Franchement.
Y'a quoi de mieux que ça, hein ?
Une source chaude, du calme, l'air froid qui contraste délicieusement avec l'eau presque brûlante, savoir qu'on a aucune responsabilité jusqu'au lendemain...

Nan, vraiment, c'est le pied.

Varin est bien, là. Vraiment bien.
Il a passé la journée à entraîner un groupe de recrues toutes jeunes, c'est mignon et il aime bien apprendre vraiment les bases à des gamins, mais ça reste sacrément demandeur en énergie. Il a l'impression qu'une grosse bête lui a roulé dessus. Il a mal aux muscles. Maintenant que la journée est finie et que le soleil descend lentement à l'horizon, il profite. Il a décidé de se rendre dans une source chaude qu'il connaît, pas si loin de la capitale, juste assez difficile d'accès pour que peu de monde grimpe là.
Pourtant, qu'est-ce que c'est chouette, ici. Le point d'eau est relativement large, il est assez profond par endroits pour qu'il soit confortablement immergé jusqu'au torse, et il a droit à une magnifique vue sur le soleil couchant. Oh, il va rentrer de nuit, oui. Mais il s'en fout, il connaît la montagne comme sa poche.

Ses habits sont pendus à une petite barrière derrière, histoire de pas traîner dans la neige et prendre l'humidité. Y'a pas, être à poil, c'est mille fois mieux. Qui aurait l'idée bizarre de se baigner habillé de toute façon...

Il ferme les yeux un instant, profitant des derniers rayons du soleil sur sa peau, doucement réchauffée.

Et puis il sent un mouvement, pas loin. Il ouvre un œil pour le poser sur un nouveau venu dont le visage ne lui dit rien. Tiens donc.

- Bienv'nue. Pose-toi !

Le géant lui sourit, pas spécialement gêné. Il a plus ou moins une tronche d'humain, ce gars là, mais il se dit direct que c'est pas un arvandien : qu'est-ce qu'il foutrait là, dans une source chaude paumée à Vollheim ? Nah. Pas de raison de se méfier. Et hors de question qu'il brise ce moment de détente. C'est la chaleur qui fait illusion d'optique d'ailleurs, ou ses cheveux sont un peu bizarres ? Bah. Ça doit être la fatigue.

- Ça fait du bien d'se poser après une longue journée hein ?

Lui, il sent ses muscles bien détendus, maintenant. Il va bien dormir, ce soir...

Le gars qui vient d'arriver répond au salut de Varin d'un air tout aussi enjoué que lui, et ça fait plaisir au géant qui a décidé de ne pas être méfiant, aujourd'hui. Juste de profiter de la vie. Visiblement, le nouveau venu est du même avis puisqu'il entre dans l'eau sans tarder pour se poser à son tour. Bien. La source est largement assez grande pour deux, même si l'un fait trois mètres. Ce dernier ferme de nouveau les yeux alors qu'il pose sa petite question, qui est aussitôt répondue même si la chaleur de l'eau semble engourdir les mots de l'autre.

Bosser de nuit ? Quelle idée. La journée c'est tellement mieux, avec le soleil, la beauté des paysages, et surtout la chaleur. La nuit, le plus gros risque est clairement de finir en glaçon.

- Ah ouais ? Tu fais quoi comme boulot ? Et j't'ai jamais vu, t'es du coin ? J'viens d'Handrist.

Ça l'intrigue. Si l'autre est pas venu depuis longtemps, c'est sûrement qu'il voyage. Mais quel genre d'occupation demande de voyager de nuit ? Il ouvre un œil pour l'observer, mettant son impression que la peau de l'homme a une texture bizarre sur une illusion d'optique liée à la vapeur d'eau.

- Pas tant nan, y'a des sources plus proches de la capitale. Mais je trouve que y'a une meilleure vue d'ici.

C'est même assez rare qu'il y croise du monde.

- Au fait, moi c'est Varin. Maître d'armes pour Vollheim.

