Comme à son habitude, Daras parcourait la ville, tel un soldat bien fidèle. Torse bombé, il marchait dans la rue, saluant les passants, aidant quelques personnes en passant. Certes, la plupart des soldats aimaient patrouiller en troupes, mais l’aquatique restait un peu à l’écart généralement. Vous savez, il pouvait être du genre très investi dans sa tâche.

Mais parfois, on venait le trouver spécifiquement car on le savait : il se donnait vraiment à fond pour ses citoyens. Et on l’avait averti que quelqu’un s’était rendu vers le havre des éléments ! Quel non sens, quelle folie ! Daras comprenait parfaitement l’aura mystique qui entourait ce lieu. Et visiblement, cette personne n’était absolument pas préparé !

Certains auraient pu tourner le dos à cette situation, mais Daras ne pouvait pas ! Il était de son devoir de s’assurer la paix et la sécurité dans l’empire. Il ne pouvait se permettre de laisser une pauvre âme innocente sans aide ! Oui, il aurait pu s’agir d’un canular, mais lui faire quitter son poste pour une blague… Certains l’ont fait, tous l’ont regretté. C’était grave de faire cela à un soldat en plein travail.

Ainsi, ni une, ni deux, il se précipita vers le lieu dit. Bon, il risquait de mettre un peu de temps pour y arriver. Ainsi, il était paré de son épée et de son bouclier… Et de plusieurs gourdes d’eau. C’était important ! Il pouvait l’éblouir, manipuler l’eau, mais surement pas en créer à partir de rien ! Se dépéchant ; il arriva vers l’endroit indiqué. Malgré les conditions environnementales, il était bien décidé à y aller de bon train. Il était un peu loin mais pas encore assez proche. Puis, cela ne faisait pas si longtemps.

Arrivant sur place, le requin observa la zone, continuant à avancer jusqu’à voir un homme au loin. Inspirant longuement, il cria un coup sec pour attirer l’attention de l’homme.

« HA VOUS VOILA ! »

Elle arriva en vitesse, main levée. Son uniforme ne laissait nul doute de sa position de soldats.

« On m’a informé qu’un elfe était venu ici. Mais quelle idée, monsieur ! Ce n’est pas très prudent de venir ici, mais je suis là pour vous mettre en lieu sûr, n’ayez crainte. »

Disant ça, il sourit de toutes ses dents, bien convaincu que l’homme avait besoin d’aide.

Le pas tranquille, le regard fouillant à gauche à droite, c'est avec gourmande curiosité que l'aventurier s'avance dans les ruines des lieux. Dans ses gravats et anciennes installations, la place respire le charme d'antan. De par ces murs si élevés qui tentent d'en toucher le ciel, ces sculptures oubliés ici et là. Et divers objets perdus parfois même incrustés dans le sol ou la terre, tant les âges les ont avalés. Nora en est presque étonné, en fait, d'en voir autant. C'est le genre de place où on aime y poser le pied pour posséder tout ce que l'on peut. D'ailleurs, il croit même y avoir vu des sacs, du matériel oublié... Sans doute que des voyageurs, tout comme lui, se sont posés ici récemment ! Qui sait s'il en fera la rencontre durant son petit passage. Être plusieurs à échanger sur leurs trouvailles, ça peut être bien aussi.
Cela fait bien des jours, maintenant, que le noctem s'amuse à dévier son chemin de Vollheim, juste pour traîner dans un nouveau lieu ici, puis là. Il en a découvert, des choses et endroits ! Que ce soit le manoir mal fréquenté en Ananda, l'île perdue dans la mer d'Arvandor, et maintenant ce que l'on nomme Havre des éléments ! Et rien que ce qu'il en voit, il apprécie beaucoup. Maintes fois, il s'arrête, sort son carnet, prend des notes. Peut-être qu'il pensera plus tard à interroger des fous d'histoires en Evren ou dans le village des éleveurs afin de gratter plus d'informations.

Il s'avance encore. Profite des fioritures dans ce qui semble être en vaste couloir ouvert sur d'autres espaces. On lui a décrit un espace en particulier, où le monde passé a pu s'y rendre pour réunions et visites. Et il compte bien le trouver avant de mettre fin à son exploration.
Mais, il en dresse presque les épaules, lorsqu'il entend une voix s'élever dans son dos.
Nora se retourne, dirigeant son attention vers la personne se présentant dans les lieux.
On le cherche ? Lui ?
Il comprend bien vite le statut de l'inconnu de par ses étoffes. Oh. Va-t-il avoir des problèmes pour se pointer par ici ?

