Tu le sens tout de suite plus ravi par ta réponse ; sans connaître tes véritables intentions. Tu souris, le regard amusé, presque pétillant en le laissant serrer fermement ta main. Tu ne dis rien, le suivant sur plusieurs mètres avant d’oser prendre les devants pour le guider jusqu’à l’Orée d’Émeraude. Tu connais la route, suivant le ruisseau sur plusieurs mètres avant de prendre un petit chemin et marcher, encore et encore, pendant une bonne petite dizaine de minutes. « Je pourrais vous faire languir, pour voir jusqu’où vous tiendrez. » Tu te permets cette provocation, délicate à tes yeux - sans savoir s’il la prendra mal, le temps de monter les escaliers en bois menant à l’établissement perché en hauteur.

« Ce n’est pas un restaurant haut de gamme, mais je l’apprécie beaucoup pour son calme et son authenticité. Vous m’en direz des nouvelles Orion. »

Tu t’invites à l’intérieur timidement, lâchant sa main pour éviter quelques regards un peu trop curieux en te grandissant, par fausse fierté le temps de demander une table pour deux, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. Si parler d’Ouroboros avec l’homme ne te dérange pas forcément, tu n’as pas non plus envie d’être le centre de l’attention.

Tirant l’une des chaises de la table qu’on vous a proposé, tu l’invites à s’installer confortablement avant de t’asseoir en face de lui. Tes yeux croisent les siens et tu dois te faire violence pour ne pas te perdre dedans, tes pommettes s'empourprent avant que tu ne détournes la tête.

« Qu’aimeriez-vous savoir, sur Ouroboros ? »

Lentement, tu te tournes vers lui. L'impatience se lit sur tes traits durcis par l'envie d'en savoir plus, d'obtenir toutes les informations possibles pour pouvoir atteindre tes objectifs et ceux du groupuscule que tu soutiens. Tu fronces légèrement les sourcils, le regard rivé sur ta cible l'espace d'un instant. Tu fais également mine de vaciller légèrement, pestant, secouant la tête avant de te recoiffer.

« Je ne suis pas difficile. Un restaurant est toujours mieux que de devoir chasser comme la dernière fois. »

Même si tu te débrouilles en survie, tu préfères largement qu'on te serve les plats tout chaud sous le nez pour n'avoir rien à faire à part se gaver. Tu entres enfin avant de t'installer, surveillant le coin où vous êtes placés en bombant tout de suite le torse. Tu te mets à l'aise, les ailes encombrant légèrement les côtés de la chaise. Tu croises les bras, remarquant tout de suite les rougeurs qui gagnent les joues du géant.

« Que faites-vous exactement ? Et surtout… Pourquoi ? »

Tu attends, tu n'as pas besoin de regarder longtemps ce qui est proposé pour te décider de quoi prendre. Tout ce que tu veux, pour le moment, c'est mettre ton partenaire mal à l'aise, lui tirer tous les vers du nez en espérant qu'il te donnera le plus de détails.

« Combien êtes-vous ? Vous avez un monde entier à surveiller, ce ne doit pas être simple. »

Tu bois ses paroles, tes yeux focalisés sur le moindre mouvement de ses lèvres. Tu souris, un peu gêné par sa remarque sur votre premier repas partagé dans cette grotte mortelle. Une main passant dans ta nuque, tu fuis aussitôt le regard en sentant son regard sur toi. Puis les questions tombent, fusent doucement le temps que tu te concentres sur la carte proposée dans l’espoir de choisir un plat qui saura couvrir ton appétit.

« Le monde va mal Orion, je ne vous apprend rien. Je-je suis un oublié, qui n’a su satisfaire ni Naelim, ni Leathrem au cours de ma jeunesse. Mais je crois fermement en l’âge du renouveau, même sans avoir connu les atrocités qui se sont déroulées durant l’âge du désespoir. Pour moi, les élus sont la clé d’un monde meilleur, qu’ils soient vertueux ou déchus. Ils ont réussi là où j’ai échoué, il est de mon devoir de les accompagner pour leur faciliter la vie. C’est … une rédemption à mes yeux, et mon unique moyen de me sentir utile dans la guérison d’Arathia. »

Tu sens ta confiance en toi revenir doucement, parler d’Ouroboros a toujours été important pour toi, comme si dévoiler ton histoire pourrait prêcher ta cause.

