Les choses n'avaient pas été de tout repos pour Ézéchiel récemment, s'il s'était essentiellement cantonné à Iter Caedis et dans une moindre mesure Lava Proditores, les récents évènements l'avaient envoyé du côté de Munditis. Convoqué à droite et à gauche afin de faire des choses au compte de telle ou telle personne il en avait oublié le sens véritable de ce qu'était le "temps libre". L'amusement et le repos, il ne l'obtenait qu'en la présence de Domna mais cela était rare. Nonbostant, il ne s'en plaignait pas, non. Il était content d'acquérir ses compétences à droite et à gauche, dans l'objectif potentiel de se parfaire dans certains domaines. Il était ambitieux et déterminé, il avait plein de projets en cours, d'autres à venir, notamment celui d'effectuer un périple hors de Clara Nocte, ne serait-ce qu'un temps.

Cela allait faire un an qu'il était de retour à un état de travail quasi-permanent. Comme d'habitude il avait bien évidemment disposé de jours de repos parfois même alloués contre son gré par ses supérieurs de la CII. Mais la dernière fois qu'il était loin du cadre de la ville, de l'ingénierie et de toutes ces choses qui le préoccupent au quotidien, c'était lors de son excursion chez les campagnards au cours du printemps précédent lors qu'il était parti à la rencontre de son amie, cela remontait déjà ! A ce titre, celle-ci lui avait comme promis envoyé des lettres régulièrement, lettres qu'il avait conservé et qui lui donnaient la fâcheuse envie de lui en envoyer en retour mais, celle-ci étant mouvante, il lui était impossible d'en faire de-même ... Il essayait en dépit de cela. Il remarqua bien la chute vers les Enfers que représentaient les écrits de son amie, si les palpitations et l'excitation semblaient la guider dans les premières lettres, les choses allaient de mal en pis plus le temps passait. A cause de cela, il voulait aller à sa rencontre dès que possible.

Vint le printemps de l'année 85, les choses avaient changé pour lui, il quittait la CII et s'était accordé de son plein gré du temps libre et non pas à vocation anodine : il allait effectuer ce fameux périple. Domna l'incitait à le faire, il en avait envie, et il en profiterait pour faire une surprise à son ancienne amie. Ayant reçu il y a peu une "lettre sérieuse" lui indiquant le lieu d'expédition, il décida de s'y rendre, il en avait pour spet bon jours au minimum mais l'envie n'y manquait pas. Il voulait enfin voir les lueurs du soleil. Il partit de la capitale noctem en direction du port, de là il remonta les cours d'eau de Cerah à bord d'un navire marchand pour finalement arriver dans les terres du royaume d'Arvandor où il y débarqua expressément. Il avait tout calculé en amont, si la navigation fluviale coûtait davantage elle était infiniment plus rapide et immensément moins dangereuse. Et puis, il était concerné pour son amie, il ne se doutait pas qu'elle attendrait dans le dit village une réponse de sa part. Il lui avait envoyé quelques lettres dans lesquelles il lui faisait signer de manifester leur arrivée dans ses prochains courriers, mais il n'eut jamais la moindre attestation. En bref, il pensait déjà manquer de temps.

Il arriva au village au crépuscule, cela faisait déjà quelques jours qu'il pouvait contempler l'immense boule de feu éclairer les cieux et cela l'émerveillait. Sans perdre une seule seconde il se rendit à l'auberge locale et quémanda des informations en indiquant les traits de Mélusine au gérant. Il y eut des confusions, elle avait déjà tant changée en un an .... Déjà était-il persuadé qu'elle avait de longs cheveux dorés et éclatant là où l'aubergiste lui affirmait la présence d'une elfette aux cheveux courts, blonds et poussiéreux. Mais il compris rapidement qu'elle était toujours dans les parages, elle avait été aperçue le jour-même dans le village. Super ! Il était content, Domna l'était pour lui, il se serait presque mis à sauter comme une puce.

Sortant devant l'auberge, il avait pour optique d'être son propre émissaire à sa recherche. Mais lui et Domna furent suspendus d'emblée par un jeune enfant qui avait écouté les questions de l'hybride à l'aubergiste. Il mit au défi Ézéchiel de lui faire un tour de magie en échange d'information sur celle qu'il recherchait, n'ayant rien à perdre il le fit. Domna fit virevolter sa sphère dans les aires, l'ouvrant brièvement de temps à autre. Si cela résultait d'une merveille à la fois technologie et magique, l'enfant en fut stupéfait et il cracha le morceau aussitôt, lui révélant que la dite elfette avait été vue en train de poser sa tente dans une clairière non-loin. Remerciant l'enfant, il s'en allait mais celui-ci s'adressa a lui.