- Bien le bonjour ! commence-t-il simplement.

Puis, le soldat, cependant, ne se montre guère véhément dans ses attentions. Et cet air bienveillant, ce sourire qui en ferait presque briller cette mâchoire de requin. Ouip, plus qu'un gentil, c'est un ami, Nora l'a presque décidé !
S'avançant à lui, il lui rend ses paroles.

- C'est bien aimable de venir en ces lieux reculés pour me prêter assistance ! J'espère que vous n'aurais pas de comptes à rendre à vos supérieurs. Mais vu que vous êtes à mes côtés à présent, nous pouvons découvrir à deux ! Venez donc. Je crois qu'au fond de ce couloir, nous allions découvrir la pièce centrale. J'avoue néanmoins connaître à peine l'histoire malaqii. Avez-vous des informations concernant le Havre des éléments ?

« C’est mon devoir après tout ! »

Il souriait largement. Bien sûr qu’il était venu voir ce que pouvait faire un inconnu dans un coin aussi reculer. Il était tout simplement improbable pour lui de laisser quelqu’un se perdre aussi loin. Il n’avait strictement aucune idée qu’il se trouvait face à un être à haute importance diplomatique. Se frottant le menton, il réfléchit.

« Hé bien, je dois admettre ne pas être historien. Cependant… Je suis tout à fait amène à vous présenter un peu l’endroit. Tout le monde un peu éduqué à Al’malaq connait ce qu’on dit de cet endroit. »

Il semblait bien en confiance. Certes, il devrait surement le ramener, mais ça ne coutait rien de passer un peu de temps à expliquer cela à un néophyte.

« Le havre ici présent était le lieu où se réunissaient les seigneurs élémentaires dans le temps passé…avant la grande guerre. »

Il n’y avait aucune fierté dans cette guerre, aucune jubilation. La guerre n’était pas un passe-temps, n’était pas amusante. Il était soldat, mais il vivait pour la paix. La paix est ce pourquoi se battent tous les vrais héros. Bon, il ne fallait pas mentir qu’à Al’malaq, c’était une autre paire de manche de dire ça. Avec les tensions politiques, raciales, la paix était surfaite.

Avançant dans l’endroit, il regarda les vestiges de l’endroit, envahi par les plantes. Tout était si ancien et laissait à l’abandon. C’était un peu triste de laisser pareil endroit ainsi. Il n’avait pas forcément la nostalgie, il est trop jeune pour ça. Mais cet endroit était sacrée en quelque sorte.

« Malheureusement, vous ne risquez plus de voir grand-chose de ce qu’était cet endroit avant. »

Enfin une exploration qui s'annonce tranquille et pour autant divertissante ! D'un côté, les lieux ont paru bien majestueux à l'aventurier. Mais en plus, voilà qu'il fait une petite rencontre de manière hasardeuse. Ou presque. Car le soldat qui vient de poser le pied ici lui soumet l'idée qu'il est comme venu pour sa personne. Le protéger ? Le guider ? Le sommer de faire marche arrière et revenir en ville ? Pour cette dernière option, il n'en serait pas le premier, ni le dernier à s'y essayer ! Mais pour que Nora accepte de tendre l'oreille à ce conseil et demande, généralement, il a besoin de s'en sentir satisfait avant toute chose. Et il n'aurait pu lâcher prise, maintenant qu'il a atteint cette place !
Nora a posé sa curiosité en questions, espérant que l'être aux traits amphibiens – ou est-ce en fait plus proche de mammifères marins ? – puisse le régaler en informations.
Si dans un premier temps, le nouvel arrivé lui admet ne pas avoir avoir fait carrière dans les métiers se tournant vers l'Histoire, il aura toutefois quelques sources à lui livrer. Ici donc, se sont réunis autrefois les seigneurs élémentaires, rien que ça !

- Oh, je vois. Il s'agit donc d'un bien grand lieu historique. J'en suis presque étonné de ne voir personne explorer les environs. Enfin, tout est si loin, et rien ne garantissant la tranquillité et sûreté du coin, je peux comprendre que l'on puisse chercher à l'éviter.

