L'élue de l'Avarice détestait ce qu'elle était contrainte de faire. Onyxa avait déjà été passablement excédée par l'attitude dépensière de son homologue élu qui avait jugé bon d'organiser un grand bal et un tournoi dans leur Royaume, et bien entendu en puisant dans les caisses certes considérables de la Couronne, et avait fait savoir son déplaisir d'une lettre assassine, mais ses affaires courantes n'étaient guère plus réjouissantes. Elle avait une crainte, et elle détestait l'inconnu, malheureusement le capitaine de la garde royale était probablement une des personnes les mieux placées pour l'aider à lever ce doute.

On pouvait douter de beaucoup de choses venant de la criminelle qu'était Onyxa Manfra, mais sa loyauté à la couronne, elle, était entière... Tant que celle-ci ne mettait pas de frein à ses volontés avares de s'accaparer tout ce qui l'entoure et plus encore. Aussi, quand elle eut vent d'un complot visant Dame Harlowe, une des plus hautes autorités du Royaume d'Arvandor, complot dont elle avait informé la concernée et avec qui elle travaillait activement à son démantèlement, elle avait naturellement pensé que le couple royal pouvait également être une cible de choix pour un tel groupuscule. Ce n'étaient à ce stade que des suppositions bien entendu, mais elle préférait tuer le mal à la racine en prévenant la garde. Evidemment, n'étant pas idiote, elle comptait se tourner vers une des rares personnes du palais royal en qui elle pouvait être certaine de la loyauté, ne sachant pas si des infiltrés de ce groupe étrange pouvaient se trouver dans le château.

" Tu es en retard, capitaine de la garde. "

Elle avait entendu la clé tourner dans la porte toujours verrouillée, et celle-ci s'ouvrir. Valérian découvrirait, assise sur un fauteuil qui faisait dos à l'entrée, l'élue de l'Avarice dans un kimono noir et argent sans doute hors de prix, sa pipe à la main, pas gênée le moins du monde de fumer en intérieur dans sa chambre. Comment avait-elle pu rentrer ? Mystère. Mais elle finit par se lever pour lui faire face, son regard intense et perçant trahissant son sérieux, malgré l'air décontracté de sa voix.

" Hé bien quoi ? Allez, fermes-donc cette porte que l'on puisse discuter. "