« Nous sommes sept, en me comptant. Il est vrai qu’il n’est pas facile de protéger tous les élus, et de manière générale ils n’ont pas toujours besoin de nous en permanence alors on se contente de vivre du mercenariat quand nous ne sommes pas en mission divine, si je peux dire ça comme ça. »

Et quand le besoin se fait sentir, tu sais que les royaumes ont tendance à revenir vers vous pour accompagner les élus d’un point a à un point b. Adressant un sourire à l’homme, tu finis par déporter ton attention sur le serveur venu vous demander vos choix. Un steak de shroomoo, avec quelques légumes pour accompagner le tout, un verre d’alcool pour chacun de vous. Laissant l’homme commander à son tour, tu attends qu’on vous laisse à nouveau seuls pour lui offrir un sourire.

« On a assez parlé de moi, et vous alors ? Que faites-vous dans la vie de tous les jours, à part être … un ancien médecin de ce que j’ai compris ? »

Tu tends l'oreille pour l'écouter, hochant légèrement la tête en observant chacune de ses actions. Ton regard se porte sur cette main dans sa nuque, puis ailleurs en gardant un sourire en coin comme pour garder l'ascendant sur lui. La malice se lit dans tes yeux quand tu commences à faire ton petit cinéma, jouant timidement avec tes cheveux en faisant exprès de te taire pour qu'il débite autant que possible.

« Vous essayez d'essuyer votre échec en les protégeant ? »

Vite fait, tu donnes ta commande assez légère au serveur pour pouvoir le renvoyer rapidement et être de nouveau seul à seul avec lui. Tu continues de sourire, attendant un petit temps avant de te redresser pour essayer de paraître plus imposant et presque intimidant.

« Vous n'êtes pas beaucoup pour autant d'élus et de dangers. Ça ne doit pas être simple tous les jours. Je trouve ça… Extrêmement intéressant. Et vous avez des liens directs avec les élus pour savoir comment ils se portent ? » Une toute petite pause. « Le mercenariat vous a mis à mal la dernière fois que je vous ai vu. »

L'alcool finit par arriver et tu ne tardes pas à te jeter dessus, le faisant légèrement tourner dans ton verre avant de le sentir. Les notes fruitées sont bien plus présentes que ce que tu as l'habitude de boire. L'alcool semble même sucré rien qu'au nez. Tu fais encore un peu le timide, jouant de tes charmes en sentant tes joues s'empourprer dès qu'il est temps de parler de toi.

« Un ancien médecin, oui. Je vis au jour le jour, de taverne en taverne. J'offre ma compagnie en échange d'argent. Vous ne savez pas à quel point le monde a besoin d'une épaule sur laquelle pleurer. »

Tu roules les yeux, goûtant l'alcool du bout des lèvres avant d'y aller un peu plus franchement. Ton regard semble s'assombrir légèrement, il te faut un peu plus de temps pour inventer de plus belles histoires.

« Ma vie n'est aucunement passionnante, vous savez. Il n'y a rien à dire sur un céleste comme moi ; je ne veux juste plus rentrer à Arvandor. Quelqu'un m'attend probablement au tournant. Je veux vivre au jour le jour et torturer des géants blessés à Vollheim. »

Dans un petit rire, tu finis par l'observer, les pupilles rétractées. Tu sembles vouloir planter tes serres dans l'homme face à toi. Mais tu te retiens, car les plats brûlants arrivent au bon moment. De quoi vous faire taire un moment si la nourriture est bonne.

