{"name":"GroupPerso","value":"xingAlda"},{"name":"ChampTitre","value":"Entends-tu les étoiles ? Elles hurlent toutes."},{"name":"prenomPerso","value":"Liang"},{"name":"nomPerso","value":"Sòng"},{"name":"titreperso","value":"Grand Augure Stellaire"},{"name":"originefeat","value":"Jujutsu Kaisen"},{"name":"nomfeat","value":"Gojo Satoru"},{"name":"iconfiche","value":"https://i.imgur.com/p3xM9js.png"},{"name":"racePerso","value":"Humain (Xing Alda)"},{"name":"ageperso","value":"24 ans"},{"name":"metierPerso","value":"Oracle"},{"name":"LieuNaissance","value":"Hauts Quartiers de Fang"},{"name":"genreperso","value":"Non-binaire"},{"name":"pronomsperso","value":"Il/lui"},{"name":"orientationperso","value":"Pansexuel"},{"name":"manicheismeperso","value":"Orgueil"},{"name":"magieperso","value":"Divination et Gravité"},{"name":"aptitudeperso","value":"Habitant des tréfonds"},{"name":"habilitesperso","value":"Modifications 21/01 :\r\nConcernant la lévitation :\r\n- Liang peut flotter lentement, sans limite de hauteur ou de durée, quand la lune est pleine. Quand il fait jour ou quand la lune est incomplète, il flotte moins bien, moins haut, encore plus lentement qu'un rythme de marche, mais peut toujours le faire sans limite de durée. Quand la lune est nouvelle, il ne peut plus flotter du tout.\r\n- Quand il est dans le Dôme de l'Oeil, ignorez toutes les règles précédentes : il peut flotter comme bon lui semble, et à un rythme de sprint.\r\n\r\nConcernant la divination :\r\n- Liang peut voir son propre avenir dans le ciel étoilé dégagé. Il peut voir jusqu'à une semaine dans l'avenir de façon très précise. Au-delà de ça, ça devient très vite de plus en plus flou et indistinct, chargé de métaphores ou d'imprécisions.\r\n- Liang peut voir les différentes possibilités d'avenir. Par exemple, il peut voir trois jours dans un futur où il a choisi de quitter la ville, ou trois jours dans un futur où il est resté à l'Académie. Il peut également, par conséquent, voir un aléa qui le frappe dans un jour ou deux et choisir de l'éviter, et ainsi, voir ce qui se passera en évitant ce problème.\r\n- Être aidé d'outils d'astronomie rend son travail plus rapide, de l'ordre de la dizaine de minutes. Autrement, il lui faut une heure ou deux pour être exhaustif sur toutes les possibilités des jours à venir de façon satisfaisante.\r\n- Liang voit l'avenir de son propre point de vue, pas de façon omnisciente. Il ne peut pas voir l'avenir d'un village de pêcheurs loin de Xing Alda, mais seulement ce qui lui arrive, ce qu'on lui dit, ce qu'il voit, en avance.\r\n- Il peut voir l'avenir de quelqu'un d'autre, mais pour cela, il doit tenir les mains de la personne pendant plusieurs minutes, et ce, de façon consentie et consciente de ce que Liang est en train de faire. Il pourra ensuite voir son avenir la nuit suivante dans les étoiles, en suivant les mêmes règles que pour lui-même.\r\n- Il peut également, selon les mêmes règles, voir le passé des autres 20 ans en arrière, avant que l'imprécision ne rende le tout opaque.\r\n- Grande faiblesse de sa divination : les autres oracles eux-mêmes. Quand ils sont impliqués dans ses visions, un angle mort peut se créer et rendre l'avenir les concernant insondables. C'est encore pire, et systématique, quand les oracles ont des objectifs différents de lui, car leur influence alors s'étend. Cela rend généralement impossible un combat de visions, où Liang essaie de prévoir les agissements d'un autre oracle, ou encore les tentatives de prédiction des actions d'un groupe (royaume, milice...) disposant d'augures. De la même façon, l'isolement de Xing Alda fait que les messages et autres communications mettent plus d'une semaine à lui parvenir, ce qui fait qu'il n'a, au mieux, qu'une vague idée de ce qui peut arriver en dehors du royaume dans lequel il est présent.\r\n

