Une situation des plus ordinaires, en sommes, concluez-vous pour vous-même quand elle finit de vous partager l'état de sa vie personnelle. Vous ne paraissez pas plus ému ni plus enclin à la sympathie que ça, pourtant ; l'évidence est assez claire quant au fait que, la seule chose qui cloche dans ses affaires, c'est elle.

Le mouton noir de sa famille qui, aux vues de son caractère et de ses croyances, n'a pas fini de faire crier ses deux parents.

« Vous faites un bien mauvais parti », commentez-vous une fois qu'elle a fini, à moitié acerbe, à moitié réaliste. Connaître l'histoire de Lise vous permet au moins de vous rendre compte que la vôtre n'est pas aussi lamentable que vous pouvez parfois le penser. Vous, au moins, vous savez en quoi, en qui vous croyez.

Et vous avez effectivement quelqu'un à qui penser quand vos idées les plus noires prennent le pas sur votre esprit. Une chose assez étrange, qui vous pousse à croire que la Lune vous lance des avertissements tels qu'ils chamboulent votre magie. Vous êtes hélas bien incapable de les comprendre et votre présence au Temple de la nuit est votre seul rempart contre ces visions cauchemardesques.

« Je me demande ce que ma mère vous trouve. Pourquoi s'attache-t-elle autant à vous alors que vous piétinez la culture et les traditions de ses ancêtres ? »

Simple question. Si elle avait fait preuve d'un instinct particulièrement philosophe, d'idées nouvelles, de réflexions avant-gardistes, il est improbable qu'elle ait pu devenir "l'ombre" de la Reine et le rester pendant treize ans, comme elle le dit si bien.

« J'imagine qu'elle aspire à vous mettre vous aussi sur la voie qu'elle a imaginé pour vous. Elle ne vous aurait pas demandé de profiter de vos entretiens avec toutes ces pimbêches pour rencontrer leurs frères par hasard ? »

Soudain, on dirait que vous lui en voulez, à elle aussi, de profiter de votre situation pour s'enrichir personnellement. Même si ces suspections-là ne tiennent à rien, ne relèvent de rien, votre expression s'assombrit et vos yeux s'éclaircissent alors que vous abandonnez votre tête contre le dossier de votre chaise sans plus accorder d'attention à ceux qui vous entourent.

Bien évidemment que tu es un mauvais parti. Tu baisses les yeux, la moue renfrognée d’agacement malgré cette vérité douloureuse. Qui accepterait de t’épouser, si ce n’est pour ton statut de noblesse ? Qui prendrait le risque d’être mal vu à ton bras, alors que tu n’es pas capable de te taire et rentrer dans le moule d’une société matrixée ?

« Que voulez-vous que je vous réponde ? Je sais bien que je ne suis pas bonne à marier. Je ne fais aucun effort à ce niveau là. » Pourtant nul doute que tu pourrais apporter soutien et bonheur à ta moitié, si il ou elle n’était pas hermétique à un peu d’excentricité.

Sa question concernant son Altesse, sa mère, te fais hausser les épaules. Il est vrai que la relation de confiance que tu entretenais avec la Reine était toute particulière et presque unique. Plus que son ombre, tu étais sa confiante et elle était la tienne. Tu étais plus qu’une espionne, tu étais son bras droit, la soutenant dans ses agacements et ses doutes et ce, qu’importe le sujet. Tu étais à sa disposition la plus absolue et elle faisait partie des gens à qui tu ne pouvais rien refuser.

« Je me permets de vous corriger. Je ne piétine ni les cultures ni les traditions. J’ai énormément de respect pour la Sainte Lune et l’église, mais est-il préférable que je sois sincère ou au contraire, devrais-je mentir et manquer de respect à la religion ? Les enseignements de mes parents n’ont jamais réussi à m’atteindre, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je ne dis pas que je serais comme ça toute ma vie non plus, son Altesse votre mère est bien déterminée à me faire changer mais ça prendra le temps qu’il faudra. »

Et si ça doit prendre vingt, trente ans, tu ne forcera pas le destin. Ceci étant, tu sais que la Reine n’est pas idiote et qu’elle est prête à te mettre dans des coups foireux pour provoquer ce destin dont tu sembles avoir si peur. Prise de court par le roi, ton expression change du tout au tout : tu cherches tes mots, la gorge un peu serrée en riant d’un air un peu gêné et pris sur le fait.

