Tu papillonnes dans les rues, émerveillée comme au premier jour. Ce n'est pas ta première visite, loin de là. Tu n'as pas compté, trop occupée à profiter de l'architecture si particulière de Fang, de la culture, et surtout, tu passes dans le quartier artisanal.

C'est un spectacle magnifique, les confections, oeuvres d'arts, ouvrages, brillent comme autant d'étoiles, une jolie métaphore pour le royaume de l'Etoile. Tu pousses des petits cris, souffle, presse le pas entre les boutiques, retourne en arrière. Même avec quelqu'un, ce serait difficile de t'en empêcher. Tu admires le talent affiché dans ces rues.

Quand tu craques finalement, oh, un petit péché pour lequel tu devras prier pour rester vertueuse, sur des boucles d'oreilles en verre, l'artisane te complimente. Elle est fière qu'une jeune femme à l'allure ravissante les porte. Pauvre de toi, tu rougis, les joues couvertes de rose. C'est vrai, on te dit souvent ça ces derniers temps... Tu la remercies et jette un coup d'oeil à la vitrine pour redécouvrir ton apparence.

Moins bien que par d'autres temps. Tu te languis déjà de l'été. Cette jolie saison, avec ta jolie apparence, tu l'as passée à Arvandor, et particulièrement dans le port d'Avalon quand tu ne chantais pas. Un joli bronzage en avait résulté, qui a déjà quitté ta peau. De même pour les tâches de rousseur. Ta chevelure, elle est plutôt à ton goût, blanche, nacrée pour s'accorder à la couleur des fleurs blanches qui n'ont pas encore atteint le sol. Les pointes révèlent de petits accents jaunes, naturels, légers. Tes cheveux sont relâchés, à l'exception de deux tresses qui maintiennent l'ordre. Au-dessus de tes cheveux, des branches, la droite viens vers ton front, l'autre vers l'extérieur, telles deux cornes. Leur nature révèle la tienne, d'angias. De petites feuilles jaunes ornent les deux branches. Ce n'est pas réellement à ton goût. Ton regard se rencontre lui-même. Tes iris aussi ont pris une teinte jaune, parcourue d'éclats d'orange, dans les tons automnaux. Tu t'exerces en un petit sourire, qui révèle le léger maquillage que tu t'es permis durant ce voyage, des lèvres rosées, et un peu d'attention autour de tes cils, de tes yeux. Tu n'as pas le luxe d'y porter beaucoup plus d'attention. Ça ne t'affecte pas réellement. Enfin, tu descends, pour détailler ta tenue, toute neuve, achetée en arrivant, résultat d'un coup de coeur immédiat. Elle réplique parfaitement ton apparence d'automne, les tons sont complémentaires, c'est une robe comportant les pans et les manches qu'on pourrait voir dans d'autres vêtements. Les couleurs sont simples, pas de motifs, mais tu assorties très bien une large ceinture nouée en un flot à présentation florale, blanc, bleu, et jaune.

Tu es soudainement interrompue par un enfant qui tombe derrière toi, il courait un peu plus en avant. Il faut l'aider, ce que tu fais évidemment, bien paniquée. Tu l'aides avec grâce et élégance, sans une once de snobisme, simplement ton attitude naturelle. Impossible de le calmer, d'arrêter ses sanglots. Alors tu lui souris et commences à chanter une comptine, un chant agréable connu à travers les royaumes. Ta magie influe évidemment sur le son, pour aider à l'apaiser. Ta voix enchanteresse le calme bien assez rapidement, et amasse même un petit public de passants autour de vous. Ce serait avare de ta part de ne pas faire honneur à leur peine, alors tu acceptes d'offrir une seconde chanson, cette fois une chanson que tu as créé, combinant les tons classiques de Xing Alda avec un conte ceran.

Tu ne comprends pas bien ce qui se passe, tu venais de finir ta chanson, et on te laisse peu à peu, seulement, une jolie dame est passée dans la foule, et maintenant elle tient tes mains. Tu rougis quand elle te dit très enthousiaste que tu es parfaite. Parfaite ?! Toi ? Ton regard tente de la fuir et revient toujours vers le sien.

Tu bégayes un peu, en essayant de trouver une explication, une raison à son enthousiasme et sa proximité.

❝ Par...Parfaite...? Que- Que voulez-vous qu'on fasse ?! ❞

Ton exclamation est bien discrète, ta voix encore douce s'élève simplement un peu plus haut dû à la surprise. Tes pensées s'emballent, la machine Mia se met en route. Comme toujours... Elle veut t'épouser ?! Non, c'est ridicule, personne ne fait ça comme ça. De grandes choses ensemble, de chanter ensemble à devenir présidentes de Xing Alda, tout te passe par la tête. Tu n'as pas de telles ambitions ! Que te veut-elle ? Pauvre Miaerhia, parmi tes suppositions, certaines n'étaient pas si loin, mais te voilà toute paniquée, incapable de te poser pour mettre de l'ordre dans le désordre que la femme pleine de grâce en face est venue mettre.