---

\r\n\r\n

♫♪♫ (1) ♫♪♫

\r\n\r\n« Je requiers une audience auprès du Grand Augure Stellaire. »\r\n\r\n« Entrez dans l'Église, Monsieur Moussa. Son Éminence vous recevra juste après la cérémonie. »\r\n\r\nLes portes s'ouvrirent le plus silencieusement possible pour ne pas troubler l'office, et l'homme se faufila. L'individu, malgré les révérences des gardes, était sale et malingre. Sa barbe épaisse mangeait la peau foncée sur son visage. \r\n\r\nDevant lui, une marée d'êtres étaient assis sur des bancs de marbre, leurs yeux humides levés vers une voûte somptueuse de pierre noire constellée d'étoiles artificielles. Il s'assit discrètement. \r\n\r\nAu-dessus d'eux, Liang Sòng se tenait dans les airs, flottant avec les mains jointes sous la lumière de la Lune pleine qui passait à travers les vitraux. \r\n\r\nL'Augure termina son chant, paupières fermées, un fin sourire sur les lèvres.\r\n\r\n« Par la Constellation du Phare, le destin se révèle à moi. »\r\n\r\nLiang était un augure prodige. Un jour devant lui, son avenir était aussi clair qu'un livre, aussi précis qu'une gravure. Une semaine plus loin, aussi précis qu'un parchemin ancien pour lequel il fallait une grande érudition pour le déchiffrer, mais Liang a eu les meilleurs professeurs. Au-delà d'une semaine, les visions devenaient des images, des scènes, des peintures sur lesquelles on aurait versé une coupe ou deux. C'était toujours lisible, mais on entrait dans le domaine du mysticisme, de l'interprétation, de la métaphore pour laquelle il fallait être habitué pour espérer en tirer du sens, et plus on s'éloignait du présent, plus le brouillard s'épaississait.\r\n\r\n« Par la Constellation de la Loupe, sa multiplicité m'est claire. »\r\n\r\nL'avenir est un paysage changeant, en particulier en tant qu'oracle. Si les sept prochains jours étaient étendus devant une personne et que cette personne n'appréciait pas les déboires du mardi et les malheurs du jeudi, il faudrait qu'elle soit idiote pour ne pas interférer avec ce que promettent les étoiles. C'est ce que faisait Liang. Il en avait fait un art, une habitude de vie. Son destin était une mer d'huile. Calme, prévisible. Avec sa longue-vue, il voyait les vagues des jours à l'avance et virait de bord bien avant qu'elles ne viennent faire tanguer le navire de son existence. \r\n\r\n« Par la Constellation de la Pirogue, j'explore les futurs sombres et les futurs joyeux. »\r\n\r\nLiang était un oracle curieux. Il n'y avait pas que sa sécurité qui l'importait ; il avait un grand intérêt envers toutes les possibilités qu'offraient son monde. Il pouvait donc, avec ses talents de divination, voir les conséquences proches de n'importe quelle impulsivité de sa part sur son avenir. S'il faisait preuve d'impertinence envers le Président Juridique, s'il giflait une servante, s'il choisissait de quitter Xing Alda... Il ne pouvait pas voir précisément très loin, mais cette semaine de clarté lui permettait d'avoir une idée de ce qui pouvait l'attendre, qu'il soit généreux, méchant, fou, raisonnable, meurtrier, bienveillant.\r\n\r\n« Par la Constellation de l’Œil, la Voûte Céleste m'ouvre ses portes. »\r\n\r\nCette multiplicité de ses avenirs possible, il ne pouvait les explorer que la nuit. Tenter d'observer le soleil en essayant de lire dans ses rayons aurait pu le rendre aveugle. Il étudiait ainsi les étoiles, les astres, les étoiles filantes du ciel dégagé de Xing Alda. Il pouvait voir à l’œil nu, mais était considérablement plus rapide avec un télescope. Ainsi, sans équipement, il ne voyait qu'une dizaine d'avenirs possibles, mais aidé d'outils, la porte des centaines s'ouvrait. À condition qu'aucun nuage ne venait cacher tout ça...\r\n\r\n« Par la Constellation de la Mère, j'offre mes yeux à Fang. »\r\n\r\nEn temps normal, Liang ne pouvait voir que son propre avenir, ce qui le concernait directement. Mais en tenant les mains de quelqu'un pendant quelques minutes, il pouvait voir l'avenir de cette personne avec tout autant de précision la nuit qui suivait. Ainsi, le Grand Augure Stellaire, même si certains le pensaient, était loin d'être omniscient. Pour obtenir votre futur, il fallait lui faire confiance. Et qu'il veuille bien vous le donner. \r\n\r\n« Par la Constellation du Père, son passé et son avenir deviennent nos forces. »\r\n\r\nIl était plus rare qu'il le fasse, mais Liang pouvait également voir dans son passé et celui des autres. Ces jours s'étant déjà déroulés, ils étaient fixes et perdaient de leur trouble. Personne ne pouvait modifier le passé, pas même la magie la plus puissante. Alors, la seule chose que l'on savait faire, c'était le lire. Le Grand Augure Stellaire était alors capable de plonger une vingtaine d'années en arrière, avant que les courants du temps perdent de leur précision et ne s'évaporent dans l'obscurité du ciel.\r\n\r\n« Et par la bonté de la Lune, je descends à vous. »\r\n\r\nLe Grand Augure Stellaire flotta plus bas, léger comme une feuille. C'était bien là tout ce que sa seconde magie gravitationnelle pouvait lui permettre. Voler doucement, léviter à un rythme de marche, d'un petit trot au mieux... Contrairement à ses visions, cette magie là ne lui servait qu'à la prestance de ses offices et à se rapprocher des étoiles. Il n'avait donc pas besoin de l'entraîner davantage ; il était, de toute façon, déjà bien occupé par sa divination et par cette démence radioactive qui grignotait les frontières de son esprit, terrible effet secondaire des ondes de la Sainte Sauveuse.\r\n\r\n« La Lune, cette nuit, est pleine. »\r\n\r\nSa maîtrise de sa propre gravité était directement liée à cet astre. Plus la Lune était pleine, plus il était à l'aise. Les nuits de Nouvelle Lune, il était contraint de marcher.\r\n\r\n« Elle m'assure que ce cycle sera bon. Soyez sereins et convaincus que les astres vous aiment. Que la Sainte Sauveuse vous protège. »\r\n\r\nIl étendit ses bras maigres et ses chaussons touchèrent le sol avec légèreté. En tant que figure religieuse du pays, Liang était inapte au combat, incapable de porter ne serait-ce qu'un coup d'épée sans perdre l'équilibre. À force de passer la moitié de son temps à flotter, ses jambes peinaient à supporter une course, et seuls ses bras avaient un peu d'épaisseur grâce à sa passion pour la sculpture. Il n'avait pas besoin d'être fort pour être puissant. \r\n\r\nLes fidèles, comme un seul homme, braillèrent :\r\n\r\n« Que la Sainte Sauveuse nous protège ! »\r\n\r\nEt Monsieur Moussa attendit que tous se retirent pour parler au Grand Augure."},{"name":"tailleperso","value":"1m65"},{"name":"poidsperso","value":"45 kg"},{"name":"signesDistinctifs","value":"- Ce que l'on voyait en premier, c'était la moitié droite de son visage peinte en mauve. Il était également fréquent, quand ils étaient visibles, que sa jambe droite, son bras droit et son épaule soient colorés aussi. Les peintures représentaient des astres, des lunes, des étoiles, des arabesques spatiales. Ces peintures étaient réalisées par des assistants, il aurait été bien incapable de les faire lui-même. Le fait qu'elles cachaient quelque chose sur son corps était un secret de polichinelle au sein de l'Académie d'astrologie.\r\n\r\n- Fils d'un Aldani et d'une Arvandienne, ses traits asiatiques étaient discrets, encore plus depuis que sa chevelure brune s'était blanchie des années après une rencontre avec la Sainte Sauveuse.\r\n\r\n- Ses vêtements, le plus souvent amples, dissimulaient sa silhouette amaigrie par la paresse de ses lévitations et son mode de vie souvent reclus entre les murs des observatoires.\r\n\r\n- Ses mains burinées et abîmées étaient presque toujours dissimulées dans ses manches lors des cérémonies."},{"name":"factsperso","value":"Liang vivait la nuit et dormait le jour. Son quotidien démarrait vers 18 heures et se terminait au lever du soleil. Il dormait dans des chambres profondes, blindées, matelassées et sans fenêtres dans les profondeurs de l'Académie pour profiter de la fraîcheur. Le contact du soleil sur sa peau était un luxe rare, qu'il n'appréciait pas de toute façon. \r\n\r\nLes visions de Liang souffraient de grandes fragilités. À quoi bon dire à quelqu'un le produit de ses visions, si le simple fait de les lui communiquer changerait sa manière d'agir, et donc, le destin initialement prévu ? L'Augure a fini par s'y faire et par jouer autour de ces faiblesses. S'il devait communiquer une vision, celle-ci devait prendre en compte le fait qu'il allait communiquer cette même vision. La divination était un art subtil, et Liang réfléchissait aux effets papillons de son rôle dans la trame de l'univers en permanence.\r\n\r\nLe Grand Augure Stellaire le cachait, mais il exécrait rencontrer d'autres devins. Il arrivait que leurs rencontres se passe bien, en particulier quand il s'agissait d'un simple élève de l'Académie, mais sitôt que l'oracle prenait du galon et risquait de lui faire des crasses, il devenait difficile pour Liang de prévoir sa journée. Ses visions devenaient troubles, imprévisibles, le destin prévu par les deux oracles perpétuellement changeant à cause de leurs visions respectives et les ajustements de l'autre. Ainsi, il était fréquent que Liang évite ces sources de trouble purement et simplement, prétextant des empêchements, ou un risque de contamination karmique quelconque. \r\n\r\nLiang possédait au sein de l'Académie un lieu que les autres Oracles hauts placés pouvaient également utiliser : le Dôme de l’Œil, une grande pièce circulaire de la taille d'un terrain de tennis, composée d'arcanite et de Xingjué, profondément enfouie (et protégée) dans les couloirs de l'Académie. Dans cet endroit, et dans cet endroit seulement, l'astromancie était décuplée et Liang pouvait flotter comme bon lui semble sans avoir à se soucier du cycle lunaire. Mais le véritable intérêt n'était pas là : dans ce Dôme, tout oracle pouvait créer un environnement illusoire basé sur ses visions. Utile pour montrer au fidèle sa vie passée avec clarté ou pour le confronter directement à son avenir. Bien sûr, rien de tout cela n'était réel, tout n'était qu'illusions et poudres magiques, mais il n'y avait rien de tel pour faire réaliser à quelqu'un la puissance divinatoire du cosmos.\r\n\r\nLiang s'habillait aussi bien de vêtements masculins que de vêtements féminins. En astromancie, la tendance était de toute façon de faire des tissus amples pour faire circuler l'air et protéger de la chaleur, alors bien malin aurait été celui qui aurait pu catégoriser une tenue dans la case des robes, des manteaux ou des toges au vu de la complexité de ses différents attirails.\r\n"},{"name":"traitcaract","value":"Pieux •• Égocentrique •• Rêveur •• Imprévisible •• Curieux •• Prudent •• Maniaque •• Insensible •• Cruel"},{"name":"caractereperso","value":"