« Elle espérait que je trouve un homme dans le tas, pour moi effectivement. Mais je suis compliquée moi aussi vous savez ? » Tu avais besoin d’un soutien, quelqu’un capable de te comprendre pour te pousser à finir au sommet, quelqu’un qui saura te rendre heureuse. Qui acceptera tes différences pour t’accepter telle que tu es vraiment.

« Vous savez, son Altesse votre mère m’a déjà fait comprendre que … je pourrais devenir une bonne princesse. Je crois qu’elle est vraiment déterminée à vous trouver une épouse. »

Reposant les dossiers sur la table, tu croises les bras, un peu gênée en te contentant de rire pour espérer chasser cette remarque de la discussion. Franchement, toi princesse ou reine ?

Vous lui retournez un sourire quasiment invisible et un regard perplexe ; que ce soit sa capacité à changer ses croyances ou à faire une bonne princesse, vous doutez visiblement de ses mots.

Et s'ils ont vraiment été ceux de votre mère, alors vous doutez qu'ils aient été porteurs d'autre chose que de cette noble condescendance dont la Reine ne sait que trop bien se jouer pour arriver à ses fins.

« Vous n'y croyez pas vraiment, j'espère. »

Vous êtes bien moins aimable qu'elle et vous n'avez certainement pas hérité de sa prévenance maternelle. Si Alta Victoria se voit en matrone pour tout son peuple, vous, Alter Victoria, ne vous voyez qu'en rédempteur. Même si vous ne percevez plus vraiment la voie de votre propre Salut en ce moment.

« Vous ne changerez pas, et vous ne prendrez pas d'époux non plus. Peut-être nous ressemblons-nous sur un point, finalement. »

Vous êtes catégorique, à tel point que vous semblez projeter sur elle ce dont vous êtes certain vous concernant. Peut-être avez-vous davantage besoin de trouver quelqu'un avec qui partager les maux de votre âme que vous ne le laissez paraître avec votre froideur et votre rigidité.

« Pourquoi avoir accepté de vous livrer à cette revue de la noblesse disponible, quand vous-même n'acceptez aucunement la mascarade du mariage arrangé que vous obligent vos parents ? »

Vous penchez la tête, plissez les yeux, sérieusement intéressé par le paradoxe de la chose et le miroir de vos positions.

Tu le sens suspicieux, il n’est pas certain de tes dires, ça se voit, ça se sent, ça pue l’hésitation. A tel point que tu souris, joueuse, désireuse de le tourmenter de tes paradoxes grotesques. Tu ris, toi une bonne princesse ? Une reine suffisamment bonne pour ses sujets ? Tu savais la Reine-Mère rusée, mais jamais tu n’as compris sa manière de penser concernant le mariage de son très cher et protégé fils.

« Et pourquoi pas ? Vous ne me connaissez pas. Si ça se trouve je suis une épouse exemplaire. » Une bonne conseillère, un pilier forgé dans la plus dure des arcanites, inébranlable, une ombre furtive sur lequel on peut toujours compter.

Au fond, tu pourrais l’être. A ta manière. Loin de l’hypocrite noblesse te faisant perdre la tête.

« Peut-être qu’on se ressemble effectivement, et plus que vous ne voudriez le vouloir. Par contre, je vous déconseille d’émettre de telles certitudes à mon égard, qui vous dit que je ne joue pas un jeu ? Et que j’attend peut-être la bonne personne pour me marier ? »

Celle qui te correspondra, qui saura te faire grandir, de t’élever au sommet. Qui saura faire de toi la Reine que tu mérites d’être. La sienne, et qui acceptera les pires défauts ancrés dans ta chair. Descendant de la table de jardin, tu laisses tes talons claquer contre le sol, inquisiteurs en t’éloignant légèrement du meuble, bras croisés, pour lui faire signe de te suivre en te rapprochant de lui : il avait beau être blessé, il n’était pas aux portes de la mort et marcher un peu ne pourra lui faire que le plus grand bien.

