Le 24 septembre de l'an 84

Ma plus grande sœur, Yoko a toujours été une véritable peste. C’est sans doute à cause de sa place d’ainé, en relation directe avec Mère qui peut être très difficile à gérer, ou alors, c’est juste une sale gosse de riche, pourrie et gâté. Personnellement, je pense pour la deuxième hypothèse, même si je suis loin d’être le gars le plus impartial au monde.
Et pourtant, aujourd’hui, je vais devoir risquer ma vie pour elle, enfin, ce sera surtout la vie de la personne qui m’accompagnera, je compte bien, ne sachant pas me battre comme un véritable professionnel, rester en arrière. Ce n’est pas de la couardise, mais de la prudence. Cela fait maintenant une heure que j’attends le mercenaire que j’ai engagé. Je ne l’ai encore jamais vu, c’est un gars qui connaît un autre gars, qui connaît un puissant guerrier qui loue ses talents.

Je me voyais mal demandé à notre milice, constitué en grande majorité de buveur de saké régulier de sauver ma sœur. Surtout qu’elle est dans les hauts quartiers, là où la loi n’est pas vraiment respectée. D’une part, il y a trop de risque de bavure et d’autre part, je ne tiens pas à rendre cette affaire soit rendue publique. Si certains de mes confrères juges, jaloux de ma position, ont connaissance qu’un membre de ma famille est une droguée à l’opium, je risque de perdre mon poste de dirigeant de la ville de Fang.

Il va me falloir supprimer tout ceux qui ont pu la reconnaître, sans état d’âme, mon avenir politique en dépend. Pour cela, j’ai sur moi une armure de cuir, à mes côtés mon wakisashi, même si je ne suis pas un maître en la matière, je me débrouille avec. Je porte un demi-masque sur le visage pour dissimuler mon identité ainsi qu’une capuche. Je sais que le mercenaire ignore qui je suis, il sait juste que nous allons devoir libérer une personne et que moi, son commanditaire l’accompagnera. Notre signe d’identification est que nous portons tout les deux un brassard noir, car aujourd'hui sera un jour de deuil pour de nombreux trafiquants.

- Hey Unagy, tu ne m'as pas dit que tu cherchais un petit taffe à faire avant de rentrer ? J'ai un truc pour toi...

Un homme qu'Unagy connaissait bien, car il organisait pas mal de match dans son dojo et qu'elle y passait très souvent, c'est même dans ce dojo qu'elle avait obtenu son surnom de bulldozer. Elle n'hésita donc pas à lui balancer une tape dans le dos en lui faisant presque cracher ses poumons... Ce qui n'empêcha pas l'homme d'éclater de rire et de s'installer avec elle.

- Sérieux ? Je dois taper sur qui ?

Il lui expliqua rapidement et discrètement le boulot, même si la partie discrétion n'était pas le fort d'Unagy, elle n'en était pas pour autant incapable... Et surtout, cette mission avait une bonne odeur de combat violent, sanglant et surtout contre plein de fous furieux... Bref, tout ce qu'aime la lapine, qui se mit à avoir un sourire qu'on s'attendrait plutôt à voir chez un animal prédateur.

Elle n'avait mis qu'une cape pour cacher l'entièreté de son corps et ses oreilles, ainsi qu'une simple écharpe pour cacher une partie de son visage... Elle avait dû acheter un brassard noir qu'elle portait sur la cheville... Elle s'approchait de l'homme tout aussi bien camouflé qu'elle par-derrière, avant de passer son bras autour de son épaule, clairement, à moins qu'il soit super agile ou super fort, il n'arriverait pas à bouger le bras d'Unagy... On ne sait jamais et si elle s'était trompée ?

- T'es le gars marrant qui va me payer pour tabasser des types ou pas ?

Elle avait complétement oublié qu'elle devait sortir quelqu'un, mais à vrai dire, ça ne changerait rien à son plan, fracasser les méchants et ressortir puis récupérer un joli petit pactole, elle pourrait acheter des cadeaux pour le chef et ses parents.

Je sens un bras me prendre par l’épaule et j’ai un tressaillement, finalement, sortir sans mes gardes-du-corps étaient une mauvaise idée. Je me détends un peu, quand j’entends une voix féminine me demandant, si je suis bien son employeur.

Je la regarde en me tordant le cou, et je dois avouer que je suis impressionné par son physique. Des jambes avec des cuisses faisant mon tour de taille, des bras de l’épaisseur de mes cuisses. Elle a des oreilles de lapin, des yeux rouges et des cheveux blancs, je peux donc raisonnablement penser que j’ai devant moi, une hybride.
Mais le principal, du moins pour moi, est qu’elle possède un brassard noir, noué à sa cheville. C’est donc bien la mercenaire que j’étais censé rencontrer. Je peux donc lui dire, en essayant de me dégager, chose que je n’arrive pas à faire :

Oui, vous pouvez m’appeler Lee.