Le malaqii lui exprime alors qu'il est possible qu'il ne reste plus grand-chose d'antan à découvrir. Le tout s'étant fait ravagé par les temps. Mais il en faut bien davantage pour détourner l'attention et la motivation du blond. Surtout quand sa nouvelle connaissance a lâché plus tôt qu'il peut lui présenter l'endroit !

- Non, non, les paysages sont tout aussi magnifiques, une dévorés par les âges et la verdure. Et il faut que je vois ls diverses espaces où vos seigneurs ont pu mettre le pied ! Puis-je me permettre, aussi malhabile et opportuniste que cela puisse paraître, de sauter sur votre proposition et vous demander de m'en faire faire la visite ? Je vous assure que je repartirai sans problème juste après.

Un regard où l'étincelle, la joie dansent se dresse sur l'habitant du désert, comme pour le forcer à répondre à l'affirmatif.

- Je me prénomme Nora, simple explorateur des royaumes, ajoute-il, sans bien sûr parler de son titre élu tout juste hérité.

Daras souriait de toutes ses dents. Le jeune homme ne semblait pas méchant, juste très curieux. Il semblait aussi peu au courant des conditions historiques de l’endroit. Ce n’était pas spécialement inhabituel. Beaucoup de visiteurs n’avaient aucune idée de la vraie histoire d’Al’malaq, même dans le gros.

« On cherche aussi à l’éviter par rapport à ce qu’il signifie. La haine des élémentaires est encore très présente dans notre nation. Ce n’est pas rare qu’on cherche à éviter ce lieu à cause de cette colère. »

Il trouvait cela assez stupide comme raison. L’histoire était passée et il était bien souvent dur de se rappeler les causes exactes du conflit, mais entretenir la colère et la haine n’allaient rien à arranger pour le futur. Il y avait tellement de menace qu’un désordre internie n’était clairement pas le bienvenu.

Daras grimaça un peu à sa remarque sur les seigneurs élémentaires. Pas qu’il soit contre qu’ils aient contribué à la nation malaquii, mais leurs mentions pouvaient être complexe à utiliser correctement.

« Sir, pour votre propre sécurité, je vous conseille de trop… dire que les Seigneurs élémentaires étaient nos seigneurs. Vous risquez grandement de vous attirer les foudres de quelques personnes. C’est un sujet très sensible ici. »

La théologie n’était pas toujours simple, elle l’était même rarement.

« Mais si vous souhaitez visiter un peu, je n’y vois pas vraiment d’objection après tout. Je m’en voudrais si vous vous perdez en voulant revenir en arrière après tout. »

Il devait s’assurer qu’il rentre correctement en ville, il en valait de son honneur.

« Je suis Daras Bevan pour ma part. Un des meilleurs soldats malaquii, vous pouvez en être sûr ! »

Commençant à le guider, il se repérait dans les lieux, enregistrant bien le chemin. Son regard passait sur les murs. Il se demandait à quoi ressemblaient ces lieux avant.

«Alors, sir Nora, vos explorations se passent bien pour le moment ? Vous ne semblez pas être du genre à prendre les chemins les plus sûrs. »

Que ce soit le sourire, sa prestance ou ses paroles, le nouvel arrivé inspire plus que confiance à notre aventurier. Enfin, pas qu'il soit difficile à duper non plus, à son plus grand malheur !
Mais voilà enfin son ticket pour profiter d'une belle et tranquille visite dans cet antre historique. Et les prochaines phrases de son hôte lui seront bien inspirantes. Ainsi donc, une raison pour laquelle on ne se sent pas forcément à l'aise avec ce lieu, c'est aussi pour le symbole qu'il représente. Nora ne se base que sur les petites notions qu'il a eues en études, et des paroles rapportées ici et là. Alors cette fameuse et féroce hostilité à l'encontre des élémentaires persiste, et s'étend même jusqu'aux places qui ont marqué le passé.

- Je vois, je vois, lance-t-il simplement, acquiesçant.

Il garde pour lui néanmoins tout commentaire sur l'affaire, bien qu'il trouve ça assez dommage. Enfin, comprendre et apprendre l'histoire est déjà une belle chose ! La juger, par contre, n'est pas forcément des plus corrects.
Le malaqii alors, offrira une grimace parlant d'elle-même. Et si Nora a craint s'être mal adressé à cette personne, son locuteur le reprendra dans ses paroles. C'est pourquoi, il serait sage de ne pas mentionner de la sorte les Seigneurs élémentaires, tant la relation actuelle avec ces êtres et le peuple malaqii n'est pas des plus favorables en ces temps.

