Cette fois j'ai passé la nuit seul, seul avec moi-même et mes problèmes et je dois avouer que cela n'avait rien de très agréable. J'ai passé une bonne partie de la nuit à repenser a ma vie d'avant, mon aventure avec mon ami.
Je fus ainsi réveillé par une douce chaleur, celle du soleil. C'était un réveil plutôt agréable, même si ma nuit avait été courte, je me suis levé directement, venant m'étirer longuement.
Je regardais par la fenêtre, voyant une ville, baignait dans les rayons du soleil, malgré une pourriture évidente dans les rues de cette ville, après tous, c'était la ville des pirates !

Je pris ma guitare, avant de sauter par la fenêtre afin d’atterrir dans la rue, je trouvais ça beaucoup plus classe comme façon de sortir plutôt que de passer par la porte.
Après quelques minutes de marche, je m'étais ainsi retrouvé sur le port, tout le monde semblait me regarder, comme si j'étais une célébrité locale, mais je suis sûr que parmi les regards, il y en avait beaucoup qui voulait voir ma tête autre part sur mes épaules, après tous, j'étais un pirate ayant passé un pacte avec le gouvernement.
Un grand sourire aux lèvres, je n'avais pas peur, loin de la même, j'attendais que quelqu'un passe à l'action, je pourrais ainsi montrer qu'il vaut mieux m'avoir dans son camp que comme ennemis.

« Je vais devoir refuser ton offre mon petit Willy, il y a pleins de vilaines têtes ici qui seraient prêt a tuer pour toi. »

«  Tu ferais mieux de te trouver une fille mon gars, ou… peut-être bien que la raison pour laquelle tu me veux moi, c’est que t’en as trouvé une, sauf qu’en fait t’es incapable de combler la petite demoiselle. T’es pas eunuque par hasard ? »

Il jura et m'insulta de tous les noms tandis que tout son équipage avait explosé de rire. Je fis un grand sourire avant de faire une courbette et de m'en aller. William Norrighton, un pirate plutôt correct et plutôt fort, mais son offre ne m’intéressait pas.
Je me rendis ainsi dans une taverne afin de prendre un bon petit déjeuner, aujourd'hui, j'avais deux ou trois choses à régler donc je devais avoir le ventre plein.

« Bonjour, il me faut ton meilleur plat s'il te plaît ! J'vais avoir besoin d’énergie. »

Il prit la commande tandis que moi, je m'allongeais sur le bar soupirant.

« Il faut vraiment que je trouve quelqu'un pour m'en apprendre plus sur la magie de feu, sinon je n'avancerai pas avec ça. » 

L'odeur nauséabonde de l'humidité ne cessait de venir enquiquiner mes narines, incitant mon faciès à se marquer d'une légère grimace rapide bien qu'elle laissa mon nez un brin retroussé. J'avais une haine intense pour l'eau, les masses aquatiques ou tout simplement la pluie. La raison à un tel rejet était aisé à comprendre pour tous ; un élémentaire de feu, capable de pouvoir danser avec la chaleur des flammes ne pouvait se permettre de se souiller au risque d'atténuer l'intensité de mon âme. Je tenais le coup malgré tout, conservant cette dignité — hautaine qui me caractérisait tant.

Sans nul doute ma présence ici était antagoniste à l'ambiance générale. Je n'avais pas changé mon attirail, une robe mettant en valeur mes courbes féminines tandis que j'observais autour de moi les regards immoraux de la plèbe. Certaines femmes auraient usé d'un air outré mais pas moi ; mon orgueil me permettait sans mal de prendre conscience de mon apparence agréable aux yeux de beaucoup et pour cela, j'aimais en jouer. Je connaissais l'ambiance d'Avalon puisque c'est ici que j'avais posé le premier pas, au sein d'Arvandor, de fait, je ne montrais aucune surprise.