♫♪♫ (2) ♫♪♫

\r\n\r\nL'enceinte de l'église se désemplit progressivement du son de la foule. Seuls leurs pas raisonnaient encore faiblement contre la roche brute de la voûte sombre. Liang s'était tourné, éteignait avec patience les cierges de l'Autel Lunaire. Il avait une expression satisfaite, calme. À ses côtés, deux miliciens se trouvaient là, assis dans des toges blanches dont les motifs rappelaient des cratères. Les deux gardes observaient, par dessus leur épaule, l'homme qui avançait lentement dans l'allée centrale. Celui-ci s'arrêta bien avant d'être proche de l'oracle, vers le milieu de l'église.\r\n\r\nSans se retourner, Liang s'exprima, comme s'il parlait à lui-même, ou répétait à haute voix une pièce de théâtre :\r\n\r\n« Monsieur Moussa ! Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu aux Cérémonies Lunaires. Je suis heureux de vous voir. »\r\n\r\nPourtant, il ne se tourna pas pour le regarder, préférant s'occuper de son autel.\r\n\r\nÉvidemment que Liang était pieux, car c'était là son rôle. Sa vie entière avait été dédiée aux astres, aux mystères se trouvant dans le vide entre les étoiles. Il menait un si grand nombre de rites, en avait créé tant, qu'il se passait rarement une journée sans qu'il ne mène un quelconque office dans un des innombrables lieux saints de l'Académie. Il connaissait par cœur tant de cycles qu'il paraissait parfois connaître le ciel par cœur.\r\n\r\nLe Malaqii à la posture voûtée s'éclaircit la voix :\r\n\r\n« Grand Augure Stellaire, je requiers une audience. »\r\n\r\n« Je sais », répondit l'Augure.\r\n\r\nIl avait été choisi. Il savait, au sens large. Le cosmos entier s'était mis en branle pour désigner sa misérable existence comme le digne réceptacle d'un don qui redéfinissait la nature même du temps et de l'imprévisibilité de l'univers. Du moins, c'est ce qu'il pensait, et qui aurait pu le contredire ? Son corps portait le pouvoir de la Sainte Sauveuse, on le lui avait sans cesse répété. Difficile, alors, de ne pas en ressortir en étant convaincu d'être supérieur à beaucoup d'autres. D'être un Dieu parmi les êtres.\r\n\r\n« Je tiens... », continua Moussa, hésitant. « ...Je tiens à vous présenter mes respects, avant toute chose. Ce que vous avez fait pour Fang est à peine concevable, vous avez fait plus de bien que n'importe qui, prévu plus de catastrophes que... Que beaucoup. Mais il faut que vous sachiez... »\r\n\r\n« Monsieur Moussa, ne trouvez-vous pas la Lune exceptionnellement belle, ce soir ? »\r\n\r\nMalgré toutes ses obligations religieuses, Liang était un être libre. Tous ses offices étaient mis en place parce qu'il le voulait bien, parce que s'il y avait bien une chose qu'il respectait, c'était le ciel. Mais il n'avait aucun mal à désigner un religieux de confiance en remplacement pour le moindre caprice, la moindre rêverie qu'il désirait poursuivre. Un Oracle doit toujours avoir l'esprit ouvert, l'esprit rêveur. Pour un chef religieux, cela lui donnait des airs immatures, impulsifs, régulièrement critiqués par les élites car mis en lien avec son jeune âge.\r\n\r\n« A... Assurément, Grand Augure. J'ai eu... J'ai eu le loisir de beaucoup l'admirer, dernièrement. »\r\n\r\n« Oh, c'est vrai que vous étiez parti ! Alors, comment sont les montagnes du Nord ? »\r\n\r\n

