Le céleste change tout de suite de ton, il ne te faut pas longtemps pour le remarquer et doucement paniquer à l’idée qu’il ne s’échappe de tes bras. La tête secouée par son geste ferme, tu ressembles à un chien battu tant ton regard s’effondre devant le sien presque culpabilisant. Tu aimerais rétorquer, lui expliquer la vérité, t’excuser de l’avoir vexé, mais rien ne sort de ta gorge. Tu bégaies bien quelque chose, mais rien de concret ou de vraiment audible. « Ce n’est pas ce que je voulais dire. » Une partie de toi se tend à l’idée de savoir qu’il puisse connaître autant de choses sur vous mais ton sentimentalisme prend le dessus en le voyant si froid avec toi, si distant après les baisers que vous avez pu partager à l’instant.

Alors quand il se lève, tu fais de même, un peu plus distant pour respecter ses envies mais proche malgré tout pour continuer de lui faire savoir ton intérêt pour lui. Tu continues de chercher tes mots pour t’excuser et espérer apaiser la situation mais tu te contentes de t’écraser, la mine tirée en des traits nerveux et maladroits. Si pour récupérer les faveurs d’Orion tu dois te plier au moindre de ses caprices, tu t'exécuteras sans même te soucier de la toxicité de cette relation.

Pressant le pas, tu n’oses même pas attraper sa main, la gorge nouée par l’appréhension en l’invitant timidement à te suivre jusqu’à l’une des auberges les plus réputées d’Handrist pour ses sources chaudes privatisées et ses repas d’une qualité supérieure ; qu’importe si tu te dois te ruiner en réservant une chambre pour deux, et un repas servi spécialement pour vous avec les spécialités locales réputées. Tu demandes même un accès aux sources pour dans la soirée, avant de jeter un regard au céleste pour l’inviter à te suivre en tendant une main dans l’espoir qu’il la prenne.

« Orion, cessez donc de me regarder de cette manière. Vous êtes tellement plus beau quand vous souriez. Me feriez-vous l’honneur de me suivre pour découvrir la chambre qui nous attend ? »

Même si passer pour un gosse de riche inépuisable et insupportable peut te casser les pieds et te donner l'impression que ta prise se fera moins serrée, tu as vite compris que tes caprices te permettent ainsi d'obtenir plus que ce que tu voudrais avec Ronan. Même si tu es bien plus petit que lui, tu le domines entièrement et tu joues de ces liens toxiques noués entre vous pour le traîner par le bout du nez. Ta langue claque furieusement et, parfois, tu regardes par-dessus ton épaule pour t'assurer qu'il n'a pas tenté de fuir ton emprise.

« Je ne suis pas fragile, Ronan. Sachez-le. Je pourrais vous déboîter toutes les articulations en un rien de temps. »

Et le laisser dans ce froid, au milieu du festival.

Lentement, d'un geste calculé, tu viens remonter les couches qui te réchauffent pour venir couvrir tes joues rougies par le froid. Le nez devra attendre un peu, quand bien même il commence à prendre de belles couleurs pour montrer à quel point tu n'es pas fait pour supporter de telles températures. Tu rentres légèrement la tête dans les épaules, frustré par les récentes paroles du géant.

Ce n'est qu'une fois au chaud que tu sembles te détendre un peu, le regard toujours enflammé et dégoûté par les mensonges de ton partenaire. Tu louches simplement sur sa main, faisant mine d'être encore trop frigorifié pour oser la lui prendre, désinvolte au possible en manquant presque de traîner les pieds en le suivant.

« Allez-y plus vite. »

Tu espères que la chambre sera assez chauffée. S'il faut, tu presses même le pas, le bousculant dès que tu arrives à son niveau pour enfin prendre les devants et découvrir en premier là où vous pourrez vous reposer au moins une nuit ; le festival est encore assez long pour pouvoir profiter, tu ne crains donc pas de devoir fuir dès le lendemain.

« Un grand lit. De quoi se réchauffer. Bien. Préparez-moi un bain, Ronan. »

Le fin courant d'air qui traverse la pièce tant que la porte reste ouverte ne semble pas te déranger, étrangement. Tu es tout de suite allé chercher la chaleur, surveillant toujours le géant du coin de l'œil. Tu sembles un peu apaisé, mais prêt à reprendre du mordant à chaque instant.

