Se gonflant une joue puis l'autre, il balaie les environs du regard, songeur. Comme si imprégner sa rétine de ce paysage de verdure allait lui fournir la moindre réponse sur quoi que ce soit. Mais sa propre vie, en fait, est une énigme en elle-même. Et il sait, depuis peu, qu'il devra démêler le tout, et la résoudre un peu. Ou accepter son sort, au moins.
Trop tôt, cependant. Pour l'heure, le héros malgré lui et en fuite. De quoi ? De lui-même, peut-être.
Incapable de considérer ce qu'il lui arrive. Incapable de répéter le titre qu'on lui a fourni sans même son avis. Incapable même de se regarder dans une glace. Et il se sent bien lâche, bien faible. Perdu, également. Alors, profitant du temps qu'on lui cède, il est parti, depuis quelques jours. Trouvant un prétexte, n'importe quoi, pour dire Au revoir aux siens, pour préciser au royaume qu'il reviendra plus tard. En se confondant en excuses, bien sûr. Gêné à l'idée de porter malhabilement cette marque au dos de sa main. Gêné à l'idée de ne pouvoir réellement y échapper.

Et le voici. A marcher ici et là. Redécouvrant ce joli lieu qu'est l'Orée d’Émeraude. Ses iris couleur océan se lèveront, scrutant des cabanes suspendues. Voire les habitants qui s'y trouvent. Puis, il observera plus loin. Pour voir un potager installé dans un coin, et de l'autre côté une famille prenant le pique-nique. Cerah, en soi, est une terre bien tranquille, où les citoyens comme les voyageurs aiment s'y trouver. Nora non plus, n'en est pas une exception. Cela lui change du regard parfois hautain et jugeur des noctems.
Tandis que ses pas traînent, se perdent dans une direction ou une autre, il aperçoit alors. Que plus au fond, dissimulé derrière une assemblée de lianes... C'est comme une entrée, en fait, qui se trouve, et donne dans une grotte.
L'aventurier aura le doute dansant dans ses idées. Juste quelques secondes. Avant de se laisser appeler par sa curiosité sans limite ou presque.
Et il s'y avancera. Décidé. Oubliant déjà le reste du monde à contempler.
Les pas le menant à la cavité, il chasse les plantes grimpantes du revers de la main, parvenant tant bien que mal à entrer. Et quelle surprise de voir que la place cachée s'étend sur une petite dizaine de mètres, et semble comme plongée dans un autre univers, tant la fraîcheur et le silence du lieu sont forts.
Et pourtant. Les lieux sont bien habités.

Le blond s'avance. Voulant voir le tout de plus près. Ces peintures exposées ou posées. Ces palettes, ces couleurs, tous ces instruments. Ces formes par milliers qui se croisent et s'assemblent. De jolies œuvres, peintes par une seule et même personne.
L'aventurier, est-il seulement en son droit, de pénétrer cette antre ? Il l'ignore. Mais déjà, de nombreuses questions fleurissent dans sa tête.

- Est-ce vous qui avez fait tout cela ? C'est d'une grâce. se laisse-t-il penser à haute voix.