J'avais suivi l'invitation d'un politicien de ma connaissance qui avait besoin de faire des affaires — frauduleuses ou non, dans la ville portuaire et souhaitait que je profite d'un voyage. Hésitante au départ, je ressentis rapidement le besoin de me sortir quelques jours du nid de serpents que représentait la cour de la capitale. Le choix d'Avalon m'avait quelque peu refroidi mais peu m'importait, le choix ne se présenta à moi et mon souhait de respirer un air frais se montra pressant. Mes souvenirs avaient cependant omis de me rappeler que ce vent allait autant s'imbiber de cette fragrance de poissons pourris.

Ni une ni deux j'avais profité d'un instant d'inattention de l'instigateur de ma venue ici pour rôder à ma manière dans les rues de l'endroit. Mon regard s'amusait à observer autour de moi, analyser et surtout juger les apparences souvent minables des habitants. C'est ainsi, je ne pouvais m'en empêcher. Les mains jointes dans le dos, je me laissais aller au fil des bruits et découvertes. J'avais dû ignorer des remarques déplacées et recadrer certains gestes baladeurs à ma manière ; une main brûlée était si vite arrivé. Les risques du métier en se vagabondant de bon matin.

C'est à l'écoute de mes envies que j'entrepris de rejoindre une taverne, le choix établit purement au hasard. Bien qu'une élémentaire, j'avais parfois le besoin de me sentir semblable aux mortels en cherchant à me sustenter. Acte inutile mais je m'évertuais à le faire depuis quelques années, dès mon arrivée à Arvandor. Il fallait absolument que j'offre la sensation d'être comme eux afin de les amadouer d'avantage. J'entrais sous les regards de certains puis rejoignait sans me faire prier le bar afin de prendre ma commande, du moins, avant d'entendre certains propos.

« — Vous réfléchissez à voix haute mon cher. dis-je en direction de l'inconnu à présent allongé sur le bar. Je l'observais du coin de l'œil tout en m'adressant à lui. Je fîs mine de regarde les alcools présents.
« — Alors comme cela, monsieur espère dompter les flammes ? Le ton que j'empruntais se teintait d'ironie, le tout appuyé par mon apparence, mes cheveux un brin teintés de de feu, sans agressivité bien entendu.
« — Il semble que peut-être, la chance vous sourit sur le sujet. » Non sans un sourire en coin perceptible par mon tout récent interlocuteur.

Je désespérais un peu, je ne connaissais pas grand monde, mais une douce voix féminine apparue. J'avais pris l'habitude de parler fort, mais jamais que l'on me réponde. Je posais mes yeux sur la jeune femme avant de me relever. Elle semblait vouloir m'aider vu ses paroles et son sourire.
Je la regardais de haut en bas avant de sourire à mon tour, elle n'était pas d'ici je suis presque certains que personne dans cette foutue ville d'Avalon n'avait d'aussi beaux habits et surtout personne n'oserait vraiment trop le faire, vu la pourriture de cette ville. Elle n'avait pas froid aux yeux, ça, c'est sûr et elle n'avait pas froid aux cheveux non plus visiblement. Si je ne dis pas de connerie, elle doit soit maîtriser une magie de feu, soit être le feu lui-même ce qui était d'autant plus intéressant.


Elle devait être une personne importante, en tout cas assez importante pour pouvoir porter ce genre de vêtement, mais pas trop, car sinon elle aurait des gardes avec elle. Je devais donc en apprendre un peu plus sur elle, il faut dire que je veux éviter de montrer que je maîtrise une magie noire à un être céleste ou alors a une personne qui pourrait me causer des problèmes. Je fis un signe au tavernier avant de lui dire de lui servir tout ce qu'elle veux, que je m'occupe de payer. Je me tournais ensuite en direction de la jeune demoiselle

« Je ne me suis pas présenté, je suis Bassim Al'Sheba, Corsaire au service de la couronne d'Arvandor et vous êtes ? »

À peine eu-je le temps de finir ma phrase, qu'un habitué bourré fit son apparition et me demanda de payer également sa consommation. Je refusais une première fois, puis une seconde fois, mais il insista toujours. Je soupirais avant de poser ma main à quelques centimètres de son ventre rempli d'alcool.