« Arrêtez de faire le timide, vous m'avez déjà assez menti comme ça. Quand est-ce que je verrai le vrai visage de l'Ouroboros ? »

Tu suis le céleste, entrant après lui dans votre chambre pour fermer à clé derrière toi et vous offrir un peu d’intimité. Droit comme un piquet sous la gêne, tu ne peux te défaire de ta timidité tout de suite en pressant le pas pour aller lui préparer un bain. Si l’eau courante n’est pas quelque chose de commun à Vollheim, les meilleures auberges ont la chance d’être directement équipées de puits donnant accès à l’eau depuis les salles d’eaux proposées - et tu avais spécifiquement choisi ce lieu pour le confort qu’il allait pouvoir vous offrir, qu’importe le prix.

Laissant le céleste seul, tu essaies de tout faire pour qu’il puisse se sentir à l’aise, que ce soit la température de l’eau, gérée par les pierres volcaniques constamment chaudes, ou encore les produits mis à disposition, tous naturels et au peignoir en laine de wollop l’attendant à sa sortie. « Je-je ne suis pas timide, je ne vois pas ce qui vous fait dire ça. » Tu reviens timidement dans la chambre, en te tenant dans l’encadrement de la porte. « Vous êtes juste impressionnant Orion, je veux dire … votre prestance est presque effrayante. » Tu te permets un rire, en revenant près de lui pour l’aider à se défaire totalement de l’épais manteau que tu lui as offert. « Et je n’ai pas envie de … vous brusquer ? Pour tout vous avouer, je ne me suis jamais retrouvé aussi proche de quelqu’un … avant vous. » Tu oses poser une main contre sa hanche pour le tirer vers toi, ton autre main venant se perdre contre ses plumes avec une certaine délicatesse et appréhension.

« Je ne sais pas comment m’y prendre. Je n’ai pas envie d’être gênant … Ou insistant. Ou vous donner l’impression que j’attend quelque chose en particulier. Je suis juste ravi de passer du temps avec vous, pour apprendre à vous connaître. » Te penchant, tu viens déposer tes lèvres contre les siennes, dans un baiser chaste et sincère avant de lui attraper la main pour l’inviter à te suivre. « Quoi qu’il en soit, votre bain est prêt. Si-si vous avez besoin de moi pour quoique ce soit, je suis là. »

Après avoir méticuleusement analysé tout ce qui se trouve dans cette chambre, tu te dis qu'il n'y a pas de mal à y rester sans avoir à dégager en plein milieu de la nuit. Pas de pièges, pas de risques que tu finisses saucissonné au milieu d'Handrist le lendemain. Tu te détends un peu, te mettant immédiatement à l'aise sans te soucier de la pudeur du second. Tu tires lentement sur les boucles de tes cheveux, les lissant à peine avant de basculer la tête en arrière en prenant une profonde inspiration.

« Je vous intimide. Vous me pensez encore en sucre et en neige. »

Mais tu ne vas pas disparaître dès qu'il fera un peu trop chaud. Tu veux qu'il le comprenne : maintenant que tu l'as dans tes griffes, tu ne lâcheras rien jusqu'à ce que tu en auras fini avec lui. Tu te laisses aller légèrement, fruit d'un théâtre que tu calcules aussi bien que tu le peux en cherchant à mordre ses lèvres pour le stimuler un peu.

« Qui sait ? Peut-être que j'aime qu'on soit insistant, qu'on sache tout de suite ce que l'on veut. Je ne veux pas tourner autour du pot, Ronan. Je n'ai plus le temps de roucouler et de faire la cour pendant des mois avant que quelque chose ne naisse enfin de tout ça. »

Tu veux qu'il soit franc avec toi, qu'il cesse de se draper de faux-semblants pour que tu puisses atteindre plus rapidement ton objectif. Tu le vois en lui, tu sais qu'il saura te satisfaire et si tu dois lui tirer les vers du nez pour accomplir ta mission, tu le feras sans aucun scrupule. Tes dents claquent d'un air inquisiteur avant que tu ne viennes glisser une main tiède au creux de ses reins pour le surprendre.

