Tu t’es faite jolie.

Ou du moins, tu as fait des efforts, sans trop savoir si c’est payat ou non. La coiffure, on t’a même fait une remarque dessus. Que ça te changeait. En bien, en mal ? Dur de savoir, mais au moins, ça a été remarqué. La tresse complexe est faite pour mettre en valeur tes cornes, auxquelles en plus des anneaux de tes frères sont accrochés divers bijoux. Et même, lorsque tu as fini ton travail, tu as passé une jupe. Chose étrange, presque désagréable, mais … mais ça te va sûrement ? Avec, un chemisier blanc, simple, une capeline légère sur tes épaules.

Tu avais même tout prévu. Envoyer Vikka en exercice quelque jours dans les montagnes - ça lui fera avoir des contacts avec ses condisciples, en plus - et l’excuse. Ton plan était pas mal, à défaut de bien. Un collègue m’a dit qu’un de ses parents décédé l’a prévenu d’une pluie d’étoiles, ça te dit d’aller braver la montagne de nuit pour profiter d’un potentiel spectacle ? et tu pouvais même avancer que Vikka n’était pas là pour justifier, si jamais il y avait des questions sur pourquoi ça tombait sur lui.

Aucune faille.

A priori.

Mais ça s’est arrêté là. Tu es devant sa porte, un tonnelet sous le bras et un sac bien plein sur l’épaule. Tu frappes, attends quelques instants avant d’entrer. Heureusement, c’est pas fermé à clef.

“Varin ? C’est Lilienthal, un collègue à toi m’a dit que tu étais malade alors… j’ai ramené à manger ?”

D’un pas léger tu t’avances au milieu de la pièce avant de froncer du nez. Le feu est mort, la bougies du lustre sont éteintes, plongeant la pièce dans une pénombre de début de soirée. Un soupir, tu déposes tes affaires sur une chaise plutôt que la trop haute table. De toute évidence, il n’est pas dans la salle principale de l’habitation. Rapidement, tu vérifie qu’il n’est pas dans la salle de bain, avant de grimper sans hésitation. S’il n’est pas bien…

“‘Rin ?”

Tu t’approches du lit, repérant sa silhouette facilement, et tu te hisses au niveau de ses épaules pour t’asseoir.

“Hey, j’suis venue voir comment tu allais…”

Ta main vole jusqu’à son front, à la recherche de température ; si tu es un peu déçue de voir ton super plan tomber à l’eau, tu es contente qu’il ne soit pas seul, s’il est vraiment en mauvais état…

A Vollheim, en général les plus faibles meurent jeunes ou bien sont réduits à des métiers d'intérieur, sans trop sortir vu la rudesse du froid. Les gens sont plus souvent au lit pour une blessure que pour une maladie. Et pourtant, cette fois, Varin est bien sous la couette car il se sent affreusement mal et pas parce qu'il a été blessé par une bestiole. Il a mal au crâne, il a bien trop chaud et bien trop froid en même temps, et il a des énormes tensions dans les muscles, notamment le dos. Sans même parler de sa gorge sèche d'avoir toussé, de son nez digne d'un fleuve, ou de ses yeux rougit par la fièvre.
Non, clairement, il est dans un sale état et il aurait bien explosé la tête du virus qui l'a mit aussi mal. Il alterne entre l'éveil et le repos, sans avoir d'autre indication de temps que la lumière qui entre dans la maison. Il juge que ça doit bien faire deux nuits qu'il est comme ça. Il s'est traîné en bas à un moment pour manger le peu qu'il a pu et surtout pour boire, mais c'est tout. Son lit est son meilleur ami.

Il ferme les yeux, essayant de se rendormir... lorsque ça toque soudain. Uh ? Il n'attend par de visite, pourtant... Il ne répond rien, bien conscient qu'il n'a pas la force de crier et encore moins de se lever et ouvrir. Quand il entend la porte grincer, il fronce et se redresse comme il peut pour s'assurer que ce n'est pas un voleur et...
Oh. Cette voix.
Un sourire vient s'afficher sur ses lèvres, tandis qu'il reste assis sur le lit. Il lui fait un petit salut lorsqu'elle monte les escaliers mais se recouche vite en se remettant bien la couette par dessus. Il fait si froid... en même temps il n'a pas allumé le feu depuis un moment.

- Salut Lili'...