« Euh m'sieur ... votre créature la ... elle pourrait jouer avec moi s'vou'plait ? J'ai pas beaucoup d'amis ... » lui avait-il dit, Ézéchiel s'approcha de l'enfant et se mit à genoux à côté de lui, lui caressant la tête et venant s'adresser à lui d'un air amical.

« Je te promets qu'avant mon départ elle viendra exercer son escrime à tes côtés, petit. » Avait-il ajouté accompagné d'un léger sourire, Domna le regardait en penchant la tête, si elle avait des sourcils prononcés on aurait pu la voir en arquer un face à cette incompréhesion, elle n'avait pas donnée son accord mais c'était comme ça ... Elle se vengerait tôt ou tard de toute manière, toujours est-il que les deux se mirent en direction du lieu décrit et que celle-ci s'adressa à son semi-elfe de confiance.

« Nous touchons au but. Je vais enfin pouvoir m'assurer de la véricité de tes incessantes descriptions. » Elle parlait de manière encore plus concise et implicite que lui, ils étaient faits pour s'entendre ... Elle le taquinait comme à son habitude, il savait à quel point il était béat à l'idée de s'éloigner de là où il a toujours été et le contexte lui permettant de venir en aide à une amie qu'il considère venait galvaniser le tout.

Toujours est-il qu'ils finirent par arriver aux abords des lieux. Une certaine joie immuable commençait à venir l'habiter, c'est comme s'il revoyait un proche qu'il n'avait pas vu depuis longtemps, ça, plus l'effet de surprise. Il était habillé de manière différente qu'à son habitude, il avait opté pour un manteau moins relevé et aux manches plus courtes, dépourvu de col, laissant son cou complètement exposé. Il portait des gans laissant sortir les extrémités de ses doigts, ainsi qu'un bandeau venant redresser ses mèches. En bref il avait opté pour quelque chose de plus confortable et qui lui porterait moins chaud.

C'est là que les choses basculent au présent. Il entend un immense râlement à quelques dizaines de mètres de lui par-delà une fine lignée d'arbres ouvrant sur une prairie. Le timbre de la voix, il le reconnait, du moins il le pense, toujours est-il qu'il veut s'en assurer. Il fait un signe de la main à Domna et se met à avancer vers cette direction et se hissant au côté d'un tronc il aperçoit un véritable bazar digne de son atelier avec en plein milieu Mélusine qui s'effondre face contre terre. Il jette un bref regard à Domna, réciproque, puis en un fragment de seconde il apparaît accroupi derrière son amie. L'automate est quant à elle debout, droite et stoïque environ un mètre derrière-lui, légèrement décalée sur le côté, elle observait le tout à l'aide d'un léger sourire.

Il pose sa main au centre du dos de Mélusine alors qu'elle ne le voit pas, chaleureusement, doucement, peut-être qu'elle le reconnaîtrait rien qu'au toucher ? Il s'adresse à elle, toujours avec le ton aussi serein.

« Ce qui est vrai par contre, c'est que je vois quelqu'un qui a besoin d'un ami ! »

Elle se retourne donc afin de le regarder, son visage montrant une forme d'étonnement comme si elle venait de voir un fantôme. Il ne l'avait encore jamais vu dans un tel état, elle fait peine à voir ... Face aux évidences force est de constatée qu'il tombe à pic. Elle met un certains temps à process, les choses cogitent, cogitent jusqu'à ce que "ding", elle se met à lui parler.

« Tu t'es coupée les cheveux ? Ah et ... » Il était gêné face à la chose qui était accrochée à l'oreille de Mélusine. « Tu as ... ton oreille .. mh ... » D'une pichenette maladroite mais rapide il vient expulser le linge tout en se crispant légèrement d'une manière comique. « Je passais ici par hasard ... Tu le sais bien, je suis venu te voir ! Et je ne suis pas seul d'ailleurs ... » Dit-il tout en roulant les yeux dans une autre direction avant de reposer son regard sur elle.

Il la voit fondre en larme et ne sait pas trop comment réagir, à vrai dire il n'a pas vraiment le temps puisqu'elle vient se serrer contre lui. Il se baisse légèrement pour être à sa hauteur et vient caler la tête de l'elfette dans le creux de son cou, posant une main à l'arrière de son crâne, la frottant légèrement à la fois pour la caresser mais également pour retirer subtilement les quelques brindilles. « Doucement ... Ca va aller maintenant. » Il lui laisse le temps de respirer et de prendre son esprit, même si cela devait durer quelques minutes il ne l'en empêcherait pas, elle en a besoin.

