Que c'est difficile. Tout est difficile. Elle a bien essayé de rejoindre Cerah par la mère, mais sa petite embarcation et l'aide qu'on lui a apporté n'ont pas joué en sa faveur lorsque de grands vents se sont levés. Sans parler de l'épreuve qu'a été son arrivée, elle ne comprend pas très bien mes les habitants sont souvent hostiles et les créatures souvent terrifiantes. Ananda a ses charmes, c'est certain, pour celle qui voit le verre toujours à moitié plein, elle adore les couleurs mélancoliques, la lune rouge toujours visible et son aura, mais elle a le mal du pays. Son périple pour retrouver sa dame est à peine entamé et voilà qu'elle a déjà le mal du pays et sans doute que son instinct a parlé car ses pas la ramène peu à peu vers le barrage, mais ça, elle ne le sait pas encore.

Installée dans un campement de fortune, sa tente maintenue grâce à des branches distordues, la blondinette commence à organiser ses affaires. Il faut dire qu'avec la perte d'Aurelia, une partie de ses affaires sont manquantes, sans parler de ses liges qui ont disparues avec la dette créée au marché de Munditia. Pourtant, elle garde espoir et sa bonne énergie, tout se règle à qui sait y mettre positivité et patience. L'elfe est penchée sur ses ustensiles de cuisine, à réfléchir à la manière dont elle allait réagencer son sac pour se facilité le trajet au matin, avant d'être surprise par un bruit au loin. Des pas ? Qui ? Pourquoi ? Bien qu'inconsciente sur beaucoup de sujets, elle a bien compris que les terres corrompues peuvent être dangereuses et inhospitalière. Dans un sursaut, la malheureuse glisse, tombant dans ses casseroles et poêles. Face contre terre -enfin boue-, elle se retrouve dans cette posture aussi gênante qu'humiliante, les fesses relevés, les genoux à terre et le visage enfoncé dans la gadoue... elle a trouvé le moyen de tomber au seul endroit, qu'une serviette posée pour protéger ses affaires de l'humidité, ne protège pas.

Quelle poisse.

Lorsqu'une voix s'élève dans son dos, la malheureuse se redresse droite comme un piquet, ses grands yeux azurés ouverts. Sa peau de porcelaine est tâchés de terre et de boue, elle tente de s'essuyer avec ses doigts, étalant un peu plus son affaire...

Un homme se tient devant elle, qui bien que désagréable, a bon fond. Comment le sait-elle ? Aucune émotion ou pensée nauséabondes n'émanent de lui, seulement de l'étonnement et de l'agacement. Maladroitement, elle se redresse, époussetant son chemisier bleu souillé lui aussi par les terres argileuses.

"Oh, je ne cherche pas à rentrer à Clara Nocte ! Je suis partie pour rejoindre Cerah par l'ouest !"

...

Hein ? Comment s'est-elle retrouvée ici ?

Mélusine s'approche, un sourire aux lèvres, bien contente de rencontrer quelqu'un. Les terres d'Ananda sont rares en présence !

"Pardon pour le bruit, je ne voulais pas vous perturber dans votre marche, je suis tombée et... Ah ! D'abord les présentations. Moi c'est Mélusine enchantée. Je suis contente de voir quelqu'un, je pensais vraiment être seule au monde ahah." des présentations bancales qu'elle vient agrémenter d'une tentative d'accolade, sans se douter un instant que l'intrus est piégé ~.

Au moment de l'étreinte amicale et chaleureuse, elle est étonnée de sentir un courant passer dans son corps, lui provoquant quelques tremblements et de surprise, l'elfe retombe sur les fesses dans un petit geignement à la fois pathétique et attendrissant. Décidément, face à l'inconnu, elle resterait pitoyable. Il décide donc de s'en aller et elle ne peut pas lui en vouloir, il fallait reconnaître qu'elle n'est pas particulièrement douée et sans doute sans intérêt à ses yeux... Ce qui la frappe malgré tout, c'est son spectre d'émotion, très fort et prenant.

"Je comprends, je ne suis pas vraiment douée et je n'ai rien à vous apporter... Bonne journée et faîtes attention à vous !" lâche-t-elle compatissante.