Tandis que ces quelques mots dans mon dialecte de naissance sortirent de ma bouche, un éclair de couleur bleu se forma et entra en contact direct avec le corps de l'homme venant l’électriser au passage. Il fut envoyé à l'autre bout de la taverne sous les yeux pas très heureux du patron. J'étais quelqu'un qui lui ramenait beaucoup de client, donc techniquement, il ne pouvait pas me dire grand chose. L'homme n'était fortement heureusement pas mort, il avait juste une jolie figure de Bassim sur le corps, comme j'aime appeler cette étrange marque qui marque le corps après un coup de foudre.
Évidemment, je n'allais pas utiliser ma magie à sa puissance maximum contre un pauvre pecnot, même si je suis presque sûr que personne n'allait le pleurer. Il fallait surtout que je fasse bonne figure devant la jeune femme enflammée devant moi. Je tournais à nouveau la tête arborant à nouveau un sourire.

Les mots avaient quitté ma bouche sans même que je ne le maîtrise vraiment. Ce défaut me poursuivait toujours ; la curiosité, encore et à jamais je ne cesserais de toujours vouloir savoir et comprendre. Que cela soit au sein d'une bibliothèque, centre de la connaissance ou même dans un bar malfamé comme celui-ci. Je n'étais venus que pour boire un verre, acte futile mais voilà que je me sentais alpaguée par des mots, des propos intéressants. Mon relationnel avec le feu était quasi divin pour moi, je percevais le mouvement des flammes tels une berceuse ou un signe des cieux et ouïr un besoin de mieux les comprendre ne pouvait que m'attirer.

Le faciès orné de mon plus beau sourire en coin, j'usais de ce que j'avais de mieux pour charmer mon entourage. Je ne souhaitais brusquer personne, je devais combler mon envie soudaine d'en apprendre d'avantage. J'avais eu l'occasion au cours des deux cents dernières années de côtoyer toutes les sphères de la société, de fait, j'allais devoir me remémorer les travers à ne pas emprunter en partageant avec la plèbe. Mon buste se tournait dans sa direction afin de mieux le regarder, le détailler et me faire une idée succincte. Mon coude s'appuya un peu contre le bar. Il était avenant et m'offrit réponse, me voilà ravie face à ce départ positif.

« — Oh, pour le royaume ? Monsieur peut se targuer d'être important ? » Le ton employé était ironique, un brin moqueur puis je poursuivis en empruntant une attitude plus sérieuse bien que décontractée.
« — J'ai cru remarquer que ma tenue faisait antithèse, oui. Je ne le regrette pas, j'aime attirer l'attention, pas vous ? » Je fis mine de me regarder comme pour appuyer mes propos.
Je remarquais ensuite son petit geste à l'égard du propriétaire, cernant sans mal qu'il souhaitait me payer ma future consommation. Je ne fis mine de ne pas comprendre, mon esprit ne prit donc pas la peine de le faire savoir. Je jouais l'aveugle sur le sujet.
« — Bassim Al'Sheba, me voilà enchantée de vous rencontrer. Vous n'êtes en effet pas un inutile, mes félicitations. Appelez-moi Shivae, conseillère à la cour d'Arvandor. »

Sur le point de tendre la main je me voyais interrompue par la venue d'un alcoolique. Je conservais le silence puisque c'est mon vis à vis qu'il avait choisi d'alpaguer sans me déclarer sa flamme. J'observais sans broncher la situation bien que mes bras vinrent se croiser. Même l'usage de la magie de la part du corsaire ne me fît pas sourciller, je souhaitais conserver ma contenance bien que la surprise vint m'enlacer sur le moment. L'usage de la violence ne me choquait pas mais mes années au sein de la haute société m'avait habitué à d'avantage de patience. Un tel spectacle n'avait rien pour me déplaire ; je souhaitais changer d'ambiance, je n'allais pas être déçue visiblement.

« — Et bien et bien, quelle atmosphère électrique. » Mes mains se joignirent puis je tapais dans ces dernières non sans une pointe d'amusement.
« — Quelle joie que de pouvoir régler les problèmes ainsi, je vous envie mon cher. Pour le reste, je vois que vous maîtrisez une certaine forme de magie. Il n'y a donc que le feu qui vous pose problème ? Dis-je en penchant ma tête sur le côté.