« Je vais avoir besoin d'aide pour le dos et les plumes. Je compte sur votre délicatesse. »

En même temps que tu changes de pièce, tu viens te mettre à l'aise. Tu défais les lacets de la chemise pour ainsi te libérer, prenant soin de laisser le tissu glisser de la base des ailes avant de faire de même avec le pantalon. Être ainsi nu devant quelqu'un semble te faire autant d'effet que face à une blague qui ne fonctionne pas, et en quelques secondes, tu viens t'effondrer dans la baignoire pour t'y plonger et tout de suite chercher de quoi te laver.

« Tant que vous y êtes, racontez-moi quelques anecdotes pendant le bain. Je vous connais surtout comme quelqu'un qui n'a pas réussi à vaincre une troupe de bêtes affamées. »

Ses doigts ont su t’arracher un frisson, d’abord léger, avant que ta main ne vienne te tendre dans un geste que tu ne comprends que peu. Tu as senti ton souffle se couper, l’espace d’un instant, tes yeux plongés dans les siens, la lèvre abîmée par ses dents. Et si tu le surplombes, tu sens que tu n’es rien face à lui ; une proie éprise d’une bête féroce capable de la dévorer sans crier garde. Tu hoches la tête à ses mots, comme rassuré de voir qu’il ne sera pas offensé par une maladresse ou un mouvement un peu brusque ; tu fronces quand même les sourcils, ta nervosité toujours présente en le regardant se dévêtir sans la moindre once de pudeur.

Croisant les bras, tu te râcles la gorge bruyamment pour cacher ta gêne, puis tu détournes la tête, agité tel un gosse. Tu attends, comme s’il allait se rhabiller comme par magie pour t’éviter une telle gêne mais d’un coup d’oeil mêlant curiosité et passion tu comprends qu’il n’en a de toute évidence pas la moindre envie - et qu’il n’allait pas prendre un bain en étant vêtu pour te faire plaisir. Tu profites qu’il soit de dos pour le détailler ; ton regard s’arrête sur ses ailes, délicates, puis son dos nu, ses fesses, ses jambes, puis tu remontes lentement pour t'attarder sur les boucles de ses cheveux. Quelques rougeurs viennent colorer tes joues, alors que tu t’approches de lui pour tirer un tabouret et venir t’installer à côté de la baignoire en sa compagnie.

« Quel type d’anecdotes vous intéresse ? Je dois bien vous avouer que notre première rencontre n’était pas à mon avantage. » Tu ris doucement, en venant délicatement enrouler un doigt autour d’une de ses mèches de cheveux immaculés. « Je pourrais vous conter mes aventures, ou les plus intéressantes. J’ai beaucoup voyagé, depuis que j’ai fondé Ouroboros en l’an 54. Et j’ai rencontré des êtres divers et variés. Notre petit dernier est un automate, et je ne vais pas vous cacher que je ne suis pas toujours à l’aise avec eux. Ou pourrais-je vous conter ce que j’ai pu faire ici, avant de justement partir d’Handrist ? J’ai été Niflhyr et je me suis chargé de l’éducation de quelques oubliés pendant un temps. »

Tu cherches bien ce que tu pourrais lui raconter de plus. Accouché contre la baignoire tu dévores son visage du regard, détaillant le moindre de ses traits, tu te stoppes sur tes lèvres, envoûté, fou d’envie de les goûter à nouveau. Et si tu essaies de te faire violence un moment, tu finis par te redresser pour le surplomber, tes bras l’encadrant doucement pour prendre appui sur chaque côté de la baignoire et te pencher au-dessus de lui.

« Auriez-vous … une petite place pour que je puisse vous rejoindre ? Je saurais me faire discret. »

Tu souffles du nez, aussi avenant que possible malgré ta maladresse et ta gêne pour revenir happer ses lèvres et attendre son autorisation - ou son refus, en descendant lentement tes lèvres dans son cou.

La chaleur te permet de ne plus penser à ce pays de glace que tu sembles pourtant apprécier visiter à plusieurs reprises, surtout s'il s'agit de retrouver un géant un peu timide. Tu humidifies déjà tout ce qu'il faut, jouant avec l'eau brûlante avant d'attraper une éponge que tu viens noyer dans l'eau pour ensuite l'essorer et te laver avec. Tu ne l'attends pas, pressé d'être parfait pour lui et pour l'affaiblir.