- Oh ! Il est vrai. Navré, j'ai manqué de discernement dans mes termes.

Toutefois, l'habitant du royaume du désert réitère sa proposition quant à leur visite improvisée, avant de se présenter. Et Nora ne peut rester indifférent, face à tant de bonté de la part d'un parfait inconnu.

- Votre bienveillance vous fait honneur. Enchanté, Daras Bevan. Bien que je ne doute pas de vos talents en tant que soldat, j'espère bien que nous n'aurions pas à les découvrir en cette place.

La chance est bien de son côté, pour ce jour ! Cela lui paraîtrait presque trop beau, et il aurait envie de se méfier de tout. De guetter la petite bête qui va forcément nuancer l'entrain en cette belle journée. Mais penser au malheur avec force, c'est lui donner forme. Et le jeune Dänerick est du genre à éloigner le mauvais sort, autant que ce peut. Bien qu'il revient toujours assez vite assez à ses bottes.

Tandis que leur marche se fait, un rythme tranquille, le dénommé Daras ouvre assez vite la conversation. Démontrant une certaine intrigue concernant les voyages de l'explorateur. Non sans ajouter le fait qu'effectivement, il n'a pas l'air de mesurer le danger de ses trajectoires. A ces mots, le blond en a une main qui se lève, se perdant dans sa chevelure dorée qu'il gratte avec douceur pour exprimer sa gêne. Touché !

- Eh bien... Je ne peux nier le fait que vous n'êtes guère le premier à me glisser cette remarque. Disons que j'aime absolument voir de nouvelles choses, de paysages inédits d'autant plus lorsqu'elles renferment une partie de l'histoire d'un peuple. Celle malaqii me paraît grandiose. Impossible de passer à côté !

Son regard s'écrase de temps à autres sur les sculptures perdues dans un coin. Puis sur les fioritures à peine visibles sur un mur, plus loin. Le temps a beau avoir ravagé la place, le charme en est toujours présent.

- J'admets cependant ne pas toujours avoir de bons événements, lors de mes visites et péripéties. Mais même les plus dangereuses... Voire cruelles, me forment de souvenirs inoubliables et uniques à raconter. Qu'en est-il de vous, ami malaqii ? En tant que soldat, vous devez beaucoup bouger, et j'imagine que vous avez dû également en voir de toutes les couleurs ?

« En principe, tout ira bien. La zone est normalement calme. La météo reste le seul vrai danger. »

A Al’malaq, c’était un peu une épreuve. Le temps était souvent bien changeant. Daras n’avait jamais connu que ça. Il était devenu habitué à voir le temps changé aussi rapidement. Mais il était certain que les touristes pouvaient se voir surpris par un changement brusque. Combien avaient pensé que la journée allait rester chaude, mais qu’ils passaient soudainement à du 0 degrés.

Le requin partit cependant d’un rire. Il avait visé très juste. Son ami du jour était donc une véritable tête brulée. Il était un avide d’aventures et d’expériences. La suite était un peu plus tristes, mais vraies. Sa vie et ses aventures n’étaient pas tout rose et les soupçons du soldat se confirmaient. Il en avait des vertes et des pas mures. C’était le risque quand on voyageait après tout.

« Hmm. C’est une bonne chose que vous puissiez garder un certain optimisme. Je connais des personnes qui auraient abandonné bien plus tôt leurs aventures. Mais croyez moi sur paroles : prévoyez vos voyages. Un homme averti en vaut deux. Le monde ne disparaitra pas le temps que vous vous posiez pour établir un plan d’attaque. »

Et de son côté… Qu’avait vu le requin ? Il se gratta la tête. Ce n’était pas forcément le plus passionnant à vrai dire.

« De mon côté, disons que le rôle de soldat ne me donne pas tant d’opportunité de partir à l’aventure. La plupart du temps, je suis en Al’malaq. La situation politique est particulièrement complexe et tendue. Je dois autant que possible participer à l’équilibre des lieux entre les assassinats, les coups d’état… Je n’ai malheureusement pas le temps de vraiment voyager. Si vous me voyez en dehors de ces terres, c’est surement que j’accompagne un diplomate quelque part ! »

La vie de Daras était essentiellement tournée vers son travail. Il avait perdu en capacité de simplement profiter des choses simples de la vie ou même la compagnie d’amis… si on pouvait dire qu’il avait encore des amis.