Elle ne semblait pas être offusquée ou même choquée par la violence dont je venais de faire preuve, ce qui ne pouvait que me faire sourire. J'avais devant moi une personne très intéressante et importante, une personne qui pourrait devenir une alliée dans le futur si j'en apprenais plus sur elle, enfin pour le moment, je devais me servir d'elle pour en apprendre plus sur le feu.
Après sa petite blague que me fit esquisser un sourire encore plus grand, elle vint poser une affirmation ainsi qu'une question. Devais-je la jouer fine et ne pas trop révéler de chose sur moi ou …. Après une très brève vague de paresse qui parcourut mon corps, je me dis qu'il fallait jouer cartes sur table directement, j'étais fatigué rien qu'à l'idée de devoir magouiller.

« Il est vrai que je n'ai aucun problème avec l’électricité. Il faut dire que je le maîtrise depuis petit, cette magie. Elle fait un peu partie de moi. »

Le barman vint me couper en apporter deux verres d'alcool bien remplie, c'était son alcool maître donc il en servait a tout le monde. Je lui fis un sourire avant de me retourner à nouveau vers la conseillère qui semblait intéresser par mes réponses.

« En ce qui concerne le feu, c'est un petit problème de performance, je dois dire que je n'avais jamais connu ça avant. Avec l'électricité, je suis très compétant, je possède la puissance et la portée, mais en ce qui concerne ma magie de feu... C'est plus compliqué. »

Je détournais le regard pour le poser sur ma main droite. Mes flammes étaient puissantes, mais pas assez selon moi, il m'en fallait plus, beaucoup plus.

« Lorsque j'utilise ma magie de feu, mes flammes sont dévastatrices, de belles flammes ayant la couleur de la nuit. Elles brûlent tous sur leurs passages, elles décollent la chaire des créatures que je vise et pourtant, je manque de puissance et de contrôle. Les flammes sont par définition impulsives et libres, mais si je ne peux les contrôler, j'ai bien peur de brûler des choses qui ne doivent pas être brûlées. »

Je soupirais avant de reposer ma tête sur le bar. J’espérais vraiment recevoir de vrai et bon conseil de la part de la jeune femme, sinon j'allais devoir retourner dans mon pays natal, voir un groupe d’élémentaire de feu.

En tant qu'élémentaire, je démontrais une certaine intrigue au sujet des humains et de la magie. Du haut de mon perchoir, j'avais bien des difficultés à cerner comment ils la percevaient ou se montraient capables de telles prouesses en l'utilisant. Sans doute lié à mon orgueil important, je me suis toujours considérée comme une figure même de la nature en personne. Je suis la représentation de son talent et de son art ; l'image même des flammes et de la brûlure. User du feu était comme respirer, marcher, me mouvoir. Dès le départ j'ai très vite réussi à la dompter avec une certaine aisance, de fait, elle est une partie intégrante de mon corps. Je suis lui.

Avec intérêt je lui offrais mon attention ; il semblait parler de cela comme il m'adresserait ses explications au sujet de cours de musique. Comme j'ai pu apprendre le piano et toutes ses spécificités, il faisait de même à l'égard de la magie, que cela soit l'électricité comme il l'a nommait lui-même ou son manque de précision avec les flammes. Je menais ma main à mon menton pour mimer une période de réflexion puis je le regardais une poignée de secondes, comme pour l'analyser un bref instant. Le corsaire ne semblait point manquer de talent mais peut-être sa fougue était-elle, finalement, son point faible. L'adage voulait peut-être trop insinuer que le feu était l'image même de la rage. J'esquissais une nouvelle fois un sourire.

« — En tant qu'élémentaire, j'ignore si notre approche serait la même mais tout est une question de contrôle. La magie fait appel à une partie de nous. Vous le dites vous même, l'électricité que vous domptez est présente depuis votre enfance, vous avez pris de l'âge ensemble, vous avez appris à vous comprendre. Ma race me pousse peut-être à tout personnifier mais c'est ainsi que je vois les choses. » Je regardais la boisson à présent déposer devant moi, remerciant le tenancier d'un petit signe de tête. Mon index vint frôler du bout des doigts le dessus du verre.