Se présenter, c'est toujours un bon moyen de nouer des liens, aussi insignifiants soient-ils. Et puis Varin a beau être comme bien des vollhyrs assez fermé aux étrangers, il ne peut imaginer qu'un type ayant l'habitude de venir se perdre dans une source chaude reculée comme celle-là puisse être autre chose que quelqu'un du coin. Donc pas un étranger. Donc tout va bien. Après tout une bonne partie de ses amitiés se sont faites par hasard ; et vas-y que je te paie un verre car t'as l'air dans une mauvaise soirée, et vas-y que je te change un pansement après un combat un peu compliqué... Beaucoup de situations peuvent mener à discuter.
Surtout que Varin aime bien ça.

Il ne le dira jamais assez, y'a rien de mieux qu'une soirée à discuter entre potes autour d'un bon feu, avec de quoi manger et de l'alcool pour arroser tout ça.

- Et toi ?

Varin est détendu, loin de se méfier de quoi que ce soit. Il n'a aucun mal à détacher boulot, obligations et vie perso. Et là, tous les p'tits problèmes du boulot comme Bjorn qui pose décidément soucis à piquer les vivres des autres ou comme Brenda qui aime un peu trop laisser ses affaires en bordel dans l'armurerie, ben ça lui est complètement sorti de l'esprit. Il profite de son moment rien qu'à lui. En rentrant, il se fera peut-être une petite soupe aux cailloux tiens. Le géant discute donc de façon tranquille avec le type à côté de lui dont il finit par deviner la race vu ce qu'il dit. Ça le fait même sourire.

- T'es un élémentaire c'est ça ? Stylé ce que tu fais comme boulot, de veiller sur les gens comme ça.

Il se sent observé, et ça ne le dérange pas du tout. Il aime bien qu'on l'admire, et il aime aussi s'imaginer qu'on l'admire. Eh, il est costaud mais sans être une brique comme d'autres géants, il a de jolies cicatrices, des cheveux parfaits... Évidemment que l'élémentaire l'admire, tiens ! Peut-être même qu'il le jalouse, qui sait ? Ce serait amusant.
Ah, tiens, il était à Selkryssingr aussi ? Le sourire de Varin s'efface un peu, alors que des images de cette bataille sinistre revienne à sa mémoire. Il entend bien son compagnon de bain se redresser, mais il ne lui accorde que peu d'importance à ce moment là ; le voilà replongé un moment dans quelques visions funestes. La guerre, c'est une chose. Une boucherie pareille, c'est autre chose. Il a toujours trouvé que d'un côté, partager ce souvenir avec quelqu'un rapproche forcément. Une façon de continuer à se soutenir après le passage de la tempête.

- Ouais... moi aussi. Je t'avais jamais vu avant, c'est curieux...

Ils auraient dû se croiser, non ?.. Ou alors, ils ne s'étaient juste pas calculés. Enfin, Varin parvient à chasser ses pensées sombres pour regarder l'homme à moitié étendu sur une pierre qui fume de l'eau tombée dessus. C'est rigolo à regarder et il laisse échapper un petit soufflement de nez.

- Besoin d'aide ?

Il l'aide en tendant le bras, mais s'arrête soudain quand il entend l'autre se présenter. Benhart ? Ça lui dit un truc ça... il cherche un peu, sans répondre à la question qui lui est posée. Puis son regard glisse lentement vers « Ben », ses yeux exprimant soudain moins de sympathie.

Le Benhart ? Celui dont Lilienthal lui a parlé, recherché par Vollheim ? Ce sale traître ?
Tiens donc, et il ose parler de façon aussi détendue, là, avec lui ? Il réalise qu'il n'est pas le bienvenu ici ou il s'en fout juste complètement ?

- Tu déconnes là ? Benhart ? T'es au courant que y'a un avis de recherche sur ta tête pour ce que t'as fait ?!

Mais n'étant pas un personnage de conte qui attend sagement qu'on lui répondre et qui laisse à son ennemi le temps de chercher un plan pour s'enfuir, Varin se jette aussitôt sur lui pour tenter de l'attraper en profitant de la surprise. Hors de question de le laisser filer alors qu'il doit être traîné devant la justice vollhir.