Quand on annonce à Luan qu'il doit se rendre à Xing Alda, il est tout content, sa queue de Cao Van remue joyeusement - mais doucement - de droite à gauche et vice versa. Mais lorsqu'on ajoute que c’est pour des raisons diplomatiques, elle se fige et ses oreilles animales se baissent d'un coup. L'ascenseur émotionnel visible quand on fait partie de la catégorie des hommes bêtes. La paresse déteste la diplomatie, la politique et tout ce qui ne se résume pas à flâner, rêvasser, se laisser aller ou dormir. Il n'écoute même pas ce qu'on lui raconte, il connaît la base, il doit représenter Cerah dignement et tout ce qui va avec.

Après quelques jours de préparatifs puis de voyage, Luan arrive à Fang. Ça lui évoque toujours tellement de souvenirs. Pourtant, l'enfant noble et chouchouté qu'il était ne sortait que très peu de la demeure familiale. Mais c'est un tout, le soleil, les couleurs, les odeurs, ça réveille des choses en lui. Comme à son habitude, il est accompagné de Lyga, son serviteur, et de Sunfang, son garde du corps. De toute façon, il refuse de partir sans eux. Le premier s'occupe de sa longue chevelure comme personne et le second veille à sa sécurité.

Concernant la Gourmandise, il a déjà eu l'occasion de le rencontrer à plusieurs reprises. Et il était déjà l'élu lorsque Luan est né. C'est un sacré bonhomme, un maudit dont l'apparence n'est pas aussi repoussante que ce que l'on attend d'un maudit. Il est même un peu rigolo. Et, bien sûr, chaque fois qu'il le voit, la paresse se demande si faire une sieste sur le ventre de Xu Ming serait agréable. A priori, ça a l'air.

À propos de gourmandise, il n'est pas venu les mains vides mais avec quelques spécialités de Cerah. C'est la moindre des choses lorsqu'on rencontre l'élu de Laethe. Évidemment, ce n'est pas lui qui porte le paquet contenant des délices de Cerah, c'est son serviteur.

Il est accueilli à l'embrassade avec le respect dû à un élu, mais pendant qu'on lui parle, il pense déjà à faire une sieste. La chaleur de Xing Alda est tellement propice à l'inactivité. Il sourit à la Gourmandise lorsque celui-ci fait son apparition. Comme à leur habitude, son servant et son garde du corps s'inclinent en signe de respect.

“Mon cher ami, quelle joie de te revoir. Quelle joie de revenir à Fang. Oh, je t'ai ramené quelques douceurs de Cerah, préparées par nos meilleurs cuisiniers.”

Il est fier de lui et fait signe à Lyga d'apporter l'imposant paquet à Xu Ming. L'élémentaire d'eau s'exécute. Quant à sa façon de parler, il est fidèle à lui-même, amical et assez peu formel, mais cela n'enlève en rien le respect qu'il a pour la Gourmandise. Même s'il est très calme, on peut sentir un peu d'enthousiasme dans sa voix.

Luan sourit lorsqu'un serviteur lui apporte un cadeau, sa queue de Cao van battant doucement l'air, signe qu'il est ravi. Un livre, c'est toujours un merveilleux présent. La paresse aime oublier le monde réel le temps d'une lecture. Xu Ming le connaît bien, depuis le temps. Il ouvre le paquet et admire la couverture.

“Merci bien, il me tarde de découvrir cela.”

Il sert le livre contre lui, il connaît les œuvres de Xing Alda, depuis tout jeune il dévore les romans de son pays natal. Posséder une œuvre récente de ce royaume si cher à son cœur le touche vraiment. Si bien qu'il acquiesce lorsque la Gourmandise l'invite à travailler. C'est un petit miracle en soi et cela ne durera pas, mais il faut quand même noter cet élan de "diligence". Le terme est fort, certes.

Il suit donc l'élu jusqu'à ladite salle de conférence. Lyga et Sunfang suivent leur maître, s'arrêtant à la porte, leur présence n'étant pas requise, ils restent en dehors des affaires des élus mais prêts à intervenir s'ils sont demandés. Le cluasan confie son livre à Lyga avant d'entrer. L'objet est entre de bonnes mains et il le sait.

“Parle moi donc des nouvelles de Xing Alda, mon ami, tu sais comme ces lieux me tiennent à cœur. Si l'orée d'émeraude est ma maison, Fang est mon berceau.”

Ce n'est pas le sujet, mais il a quand même le droit de se tenir au courant de ce qu'il se passe dans le royaume de la Sainte Sauveuse. Si aujourd'hui, il ne désire plus fuir Cerah pour revenir dans son pays natal, il garde quand même un attachement à ce lieu qui a bercé son enfance. Le manoir de sa jeunesse appartient désormais à d'autres nobles, mais les souvenirs n'ont rien perdu de leur douceur.