♫♪♫ (3) ♫♪♫

\r\n\r\nLe regard de l'homme s'assombrit.\r\n\r\nParadoxalement, et malgré sa curiosité envers l'extérieur, Liang sortait rarement de l'Académie, et quand il sortait, il prenait toujours garde de bien consulter son avenir. Rien n'était laissé au hasard : il circulait dans les rues avec autant de gardes qu'il était raisonnable d'en avoir, et chaque parole, chaque geste de sa part était mémorisé pour que la journée se passe comme elle était prévue. Bien sûr, il se réservait des zones d'ombre, de découverte, pour ne pas que l'ennui prenne le pas sur son enthousiasme, mais même s'il ne connaissait pas le contenu de ces scènes troubles, il tenait toujours à en connaître l'issue. Car, aussi Augure qu'il est, il n'était pas à l'abri de se tromper. Un mouvement en trop, un retard par-ci, une avance par-là, et l'effet papillon pouvait se transmettre à l'ensemble de sa journée et la déstabiliser, la rendre imprévisible. Il détestait ça. Il se sentait vulnérable, mortel, comme fraîchement tombé des cieux.\r\n\r\n« ...Vous souvenez vous pourquoi je me suis absenté ? », demanda, incertain, le Malaqii.\r\n\r\nLiang ne répondit pas. Il éteignit la dernière chandelle et rangea l'outil dans une fine interstice sur le côté de l'autel.\r\n\r\n« Vous... Vous avez vu mon avenir. Il y a des mois de cela. »\r\n\r\nLe dos de l'homme se redressa. Il prit une allure fière, digne, riche. Sur ses mains, quelques bagues précieuses scintillaient encore, et ses dents droites étaient encore presque blanches. Il n'y avait aucun doute que l'individu, qui ressemblait pourtant au premier mendiant venu, était un membre de la Confédération des Commerces.\r\n\r\n« Vous m'aviez promis qu'au Nord, il y avait le plus grand filon de Xingjué du royaume. Que le trouver, que l'exploiter, me rendrait riche. »\r\n\r\nSa voix commença à trembler. De colère, d'abord, mais une lente réalisation commençait à s'immiscer et à diffuser un autre sentiment, encore flou.\r\n\r\n« Il n'y avait rien à l'endroit indiqué, Grand Augure. Rien du tout. De la roche, du bois sec et du sable. Cinq semaines de voyage pour un coup dans l'eau, et le temps clément que vous aviez prévu... »\r\n\r\nIl baissa le menton.\r\n\r\n« Nous avons essuyé quatre tempêtes de sable. Et une semaine entière de marche retour sous une canicule terrible. »\r\n\r\nSes poings tremblèrent également, serrèrent les bijoux autour de ses phalanges. La tristesse. C'est la tristesse qui vint nuancer sa voix.\r\n\r\n« J'ai perdu presque tous mes hommes, et tout l'équipement de minage a dû être abandonné dans le désert. J'ai perdu quatre amis. »\r\n\r\nLes gardes restèrent immobiles, méfiants des émotions du Malaqii qui pouvaient le pousser à des actes inconsidérés. Mais son discours ne les laissait pas de marbre, ils n'étaient pas bêtes. Ils se lancèrent des regards discrets : le Grand Augure Stellaire pouvait-il réellement se tromper d'une façon aussi catastrophique ?\r\n\r\nLiang ne s'était toujours pas retourné et nettoyait tranquillement la cire fondue au pied des bougies.\r\n\r\n« Vous ai-je dit ce que j'avais vu, précisément, en voyant votre avenir, Monsieur Moussa ? »\r\n\r\nUn silence. Le commerçant déglutit et articula :\r\n\r\n« Eh bien, vous m'aviez parlé d'un filon, d'une brèche dans la terre remplie jusqu'aux bords de- »\r\n\r\n« Ce n'est pas exactement ce que j'ai vu. Oui, j'ai vu ce minerai. Oui, je vous ai vu le trouver, l'exploiter, et revenir au pays, devenant pratiquement instantanément l'homme le plus riche de Xing Alda. »\r\n\r\nIl se tourna, enfin. Monsieur Moussa, en revanche, aurait probablement préféré lui voir un air grave, ou sévère. Au lieu de ça, il a une expression désolée. Faussement désolée, de façade. Le genre d'expression de pitié que l'on prend avec ceux que l'on n'a jamais apprécié.\r\n\r\nLiang Sòng est insensible. Trop de destins, trop d'avenirs, trop de vies vécues qui ont malmené son empathie et retiré le sens émotionnel des choses.\r\n\r\n« Puis, j'ai vu plus loin. Des images de vous, brandissant des sceptres d'or au-dessus d'esclaves. Fouettant des prostituées avec des mains couverts de diamants. Exécutant le peuple avec des soldats à votre solde. »\r\n\r\nMoussa recula d'un pas. Son expression était celle d'un innocent accusé des pires péchés.\r\n\r\n« C'est... Quoi ? C'est impossible, Grand Augure, je... J'ai toujours été un homme de foi... »\r\n\r\n« Je vous crois. Mais l'argent aurait fini par vous corrompre. »\r\n\r\n« C'est impossible, je vous dis, impossible ! J'ai toujours été bon avec vous ! J'ai pris votre défense quand la moitié des oracles vous trouvaient inapte ! Vous avez sauvé mon mariage ! Je... »\r\n\r\nIl tomba lourdement sur les genoux.\r\n\r\nLiang Sòng était cruel.\r\n\r\nLe Grand Augure Stellaire s'approcha à pas feutrés, ses pieds fins enveloppés dans une peau fine mais dure, comme celle d'un loup. Il ferma l’œil gauche, à quelques pas de Moussa, entouré par ses gardes. L’œil droit resta ouvert, jauni, entouré par une peinture mauve représentant une galaxie brisée. De près, on pouvait presque voir les veines pourpres que les couleurs cachaient.\r\n\r\n« Être bon est toujours une bonne chose, Monsieur Moussa. Mon précepteur était bon avec moi, il y a longtemps. Il m'a tiré d'une vie de misère, m'a pris en charge comme son fils. Mais être bon, ça peut ne durer qu'un temps. »\r\n\r\nIl eut un sourire nostalgique, son iris unique sondant le Malaqii comme un enfant scrute un lézard sur le sable.\r\n\r\n« Puis, frustré par mon avancée trop lente, il a organisé une expédition dans les tréfonds pour me maintenir la tête au bout d'une perche, au plus près de la Sainte Sauveuse. »\r\n\r\nInstinctivement, Liang ramena sa capuche pour couvrir son côté peint, son côté irradié, malade, et rouvrit l'autre œil.\r\n\r\n« La bonté ne dure qu'un temps. Et quand on voit le temps, il n'y a pas de différence, pour moi et Xing Alda, entre les crimes du présent et ceux de demain. Comprenez, alors, que je doive rester attentif... »\r\n\r\nEt sur son visage se dessina un rictus affreux. Pas laid, pas machiavélique, mais bien pire : le sourire de quelqu'un qui pensait très sérieusement ce qu'il racontait.\r\n\r\nCar les plus cruels sont ceux qui ne pensent pas l'être.\r\n\r\n« Emmenez-le », ordonna-t-il avant que Moussa ne touche le poignard caché dans sa ceinture.\r\n\r\nL'homme, aux bras des miliciens, se laissa traîner, hagard, fixant le Grand Augure Stellaire comme une apparition tandis que les lumières des vitraux s'éloignaient, dernières lueurs qu'il verrait de sa vie.\r\n\r\n« Adieu, Monsieur Moussa. J'ai apprécié les autres avenirs en votre compagnie. »"},{"name":"histoireperso","value":"