Tes yeux cherchent les siens, puis essaient de le fuir dans un frisson d’appréhension. L’homme s’impose malgré son physique plus frêle que le tien, à tel point que ta grande taille en est secouée. Parfois tu ris, un peu bêtement, ta main toujours hésitante dans ta nuque avant de remercier le serveur vous ramenant vos verres d’alcool. Tu profites de l’instant pour observer - admirer même, l’homme. « Essuyer mon échec ou réparer mes erreurs, je ne saurais trop vous dire, mais effectivement j’essaie d’être utile à ma manière. Si je n’ai pas été choisi et eux oui, alors il est de mon devoir de les protéger. »

Tu te permets une gorgée, avant de penser aux différents élus que tu as pu rencontrer, croiser ou encore accompagner au cours de leurs périples, qu’importe lequel. Tu t’es remémoré quelques moments, étirant un sourire amusé avant de hausser les épaules à la remarque de l’homme. Il est vrai que ta rencontre avec lui n’est pas la plus mémorable, ou du moins pas la plus … remarquable pour faire bonne impression. « Je ne connais pas tous les élus de la même manière, mais … j’en croise certains plus souvent que d’autres, et certains sont plus compliqués c’est juste une question d’habitude. »

Tu souris, l’Orgueil te revient tout de suite en tête alors que tu l’écoutes parler de lui à son tour. Tes yeux sont incapables de le lâcher, absorbés par le mouvement de ses lèvres. Tu te perds même un peu, l’esprit ailleurs avant de sentir une nouvelle pique t’attaquer la peau à vif. « C’est un mauvais souvenir pour vous … de torturer des géants à Vollheim ? Vous auriez pu tomber sur pire. » Tu ne sais pas comment tu dois le prendre ; s’il te taquine ou s’il te provoque mais à choisir, tu préfères la taquinerie en reposant ton verre, déjà à moitié consommé, pour laisser place à l’entrée. D’un signe de tête en remerciement, tu commences à piocher dans la planche à partager.

« En tout cas, sachez que je suis ravi de vous revoir aujourd’hui, Orion. J’espère faire meilleure impression que lors de notre première rencontre. Vous m’avez sauvé la vie, j’ai une dette envers vous et … j’aimerais apprendre à vous connaître un peu plus. Si vous le voulez bien, bien évidemment. Et je ne vais pas vous cacher que pouvoir compter sur un médecin de votre niveau ne serait pas de refus, pour réparer mes bétises. »

Avec le temps, tu tenteras de t'infiltrer chez eux. Tu as eu beaucoup de chance de tomber sur lui, et surtout sur quelqu'un d'aussi crédule sous prétexte qu'un petit ange vient lui tenir compagnie. Et si tu dois jouer le jeu encore un petit temps, tu le feras sans hésiter ; pour pouvoir atteindre tes objectifs. Et si tu réussis à lui arracher plus d'informations, les autres chevaliers saints seront ravis de les entendre.

Tu croises les jambes, signe que tu tentes de te contenir pour ne pas lui sauter à la gorge à la moindre occasion. Tu pioches également dans la planche, dévorant chaque aliment un par un en te concentrant sur chaque saveur séparément. Tu n'as pas le palais le plus fin, mais cet exercice te permet de garder la tête haute.

« Et comment vous trouvez les nouveaux élus ? Certains sont assez connus, d'autres… Se font plus discrets. Le monde est vaste. »

Tu finis par bomber le torse, rempli d'un orgueil qui devrait rapidement s'échapper dans un souffle apaisant. Tu sens une légère brise qui amène toujours plus d'odeurs, tu sens que ce repas sera agréable… Et l'occasion de grappiller toujours plus d'informations.

« Vous avez besoin de moi dans vos rangs. »

L'envie de lui planter la fourchette dans la main est forte, mais tu te retiens. Tu te contentes simplement de le regarder avec de grands yeux de prédateur.

Il sera ton repas.