« Vous parlez de sujets bien différents. La revue de la noblesse est un ordre de votre mère, une part de mon travail. L’autre concerne ma vie personnelle. Et le travail passera toujours avant ma propre existence. » Parce que c’est comme ça que tu as appris à exister. « Nous n’avons pas non plus le même statut. Je suis noble, vous êtes prince. Nous avons nos ressemblances mais aussi nos différences. Le peuple se fiche bien que l’ombre de la Reine finisse vieille fille, ce qui n’est pas le cas du futur Roi de Clara Nocte. » A sa hauteur, tu viens appuyer un doigt contre son torse, juste au-dessus de sa cicatrice, pour le tapoter et insister fermement sur le fait que tu parlais de sa personne. « Levez vos fesses princières je vous prie, on va marcher un peu. »

Une épouse exemplaire, certes, mais une reine à la hauteur des exigences d'un peuple particulièrement orgueilleux… Vous doutez. Et les propos de Lise, la manière qu'elle a de se défendre des vôtres, ne fait que grossir ces doutes.

Peut-être n'a-t-elle pas tout à fait conscience du devoir imposé aux époux et épouses des Majestés Victoria : ils n'ont de rôle dans ce royaume que celui de procréer et de faire beau. Ils ne sont choisis pour rien d'autre que leur statut et leur savoir-être. Le sien, par exemple, est plutôt lamentable.

Et encore, elle voudrait vous mettre en garde et vous faire croire que cette personnalité tout en vagues et secousses est un jeu. Qui qu'elle soit lorsque personne ne la regarde n'a pas la moindre espèce d'importance à vos yeux : ce qui compte, c'est la réputation, et l'avis que vous vous faites de la sienne est médiocre.

Vous ne lui direz rien de cette opinion. Ni du reste. Votre regard seul suffit certainement à lui faire comprendre que ses mots n'atteignent pas leur cible et que vous restez hermétique. Vous buvez, alors qu'elle continue à vous expliquer ce qui vous différencie, pourquoi elle a accepté de jouer ce rôle d'entremetteuse sur ordre de votre mère, et vous avez la décence de vous retenir de soupirer en finissant calmement votre verre, au fond duquel vous jetez vos yeux comme deux voyants éteints si vous aviez été une machine.

Cette conversation et les obligations que la main de la Reine vous rappellent, vous donnent particulièrement envie de vous jeter du haut du Temple. Quand vous tournez la tête pour en constater la hauteur et la faisabilité de la chose, c'est la lassitude et les désillusions sous lesquelles vous croulés depuis votre accident qui vous donnent le vertige. Le doigt de Lise qui appui sur votre torse est un peu la lame qui va de paire avec votre couronne.

« Je pourrais bien ne jamais avoir d'héritier, lâchez-vous tout de go, alors que vous attrapez le poignet de l'espionne avec une fermeté guerrière. Inquisitrice. Autoritaire.

— Ne s'est-elle jamais posée cette question ? Et vous ? Elle n'était pas faite pour m'avoir, après tout. Alors… »

Vous n'irez pas marcher. Et même si cela n'est pas très cordial, vous cédez aux provocations de Lise : vous aussi, vous vous autorisez des gestes et des mots que vous ne devriez pas avoir en sa présence.

« … Qu'est-ce qui vous pousse tous à croire que je serai digne d'être Roi, un jour ? Qu'est-ce qui vous fait croire que je souhaite le devenir et perpétrer les traditions de mon nom ? »

Vous vous redressez, contractant vos abdominaux, juste pour vous rapprocher d'elle et dispenser un peu de vos ténèbres personnelles dans l'oreille de l'elfe.

