Au début, c’était la Tour. Une prison vers laquelle tu revenais sans cesse, malgré toi, parce que c’était là qu’il y avait ceux dont tu étais proche. Un désir pathétique de gagner une affection qu’on ne t’avait de toute façon jamais donnée, une tapisserie inerte que tu fixes en te demandant à quel moment tu as pu croire que ramener un souvenir de Vollheim t’achèterait l’affection de Sovereign.

Un soupir soulève ta cage thoracique trop longue, et tu reprends ta marche, décidé à errer jusqu’à la bibliothèque. C’est bien un des deux réels avantages que tu trouves à la Tour : sa bibliothèque trop fournie, la possibilité de laisser parler ta magie, de la plier à tes désirs et tes interrogations sans limites.

Là au milieu des livres, tu cherches quelque chose que tu n’aurais pas déjà lu, pas déjà parcouru. Tes multiples doigts frôlent les couvertures anciennes ou nouvelles, ton regard se fait lointain. On t’a tellement ancré dans l’esprit que tu n’as ta place nulle part ailleurs qu’ici… Mais une voix te tire de tes pensées, et tu lèves les yeux sur l’angias, toujours surpris par sa politesse. Tu n’arrives pas à lire à travers ses expressions et tu ne sais s’il se moque de toi ou non.

“Bonjour Monsieur… ” Citrouille. Tu ne peux pas l’appeler comme ça. Un instant de flottement. Tu évites la question, trop habitué aux versions retorses de Sovereign ou Joftra. “Je peux faire quelque chose pour vous ?”

Il y a une hiérarchie dans la Tour ; une claire. Les Archidiacres, les Diacres, le reste. Une tacite, Joftra au même niveau ou plus haut que les Archidiacres. Cette même tacite te place tout en bas de la chaîne, trop peu motivé pour monter les échelons. Alors pour éviter les ennuis, le plus simple c’est de faire semblant d’être serviable.