. »

Le sous-entendu était clair, il allait s’ennuyer car elle serait concentrée sur sa tâche. Et sa deuxième question ? Elle grimaça avant de secouer de la tête.

« Une Beathach ne pourra jamais être rien d’autre qu’une vermine pour les Elfes. Et que ces connards arrogants et génocidaires aillent se faire foutre s’ils veulent que je fasse quoi que ce soit pour eux et leur pays de merde. »

Ça avait le don d’être clair de ce côté-là. Il y avait quelques rares elfes qu’elle supportait, comme Calignis, mais ils pouvaient se compter sur une seule main avec des doigts qui restaient libres.

« Ingénieure a pour moi trois avantages. J’aime ça et je suis douée pour ça. En créant des assistants mécaniques, je pourrai un jour profiter d’une vie d’oisiveté dans laquelle je ne ferai que ce qui me passionne. Et enfin, devenir une meilleure ingénieure qu’eux est l’équivalent de cracher au visage de ces sous-merdes aux longues oreilles. »

Elle semblait extrêmement véhémente dans sa haine des elfes, ce qui était assez logique au vu de sa position. Elle cligna des yeux, comme si elle pensait à autre chose, avant de regarder de nouveau Dreyarch.

« Oh, et aller dans un autre pays pour bricoler pour eux semble sympa de premier abord, mais ça va être un bordel géopolitique absolu, et je devrais toute ma vie regarder derrière mon épaule pour esquiver des assassins. Flemme. »

Elle espérait avoir répondu à ses questions, elle avait envie de bricoler sa nouvelle invention, avant de se poser et de ne plus bouger… sauf que si elle voulait sortir du pays, il lui faudrait bouger…

Cette idée la convainc presque qu’il serait mieux de rester ici… presque.