« J'ai reçu tes lettres, je ne pense pas que tu aies reçu les miennes ? »

Domna observe la scène toujours en recul, elle croise les bras et lève un pied qu'elle vient caler contre sa propre cuisse. Elle arbore une posture de grue en somme. Elle ne dit rien et attend son tour, se contentant de sourire légèrement face à la situation.

Cela faisait référence à son altercation avec l'aubergiste il y a encore une dizaine de minutes de cela, il se souvenait véritable physiquement d'elle de par sa belle chevelure dorée aussi fut-il surpris lorsqu'il la vu sans, réalisant d'un inexorable manque de tact et témoignant d'une légère ingérence face à la situation somme toute critique qu'il tâcherait de combler dans les minutes qui suivent.

Enfin ... croyait-il. Il lui a dit ces choses sur les lettres de manière anodine sans songer un seul instant que cela allait l'affliger. Elle est réellement entrain de chanceler sur un fil émotionnel, il doit calmer la situation. Elle sort de son étreinte avant de replonger de nouveau dans ses bras. Bien, cette fois-ci il ne la laissera pas partir. Il l'enlace et tente de la calmer en la berçant légèrement.

« Hééé ... Du calme, respire, repose-toi et prends ton temps, rien ne presse. On peut rester comme ça indéfiniment, j'ai tout mon temps. »

Pendant ce temps, Domna s'était avancé et avait commencé à ramasser les objets et les vêtements répandus au sol. Actuellement, c'est toujours son actualité, lorsque Mélusine se présente alors elle lui répond d'une voix légèrement réverbérée trahissant sa nature. « Bonsoir Mélusine. » L'ayant entendu se complaindre au sujet des lettres, elle ajoute en solidarité pour son compère tout en se ramassant pour ramasser une nouveau sous-vêtement qu'elle vient ranger de côté : « Ces écrits étaient très biens - » - pour quelqu'un qui ne sait ni lire ni vraiment écrire, pense-t-elle, mais elle tait cette partie, sagace. Elle tourne autour des deux donc, rôdant à la recherche des biens éparpillés.

« Il n'y a rien d'affligeant pour l'heure, je suis content de te revoir. » Il est sincère, d'autant plus en considérant que quelques heures auparavant il ne pensait pas la revoir de sitôt. Cette rencontre bien que voulue est une forme d'aubaine. A noter qu'il parle de manière concernée, il cache sa joie gestuellement et oralement et adopte une intonation davantage réconfortante. Mais Mélusine, grâce à sa magie, peut aisément le ressentir. Ca, de la compassion et son habituelle bienveillance, hormis ce qui s'était déposé sur son oreille il y a peu, il n'est en rien gêné ni critique de la situation. Ézéchiel n'a pas fait tout ce chemin pour se moquer d'elle ou l'engueuler, bien au contraire.

L'automate avait rangé les affaires à une vitesse déconcertante, un reflet de l'habitude qu'elle pouvait avoir avec les désordres de l'atelier d'Ézéchiel, au final il ne restait plus grand chose à faire pour Mélusine. En plus d'être rapide, les vêtements étaient pour la plupart pliés. Seule la tente était toujours à ras-du-sol. En effectuant ses rondes, elle regardait Mélusine de temps à autre afin de comprendre ... pourquoi elle la regardait elle-même ? Elle se faisait fixer mais abaissait le regard périodiquement afin de regarder là où elle mettait les pieds et de piocher les choses à réordonner.

Ézéchiel la remercie alors que Mélusine est toujours calée contre lui. Domna fait les choses naturellement, c'était son initiative et personne ne lui avait demandé. « Merci Domna. » Elle acquiesce peu de temps après lorsque Mélusine lui exprime sa gratitude. Il reprend une posture à peu près normale, légèrement penchée mais sans plus, alors qu'elle est sur la pointe des pieds. Il échappe un souffle du nez, un sourire et un bref son signifiant son amusement lorsqu'elle évoque les trente secondes symbolique de leur dernière étreinte il y a une année de cela. Il la voit prendre du recul et se consterner face à l'état de son installation.