Le rire fort et généreux du malaqii surprend presque le noctem. Qu'en-est-il ? Aurait-il lancé une nouvelle bourde ? Daras rebondit simplement sur l'aveu de Nora, concernant ses voyages et périples. D'abord en le félicitant de rester aussi déterminé malgré les revers de l'aventure. Puis, en lui suggérant néanmoins de savoir se préparer. En somme, faire attention. Ou ne pas y aller de manière aussi insouciante, ce qu'il a tendance à faire jusque là. S'il ne s'en était pas déjà bien ébouriffé la chevelure, l'elfe aurait bien envie de le faire de suite, une nouvelle fois, comme pour traduire sa gêne.

- Oh, vous savez. J'ai presque envie de dire que je suis depuis longtemps habitué aux accrocs. Bien que... ça ne me laisse pas toujours de beaux souvenirs. Ni de bien glorieuses marques, je dois bien l'avouer.

De virulentes scènes lui apparaissent en tête, l'espace de quelques secondes. Souvenirs d'anciens chemins compliqués, affrontements audacieux, bêtes sans scrupules s'étant mises sur son passage. Le genre de chose que l'on n'oublie pas. Et qu'étrangement, Nora ne regrette même pas. Ou presque...
Il sait cependant que sa chance ne peut l'accompagner à toute heure. De plus, avec son nouveau titre, la cible est double, sur son dos. Alors, bien sûr qu'il ne veut pas finir en charpie pour de bon à cause de ses vilains caprices.

- Enfin. Je sais bien que la menace peut être bien plus importante que je n'ose le considérer. Disons que lorsque je m'aventurerai dans des endroits encore plus désavantageux, je commencerais réellement à me préparer convenablement !

Cela sera-t-il cependant suffisant ?
Si les oreilles se montrent attentives à la moindre parole de sa nouvelle connaissance, les yeux se baladent encore ici et là, laissant sa rétine s'imprégner du style architecturale de la place.
Néanmoins, il en affiche une fine moue, lorsqu'il apprend que le soldat n'a pas souvent l'occasion de bouger comme bon lui semble.

- Mince alors. Enfin, là est bien le rôle d'un protecteur du royaume. J'espère toutefois que vous aurez l'occasion, pendant de jours de repos, de vous aventurer plus loin. Le monde inconnu a beau être quelque peu déroutant, il en est tout aussi magnifique. Et sinon, je pourrais très bien vous servir d'alibi, vu comme je peux me retrouver un peu partout, au grand malheur des gardes, ajoute-il, plaisantant à moitié. Oh... Qu'est-ce donc ?

Au bout de ce qui semble être un bien long couloir, le duo peut commencer à avoir vision sur un espace bien plus vaste, baignant dans la lumière et l'air frais de l'extérieur. Puis, dans les gravats, ce sont comme d'immenses sièges qui s'étendent en hauteur et longueur...

Au moins, l’elfe avait conscience des implications de ses aventures. Ce n’était pas tout le monde qui était capable de continuer malgré les travers des aventures. Il continuait à l’encourager cependant, hochant vigoureusement la tête.

« Le principal est d’apprendre de ses erreurs. Moi-même, j’ai fini par apprendre de mes erreurs passées et me voilà aujourd’hui. Je ne peux que vous convaincre de déjà ajuster maintenant vos actions. Ce sera bien plus simple pour la suite. »

Disons que les petites aventures étaient le début et la préparation pour des aventures plus grandes. C’était toujours un bon entrainement. Après tout, ne dit-on pas qu’un homme averti en vaut deux ?

« Mes jours de repos ? »

Il se gratta la tête. Oui, il en avait. Mais est-ce qu’il en profitait réellement ? Il se le demandait honnêtement. Il s’entrainait. Il utilisait ses jours de repos que pour parfaire ses talents. Il se demandait vraiment quand était la dernière fois qu’il s’était simplement aller à des vacances tranquilles.

« Hé bien, j’y penserai… peut-être que je pourrais voir un peu d’autres pays. Mais on ne sait jamais quand un conflit peut subvenir. Je dois rester préparer au cas où. »

Son sens du devoir était parfois un peu trop grand. Non, il était souvent trop grandement investi dans ses missions. Etre une digne image malaqui.