« Majoritairement, tout va bien. Certains sont épuisants, mais la plupart sont calmes et compréhensifs, j’irais même jusqu’à dire agréable. J’essaie de … m’occuper de ceux qui sont les plus énergiques pour éviter de les confier à mes collègues. »

Piochant tes parts petit à petit, tu sens son regard sur toi, presque effrayant au point où tu viens à baisser les yeux dans un petit rire gêné pour te concentrer sur les quelques bouchées restantes. Si Orion est frêle, il n’en est pas moins impressionnant, sa silhouette lui offrant une prestance digne des plus grands. Ses yeux - toujours plus magnifiques à chaque coup d’oeil, sont des lames que tu as bien du mal à affronter sans aller piocher une bonne dose de courage.

« Vous souhaitez réellement intégrer Ouroboros ? Cela voudrait dire accepter de retourner à Arvandor, en seriez-vous capable ? » Tu ne voudrais pas le brusquer : a-t-il des ennemis sur place ? Des personnes qui pourraient lui vouloir du mal ? Tu pourrais toujours faire une exception et l’inviter à ne pas aller sur les terres arvandiennes mais … est-ce que cela n’allait pas créer des tensions au sein du groupe ? Tu auras bien du mal à cacher éternellement toute l’affection qui se développe petit à petit pour vous et le favoritisme n’est jamais bon pour une cohésion sur le long terme.

Laissant le serveur vous débarrasser du plateau vide, tu attends l’arrivée du plat principal en épiant celle du céleste avec une certaine envie avant de reprendre la discussion.

« Vous, que pensez-vous des élus ? »

Tu fais le beau devant lui, le dos bien droit, le torse bombé, le regard le dévorant sans gêne en imaginant déjà plusieurs scénarios sur ce que tu pourrais lui faire sur un simple coup de tête. Tu clignes les yeux lentement, les doigts toujours serrés autour de ta fourchette en souriant, rythmant chaque coup contre la table.

« Je saurais me faire discret à Arvandor s'il le faut. Tant qu'on ne s'approche pas trop de la brigade de la guérison… »

Pour ne pas croiser le monstre. C'est tout ce que tu veux. Tu hausses les épaules, le plumage de tes ailes se gonflant par réflexe dès que tu penses à la grande doctoresse. Tu te revois de nouveau dans les rangs de la brigade, à devoir user de moyens extrêmes qui restent encore aujourd'hui.

« Les élus sont notre futur. Des incarnations des dieux. On me l'a souvent répété, quand j'étais à Arvandor. »

La mégère qui piaille, tu préfères te garder de dire sa fierté d'avoir donné naissance au gardien de l'arbre. Tu te contentes de soupirer, dire tout ça t'arrache une fierté que tu aurais aimé conserver pour ne pas trop en dire sur ton passé. Mais ça se serait su un jour ou l'autre.

« Même si tout cela est un mystère pour moi. Et si un élu se retrouve blessé, je n'ai pas envie qu'on doive l'achever, c'est pour ça que je préfère être leur bouclier. »

Ou plutôt un poison pour les tuer à petit feu. Dès que le plat principal arrive, tu sens que tu n'as déjà plus vraiment faim. Mais tu te forces, levant souvent les yeux vers le géant pour l'analyser. Peut-être que tu as touché sa sensibilité, ou une corde qui le pousserait à moins se méfier de toi.

Il le faut.

« Je ne vais pas insister longtemps pour appuyer ma candidature, je ne veux pas être insupportable. Mais vous savez que si vous avez besoin d'aide, je suis partant. Je saurais faire mes preuves, ou alors je serai votre ombre, c'est à votre aise. Je ne suis que le fruit de ce que vous désirez. »

Dans un sourire plein de dents, tu penses pouvoir le perturber assez pour pouvoir lui arracher quelques rougeurs. En même temps, tu termines la petite plâtrée de légumes après les avoir massacrés.

« Suis-je toujours un mystère pour vous ? Croyez-moi, vous ne voulez pas tout savoir dès notre premier rendez-vous. »