« Peut-être que, moi aussi, je joue un jeu… Un terrible jeu, qui ne fera pas de moi un Père, ni pour un enfant, ni pour le Royaume… »

Tu sais que tu joues à un jeu dangereux et qu’il ne te laissera pas gagner facilement. Qu’il cherchera autant que toi à avoir le dernier mot de vos provocations sans fin. Tu secoues la tête, échappe un soupir désespéré, bruyant pour lui montrer ton agacement. Il t’agace, lui non plus ne prend pas son rôle au sérieux mais pouvais-tu lui en vouloir de ne pas entrer dans les clous ? La société elfique se préoccupait trop des apparences et du titre de sang, délaissant son peuple derrière de faux semblants.

« Je serais très mal placée pour vous dire commencer agir, mon prince. »

Prisonnière de sa prise, tu es bien obligée de rester penchée, au-dessus de lui, tes yeux d’azur aussi inquisiteurs de les siens, digne du rôle dont tu t’es parée il y a bien longtemps. Tu tiendras bon face à lui et à aucun moment tu ne fléchis les genoux pour satisfaire son autorité.

« Cependant, vous êtes un cadeau de la Lune pour votre mère. Je n’ai nullement le droit de me poser cette question, vous devriez le savoir. J’exécute les ordres de son Altesse votre mère, que je sois d’accord avec ou non. »

Tu n’as pas ton mot à dire. Tu as beau sortir des rangs et agir d’une manière peu conventionnelle, jamais tu n’as failli à ta tâche. Jamais tu n’as déplu à sa Majesté et tu seras toujours derrière elle, tel un chien obéissant aux ordres de son maître sans jamais les remettre en doute.

« Personne n’échappe à son destin. Ni vous ni moi. Vous pouvez cependant choisir d’être acteur de votre évolution ou spectateur du monde qui finira par évoluer autour de vous. »

Toi, tu as choisi de prendre le tien en main. Tu ne laisseras pas ton entourage décider pour toi, tu seras maître de tes décisions, de ton futur, qu’importe les relations que tu finiras par entretenir avec ta famille. Et si tu devais perdre jusqu’à ton nom pour rester actrice de ta propre pièce de théâtre, alors tu le feras sans la moindre hésitation. Le menton bien relevé, les traits de ton faciès tirés en une expression sévère, tu jauges l’homme en te tenant bien droite sur tes talons pour te grandir au maximum. Ses lèvres proches de de ton oreilles ne peuvent que t’arracher un frisson d’appréhension.

Il est sérieux, autant que toi.
Et lui possédera toujours un statut supérieur à toi.

Que dira la reine si elle venait à apprendre que tu avais maltraité son fils ? Quand bien même il ne s’agirait que de fabulations de sa part ?

« Dites donc mon prince, vous vous rapprochez de plus en plus. » Tu ris, tes lippes remontées en un sourire félin, toujours aussi provoquant. « Entre vos regards, vos paroles et vos gestes je vais finir par croire que je vous intéresse. Vous seriez du genre à accepter un mauvais parti juste pour emmerder son Altesse. » Tu tires sèchement sur sa prise pour libérer ton poignet, toujours plus grande que lui, sévère avant de rapprocher tes lèvres de son oreille à ton tour. « On ne m’avait pas prévenu que vous étiez un si mauvais garçon. »

Quoique vous ayez tenté de tester chez elle, elle reste imperturbable. Peut-être même plus digne que vous et plus sûre d'elle que jamais.

Contrairement à vous, qui laissez ses mots bercer votre esprit ou, en tout cas, s'y infiltrer avec trop de raison. Les lois du destin sont des affaires qui vous touchent à tous les coups.

Perturbé, vous hésitez à la lâcher, quoique la certitude d'être encore ancré dans la réalité — plutôt que dans vos propres ténèbres — ne tient finalement qu'à ce contact sévère de peau à peau. Lorsqu'elle rit, moqueuse ou prétentieuse, le silence austère du Temple de la Nuit se fait d'autant plus lourd que Lise est la seule à trouver de quoi rire à vos provocations.