La jeune femme tire sur le tissu de son haut, pour venir essayer son visage, avant de s'immobiliser tendue lorsqu'un grognement fend les environs. Suivi d'un second, ça n'a rien de rassurant. Mélusine n'a aucun moyen de se défendre, d'ailleurs elle ne sait même pas se battre, tout ce qu'elle sait, c'est de s'occuper des autres. Un soupir de soulagement lui échappe lorsque le grognon revient pour détruire la tente qu'elle a construit avec tant d'efforts -surtout qu'il manque une partie des pièces-, mais elle le sait, si il agit ainsi, c'est pour la protéger. Curieux. Il était pourtant prêt à l'abandonner plus tôt...

D'un hochement la tête, elle accepte et surtout elle lui fait aveuglément confiance. Il a l'air de savoir ce qu'il fait et puis, elle lit en lui, sans qu'il le sache, elle sait qu'il n'a ni agressivité, ni mauvais fond. Cependant, elle est surprise de sentir une once d'inquiétude. Pourquoi de l'inquiétude ? Tout va bien se passer, elle en est certaine, car il sait comment agir et tout s'arrange toujours pour ceux qui y mettent de bonnes ondes.

Sans hésiter, elle s'approche de lui, à quatre pattes -elle est déjà salie un peu plus ou un peu moins...-, pour venir se poser à côté de lui, une expression de visage rassurante. C'est la faiblarde qui rassure le compétent ? Amusant.

Les grognements s'accentuent, bientôt ils s'accompagnent de bruits de pas... Cela se rapproche. Jusqu'à ce qu'une voix martèle son esprit, fluette, puis féroce, hurlant une détresse folle. Qui ? Où ? Son sixième sens s'active, la prend à la gorge et alors qu'un hurlement de peur s'élève, la blondinette comprend : quelqu'un d'autre est réellement traqué par l'origine de ces bruits. Prise de la panique d'autrui, son souffle s’alourdit, elle ressent toute la crainte et la fatigue, cette personne a besoin d'aide.

I... Il y a quelqu'un d'autre !" murmure-t-elle et sans attendre de réponse, elle se redresse pour aller chercher.

Si quelqu'un est en danger, elle se doit d'aller aider... la pauvre a si peur. Bien qu'elle commet en réalité un acte de bravoure, la faiblarde tremblote de doutes et de craintes.

Le pauvre ronchon n'est pas au bout de ses surprises. ~

Une fois de plus, l'inconnu donne une attitude égoïste et agressive, alors que dès qu'elle s'éloigne, il part à sa poursuite. La réalité est qu'il aurait pu profiter de ça pour s'enfuir en laissant l'elfe servir d'appât, mais il ne le fait pas, bien au contraire, il vient une fois de plus l'aider. Mélusine rougit un rien, l'humanité n'est pas perdue, il y a tant de belles personnes, avec de bons fonds. Attrapée dans sa course, elle est subitement ramenée contre lui, alors que sa main se plaque sur ses lèvres et si dans n'importe quel autre contexte, elle aurait rêvé d'une situation pareille, là elle l'observe choquée, mais surtout apeurée. Et si l'âme en détresse a besoin d'aide ?!

Une fois de plus, dans une discussion plus apaisée, loin du danger, elle l'aurait taquiné, car si il s'en "branle de l'autre" en revanche, elle attire un minimum son intérêt pour qu'il ne s'en "branle pas" des deux ~. Malheureusement, une fois de plus, son attention est focalisée sur les émotions qui l'assaillent. Émotive, elle sent les larmes lui monter aux yeux, la panique la gagne, et la voilà bloquée dans les bras d'un brun ténébreux. Alors qu'en face d'eux, l'ombre horrifiante du Carnifex apparaît, menaçante et malgré le danger, elle a toujours ce besoin d'apaiser et de rendre service. Ses mains se posent contre les bras de celui qui la bloque, poussant comme elle le peut pour le forcer à lâcher prise.

D'un coup, elle se fige dans un soulagement émotionnel profond... la source des perturbations s'est enfuit, elle la sent rassurée, ses doute l'abandonnent enfin la libérant. Un soupir lui échappe, il s'efface contre la main de l'inconnu qui l'entraîne dans l'eau. Son cœur bat la chamade, son regard ne quitte pas la créature, elle prie pour qu'elle change de trajectoire...