« — Histoire de vous donner un exemple ; depuis ma plus tendre enfance, je me suis contentée d'utiliser mes flammes à ma guise sans chercher à faire d'avantage à l'exception de cette teinte bleutée que j'offre à mon feu. Mais, au fil du temps et en faisant un travail sur moi-même, je suis parvenue à faire plus. Il m'a fallut pour cela réaliser que la braise n'est pas faite que pour détruire. Une flamme vacille et peut montrer bien plus. » Sans exercer un quelconque geste, une petite flamme azure se forma autour de mon poignet, cette dernière empruntant la forme d'un petit oiseau. Il se posa sur la bar, agissant comme un animal à part entière.

« — Vous voyez, le feu n'est pas fait que pour brûler. Il vous faut comprendre le réel pouvoir de vos flammes. Vous dites qu'elles sont ébènes ? Un point qui attise ma curiosité. Sont-elles uniquement un moyen de destruction ? Si tel est le cas, vous devez simplement les maîtriser et vous dire qu'elles ne sont que messagères de la mort. Depuis quand avez vous cette aptitude ? Peut-être sont-elles plus que vous ne l'imaginez ? » Léger coup d'œil vers lui puis je venais boire une gorgée. La couleur de son pouvoir m'intriguait fortement, je voulais comprendre.

J'avais attisé sa curiosité et c'était une bonne chose en soit, mais ces réponses ne me satisfaisaient pas, mes flammes ne faisaient que détruire, peu importe comment je les utilisé. Puis vint ses deux dernières phrases, elle avait le doigt sur quelque chose, mes flammes étaient les messagères de la mort, je regardais ma main en souriant. C'était ça, elles étaient les messagères de la mort et il fallait simplement que je les laisse faire, que je n'essaye pas de les contrôler, mais de les déchaînes, les laissant tous engloutir dans son passage.
Je regardais la jeune femme dans les yeux avec un grand sourire sur le visage.

« C'est ça ! Je ne dois pas essayer de les contrôler, mais juste se déchaîner. Elles veulent la liberté !»

Je secouais ma tête avant de reprendre mes esprits, je ne devais pas laisser ma joie sortir comme ça devant une personne proche de la couronne alors que je possède un pouvoir aussi destructeur. Je fis craquer mon cou avant d'inspirer et d'expirer.

« Cela ne doit pas faire plus de trois années que j'ai appris ce pouvoir. Je pense avoir compris, je vais vous montrer mes flammes, comme vous m'avez aidé. »

Je fermais les yeux avant de me tourner de l'autre côté.


Une flamme assez grande apparue dans ma main avant que je ne la jette sur le tabouret à côté de nous. La flamme de couleurs Jais prit immédiatement, elle n'était pas très grande et pourtant, elle détruisait le tabouret, le dévorant comme si elle était une bête sauvage. Le barman essaye de lancer de l'eau dessus avant que je ne l'arrête, le feu ne s'était pas terni d'un seul pourcent.
Une fois le tabouret totalement détruit, la flamme disparue laissant une marque de brûlure sur le sol.

« Ne t'inquiète pas Hector »

Je posais une bourse remplie de pièce sur la table qu'il s'empressa de prendre tandis que je me tournais vers la jeune Shivae.


Je venais de prendre un risque, mais qu'importe, elle allait peut-être encore plus m'aider et ça, c'était le plus important. 

Intriguée par son pouvoir, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une étrange sensation. Il y a avait quelque chose chez ce garçon qui attisait autant ma flamme qu'il ne la faisait vaciller. J'avais déjà eu cette petit voix dans mon esprit durant les deux dernières siècles et jamais elle ne m'avait trompée. A présent je le fixais sans sourciller, je devais comprendre et toute mon attention se voulait figée sur sa personne. La gorgée d'alcool qui parcourait ma gorge brûlante me fît un bien fou. Les bras croisés au niveau de mon buste, je tapotais un peu des doigts sur mon biceps, effleurant du bout de mon index ma peau. Son regard intense et son sourire à mes propos au sujet de son pouvoir m'intriguèrent encore d'avantage. 