Tes yeux descendent, le volume de ta voix aussi.

❝ Vous pourriez me l...lâcher ? J-je... Ah ! Pardon.. Je ne disais pas ça comme ça... Enfin, vous pouvez me tenir. Enfin non ! Ce n'est pas bien de tenir les mains des inconnus de telle façon... ❞

Tu ne saurais le lui refuser. L'inconnu a l'air si enthousiaste, et tu es très curieuse de savoir ce qu'elle te voudrait. Discuter ailleurs qu'en pleine rue... Tu essaies de ne pas paniquer ou t'imaginer les pires scénarios. Il paraît que les ruelles ne sont pas sûres par endroits. Mais ça devrait aller...? Tu ne crois pas ? Si, bien sûr, naïve. Toute contente, tu acceptes.

❝ Oui, si vous voulez...? Oui, allons-y ! ❞

Tu formules ta pensée deux fois, la deuxième moins timide. Où allez-vous, a-t-elle un endroit à l'esprit ? Tu passes une mèche qui vacille entre deux couleurs autour de ton index. Tu la suivras là où elle veut aller, en jetant tout de même de nombreux coup d'oeils autour pour t'assurer du lieu. Le reste du temps tu t'émerveilles devant sa grâce, ses pas.

❝ Comment vous vous appelez ? ❞

Ah. Tu t'es ratée, tu hésites à t'excuser de l'informalité de ta question. Enfin, on a l'impression que tu mènes une interrogatoire maintenant... Ce n'est pas très bien. Et si elle le prenait mal ? Du coup, tu n'oses pas en rajouter.

Le doute t'étreint alors que tu las suis. Tu réalise peu à peu qu'elle ne sait pas réellement où elle va. Evidemment, il n'y a aucune chance que tu saches où aller, tu n'as pas assez visité Fang. Malgré tes hésitations, tu laisses tes pas filer ceux de l'inconnue... Dont tu ne connais pas encore le nom. Même ta douceur habituelle n'atténue pas complètement l'agacement que tu ressens qu'elle ne t'ai toujours pas plus parlé. Vous tracez un chemin silencieux au milieu des voix qui s'entrelacent dans un vacarme alarmant. Tu surprends les questionnements de la dame que tu suis à plusieurs reprises, il semblerait qu'elle-même ne soit pas sûre. Le fait qu'elle se donne beaucoup de mal adoucit tes pensées. Peut-être qu'elle n'est pas très polie, mais elle est passionnée. Et... Tu la trouves jolie. En fait, la voir te donne des idées de tenues et coquetteries, au-delà de son aspect naturel et personnel. Tu songes que c'est peut-être elle qui apporte à ses atours plutôt que le contraire.

Vous vous arrêtez, les doutes quant à sa proposition flottent toujours dans ton esprit. Et si elle voulait vraiment te proposer quelque chose de très important...? Qui vous engage toutes les deux ? Et si cette inconnue un peu indélicate de premier abord se révélait aussi intense avec toi que sa manière de chercher désespérément un endroit où parler ? Et que veut-elle te dire ?! La perspective vertigineuse te provoque quelques moments d'absence légère, perdue dans tes pensées comme en méditation. C'est ce que tu fais chez toi, chaque fois que tu fantasme l'idée qu'un ou une telle t'as parlé aussi attentionnément parce qu'il y a quelque chose entre vous. Puis tu te refuses à ces pensées, évidemment. C'est quelque chose qui t'arrive aussi dehors, souvent à Cerah, dans les forêts. Gare à toi, le vaste monde est bien plus dangereux que ces lieux de tes habitudes.

❝ J-je... Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous appeler... Est-ce qu'on ne se précipite pas un peu trop ? E-et si on s'asseyait dans un parc ou un petit établissement pour évoquer tout ça ? C'est que...! Je voudrais apprendre à vous connaître avant. ❞

Tu hésites, et le quiproquo s'ancre. Rien n'est sûr et tu ne sais même pas vers quoi exactement tu te méprends, juste que le cheminement habituel induit de se connaître mutuellement.

Ton regard d'or explore les alentours, pour trouver que, oui, vous êtes dans un parc. Tu trouves un banc à l'abri derrière des feuillages, alors tu la tires gentiment par le poignet pour que vous preniez toutes deux place sur le banc.