Il est heureux de la voir, et en même temps il est en colère contre lui-même d'oser la recevoir alors qu'il est si affaiblit. Son honneur en prend un coup, mais il est bien trop fatigué pour s'agacer. Elle s'assoit sur le bord du lit et il se redresse juste assez pour venir poser sa tête sur les genoux de la draconide. Il y ferme les yeux, profitant de sa chaleur.

- Tu t'es faite toute belle dis donc...Tu avais prévu quelque chose ? C'est gentil... de venir me voir. Désolé de te recevoir comme ça, j'sais pas c'que j'ai...

Sa présence le réchauffe un peu, là au creux de la poitrine. Il a peur qu'elle soit repoussée, mais au fond il est persuadé qu'elle ne lui en tiendra pas rigueur. Qu'elle s'inquiète surtout pour lui. Il faut juste qu'il fasse taire cette petite voix qui dit qu'elle va se moquer, l'abandonner.

Il a le front brûlant, et Lilienthal peut sentir qu'il transpire un peu quand elle y pose sa main. Tout indique une jolie grippe ou quelque chose du genre. C'est violent, en tout cas. Il rouvre les yeux et lui sourit, levant une main pour venir la glisser sur les bijoux d'une des cornes de Lili'. Elle se fait rarement aussi belle... ça l'intrigue.

- T'es vraiment la plus jolie des draconides.

Aaaah la maladie... ça fait un peu délirer et ça délie les langues. Dans le cas de Varin, ça fait juste tomber la derrière barrière entre son cerveau et sa bouche.

Au moins Varin est-il en état de bouger, puisqu’immédiatement il pose la tête sur tes genoux. Tu ne le repousses pas, lui laissant prendre la position qu’il préfère, et tu réponds à son sourire fatigué. Rapidement, de son front brûlant tes doigts volent vers ses cheveux, que tu lisses en arrière alors que le compliment te fait rougir. Heureusement, il ne peut rien voir, rien réaliser. C’est bizarre, de chercher à attirer l’attention, le regard d’autrui, pour autre chose que des prouesses martiales. Et de réaliser que ça a fonctionné…

“A la base je pensais te proposer de venir voir les étoiles dans la montagne, enfin, un collègue à moi a entendu dire qu’il y aurait des chutes d’étoiles filantes et je me disais que… Mais, quand je suis venue te voir, on m’a appris que tu était au lit, alors…”

Wow. Bravo la prouesse, l’élocution, la grande classe. Tu soupires, observant son état. Deux, trois jours au lit peut-être, pas lavé, pas brossé… Le pauvre. Si l’odeur n’est pas idéale - mais bon, parfois sur le front, vous ne sentiez pas la rose non plus - elle n’indique au moins aucune plaie qui aurait pu commencer à être purulente. Ca a quelque chose de rassurant…

Et tout à ton examen certes superficiel mais soigneux, tu te figes lorsqu’il frôle ta corne, pourtant insensible, et les quelques bijoux qui y sont accrochés. Tu voudrais plutôt qu’il touche ta joue, et tu t’en veux. Tu es bien atteinte, de toute évidence, et tu sais que ça ne servira à rien.

“Tu… La fièvre t’es montée à la tête à ce point ?”, tu plaisantes, repousses le compliment qui pourtant te fait extrêmement plaisir. “J’ai de la soupe de caillou que j’ai acheté à Fjord ; il y a mis des grenats, tu sais que c’est bon pour la toux. Et de la viande aussi. Déjà cuite. Un pain pour aller avec, et du jus d’airelles.”

Ouaip, tu avais tout prévu de votre picnic, sans même savoir s’il allait accepter.

“Je vais rester un peu si ça te va ? Il fait froid, je peux faire du feu, allumer un peu de lumière… Dis moi ; je ferai tout ce dont tu as besoin.”

Des étoiles filantes... c'est joli, ça, oui. Il aurait bien aimé voir ça. Mais aussi grand guerrier qu'il soit, il ne peut nier qu'il n'est pas du tout en état de sortir. Est-ce que c'est lié au fait qu'il sorte torse nu la moitié du temps ? Peut-être, mais jamais il ne va l'avouer. Il adore ressentir le froid, d'habitude. Juste... pas là. Là, non, il veut juste la chaleur de sa couette et celle que lui apporte Lilienthal. Il sourit en l'écoutant, se faisant la réflexion qu'elle est quand même très gentille d'avoir lâchée son idée d'aller voir les étoiles filantes pour plutôt lui rendre visite. C'est comme ça qu'il voit les choses, en tout cas.
Le voilà qui la complimente, tout sourire, les yeux un peu brillants de fièvre et sa main sur une corne joliment ornée. Ça la change beaucoup, mais il aime bien cette version là aussi de son amie. Il l'adore en guerrière, mais il aime bien la voir tester ainsi des choses... Et puis il voit bien qu'elle apprécie le compliment, malgré ce qu'elle dit. Il sourit encore plus, peut-être de façon un peu stupide. Sûrement, même.