« — Il vous faut être... » Je ne parvins pas à en dire d'avantage que le corsaire me fît une démonstration de sa magie en ciblant un tabouret innocent en guise de victime. Il était fougueux, lui qui me paraissait réfléchi jusque là me démontrait qu'il avait aussi cet aspect de sa personnalité qui le forgeait. Peut-être était-il un fanatique de puissance ou autre joyeusetés de supériorité.

A la vision du feu noirâtre je restais coi. Aucun des mouvements autour de moi ne me parvinrent, je me retrouvais enfermée dans une bulle, celle de mon esprit face à ce spectacle. Mes flammes tremblaient un peu devant une telle magie que je ne m'attendais pas à voir. C'était donc cela, cette petit voix qui susurrait à mon âme que quelque chose clochait. Il me parlait d'un brasier sombre mais j'espérais au fond qu'il ne s'agissait point de cela. J'avais conscience que je pouvais me targuer d'être une élémentaire exceptionnelle, mais là, je me sentais comme avalée.

« — Et bien... » Tandis qu'il m'alpaguait pour me demander mon avis je quittais enfin mes pensées en essayant de faire bonne figure bien qu'une telle prouesse s'avéra difficile. Je secouais un peu la tête puis je venais boire à nouveau l'alcool, achevant le verre d'une unique gorgée.
« — Vous dites que vous avez connaissance de cette magie depuis trois ans ? De quelle manière avez-vous découvert une telle chose ? Je suis intriguée par votre histoire. » Et surtout angoissée mais cela, je parvins à ne pas le montrer. Je me reprenais, usant à nouveau de mon allure distinguée et posée. Il fallait se replacer dans la situation.
« — C'est effectivement une magie de destruction, avez-vous conscience de sa nature au moins ? » Avant de l'assaillir de mon expérience, je voulais savoir ce qu'il en pensait. Tout de même, nous parlons de magie noire.

Son manque de réaction était une réaction en soit, le fait qu'elle ai bu aussi vite sa bière était également un signe assez évident, je venais peut-être de faire une erreur en lui montrant cela.
Elle posa tout de même quelques questions avant d'attendre des réponses claires.
Je n'étais sûr de rien concernant cette magie, mais il fallait répondre et je pense que je devais le faire le plus franchement possible.


Je soupirais avant de regarder prendre à mon tour mon verre et de boire d'un coup sec, il était temps de parler Bassim, peut-être pourra-t-elle en apprendre encore plus sur cette magie des flammes qui était vraisemblablement de la magie noire.
Je regardais ma main avant de la regarder elle dans les yeux.

« Il y a de cela trois années, je me suis rendu sur une île, une île terrifiante, une île non loin d'Al'Malaq qui n'était pas censé être habité et pourtant sur cette île, j'ai vu des choses que je n'aurais jamais imaginé. Il y avait un homme sur cette île, il était vieux, tellement vieux qu'il ne pouvait pas bouger. Lorsque je me suis approché de lui, il a souri, en me disant qu'il m'attendait. Au début, j'étais sceptique, mais il savait des choses que personne n'était censé connaître. Il m'a appris cette magie, enfin, il m'a appris les bases avant de me demander de le tuer avec ces flammes. »

Je posais à nouveau mon regard sur le bar devant moi.

« Pour rien vous cachez, je ne connais pas très bien cette magie, mais je pense qu'elle est obscure. Lorsque je l'utilise, j'ai l'impression qu'une énergie aussi noir que la nuit sans lune m'entoure et m'enveloppe, mais le pire dans tout ça, c'est que je me sens bien dans tout ça. »

Je serrais le poing avant de soupirer pour la énième fois.

« Cette magie est une arme très puissante et de pas sa puissance, je pense qu'il y a un contrecoup, c'est sûrement ça qui en fait une magie dangereuse, à utilisé avec précaution. »

Mon regard se tournait à nouveau en direction de Shivae, assez interrogatif de sa manière de réagir. 