♫♪♫ (4) ♫♪♫

\r\n\r\nNotre histoire commença en l'an 64. À cette époque, les Hauts Quartiers de Xing Alda grouillaient encore de misère, repoussant les plus pauvres du pays renaissant vers les rayons impitoyables de la surface. C'est pourtant sous ces tentes, sous ces bâches rendues brûlantes par le soleil, que naquit le futur Grand Augure Stellaire. Il n'y eut aucun signe, à sa naissance et durant sa petite enfance, qu'il avait quoi que ce soit de particulier. Il avait la chevelure noire de son père Aldani et les yeux bleus de sa mère Arvandienne, et aucun de ses deux parents ne pouvaient se douter qu'au sein de l'Académie, l'Augure Stellaire de cette époque regardait déjà leur enfant au travers des étoiles avec une expression indéchiffrable.\r\n\r\nL'Augure était très âgé et avait depuis longtemps dépassé l'espérance de vie qu'on pouvait promettre à un habitant de Xing Alda, aussi divin soit-il. Cela faisait longtemps qu'il voyait dans la Constellation de la Faux que son heure approchait, et la Constellation de la Mère, prévenante, l'avait informé que son successeur était né. Le vieillard, alors que Liang portait encore des couches, vit ce qu'il deviendrait, vit ses défauts, ses qualités, avant même qu'il ne sache parler. Personne ne sut ce qu'il en pensa, car ses ordres furent clairs et ne trahirent aucun jugement. Le lendemain, plusieurs miliciens accompagnés du Précepteur Ziwei vinrent acheter le garçon à ses parents et l'arrachèrent presque de leurs bras.\r\n\r\nLiang n'allait pas être le meilleur pour ce rôle, mais ce que les étoiles promirent, c'est qu'il ne deviendrait pas le pire dans ce pays corrompu.\r\n\r\nL'enfant sorti tout droit des bidonvilles fut mêlé aux riches gamins des commerçants de Xing Alda qui peuplaient les bancs de l'Académie d'astrologie. On lui enseigna les bases : écriture, mathématiques, les noms des astres... Le Précepteur Ziwei, un homme aux yeux fins comme des lames et aux bras épais comme des massues, fut une digne figure paternelle, un remplacement adéquat lorsque la classe se vidait et que les camarades de Liang rejoignaient leurs parents.\r\n\r\n« Tu n'es pas comme eux, Liang. Ils n'ont pas été choisis, contrairement à toi. »\r\n\r\nMais le Précepteur Ziwei avait beau lui répéter qu'il avait été choisi par le ciel, que la Grande Sauveuse comptait sur lui, que l'Augure Stellaire lui-même l'avait désigné, ce dernier n'avait jamais voulu le rencontrer, ce que personne ne comprit vraiment, et conséquemment, ce que personne ne sut expliquer au jeune héritier, le laissant à ses doutes et à sa solitude.\r\n\r\nEn manque de réponses, Liang devenait moins attentif à l'école, plus curieux envers l'extérieur qu'envers ses leçons. Mais ce qui inquiétait le plus les religieux qui le supervisaient, c'était l'absence du moindre signe de magie divinatoire.\r\n\r\nEt le temps commençait à manquer.\r\n\r\n