« Camper ensemble ? » Avec une auberge non loin, un lit douillet, un feu de cheminée, de la nourriture et des boissons ? Bien sûr ! Maintenant qu'il est là, il ne va pas se contenter des choses ennuyantes et habituelles. Il bénéficiera d'une pléthore d'occasions d'aller dormir dans une auberge, et puis Domna ne l'avait pas forcer à monter une tente pour rien, voilà qu'elle allait enfin être utile après les nuits passées sur les cours d'eaux. « Avec plaisir ! » et son automate le coupe comme si elle poursuivait sa phrase, une question d'habitude ... « Je ne t'ai pas fait créer une tente de tes propres moyens pour ne pas l'utiliser, si tu refusais tu aurais eu un bleu. » Il penche la tête et fronce les sourcils en s'imaginant la frappe de sa compagne, lui faisant serrer les dents. « Des menaces à mon égard alors que je n'ai même pas hésité, c'est noté ! Je pourrai presque te faire dormir dehors ... »

Les voilà qu'ils recommencent se chamailler, une véritable tradition à la hauteur de leur réputation. Domna fait virevolter son orbe à côté de l'oreille d'Ézéchiel, la faisant bourdonner et bien qu'elle se tait il comprend amplement que c'est là une incitation à ne pas essayer de mettre sa menace à exécution. « Oui-oui d'accord, aller. De toute façon je ne l'ai pas faite aussi grande pour que tu ne te retrouves à ne pas être dedans ... On va dormir ensemble ne t'en fait pas, j'ai compris. » Face à ces paroles, elle range sa sphère métallique en vol stationnaire derrière son épaule droite. « Bien. »

Ah, et Mélusine donc ! Il se retourne vers elle pour lui répondre, il l'a laissé en suspens pendant une dizaine de secondes, occupé à se défendre face à la machine rebelle. « La solitude, mh ... » Pensif, il se demande comment se fait-il qu'elle puisse être seule. Où est cette Aurelia ? Personne ne l'a pris en charge ? Bref. Cela viendra, pour l'instant il y a autre chose à faire. « Voilà quelque chose que tu peux désormais oublier ! Nous avons emprunté la voie fluviale pendant sept-huit. » Elle l'interrompt brièvement pour le corriger, comme à son habitude. « Huit jours ... Emprunté la voie fluviale pendant huit jours donc, j'avais réfléchit aux choses afin d'être le plus efficace possible et j'avoue ne pas être déçu. J'ai pris disons ... des vacances. » Acquiesce-t-il face à ses propres dires.« Je ne pensais pas te trouver ici, mais plutôt remonter ta piste car, oh, oui, bah si je suis là c'est pour ... » Il hausse un sourcil, penche la tête et pense. « Pour toi. » Reprend Domna. « Bah ... Oui ? Drôle de question quand même. »

Erf ... Quel idiot des fois. Il a beau être d'une ingéniosité sans limite et d'une intelligence hors-norme, il suffit que les choses tournent autour de lui pour qu'il en perde certaines capacité. Cela lui parait évident ce qui le porte à confusion, mais ne sortant pas lui-même de son objectivité il ne comprend pas sur le moment la question ou du moins l'importance que cela représente pour elle. Il pense même que c'est la fatigue et les émotions qui lui font poser cette question. Limpide, si elle a la lucidité de comprendre ses pensées alors peut saisir le naturel résultant de ces paroles et de ces actes.

Forcément qu'il y avait d'autres raisons, voyager, découvrir ce qu'il y avait en dehors du pays, pourquoi pas même aller à Elysium s'il avait le temps ? Le soleil, les arbres, les nouvelles espèces botaniques ! Mais la principale raison était celle-ci et même si elle avait été sa seule motivation, on peut comprendre, du moins Domna elle le sait, qu'il aurait tout de même fait le trajet afin de faire la surprise et de remédier aux problèmes critiques de son amie. En espérant qu'il ne soit pas qu'un simple pansement sur un barrage ...

Domna commence à arracher le matériel du sac d'Ézéchiel afin de le mettre au sol, visualisant déjà l'emplacement de leur tente. Quant à lui, il s'avance et commence à aider Mélusine en ce qui concerne sa tente, elle a beau lui avoir dit de ne pas s'en occuper, il en a envie et bon sang qu'est-ce qu'il peut être têtu ...

Il vient s'asseoir au coin du feu, non loin de Mélusine. Domna elle reste debout et fait le piquet à côté de leur tente, observant les deux assis tout en restant à une certaine distance. Ézéchiel frotte ses jambes afin d'enlever les quelques herbes et saletés qui s'y étaient accrochées. L'elfette se met à lui parler alors qu'il est encore en train de ratisser, il lève la tête afin de croiser son regard.  « C'est naturel voyons, je pense que tu aurais fait la même chose pour moi. » Une affirmation sous-entendant un questionnement qu'il ne cachait pas.