C’est un prénom très commun dans notre royaume et je continue :

Vous devez frapper des types, mais aussi sortir une jeune femme. Elle est probablement droguée, dans une des petites pièces au sous-sol.

Je lui montre le bâtiment à un étage et je lui explique la disposition des lieux :

D’après les renseignements, que j’ai pu recueillir, il y a une dizaine d’employés, trois gardes et plus d’une trentaine de fumeurs d’opium.

J’ai réussi à obtenir quelques informations en proposant un marché avec un membre de la mafia locale, contre une remise de peine, comme quoi, cela sert d’être juge. Je n’ai plus qu’à lui proposer :

Pour moi, nous entrons ensemble, nous tabassons ceux qui voudront nous tenir tête et nous sortons par le même chemin. Il faudra juste faire vite, car certains des employés seraient amenés à aller chercher des renforts.

Voilà, je n’ai plus qu’à finir sur un conseil :

Gardez bien votre écharpe, les vapeurs d’opium peuvent être particulièrement fortes.

- Okay Li, j' te casse pas l'cou alors, je veux être payée haha ! T'inquiètes, s'il n'y a plus personne en vie, tu pourras sortir la droguée sans pression, j'n'tape pas sur ce qui n'bouge pas... Enfin, en général.

Unagy suit le doigt de la brindille relâchant un peu sa prise en tapotant sa tête... C'est à peine si elle écoute ce que Lee lui dit... Elle ne peut pas s'empêcher de se dire que s'il n'y a que 3 gardes, ça sera finit dans les 5 minutes... Bon, vu qu'il souhaite que ça aille vite, ça sera dans ses plans, puis se faire autant d'argent aussi vite... Faudrait être digue pour refuser et Unagy n'est pas ce genre de dingue. Elle tourne la tête sur le côté en regardant le bâtiment... Par où va t'elle entrer, elle défonce la porte ou... Ha, la discrétion.

- Ouais, je suis plutôt résistante à ce genre de truc, même si c'est parfois sympa, je suis plus dans l'alcool !

Un grand coup dans le dos de la brindille suivi du rire d'Unagy avant qu'elle ne finisse par poser la question qui l'intrigue.

- Bon si c'est trois gars au milieu d'autant de drogués, ça s'fait vite, mais... T'veux entrer comment, si c'est moi seul, je défonce juste la porte, mais on m'a parlé de discrétion.

Même avec l'écharpe qui cache une partie de son visage, il n'était pas compliqué de voir que la partie discrétion ne l'enchantait pas, mais bon, ne dit-on pas que le client est roi ? Elle se mit à faire craquer son cou, des mains et à sautiller, ses yeux devenant presque plus rouge... La fameuse bulldozer était en train de se réveiller, même si elle s'arrête d'un coup en tournant sa tête vers le fameux Lee d'un mouvement rapide.

- Haaaaa ! Du coup, j'peux frapper aucun drogué au cas où la miss est là et j'dois te protéger brindille !?

Une vraie conscience professionnelle dis donc, en général elle ne porterait même pas son attention plus de deux secondes sur ce genre de détails.

La mercenaire a vraiment une façon très à elle de communiquer, c’est certain. Elle est même résistante aux fumées d’opium, ce qui est une bonne chose. Elle me tape ensuite, comme quoi elle est vraiment très tactile, mais je ne dis rien, serrant les dents, car j’ai un objectif à réaliser et c’est tout ce qui compte. Quand elle me demande comment on va rentrer, je lui réponds simplement :

En demandant gentiment.

Et je prends le chemin de la bâtisse, elle me pose une nouvelle question et je lui dis :

Je te le dirai si notre cible est en vue, tu peux donc te lâcher. Tu n’as pas besoin de me protéger, je sais utiliser un tanto et je veillerai à ma propre sécurité. Concentre-toi sur une chose, l’élimination de tous ceux qui tenteront de nous arrêter.

Tout en parlant, nous sommes arrivés à la porte et je frappe à la porte, une seconde plus tard, une petite partie de la porte coulisse et je peux voir des yeux qui me regarde d’un air méfiant, mais pas surpris par mon accoutrement, la plupart des clients préférant rester discret. Sans rien dire, je lui montre deux liges et je vous que la porte s’ouvre aussitôt. Je n’ai plus qu’à lui dire :

Merci à vous.

Une fois la porte refermée, après notre passage, je nous vois en compagnie d’un draconide, assez impressionnant, il doit faire plus d’une tête que moi et facilement le double de mon poids. Pourtant, je ne me laisse pas démonter et je lui donne les deux pièces, indiquant simplement :

Nous voulons de la qualité, à consommer sur place. Nous avons notre propre matériel.

Je vois mon interlocuteur hoché la tête. Il ne se méfie pas, j’ai parlé comme un véritable habitué des lieux, grâce aux renseignements fournis par le prisonnier et il nous montre un escalier qui descend au sous-sol. Je n’ai plus qu’à hocher la tête en direction de l’hybride, lui signifiant qu’elle peut se déchaîner.