Les questions se posent, avec beaucoup de sérieux. Un sentiment de déjà-vu, une impression de malaise, un éther dont rien ne ressort si ce n’est du vide. Un vide terrifiant, presque angoissant. Quelque chose ne tourne pas rond. Vous le sentez : vous êtes entré dans un endroit qui vous dépasse. Vous pourriez encore fouiner longtemps, vous prendre la tête, vous hurler dessus, tenter de trouver des réponses à des questions sans queue ni tête. Vous pourriez descendre encore d’un étage, tenter de mettre un nom sur ces tableaux ou au moins une localisation. Trouver un artiste écrit au dos et déterminer la date si vous connaissiez le nom.

Mais non, vous savez pertinemment que ça ne mènera à rien.

Le petit lézard lui, semble bien décidé à en découvrir plus, la tête encore sortit, ses yeux bien ouverts, il observe, un tableau, puis une statue. Et finalement quelque chose attire son attention. La tête penchée, il finit par sauter de la tenue de Saren pour espérer se faufiler à travers les statues et attraper un insecte rampant sur le carrelage. Saren, est-ce par peur qu’il ne t’échappe ou qu’il se fasse du mal que tu as bousculé le mobilier pour récupérer le petit reptile au dernier moment, avant que celui-ci ne passe par un trou minuscule ?

Probablement.
Le petit gecko dans les mains, tu as à peine le temps de te redresser qu’un vaste dérape de son socle, se fracturant en milliers de morceaux en sol. Un bruit, c’est le dernier bruit qui a attiré votre attention avant que tout ne devienne blanc.

Le bruit de l’eau. Une impression de légèreté. Saren, te voilà seul ici, ton petit compagnon serré fermement contre toi. Au loin, tu remarques des silhouettes, que tu ne reconnais pas - et que tu ne connais pas de toute façon. Tout ne dure qu’un instant, infime, durant lequel tu ne peux pas parler ; impossible d’appeler à l’aide ou de les interpeller, tu sembles muet, comme spectateur de cette scène dont tu ne comprends rien. Il y a bien des bâtisses qui semblent abandonnées, mais tu ne sais pas où tu peux te trouver. Ananda te vient en tête presque aussitôt ; des vestiges d’Anandapolis, avant que tout ne sombre dans la corruption ? Tout semble si luxuriant.

Mais l’instant passe trop vite, tu aurais probablement voulu en savoir plus mais de nouveau un flash blanc t’aveugle, tu te sens projeté en arrière, avant de sombrer dans l’inconscience.

Sovereign et Vanuakti, vous n’avez pas eu le temps de complètement réagir au flash blanc : tout s’est passé en une fraction de seconde. Vous avez senti votre corps se soulever et une sensation de légèreté. Votre esprit s’est endormi, secoué par l’instant avant de vous réveiller. Le blanc immaculé de la tour et ses dorures se sont transformés en une pierre froide, maculée de corruption à l’odeur pestilencielle. Vous vous redressez, sans savoir où vous vous trouvez ; si vous avez reconnu la Tour Galate de par son aura, vous n’êtes jamais venu ici.

Dans les profondeurs de la tour.

Vous reprenez doucement vos esprits, alors qu’une voix vous interpelle et vous force à vous retourner. Une silhouette gigantesque, inhumaine, vous surplombe de plusieurs dizaines de mètres. La corruption ne fait qu’un avec son corps, un cœur pulsant doucement au centre de sa poitrine alors qu’il vous jauge, de son terrifiant faciès.

« Mes enfants, vous voilà en sécurité en mon sein. Vous êtes les archidiacres de ma Tour, soyez les émissaires de ma volonté. »