Vous comprenez qu'elle ne vous prendra pas au sérieux de sitôt et que la laisse qui tient sa fidélité en place appartient tout entièrement à votre mère.

« On ne vous a pas prévenu de grand-chose, apparemment. »

Vous sentiriez presque la malice de son sourire dans le miel de son souffle contre votre oreille et la chose vous répugne rien que d'imaginer avec quelle fierté indigne elle se tient au-dessus de vous. Trop contente de vous rabaisser à ce rôle de poupon miraculeux que vous garderez toujours aux yeux de la Reine et, de facto, aux yeux de tous ceux qui n'ont de regards que pour Elle.

Mais regarder Alta revient à rester figé dans un inflexible passé que le changement des ères a rendu obsolète. De ça, vous êtes persuadé, et s'il vous faut être considéré comme un mauvais héritier dans votre course à l'évolution, c'est un sacrifice que vous êtes prêt à faire.

Vous en prenez doucement conscience, alors que Lise a toujours sur vous cet ascendant que vous abhorrez.

« Il semble que vous ayez fait fausse piste dans vos recherches. Votre orgueil vous a certainement fourvoyé. Ne vous avisez pas à reposer vos pattes intéressées sur ma personne. »

Même jeu qu'elle, qui ne fait que suivre l'air et la musique que dicte Sa Reine. À ceci près que vous ne souriez pas en effleurant des yeux son oreille pointue, et que vous cherchez à la pousser dans ses derniers retranchements pour la faire lâcher ou regretter son impudence.

« Vous devriez retourner à vos affaires. Je ne manquerai pas de faire connaître l'issue malheureuse de votre quête à la Reine. »

Vous lui intimez de reculer, sans la lâcher tout de suite cependant, à moins d'être certain que votre sanction ait été comprise et enregistrée. Alors, vous la regardez une dernière fois en face, vos yeux trop lumineux perçant une obscurité que d'aucuns ne sauraient reconnaître dans cette éternelle Nuit qui vous surplombe tous.

« Vous pouvez raccompagner notre invitée à l'entrée du Temple, Vesper. De toute évidence, elle n'est pas la bienvenue dans les Grâces de la Sainte. »

Tu ne cessera d’être taquine avec lui. Joueuse jusqu’à l’excès en frôlant l’irrespect. Mutine jusqu’au bout. Te redressant finalement, tu jauges le prince de la tête aux pieds, silencieuse mais vicieuse, tes doigts frôlant l'accoudoir, puis son bras, avant de finalement t’éloigner de lui pour aller récupérer le reste de tes documents et les trier brièvement, dans leur ordre originel pour ne pas te perdre.

« Je ne m’arrête jamais à un échec mon Prince. J’ai bien plus d’une corde à mon arc, je vous l’assure. Nul doute qu’au fur et à mesure de nos entretiens, je serais en mesure de réduire le champ des possibles pour vous proposer la belle qui saura faire chavirer votre coeur de pierre. » Tu pourrais glousser mais tu te contentes d’un sourire toujours aussi mesquin. « Vous avez été le plus tactile d’entre nous mon Prince, mais je ne dirais rien à son Altesse votre mère ne vous en faites pas. » Comme s’il en avait quelque chose à faire.

Plongeant ton regard dans le sien, le poitrail bombé de fierté, tu finis par porter ton attention sur le garçon arrivant à ta hauteur. Tu te contentes de l’observer de la tête aux pieds, esquissant à peine un sourire avant de t’incliner d’une accolade respectueuse - mais bien trop forcée pour être réellement sincère, à l’encontre du prince.

« Je connais le chemin, mais si vous insistez mon Prince. Je vous souhaite une excellente convalescence, que la Sainte Lune veille sur vous. À très bientôt mon Prince. »

Toujours plus de surenchère inutile, grotesque sortant de ta bouche alors que tu tournes les talons pour suivre le serviteur, fidèle second du prince, vers la sortie de ce temple que tu as en horreur.