D'un doigt délicat, tu retraces les cicatrices sur ton torse, précieuses et qui te ramènent à un beau souvenir. Dans un monde rempli de magie, tu aurais pu t'arranger pour qu'il n'y ait aucune trace, mais tu préfères garder un souvenir d'un passé lointain qui ne te fait pas si honte que ça : tu as appris à l'accepter et il te rappelle à quel point tu es devenu plus fort. Tu ramènes également tes cheveux en deux parties que tu viens glisser de chaque côté de ton visage, dégageant ainsi le dos et les ailes délicates.

« J'aimerais connaître vos faits d'armes. » Une toute petite pause. « Vous êtes d'accord avec les automates ? Ont-ils une âme, ou n'importe quoi qui les rapproche d'un côté humain comme nous ? »

C'est de la vraie curiosité. Tu n'as pas vraiment eu l'occasion de te perdre longtemps à Clara Nocte, tu as eu encore moins le temps d'étudier leur technologie. Un automate est un véritable mystère à tes yeux. Tu tentes tant bien que mal de te détendre, les ailes étendues sans même te soucier de la place qu'elles peuvent prendre. Ce n'est vraiment pas pratique, tu en as conscience, et tu soupires en levant les yeux vers le géant.

« Il y a toujours de la place. Nous avons de la chance qu'à Vollheim, ils pensent aux personnes comme vous. On pourrait faire entrer deux personnes de votre genre, il y aurait encore de la place. »

Tu finis par te coller au bord de la baignoire pour lui faire de la place, quand bien même tu aurais apprécié barboter seul pour le rendre fou. Tu fais mine de vouloir l'embrasser avant de te raviser, te reculant dans un petit rire amusé en te mettant à l'aise. Il n'y a aucune pudeur avec toi, finir nu devant un ami, un inconnu ou un ennemi, ça n'a aucune importance. Et dans ce contexte-là, tu cherches à tout prix à te rapprocher du créateur d'Ouroboros. Plus vite tu t'immisces au plus profond de son esprit, plus facilement tu auras accès à plein d'informations.

« Mais vous devez me laver les cheveux. Ça devrait vous plaire, on dirait des petits nuages. »

Même si tu risques de ressembler à un petit chien mouillé après. Tu attends, passif, les yeux fermés en espérant te faire traiter comme un prince.

Au fond de toi, tu aurais probablement voulu qu’il refuse tes avances pour avoir une raison de t’échapper ici et chasser ces pensées hantant ton esprit. Parce que tu n’as pas l’habitude d’une telle proximité ; jamais tu ne l’as été avec quelqu’un, ton travail prenant une place bien trop importante dans ta vie. Alors tu attends, un peu, l’observant le temps de trouver le courage de te défaire de tes vêtements et te glisser peut-être un peu trop brusquement dans cette baignoire pour lui faire face, recroquevillé le plus possible pour prendre le moins de place possible.

« Je ne vous gêne pas ? » Simple question pour être certain de ne pas trop empiéter sur son espace personnel malgré ses avances. Tu fuis son regard le temps de te détendre, non sans échapper un petit soupir de gêne. « C’est une première pour moi. »

Une première pour beaucoup de choses. Orion a réussi, à lui tout seul, à bousculer tes habitudes et ton petit train de vie ; travail, voyage, réunions, escorte, si tout ce petit cercle vertueux fonctionne très bien, lui a rajouté un engrenage : l’affection. Celle qu’on porte à quelqu’un et qui grandit au fur et à mesure des rencontres.

Peut-être même plus que de l’affection.

« Je ne voudrais pas abîmer vos cheveux … Vous n’avez pas besoin de soins spécifiques ? »

Tu oses te redresser pour te rapprocher de lui et attraper une mèche délicate entre tes doigts pour commencer à la mouiller, d’abord hésitant avant de commencer à tremper ses mèches avec une certaine maladresse qu’il doit maintenant connaître.

Lorsqu’il ferme les yeux, tu oses un baiser tendre, par crainte d’oublier les sensations entre temps en étirant un petit sourire.