- Super ça, ça va me réchauffer et ça va me faire du bien. Merci Lilienthal. Mais tu aurais pu aller profiter des étoiles filantes, je t'en aurais pas voulu...

Mais même s'il dit ça, il n'enlève pas sa tête de ses genoux. Il veut la garder près de lui, parce que sa présence lui fait extrêmement plaisir. S'il a parfois besoin de faire des « pauses » de ses amis le temps de se reposer, il a le sentiment qu'il pourrait supporter la draconide tous les jours ou presque.

- Je veux bien que tu restes oui... t'es trop gentille. J'ai un peu froid, je veux bien que tu allumes le feu s'il te plaît... et puis comme ça tu pourras réchauffer la soupe.

Il n'a pas envie, mais il relève la tête pour se pousser un peu et la laisser se relever, non sans la regarder avec un air tout doux et désolé de l'embêter comme ça. On a parfaitement le droit de faire trois mètres de haut et de vouloir qu'on prenne soin de soi, non ? Mais il s'en veut quand même de l'empêcher d'aller voir cet événement... Pff.

La maladie l'embête, il a hâte que ça se calme et que sa fièvre passe. D'ailleurs, sa douleur à la tête augmente un peu et il finit par se cacher le visage sous la couette pendant qu'elle est en bas. La lumière est un peu difficile à supporter...

Tu sais que tu n’es pas la plus douée pour exprimer des choses plutôt intimes, surtout dans un domaine où tu n’as pas vraiment d’expérience. Mais là, Varin te donne l’impression de ne réellement pas saisir les indices qui te semblent, à toi, plutôt évidents.

“Hm… La fièvre te transforme pas en l’épée la plus aiguisée du ratelier, hein ?”, ce serait le moment idéal pour lui dire que tu voulais y aller avec lui, mais… “J’voulais pas y aller seule…”

C’est presque pareil, non ? Non, tu sais bien. Le plaisir que ça peut procuter, de savoir qu’on est vraiment la personne dont l’autre cherche la présence. Un soupir, tu continues à passer tes doigts dans ses cheveux en écoutant ses doléances. De la chaleur, à manger, rien qui ne soit hors de ta portée. Lorsqu’il écarte sa tête, tu te redresses, lissant les plis de ta jupe d’un mouvement réflexe.

“Je vais m’occuper de ça. Tu as rangé la fourrure de vintirak quelque part ? Elle te tiendra chaud aussi…”

Tu hésites, profite un peu, pose un baiser frais sur son front. Rapîde, sans oser réellement t’appesantir sur quoi que ce soit qui pourrait être trop flagrant.

“Je reviens.”

Tu redescends, t’activant en premier lieur à rallumer le feu. Rien n’est à ta taille ici, pas même le maître des lieux, et pourtant tu t’y sens étrangement chez toi. Les énormes bûches finissent par prendre feu, le lustre éclaire enfin la pièce et tu verses le tonnelet de soupe dans la marmite au-dessus de l’âtre pour la faire réchauffer. En attendant qu’elle réchauffe, tu traines une chaise jusqu’au plan de travail, récupérant à ta ceinture un petit poignard pour découper la viande en petits morceaux qu’il n’aura pas à mâcher, mais qui donneront du goût à la soupe et de l’énergie à ton ami. Un sourire quand tu vois la taille des bols, tu te rabats sur une tasse plus “petite” pour toi. Tout est trop grand, mais vos repas sont prêts rapidement et tu te rinces les mains avant de remonter. La soupe sent bon, les pierres au fond rajoutent un bruit discret lorsque tu remontes les escaliers. Tu te décharges du gros bol avec un soulagement évident, le fumet embaumant la pièce et dissimulant un peu l’odeur de maladie. Oui, il faudrait sûrement aérer, changer les draps, le laver… Mais il y a des limites à ce que tu peux faire - comme déplacer ou manipuler quelqu’un qui fait deux fois ta taille.

“Tu te sens de te relever un peu pour manger, ou je te nourris ?”

Te voilà assise sur le lit à nouveau, attendant de voir l’état de ton malade pour savoir quoi faire.