L'eau monte, jusqu'à arriver à sa poitrine, jetant un grand coup de froid sur son corps, et avant qu'elle perde pied, Mélusine s'accroche à celui qu'elle tentait de fuir, passant ses bras par dessus ses épaules les croisant derrière son dos.

"Hmmph..." murmure-t-elle alors que sa bouche est barrée et ses mots incompréhensibles....

Derrière le rocher, elle secoue son visage, essayant de le pousser à dégager sa bouche, avant que les sourcils un rien froncés de frustration, elle se mette à lécher sa paume. Elle n'allait pas le mordre, elle n'a aucune envie d'infliger de la douleur, mais autant lui faire comprendre qu'il pouvait la délivrer. Surtout qu'elle se tient à lui, calant son dos contre le rocher, se maintenant à flot.

"Elle va bien, elle vient de s'enfuir." informe-t-elle dès qu'elle le peut, rassurée et surtout fière qu'ils aient pu servir d'appâts. Bon maintenant, ils sont trempés, sans campement, à attendre sans attirer l'attention... malgré tout, elle lui sourit "Merci beaucoup."

Préoccupés, ils attendent, espérant que la créature s'éloigne en oubliant leur existence. Mélusine respecte donc le silence, laissant le courant de l'eau créer une douce mélodie autour d'eux. Si elle aurait pu profiter de la poésie du moment, actuellement, elle a surtout froid, d'ailleurs elle ne tarde pas à trembloter, le bout de ses oreilles pointues rougissant et pour se rassurer, elle le regarde, une expression craintive au visage. Son aventure ne peut pas s'arrêter aussi brutalement...

Un dernier grand soulagement s'empare de la blondinette, lorsque la présence du carniflex s'éloigne, affranchissant les deux aventuriers de la menace qu'il incarne. Mélusine penche la tête sur le côté, soufflant, une moue fatiguée, avant qu'elle n'hoche vivement la tête continuant donc de garder le silence. Sauf qu'il la lâche brusquement et disparaît sous l'eau, la laissant maintenant seule contre le rocher... Quel goujat tout de même, il aurait pu l'aider... Peut-être qu'il est pressé. À sa suite, la maladroite le suit, nageant gauchement jusqu'à la berge.

Trempée jusqu'aux os, elle sort, essaie de presser ses vêtements pour en faire sortir l'excédent d'eau, détestant la sensation de sentir le tissu coller à sa peau, moulant jusqu'à ses formes et ses quelques timides rondeurs. Elle observe en coin l'inconnu et sous ses yeux écarquillés, il chute lamentablement -et là, on peut le dire- dans les casseroles, créant un boucan monstrueux. Bien sûr, elle devrait s'inquiéter, stresser, mais son premier réflexe est de pouffer d'un rire sincère, manquant presque de s'étouffer dans l'opération. Monsieur le grincheux est dans la même posture qu'elle à leur rencontre, c'est tout de même drôlement ironique ! Seulement, le grognement la ramène à la réalité.

Sans lui en vouloir à un seul instant, l'empathe réfléchit anxieuse à un solution et finalement, elle s'approche jusqu'à prendre le manche d'une de ses poêle préférée -pas le temps d'en choisir une autre- et de toutes ses forces elle la jette bien plus loin pour laisser la taule cogner contre un arbre. L'animal est donc toujours dans les parages, ses pas s'éloignent un instant leur laissant un instant de répit.

"Tu ne t'es pas fait mal ?" chuchote-t-elle préoccupée, elle se penche vers lui pour attraper son bras et essayer de l'aider à se redresser "Partons, je récupèrerais mes affaires plus tard, quand il sera partit..."

Mélusine a malgré tout un petit sourire amusé, qui tire ses lèvres... l'image de sa chute va la hanter un long moment.

"Je sais que ça donne envie, mais... le bain de boue ce n'est pas le moment ~." elle se mordille les lèvres pour s'éviter un rire franc, le regard pétillant.

Oui, elle le taquine ~.