♫♪♫ (5) ♫♪♫

\r\n\r\nAn 70. Liang avait alors dix ans, et regarder les étoiles ne lui évoquait qu'un peu d'admiration envers leur beauté.\r\n\r\nLe Précepteur Ziwei l'invita à sa table, installée sur le balcon d'un de ses bureaux. Il était tard : au-dessus d'eux, l'Étoile Nordique éclairait Xing Alda d'une lueur blanche immanquable.\r\n\r\n« Liang, nous allons jouer à un jeu très important. »\r\n\r\nIl fit glisser une lige de bronze jusqu'à lui, la maintenant fermement sur la table avec son index. Liang l'écouta, attentif, respectueux envers son autorité bienveillante.\r\n\r\n« Je vais lancer cette pièce en l'air. Mais avant, tu devras prédire le côté qui sera révélé. Pile ? Ou face ? »\r\n\r\nLiang hésita, ses mèches sombres gênant ses yeux.\r\n\r\n« Mh... Face, Monsieur. »\r\n\r\nZiwei lança la pièce haut dans le ciel, si haut qu'il sembla à Liang qu'elle passa par-dessus l'Étoile Nordique au-dessus de sa tête. Le cœur de l'enfant s'emballa, amusé, mais aussi angoissé de décevoir son mentor. La lige retomba dans la paume de la main de l'homme. Il la plaqua sur le dos de son autre main, et ils se penchèrent tous les deux sur le résultat.\r\n\r\n« Pile », annonça, grave, le Précepteur.\r\n\r\nLiang eut à peine le temps d'être déçu qu'une vive douleur alluma sa joue droite d'une chaleur piquante. Ziwei venait de le gifler. Pas suffisamment fort pour l'éjecter de sa chaise, mais assez pour que les larmes viennent à son œil touché sans qu'il ne puisse rien contrôler. Ziwei expliqua, sombre.\r\n\r\n« Recommençons, Sòng. Observe les étoiles. »\r\n\r\n« O-Oui, Monsieur. Pardon. »\r\n\r\nEt il lança. Encore, et encore, et encore, et encore. Les coups, bien qu'attendus quand le résultat n'était pas celui espéré, plongèrent Liang dans un flou mental. Son corps agissait sans qu'il ne lui ordonne rien, sa bouche annonçait les résultats au hasard, espérant simplement que le prochain tirage allait être le bon. Mais en vérité, même lorsque la chance le protégeait, il n'était pas rassuré.\r\n\r\n« Ne compte pas sur la chance, Liang. La chance, le hasard, ne sont pas censés exister pour toi. Ils ne sont qu'une langue à apprendre, à lire. Et si le futur Grand Augure Stellaire est incapable de lire, alors il n'est pas digne de son rang. »\r\n\r\nCe sont des yeux embués de larmes qui virent les premiers signes dans les lueurs de l'Étoile Nordique. Pile. Face. Face. Pile. Face. Pile.\r\n\r\nIl ne se trompa plus, mais à quel prix ? Le lien avec Ziwei était brisé, tâché à jamais. L'homme, sans doute, le regrettait lui-même, mais il avait un devoir. Et le temps, éternellement, les pressait. Le vieil Augure Stellaire refusait catégoriquement d'annoncer le jour de sa mort, craignant sans doute que des ennemis politiques s'emparent de l'information. Chaque jour sous sa protection pouvait être le dernier. Suite à ce terrible jeu, la réalité de cette pression divine et monstrueuse enveloppa Liang.\r\n\r\nDans les couloirs de l'Académie, les premiers doutes commencèrent à apparaître. Même en imaginant que cet enfant serait capable de divination avant la mort du Grand Augure Stellaire, il était fort peu probable que ses capacités soient à la hauteur pour une si lourde responsabilité. Et puis, même en supposant encore plus fort qu'il puisse prédire correctement, on ne donnait pas les rênes d'une religion à un bambin.\r\n\r\n« Le Grand Augure Stellaire a perdu la tête », se dirent les astrologues.\r\n\r\nPourtant, Liang commença à voir. Sitôt qu'il regardait le ciel étoilé, leurs mouvements et leurs lueurs chatouillaient son esprit de sens. Mais chacune de ces visions embryonnaires lui faisaient peur, car tout devenait réel : on avait beau lui avoir répété depuis longtemps que cela allait arriver, il n'y a rien de pire pour un mortel que de regarder la nuit et constater que le vide te parle. Il se mit à détester la divination et arrêta à cet instant de s'entraîner par lui-même. Il obéit encore aux instructions de son Précepteur, continua de lui montrer ses avancées, mais les leçons de magie divinatoire avec les autres jeunes Oracles lui devinrent de plus en plus insupportables.\r\n\r\n« Bonjour, Liang Sòng ! », lui dit un jour une jeune Céleste aux cheveux d'or en lui serrant la main. « Je suis ravie de te rencontrer. La Constellation du Fleuve m'a affirmé la nuit dernière que nous devons bien nous entendre, et ma préceptrice affirme que nous allons nous marier, un jour. C'est bien, n'est-ce pas ? »\r\n\r\nIl eut un frisson d'horreur. Les astres avaient dit à cette parfaite inconnue son prénom, son nom et lui avaient révélé le déroulé exact de leur relation, peut-être même jusqu'à leur mort si elle avait été capable de le voir. Pour elle, c'était déjà joué, déjà acté. Il n'y avait plus qu'à faire et saisir sa paume.\r\nLiang vit rouge et retira vivement son bras.\r\n\r\n« Alors, félicitations. Tu as tout gâché. »\r\n\r\nIl la poussa loin de lui dans le même mouvement. Il refusa bruyamment les messages des étoiles à cet instant, nia le contrôle du cosmos sur sa vie. Il se mit à déchirer les cartes stellaires, à renverser les tables de calculs, à pousser les télescopes par les fenêtres, avant que la Professeure le stoppe violemment en l'enveloppant de sa télékinésie.\r\n\r\nLiang avait fauté, et Ziwei était à la fois déçu, fâché, et inquiet pour lui.\r\n\r\nEt le temps, toujours, était compté.\r\n\r\n« Où va-t-on, Monsieur ? Il fait sombre. »\r\n\r\nNi son Précepteur, ni les miliciens lourdement armés ne lui répondirent tandis qu'ils s'enfoncèrent dans les profondeurs du cratère. Plusieurs groupes d'hommes armés les avaient devancé, et repoussèrent tant bien que mal les créatures du chemin ou les attirèrent ailleurs, laissant la voie libre au groupe de Ziwei pour approcher la Sainte Sauveuse, au plus profond du cratère. Ils étaient encore loin d'elle, très loin, peut-être des dizaines de kilomètres plus bas. Il aurait fallu des jours pour l'atteindre, mais même d'ici, dans cette énorme grotte sous la cité de Fang et cachés derrière une large roche, les gardes sentaient les rayons de la météorite chauffer le métal de leur armure.\r\n\r\nZiwei ordonna :\r\n\r\n« Retirez-lui son casque de protection et exposez-le sur cette corniche. C'est son visage qui doit recevoir la bénédiction. C'est le visage qui voit. »\r\n\r\nLiang protesta, cria, pleura, tandis que sa nuque fut attachée à un long bâton métallique tenu par trois miliciens. Ziwei, la voix tremblante, pria :\r\n\r\n« Sainte Sauveuse, bénissez cet enfant. Prouvez-lui qu'il est choisi. Préservez-le de vos malédictions, et offrez-lui vos dons. »\r\n\r\nOn avança la perche. Les hurlements de Liang emplirent le cratère de ses échos tandis que sa chair s'empourpra des radiations de la Sainte Sauveuse.\r\n\r\n