« Haha. J’aime votre sens de l’humour. Malheureusement, je crains que l’alibi ne soit pas trop viable. J’ai déjà à faire en surveillant les élus de mon pays, vous pouvez me croire. Rarement vu des personnes aussi extrêmes. Enfin, c’est leur fonction même après tout. »

Les élus… C’était une part religieuse très étrange. Il avait un peu de mal à comprendre toutes les implications. Il était tellement plus terre à terre. Sa loyauté était d’abord à son pays avant tout, même les dieux.

« Hmm…Oh. Nous arrivons dans la zone principale. Il s’agit des trônes des seigneurs élémentaires. »

Son regard se perdit sur les monuments morts depuis des siècles.

« Ils se réunissaient jadis ici. Mais maintenant, il n’y a plus que le silence. »

Il ne savait pas trop quoi y penser. Ce n’était pas quelque chose de simple à envisager. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose ce silence ?

Nora n'est pas du genre à se cacher, lorsqu'il s'agit de ses petites péripéties. Enfin, il évitera si possible de mettre en avant que oui, il a pu parfois se mettre dans de situations pour le moins douteuses, juste pour éviter de percevoir l'étincelle d'inquiétude ou de confusion dans le regard d'autrui, mais bon. En tout cas, il livre un honnête sourire, lorsque le malaqii lui offre un conseil bienveillant. Ajuster ses actions, être prévoyant... Oui, assurément, voilà une astuce à ne pas négliger.

- Je tâcherai d'y penser !

Hélas, le ton insouciant ne garantit pas tant que cela sera fait.
Puis, le sujet se tourne enfin sur l'hôte des lieux. Et le noctem lui jette un coup d’œil. Étudiant à la fois ses mots et son attitude. Ainsi donc, Daras ne semble pas fermé à l'idée de voyager. A la bonne heure ! Cependant, bien sûr, il préfère se garder prêt, s'il y a le moindre accroc. Après tout, il a même beaucoup à faire, rien qu'avec les deux élus...
Nora déglutit lourdement, comme se sentant presque accusé. Ou se rappelant qu'il a pu se faire accuser, rappeler à l'ordre gentiment, de la part de ses gardes, en Clara Nocte. Ils n'ont pas tort, bien sûr... Et le voyageur finira un jour par se calmer. Juste après ce voyage, ou le prochain...
La confusion tort l'extrémité de son sourire, malgré qu'il tente de la jouer tranquille.

- Ah... Ah oui ? Ils vous font du trouble ? A moins qu'ils ne s'entendent pas ?

Il s'interroge alors. Il est vrai que les élus du royaume du désert lui sont encore inconnus. Pas sûr qu'il s'apprête à les croiser de si tôt, mais pourquoi pas en savoir davantage !
Leurs pas, cependant, les mènent enfin à une vaste pièce vaguement aperçue depuis tout le couloir. Et ce sont de bien grands et imposants monuments qui s'élèvent, en son sein. De trônes immenses autant en largeur qu'en longueur s'y trouvent là, alignés. Comme si les maîtres de l'époque s'y tenaient posés, prêts à juger le premier arrivé.
Nora entend les quelques mots de son guide, mais son regard, ancré sur les lieux, lui arrache la parole encore de bons instants.
Il en a vu, de jolies places. D'endroits impressionnants, qui marquent l'esprit. Si un jour il en prenait le temps d'en faire un classement, il est clair que le Havre des éléments y figurerait.

- Eh bien, eh bien... Voici donc un sacré trésor, autant sur le point historique que sur celui architectural.

Il s'approche, sans vérifier si Daras suit.

- C'est donc ici que se tenaient les réunions...

Ses yeux lèchent encore les sièges de pierres, une fine idée naissante en tête. Et, il se tourne vers son ami.

- Daras ! Pensez-vous que l'on peut s'y poser ?

Un ton un poil trop jovial, il a lancé son invitation, attendant de voir si le garde accepterait. Et si cela n serait pas vu comme un blasphème envers les monuments sacrés.

Daras ne remarqua clairement pas le trouble chez l’elfe. Il ne suspectait pas qu’il pouvait être lui aussi un élu. Quelles étaient les chances aussi d’en croiser un, perdu au milieu de nulle part ?

