Voilà trois jours qu’une tour gigantesque trônait au centre des îles triades au nord de la Mer de Sylve. Et les experts de Vollheim et Al’Malaq sont formels : les multiples tremblements de terre secouant l’ouest d’Arathia sont directement liés à cette apparition soudaine. Il aura suffi d’une courte nuitée pour que cet édifice corrompu sorte de terre, forçant les trois îles à se rejoindre en des chemins discontinus, dévorés par les vagues s’écrasant parfois violemment contre la terre nouvellement présente.

Les yeux étaient rivés sur cette bâtisse, à l'architecture bien particulière ; elle n’était ni vollhyr, ni arvandienne et encore moins malaqii. Non, celle qu’on baptisa rapidement Tour de Sylve par simplicité, ressemble plus à l’architecture anandienne, s’il on ouble ses pierres d’un blanc éclatant contrastant avec sa grande soeur, Galate, bien plus obscure. Mais ne vous laissez pas séduire par ces éclats, aucun bon présage ne semble émaner de cette tour à l’aura malsaine. On s’interroge, on l’observe de loin, on s’attend à un drame sans précédent. Les rapports parlent d’une mer agitée aux alentours, d’une présence dangereuse, d’une sensation de malsaine. De bateaux perdant soudainement le contact avec leurs terres, les gemmes de lien se coupant dans un silence nerveux.

Mais personne n’est capable de savoir s’il s’agit d’une réalité ou de rumeurs capillotractées par un début de panique générale.

Il serait bien difficile de croire que les archidiacres, actuellement au sommet de la Tour Galate en l’absence de chef, n’aient pas été mis au courant d’une telle apparition. Et pourtant, les deux archidiacres avaient terminé leur course sur l’île est, les yeux rivés sur l’édifice si particulier. Il y a cette même aura dérangeante de corruption, dissimulée derrière ces pierres immaculées. La gangrène presque perceptible sous terre, il n’est pas difficile de comprendre que ce monument est bel et bien lié à la Tour Galate tant détestée. Mais pourquoi les archidiacres n’ont-ils reçu aucune information sur cette dernière ? Et que faire de la silhouette serpentine au loin, familière pour l’un, étrangère pour l’autre ? Il allait falloir mener les recherches à bien, sous peine de rester dans l’incompréhension la plus totale.

Pour vous, cette tour est aussi familière qu’étrangère. Sovereign, tu n’as pu rentrer au sein même de celle-ci, obligé de te contenter des escaliers extérieurs la longeant pour te hisser, étage par étage, au sommet presque imperceptible depuis le sol. Même à l’étage le plus haut, vous êtes comme des étrangers : aucune porte ouverte, aucun moyen d’entrer si ce n’est une pauvre trappe qui ne semble pas possible d’ouvrir depuis l’extérieur. Et vous pourriez vous sentir lésés, mais sans chef à l’heure actuelle, à qui pourriez-vous vous plaindre ? Quelque chose se passe au sein même de votre institution gangrénée, quelque chose qui vous dépasse. Que peut bien renfermer cette tour ? Si personne ne veut vous donner l’explication, vous allez devoir la trouver vous-même.

Mais n’attendez pas trop, l’intrus serpentin lui, ne compte pas rester les bras croisés malgré sa lenteur ; quelques lézards se glissent hors des cailloux soulevés, certains plus étranges que d’autres, comme frappés par une corruption se frayant un chemin petit à petit dans leur organisme. Si tes trouvailles sont maigres, si ce n’est inexistantes, tu peux au moins affirmer une chose : l’édifice n’a pas attendu pour commencer à déverser sa gangrène sur les alentours.

Quelle drôle de retrouvaille n’est-ce pas ? N’est-il pas romantique de se retrouver au sommet d’une tour démoniaque ? Non ? Tant pis, vous allez de toute évidence devoir faire avec pour les heures à venir, et de préférence sans vous crêper le chignon. Et si Vanuakti refuse de passer par la trappe, elle semble être pourtant le seul moyen d’accès à l’intérieur de l’édifice ; du moins au sommet de cette dernière.

Le petit lézard corrompu ne semble pas perturbé dans la main du naga, un peu serré certes, mais pas traumatisé. Un nouveau compagnon ? Un futur animal de compagnie ? En tout cas, il finit par glisser entre les doigts, courant sur les dalles pour finalement se faufiler par un trou entre deux pierres, non loin de cette même trappe qui refuse de s’ouvrir.

Et s’il semble s’être enfuit pour de bon, il finit par repasser la tête, vous observant de ses grands yeux avant de finalement repartir. Une invitation à le suivre ? La trappe est-elle l’unique solution ? Vous allez probablement devoir vous pencher sérieusement sur ce problème.