« Cette promesse, c'est vrai ... Eh bien je suis sûr qu'un autre lieu plus symbolique encore et merveilleux se présentera à nous ! » Il fait semblant d'avoir oublier, ce n'est pas le cas. Disons, simplement qu'il ne pensait pas que cela lui suffirait, et à cette charge il n'en est lui-même pas entièrement satisfait, cela mérite mieux. Les choses viendront en leur temps.  « Je pense que nous le méritons. » Il se met à parler et pendant ce temps l'automate commence à faire de l'ordre dans sa tente.

« Bien ! Quoi de nouveau ? Qu'est-ce qui explique ta présence ici ? Où est ton Aurelia ? Des choses à raconter ? Tu verras d'ailleurs, je ne suis pas venu les poches vides ... » Il l'inonde de questions, c'est car il est intéressé ; ses lettres étaient condensées et intenses dans leur récit, épargnant les moindres détails et lui donnant chaque fois un peu plus le désir d'en savoir plus. Il avait donc pu préparer des questions en amont et celles-ci lui reviendraient au fur et à mesure que la conversation se profile.  « Tu as changé depuis la dernière fois, tu sembles t'être endurcie » - rien qu'un minimum.

Il avait dit cela de manière anecdotique car puisque cela devenait coutume, il pensait voir même espérait que ces réunions entre les deux individus se reproduiraient de nouveau. C'était une évasion vis-à-vis des ennuis de la réalité et ce sens, il n'y avait pas songé et n'avait par conséquent pas voulu l'insinuer, mais il était envisageable qu'ils pourraient voyager ensemble par la suite, ne serait-ce que brièvement. Il l'observe se brosser les cheveux, puis plonge sans regard dans les flammes tandis que Mélusine lui confirme ses dires. Domna s'éclipse soudainement, bien qu'il ne l'ait pas vu partir Ézéchiel la sait désormais absente, une habitude, un lien extraordinaire unissant les deux. Peut-être que l'usage continue de leur magie l'un vis à vis de l'autre aide à savoir lorsque l'un se trouve hors de portée. A ce titre, il soupçonne bien ce qu'elle est partie faire ; la lune se levant, le lendemain étant incertain, la connaissant, elle est certainement partie rejoindre l'enfant afin de jouer avec lui. Elle a fini de ranger et elle n'a qu'une parole.

« C'est merveilleux ! Dans ce cas, si tu le souhaites il en va de soit, commence par ce dont tu as envie ! Voir autre chose, faisons en sorte que cette journée soit la tienne. » Il a redressé sa tête afin de lui sourire maigrement, il est satisfait de voir qu'elle avait déjà repris ses esprits. C'est là la Mélusine qu'il connait, l'attentionnée, la concise, celle qui rigole d'amusement et de gêne. Il la voit se contempler elle-même, il lui aurait bien frotter les cheveux de taquinerie si elle ne venait pas de se les brosser, cette tendance à douter de sa propre personne ... Un an l'avait forcément façonné d'une manière différente, quand bien même il ne l'aurait pas déjà remarqué un tantinet c'est l'évidence qui parlerait d'elle-même.  « Je le sais ! »

« Je me porte bien oui, tu le sais et l'as comprise, je suis pour le moins constant. Mais je dois avouer que les précédentes semaines ont été plus mouvementées que jamais ... Cette excursion vient à point nommée ! » Elle le questionne sur ses projets concernant ces "vacances" : Ah! Le méthodique calculateur n'avait en aucun cas réfléchit à cela, il n'avait songé qu'à rejoindre pressément son amie dans le besoin sans même questionner les choses à venir. Il essaye, il essaye ... Il réfléchit un bref instant mais non, rien, il ne sait pas quoi faire ni où aller, il se doit d'être franc.  « J'ai sauté sur l'occasion pour te rejoindre donc ... non, comme je t'ai dis je pensais avoir à te retrouver dans les jours à venir, non pas aujourd'hui et donc je n'ai pas vraiment planifier quoi que ce soit. » Il se gratte la tempe d'un doigt, il aurait du y penser avant, il s'en veut à lui-même de ne pas l'avoir fait.

« Je n'ai pas mangé depuis ... ce matin je crois ? Domna pourrait te le confirmer si elle ne s'était pas absentée. » Il n'avait toujours pas tourné la tête, Mélusine avait pu la voir partir, lui non, ce qui met d'autant plus en évidence le lien qu'elle vénère tant. « Quant à elle, elle ne mange ni ne boit. Pour ma part je n'ai pas vraiment faim, n'aie crainte, je ne dirai pas non à une boisson ceci dit. »

Il regarde toujours vers sa direction.  « Et toi, quels étaient tes projets avant que nous ne débarquions ? »