« Tournez-vous, je pourrais vous conter mes faits d’arme en m’occupant de vous tel un prince. Pour ce qui est des automates, je ne saurais vous répondre. Ils sont tous si différents les uns des autres, je n’en pas énormément rencontré au cours de ma vie. »

Que tu aimerais éterniser le bain, mais avec un géant derrière toi, ça risque d'être assez compliqué. Tu sais simplement que tu pourras le perturber, jouer avec lui pour le faire craquer au dernier moment avant de t'échapper de sa prise une fois de plus. Qui sait, peut-être que ce sera le point de rupture et qu'il se montrera plus ferme ? Tu n'en sais rien, en attendant… Tu sais que tu peux le dévorer et en faire ce que tu veux. Même infiltrer son groupuscule, tant qu'on y est.

« Rien ne me gêne, encore moins un géant comme vous. »

Tu mimes un ronronnement avant de te laisser faire petit à petit. Tes cheveux, même mouillés, restent dans une forme particulière et appréciable. Ils sèchent également assez vite. Tu hausses simplement les épaules, te retournant comme demandé avant de t'étaler à moitié sur lui. Tu n'as aucune gêne, tu n'as pas peur de l'intimider, bien au contraire. C'est en finissant nu devant les autres qu'on voit qui a la trempe d'un guerrier ou non. Alors tu glousses un peu, profitant du moment en attendant qu'il te conte ses faits d'arme.

« Un seul automate ? C'est tout ? Mais voyons, vous avez vingt ans ? »

Tu clapotes tout doucement tes doigts dans l'eau. Le bruit est agréable, et tu te fiches bien de ne pas appliquer les bons soins pour tes cheveux immédiatement. Si ça doit attendre ton retour au Nid, eh bien soit. En attendant, tu es focalisé sur un autre objectif, préparant tout un programme pour cuisiner le géant à petit feu… Ou pour le déposséder de tout ce qu'il a d'un coup. Tu restes un rapace, prêt à fondre sur lui à la moindre occasion.

« Dépêchez-vous. Si je reste longtemps dans l'eau, ma peau va flétrir, je n'ai pas besoin de ça. Alors, qu'est-ce qui vous a forgé au cours de votre vie ? N'épargnez aucun détail, je veux tout savoir. Je veux vous connaître sous tous les angles, dans les moindres détails… Je vous récompenserai plus tard. »

Ou peut-être qu'il aura oublié d'ici-là. Tu t'étires de tout ton long, lui faisant étrangement confiance. Tu n'as pas peur de devoir te défendre dans les dix prochaines secondes, mais ton corps reste légèrement tendu en cas de problèmes.

Tu attends qu’il soit pleinement retourné, te dévoilant son dos et ses ailes imposantes pour attraper ses cheveux avec ta plus grande délicatesse. Tu ne serres pas trop fort, les mouillant ce qu’il fallait à nouveau pour commencer à les laver avec une attention toute particulière dans l’espoir de te faire bien voir. Un sourire à la fois gêné et satisfait, tu sens qu’il arrive à garder l’ascendant sur toi malgré ta grandeur supérieure à la sienne.

« J’ai soixante dix-sept ans Orion, j’ai vécu des aventures mais pour les géants je suis encore un jeunot. Mais mon sang humain fait que je ne vivrais jamais aussi longtemps qu’eux. J’ai toujours été un peu hermétique à la technologie, je n’y comprends pas grand chose. »

Mais ça ne t’a jamais vraiment posé souci, tu as toujours su t’en sortir au quotidien et ce, malgré tes passages à Clara Nocte.

« Comme je vous l’ai déjà avoué, j’ai fondé Ouroboros et j’ai été Niflhyr, mais à la base je suis un façonné, ma mère a voulu faire de moi un élu, qu’il soit de la patience ou de la colère, mais à son grand désespoir je suis devenu un oublié. Je suis restée un moment à m’occuper des générations suivantes, puis j’ai tenté de devenir trappeur, forgeron et soldat mais finalement je suis parti à mon compte loin d’Handrist. »

Attrapant même toutes ses mèches, tu fais bien attention à ne pas toucher ses yeux en commençant même à les rincer pour te presser à sa demande.