♫♪♫ (6) ♫♪♫

\r\n\r\nLiang était étendu sur le toit de l'Académie, le côté droit du visage couvert de crèmes réparatrices et autres onguents pour soulager les douleurs des tâches mauves qui constellaient son corps. Allongé en étoile, on eut la grâce de le laisser se reposer après cet ultime supplice, mais l'héritier ne se sentait pas d'humeur à se reposer.\r\n\r\nSa haine fixait les étoiles.\r\n\r\n« Je vous refuse. »\r\n\r\nIl postillonna vers le ciel.\r\n\r\n« Je ne veux pas vous lire. »\r\n\r\nIl blêmit. La Constellation du Cerceau était bruyante, brillante. Celle du Scorpion était agressive, et celle de l'Âne trop bavarde. Son crâne commençait à avoir le tournis et le ciel se mit à défiler devant ses yeux, illusion confuse créée par son esprit étourdi.\r\n\r\n« Non. Non ! »\r\n\r\nIl secoua mollement la tête. Les Étoiles du Sud rirent de son sort, les Étoiles du Nord le grondèrent. Celles de l'Ouest et de l'Est lui montrèrent, en un seul flash, de terribles images de ce qui se passerait s'il renonçait à son rôle.\r\n\r\nLa douleur de la pauvreté, la solitude de la mendicité, les vautours sur ses os et arrachant ses chairs après une vie de famine.\r\n\r\nIl plaqua ses mains sur ses yeux. Il ne sentit même pas que son dos ne touchait plus le sol, emporté par sa magie gravitationnelle.\r\n\r\n« NON ! NON ! JE NE VEUX PAS ! »\r\n\r\nMais même les paupières fermées, les couleurs dansaient toujours. Il connaissait les courbes de la Constellation de la Mariée, le parcours de la Constellation du Dauphin, les lueurs rouges de la Constellation de la Douleur.\r\n\r\nÇa n'avait aucune importance qu'il les ouvre ou non, alors il les ouvrit, ses larmes abondantes coulant sur ses tempes et s'écrasant plusieurs mètres plus bas tandis que son corps inerte était attiré inextricablement vers le cosmos. Sa silhouette, molle comme un pantin, s'élevait dans le ciel de Xing Alda sans cérémonie, sans office, sans religieux pour constater le miracle. Des volutes de sable tournaient autour de lui, suffisamment légers pour être emportés dans sa chaotique et faible magie.\r\n\r\n« Pourquoi... Pourquoi vous voulez me dire tout ça ? Pourquoi vous ne voulez pas vous taire ? »\r\n\r\nSes larmes se firent loupes et abreuvèrent la lumière des astres dans ses iris. Il vit ses vies, toutes celles où il refusait les étoiles. Il n'y en avait pas une seule de bonne. Il se vit pauvre, il se vit malade, il se vit reclus dans les pires recoins d'Arathia, il se vit nomade dans un désert qui ne le laissait pas exister, il se vit mort à vingt-deux ans assassiné dans une ruelle d'Arvandor, il se vit banni, il se vit emprisonné, il se vit jeté dans les profondeurs du cratère, il se vit fugitif, il se vit écorché, il se vit brûlé, il se vit s'arracher son œil irradié avec un bout de métal pour faire taire les douleurs et les visions, il se vit aveugle et moribond, il se vit esclave, il se vit de retour dans les bidonvilles devant la tombe de ses maintenant défunts parents, il se vit.\r\n\r\nIl se vit.\r\n\r\nIl se vit.\r\n\r\nIl hurla.\r\n\r\nEt les seules visions où il était en sécurité étaient celles où il choisissait la protection des étoiles.\r\n\r\nIl retomba lentement sur le dos, et les Signes lui enseignèrent.\r\n\r\nL'Arcanite lui dit de perfectionner sa divination.\r\n\r\nLe Titano-Varan lui insuffla la curiosité du monde.\r\n\r\nLe Miroir lui montra toutes les émotions qu'il était possible d'atteindre.\r\n\r\nLa Flamme lui ordonna d'être libre.\r\n\r\nL'Hoarah lui fit écouter ses futures paroles, celles qui percent et convainquent que le destin n'est décidé par personne excepté par ceux qui peuvent le voir.\r\n\r\nL'Arbre lui souffla d'être courageux.\r\n\r\nLe Marteau d'Arme lui martela que sa vie était liée à l'existence de Fang.\r\n\r\nLe Pyjak le rassura.\r\n\r\nL'Hydrorosa enfouit ses propres pensées dans son cœur.\r\n\r\nL'Oiseau-Tonnerre lui tonna qu'il serait l'un des piliers du monde.\r\n\r\nLe Serpent de Mer lui cacha certaines choses, montrant que ce qui n'était pas visible pouvait aussi être beau.\r\n\r\nEt le Primordial le posa doucement à terre, le ramena lentement à la réalité. Toutes ces visions n'étaient que son interprétation des étoiles, des leçons tirées de la trame infinie des possibilités de son existence. Il vit le caractère qu'il allait devoir avoir, les libertés qu'il avait et celles qu'il n'avait pas, les douleurs qu'il allait subir et les bonheurs qu'il allait accueillir. Tout était trouble, indistinct, imprécis.\r\n\r\nMais il avait compris l'idée.\r\n\r\nIl allait devenir le Grand Augure Stellaire, pour son propre bonheur, sa propre sécurité. Il avait compris que les étoiles ne lui voulaient aucun mal.\r\n\r\nCar elles-mêmes n'avaient rien décidé.\r\n\r\nElles savaient, c'est tout.\r\n\r\n