Le bras appuyé contre le bar, son index venait tapoter dans un rythme précis contre celui ci. La femme usait du son tel un métronome, un moyen de calmer ses pensées dans un tempo bien défini. Elle avait cerné sans difficulté que son silence avait sans doute dû trahir sa surprise face à un tel spectacle mais elle en faisait fi ne préférait pas s'attarder sur ce détail. Après tout, le jeune homme devait prendre conscience du danger d'une telle aptitude, que cela soit vis à vis des autres, de lui-même ou tout simplement des lois en vigueur dans la quasi totalité des nations qui composaient ce monde. La flamme jonché au creux de son âme tremblait un peu, réaction naturelle face à la vision de la noirceur de la braise.

Shivae était une créature de la nature, de fait, face à une telle découverte son corps ne pouvait que démontrer une réaction de rejet. Heureusement l'élémentaire avait de longues années de vie derrière elle, bien assez pour ne pas juger ou jeter la pierre au premier venu. Elle n'était pas de ceux qui osaient cracher sur cette facette de la magie pour autant, elle voulait appuyer sur le besoin de sécurité à la nécessité au corsaire de prendre conscience de la réalité des choses. Sans broncher elle laissait son regard l'observer tandis qu'il buvait à son tour puis avala de son côté ses paroles.

« — Votre histoire est plus qu'étrange si je puis me permettre. Je sais que les terres d'Al'Malaq cachent encore bien des mystères mais de là à pouvoir faire une rencontre de cet acabit, tout de même. Vous ne vous êtes jamais intéressé sur l'identité de cet homme et les raisons qu'il aurait de vous enseigner cette magie ? Vos propos offrent encore plus de brouillard sur cette situation. » La main de la femme vint se placer sur sa nuque qu'elle massa comme pour se détendre sur l'instant. Bien que son vis à vis entreprit de tourner le regard, elle conserva le sien jonché sur sa personne.

« — Je pense qu'au fond vous le savez déjà et nul besoin de fermer les yeux. Vous ne pensez pas qu'elle est obscure ; il s'agit purement et simplement de magie noire. Je suis une élémentaire de feu et je peux me targuer de connaître mainte facettes des flammes. Celles que parvenez à créer ne sont pas de bon augure, du moins, pas considérées comme légales. » Bien que le ton un peu moralisateur, la conseillère restait calme et posée, annonçant les choses comme elles lui venaient.

Bien que la parole toujours en sa possession elle fît le choix de s'interrompre pour alpaguer le tenancier dans l'espoir de lui quémander une nouvelle boisson. Nul besoin de se tracasser pour faire un choix, elle se contenta du même alcool qu'elle attendit avant de poursuivre. Ses lèvres fines vinrent se tremper dans la mousse encore fraîche puis elle avala une petite gorgée. Et bien, qui aurait cru qu'une taverne servant un si mauvais breuvage le tout embaumé d'une odeur de pauvreté la ferait rencontrer une personne comme lui.

« — Corsaire, si vous y prenez du plaisir c'est uniquement car cette magie est très puissante, elle vous offre un sentiment de supériorité et fait appel à vos instincts les plus primaires. Vous ne pouvez que vous sentir bien en faisait appel à elle. » Elle reprit la parole sur le même ton posé tout en étant à présent accoudé sur contre le bar.

« — Il s'agit surtout d'un résidus de l'âge du désespoir et personne ne voudrait revivre cette période. Sans nul doute que vous disposez d'une puissance importante, probablement plus forte que la mienne en terme d'intensité pure. Seulement le danger est dans le contrôle que vous devez posséder sur vous-même. Je ne vais pas vous blâmer de vouloir user d'une telle magie car je serais prête à faire de même si cela me permettait d'atteindre ce que je souhaite. » Un soupir prit la fuite de ses lèvres.

« — De mon avis, il ne s'agit pas que de précaution. Vous ne devriez l'utiliser qu'en cas de dernier recours. Vous me l'avez montré ; vous avez d'autres talents pour vous défendre, inutile de ne compter que sur cet art obscur. Un malheur est vite arrivé, pour les autres mais pour vous aussi, une telle prouesse est passible d'une condamnation grave. Il ne faut surtout pas l'imaginer comme une facette normale de la magie. » Les yeux figé vers lui elle cherchait à déceler une réaction et surtout, une acceptation totale de ses avertissements. Sans difficulté Shivae se savait dans le vrai.