« Disons plutôt qu’ils ont tendance à en faire beaucoup à leur tête. J’en conviens du rôle divin incombé, mais ils semblent oublier qu’ils peuvent être des cibles évidentes. Croyez moi, dès qu’on a des responsabilités et une image importante, on peut devenir une cible de choix…Et pour le peu qu’on est quelques personnes aux idées extrêmes, il ne faut pas s’étonner si un jour la situation devient critique. »

Daras ignorait que quelque part, ses soupçons commençaient déjà à se créer. Le culte des 14 était très largement répendu, mais il suffisait de voir ce lieu que pour savoir que rien n’était à jamais fixé. Les élus pourront toujours devenir des proies pour certains.

« Vraisemblablement. Je n’étais pas né quand ils se tenaient encore ici. Personne ne sait même ce qu’ils sont advenus d’eux. »

L’aquatique scrutait les lieux. Cela restait impressionnant, solennel. Il y avait toujours quelque chose de mystique ici. Il sentait la puissance de ce lieu. Lui-même possédait une magie élémentaire. Il avait une sorte de reconnaissance de ce don qui lui avait été transmis. Peut-être était-ce son ascendance aquatique ou juste la magie de ces terres. Il ne savait pas vraiment.

« Qu..Quoi ? Non ! »

Le requin se tourna, assez choqué de la proposition. Il ne pensait absolument pas que quelqu’un aurait proposé pareille idée.

« C’est un lieu historique et je puis assurer que s’asseoir là serait surement un manque de respect pour beaucoup d’élémentaires et une provocation pour d’autres concitoyens. Je ne peux que vous prier de ne pas faire ça. »

Daras n’était pas forcément le guide le plus amusant qui soit.

Des étincelles scintillent, dans le regard du grand enfant. Innocent et imprudent, il s'est laissé dire que dans un endroit éloigné, oublié ou presque, les mœurs ne sont que plus légères. Puis, pris dans son trop plein d'élan, Nora a demandé s'il est possible de se poser un instant dans les sièges des seigneurs d’antan. Oh, et si le garde avait montré le moindre doute ou laissé planer le moindre silence, le blond serait déjà parti à la chasse.
Mais non. Heureusement qu'il s'est fait freiner dans son enthousiasme. Daras s'exclame. Décline l'idée. Avant de le raisonner, lui faire entendre qu'il serait ici question d'un cruel manque de respect non seulement envers personnalités qui ont séjourné ici jadis, mais aussi envers autres malaqii.
Pris sur le fait dans ses idées farfelues, l'elfe en lève les épaules, affiche une moue, un regard fuyant. Ce n'est pas la première fois qu'il se fait un plan sans penser aux conséquences, tantôt dangereuses, tantôt mauvaises voire honteuses. Pour aujourd'hui, il tombe dans cette seconde option.
Tout explorateur qu'il est, il lui arrive toujours et encore de se montrer trop enjoué. Et moins raisonnable. Heureusement donc que certains l'épaulent dans ces cas de figure.

- Oh. Oui, oui. Il est vrai que ce n'est pas une bien honnête pensée. Je vous présente mes excuses. Les lieux historiques ne s'admirent qu'avec les yeux, rien de plus.

Alors donc, son regard coulera encore un petit moment sur cette place immense, autant de par son espace, que par le récit qu'elle porte en elle. Et le jeune Dänerick prendra le temps de quelques battements de cœur, pour s'insuffler de l'énergie, l'aura que dégage l'endroit. Une terre magnifique et mystérieuse de plus où il aura eu l'honneur de mettre les pieds. Il sait déjà qu'il aura pas mal à raconter à sa jeune sœur. Tout ça, alors que son voyage n'a commencé il y n'y a pas si longtemps !
Il se tourne vers sa nouvelle connaissance, le sourire à la fois tranquille et sincère.

- Al'Malaq regorge décidément de surprises. Je suis bien heureux d'avoir pu découvrir ces lieux ! Enfin, je ne compte pas prendre plus de votre temps, et je crois avoir vu le plus étincelant de la splendeur de ces lieux. Devrions nous revenir sur nos pas ? Il en serait dommage de louper le dîner. Oh, et je vous remercie encore pour m'avoir accompagné et ressourcé en informations.

Il lui offre l'opportunité de se défaire de cette visite, prêt à le suivre et partir pour de bon, également. Car maintenant qu'ils sont tous les deux ici, autant rentrer en duo !