♫♪♫ (7) ♫♪♫

\r\n\r\nAn 84. Liang était devenu un homme. Il avait pris pour habitude de faire peindre son côté droit pour cacher ses cicatrices, accentuant par l'image sa réputation semi-divine, cachant au maximum ses doutes et pensées humaines profondément enfouis sous ses dons.\r\n\r\nLe Grand Augure Stellaire était mort trois ans auparavant, à l'aube de ses dix-neuf ans. Il ne l'avait jamais rencontré, tout juste assisté à certains de ses offices, mais à ce stade, ça n'avait plus d'importance. Il n'était même pas venu à son enterrement, et pendant que tout le pays était en deuil, les rouages de la succession s'étaient lancés.\r\n\r\nIl y eut des critiques, principalement de la part de la petite bourgeoise, mais en réalité, il était secrètement contesté un peu partout. Il fallut attendre plusieurs années pour que, à force d'exploits et de visions bienvenues, sa réputation s'améliore, considérablement aidé par de précieux alliés comme Monsieur Moussa, un riche marchand qui ne pouvait pas vivre sereinement sans qu'on lui lise son avenir, et son Précepteur Ziwei, qui défendait le nouvel Augure auprès de la population religieuse de l'Académie.\r\n\r\nLiang Sòng était devenu le plus jeune Augure Stellaire de l'histoire de Xing Alda. Pourtant, le chemin de son existence restait encore long.\r\n\r\nMais il était libre, contrairement à ce que pouvaient suggérer les apparences.\r\n\r\n« Grand Augure Stellaire, Maître Wan désire vous voir », annonça un garde.\r\n\r\nLiang ne répondit pas, le regard droit, les mains posées sur les accoudoirs de son siège doré. Le milicien se retira, habitué à ce que le jeune homme ne parle pas quand ce n'était pas nécessaire, en particulier pour accepter une visite, car s'il n'avait pas voulu de cette audience, il se serait éclipsé bien avant.\r\n\r\nMaître Wan entra dans la salle et vit que Liang l'y attendait déjà. Il fit une courbette en laquelle il ne croyait pas.\r\n\r\n« Grand Augure », articula-t-il, froidement.\r\n\r\nLe regard du juge était pénétrant. Ils ne s'étaient jamais entendus de par leur méfiance respective. Wan, aussi, détestait lui parler, car il savait que quoiqu'il lui dise, Liang l'avait déjà entendu dans ses visions de la nuit précédente, et l'Augure ne se gênait pas pour y réagir de façons qui l'agaçaient profondément.\r\n\r\n« Je viens vous annoncer une mauvaise nouvelle. »\r\n\r\nPar exemple, en ne lui répondant pas et en faisant mine de l'ignorer, comme maintenant. Pourtant, le juge avait pris garde à prendre un ton ironique grinçant pour le faire réagir : à quel genre d'Augure doit-on annoncer des choses ?\r\n\r\n« Votre ancien Précepteur, Monsieur Ziwei, est mort. »\r\n\r\nPercuté par une calèche de marchandise sur le chemin vers le Palais de Justice, où il devait rejoindre d'anciens élèves devenus avocats, se garda-t-il de dire.\r\nLiang resta figé, le visage neutre, fixé droit devant lui. Maître Wan laissa flotter quelques instants, avant de faire claquer ses lèvres et de grincer d'un ton mauvais :\r\n\r\n« Bien sûr, vous le saviez. »\r\n\r\nLe vieux juge s'avança. Il s'avança jusqu'à ce que son visage soit en face de l'Augure qui persistait à l'ignorer. Wan le regarda dans les yeux, mais les yeux jaunis de l'oracle regardaient à travers lui.\r\n\r\n« Ce que je sais, moi, c'est que Ziwei tenait particulièrement à la ponctualité. »\r\n\r\nIl espérait une réaction, n'importe laquelle. Mais il n'en eut pas. Wan continua :\r\n\r\n« J'ai donc été plutôt surpris, en posant quelques questions, que vous aviez tenu à le retenir, ce matin, pour lui demander conseil quant à l'organisation de l'un de vos nouveaux rites. Pendant une demi-heure, quelques minutes en plus, et les miliciens disent qu'au bout d'un temps, vous l'avez pratiquement chassé. »\r\n\r\nEnfin, Liang rencontra ses yeux. Il parla d'une voix plate, morne, comme en deuil.\r\n\r\n« La mort vient chercher tout le monde, peu importe leur destin, Maître Wan. »\r\n\r\n« Enfin, une réaction », ricana le juge.\r\n\r\nIl recula.\r\n\r\n« Parfois, je crains que vous avoir confié les rênes de notre destin ne nous emmène droit dans le mur. Puis, je pense à toutes vos petites bontés, vos cadeaux aux nécessiteux, vos visites dans les quartiers, vos offices solaires pour rassurer la population après les crises de démence... »\r\n\r\nWan leva le menton.\r\n\r\n« ...Ou quand vous avez empêché la mort de mes enfants... »\r\n\r\nIl attendit une réaction, qui ne vint pas. Alors, le juge observa :\r\n\r\n« Plusieurs vies contre une seule, c'est ça ? Vous teniez tant que ça à votre vengeance, après tout ce qui vous a été apporté par cet homme ? »\r\n\r\nWan espérait de la honte, ou de l'humilité. Peut-être une demande de pardon, ou une quelconque façade prudente.\r\n\r\nMais Liang sourit, en joignant ses mains :\r\n\r\n« Oui. »\r\n\r\nMaître Wan eut un rictus nerveux. Il se tourna lentement vers la porte.\r\n\r\n« Parole contre parole, un débat infini, un désastre politique. Je sais. Je commence à connaître vos manières. J'ignore si nous allons droit dans le mur ou pas, mais ce qui est sûr, Sòng, c'est que je redoute le jour où j'aurai à vous juger. »\r\n\r\nIl quitta la pièce et s'exclama dans le couloir.\r\n\r\n« Car je ne cesserai de craindre que votre procès était écrit, par les étoiles ou par vous ! »\r\n\r\nEt il laissa à nouveau Liang seul sous les cieux."},{"name":"pseudoJoueur","value":"Holt"},{"name":"pronomsJoueur","value":"Il/lui"},{"name":"TrucADire","value":"Hehehehehehehehehehehehehe."}