D’un mouvement de main boueuse, il l'éloigne, tâchant de nouveau sa bouille de porcelaine. Mélusine a une moue dégoûtée, bien vite remplacée par de l'amusement. Il veut jouer ? Sans doute pas, mais il ne connaît pas encore la campagnarde qu'il a en face. Un peu de boue ne fait pas de mal et créer de la complicité avec l'inconnu dont elle ignore encore le prénom lui fait plaisir. Seulement la voilà entraînée à nouveau par son nouvel ami, qui ne semble pas réaliser à quel point ce geste lui fait plaisir. C'est elle d'habitude qui s'inquiète pour les autres et si sans doute lui l'a fait par réflexe, elle est ravie d'avoir son attention. Avançant maladroitement derrière lui, elle l'écoute râler, le regard rivé sur lui, curieuse de le connaître.

”Tu me raccompagneras les récupérer ? demande-t-elle d'une voix légère, espérant qu'il accepte sa demande ”Seule je n'oserais pas m'approcher…”

Surtout qu'elle a des objets de valeurs… Sur la route, elle essuie son visage du plat de sa main libre, sans pour autant la secouer… Hm ? Le plan lui convient en tout cas, elle lui fait confiance et son expertise ne les a pas trompés jusque-là. Net, il s'arrête, la regarde avec un mélange d'émotions dénué de subtilité… elle lui sourit, sincèrement heureuse de sa présence. L'empathe qui creuse son lien sans le savoir, ressent sa honte masquée dans son agressivité et pour détendre l'atmosphère, la blondinette choisit cet instant précis pour venir lui caresser la joue, rehaussée du bout de ses pieds, étalant ce qui lui reste de boue, une moue amusée. La bougresse se retient de rire, les joues un rien gonflées.

”Gardons notre sérieux tout de même. Tu n'es pas sérieux ainsi tâché hein.” un retour à l'envoyeur qui a mis du temps à arriver ”Si tu continues à râler la boue va sécher… il y a des gens qui paient cher pour des masques en articles. Eheh.”

Prévoyant une potentielle riposte ou un coup de défense, Mélusine accélère le pas pour passer devant, essayant de reprendre son sérieux après ce coup en traître.

”Le sud, noté.” la voilà qui part dans la mauvaise direction… ”Je me suis présentée ? Moi c'est Mélusine, mais tu peux m'appeler Mélu.” personne ne l'appelle comme ça…

Ah mince ! Elle rit nerveusement avant de changement de direction pour le suivre. Forcément, il ne veut pas l'accompagner... la réalité est que personne ne le voudrait, mais elle a bien fait d'essayer. Les cadeaux d'Aurelia sont sous son reste de tente, il n'est pas question de les abandonner, surtout après tout le mal qu'elle s'est donnée pour obtenir les matières premières et pour les confectionner. La vie présente des épreuves et pour le bonheur de son élue, elle est prête à braver bien des dangers... Non sans trembler des jambes. Préoccupée par le sort de ses affaires, l'elfe trépigne, hésite, boude, passe par beaucoup d'émotions. Elle a peur de s'y rendre seule, surtout que Zeno a clairement afficher son refus...

"Sûr de sûr ?" essaie-t-elle à nouveau, la voix pincée pour se rendre adorable "Hmmmm..." elle penche la tête sur le côté.

Pataugeant dans l'eau, elle essaie de penser à autre chose, d'oublier ses inquiétudes et donc lorsque Mélusine doute, elle parle... Beaucoup.

"Tu t'es toujours pas présenté ! Pas que c'est un problème, mais je vais devoir te trouver un prénom... Comme tu m'as sauvé, mais que tu es ronchon, je vais t'appeler Grochon." cela n'a aucun rapport... elle regarde un instant les alentours, curieuse d'en découvrir d'avantage.

Les terres d'Ananda sont tout même particulières. Les couleurs désincarnées, le rouge et le mauve omniprésents... C'est dépaysant ! D'ailleurs le doré des tissus acheter pour sa dame illumineraient parfaitement les lieux et... Mince.

"J'y retourne !" s'exclame-t-elle d'un coup.

La maladroite se retourne subitement pour rebrousser chemin. Aurelia ne se serait pas démonter et en quittant Clara Nocte, elle s'est jurée d'être à la hauteur de sa source d'inspiration... elle doit donc se montrer courageuse. Pourtant, la rencontre avec les créatures la terrifient, sans parler de l'abandon de Grochon... Les yeux humides, anxieuse, elle s'éloigne les poings serrés pour se donner courage.

"Merci quand même Grochon !"