« J’ai voyagé à travers Arathia pour découvrir les cultures et développer mon ouverture d’esprit. J’aspire à une vie paisible, dans un monde soigné de la corruption où je pourrais vivre sereinement avec mes proches. Si vous me prenez pour le grand guerrier solitaire et violent, vous vous fourvoyez Orion. » Tu oses un léger rire gêné, alors que tu essores tout timidement ses cheveux en les repoussant tous contre une épaule pour en libérer l’autre et t’attarder sur sa gorge. « Je ne me bas que lorsque c’est nécessaire. J’ai protégé bien des élus en danger, j’ai affronté bien des hommes mais je refuse de faire couler le sang gratuitement. »

Dans un élan bien plus certain, tu oses poser tes lèvres contre sa derme, remontant lentement le long de sa mâchoire pour te rapprocher de son oreille et espérer le charmer.


« Et vous, parlez-moi donc de cette récompense. »

Tu es à l'écoute de tout, analysant tout sans même chercher à l'embêter une fois de plus. Tu pouffes de rire à l'annonce de son âge; tu t'attendais clairement à quelqu'un de plus âgé, avec la maturité dont il peut faire preuve. Tout de suite, tu imagines tous les combats qu'il a dû endurer pour en arriver là. Tu laisses tes doigts glisser sur sa peau, le regard fixe sans même changer de cible. C'est lui que tu auras, personne d'autre. Et quand bien même l'eau commence à refroidir, tu veux profiter de la proximité pour le détailler davantage.

« Un pauvre oublié qu'on jette dans un ravin quand on n'a plus besoin de lui. Et dire qu'on croit encore aux élus. Personne n'est parfait, comment peut-il encore y avoir l'incarnation des dieux avec nous ? »

Instaurer le doute dans son esprit. Peut-être que ça fonctionnera. Mais mieux vaut ne pas griller ta couverture, tu restes très intéressé à l'idée d'infiltrer son groupuscule. Tu fais tout de même les yeux doux malgré des pupilles un peu trop fines, rivées dans les siennes. Tu trouves qu'il a beaucoup vécu pour un petit comme lui, et ça ne peut pas t'empêcher de te faire sourire.

« Vu votre carrure, je m'attendais vraiment à quelqu'un d'autre. Vous avez le tempérament d'une plume et le physique d'un voldrak. Hmm… Non, un voldrak est bien plus maigre que vous. »

Lentement, tu viens profiter du contact pour glisser une main contre sa cuisse, proche de toi. Mais également proche de ce qui fait rougir beaucoup de monde. Un geste pas particulièrement calculé, ni même avec un message caché. Juste pour prendre appui en attendant qu'il essore tes cheveux qui reprennent rapidement leur volume. Il est rare que tu ressembles à un petit chien mouillé sans défense bien longtemps.

« Vous avez eu trois vies en une seule, Ronan. C'est impressionnant, je me sens mal éduqué avec une vie terriblement ennuyeuse face à la vôtre. »

Tu le laisses te charmer en apparence. Tu bouges en rythme avec lui, voulant lui offrir ce qu'il cherche probablement à t'arracher avec ses gestes. Tu sais comment t'y prendre, mais peut-être qu'il mérite un traitement bien différent. Tu finis par te tourner vers lui pour mieux l'observer sans avoir à te briser la nuque comme tout à l'heure, un sourire délicat sur les lèvres en te redressant tout doucement.

« Je veux bien vous offrir mes services, une fois. Pour vous remercier de vous être confié. Ça peut être n'importe quoi, même si j'aviserai en fonction de mes propres valeurs. Mais peut-être que vous avez déjà une petite idée… Je pourrais devenir votre bras droit. Moins musclé, mais très doué pour vous débarrasser des gêneurs. »

Il n'y a rien de tendancieux dans ce que tu viens de dire. Pourtant, tu cherches à danser avec lui. À le charmer à ton tour, les ongles griffant doucement sa peau mouillée avant de le pousser à sortir de la baignoire. Tu lui arraches un baiser, avant de dévorer à ton tour ce que tu peux atteindre avec ta si petite taille. Ronan semble être comme les autres, mine de rien. Et ça t'amuse.