Les résultats de la journée avaient été corrects pour Zéi en ce qui concernait sa dernière escapade chez les nobles. Une constante chez eux, c’était leur manie à jeter absolument tout et n’importe quoi. Ils pouvaient acheter un bijou pour un oui ou un non tout comme de l’or ou des pierres précieuses au point d’en orner leurs pots de chambre pour les plus excentriques. Et pour cause, Zéi avait trouvé un de ces récipients plaqué or dans des ordures. Ses excursions dans le ghetto doré le documentaient sur la vie de cette bande de parasites. Il apprit qu’il existait un restaurant où on pouvait manger en se baignant. Zéi ne pouvait s’empêcher de grimacer à la simple idée de se baigner dans de l’eau dans laquelle pouvait tomber potentiellement de la nourriture. On ne pouvait pas nettoyer après. Car contrairement à ce qu’on pouvait penser, cet habitant des hauts quartiers était relativement propre. Enfin, ce que son cadre de vie le permettait. Surtout qu’en fouillant dans les ordures, il finissait forcément par ne pas sentir bon, d’où l’importance de se laver et de nettoyer ses vêtements. Zéi avait deux kimonos différents bon marché qui lui permettait de tourner pendant que l’autre séchait. Cela expliquait aussi en partie le fait que Zéi soit souvent torse nu quand il arpentait le quartier des artisans pour vendre ses trouvailles. En général, il allait laver ses vêtements dans des lavoirs collectifs où beaucoup de gens du quartier se retrouvaient, surtout des femmes.

Pour le moment, le beathach se reposait dans son hamac. Il avait besoin de récupérer après sa journée dans le quartier noble. La journée de Zéi était réglée comme sur du papier à musique. Il se levait assez tôt. Puis il passait une bonne partie de la matinée jusqu’en début d’après-midi dans les quartiers nobles à fouiller les ordures en quête d’objets intéressants à revendre. Puis il rentrait chez lui, nettoyait ses trouvailles avant d’aller dans le quartier des artisans pour les revendre. Il fallait attendre la fin de l’après-midi pour qu’il y aille. Et cela n’allait pas trop tarder. L’homme-bête se leva et après s’être lavé, il mit un pantalon ample et emballa soigneusement les objets qui avaient eu le temps de sécher puis il parti en direction du quartier artisanal.

En général, Zéi faisait du démarchage directement auprès des artisans, surtout ceux qui étaient prêts à bosser avec des délinquants pour s’en sortir. Parfois, il lui arrivait de placer simplement un stand sur une place de marché, de préférence proche des quartiers pauvres un peu moins contrôlés. Mais cette fois, il avait décidé de faire du démarchage.

Il arpentait les rues et regardait les différentes boutiques en fonction des objets qu’il possédait. Des pierres précieuses ornant jadis un bijou ou du mobilier et une statuette en jade. Donc un charpentier ou un tisserand ne seraient pas de bons clients, c’était ce que pensait Zéi alors qu’il passait devant ce genre de boutique. Puis il remarqua ce qui semblait être un magasin de bijoux pas très loin du tisserand. Et devant l’établissement, une jeune femme qui semblait attendre avec un sac sur son dos. Elle attendait peut-être le propriétaire de la boutique. Zéi décida de s’avancer pour lui demander des informations sur celle-ci.

- Euh… Bonjour, tu saurais pas par hasard si la personne qui gère cette boutique est là. J’aurais des matériaux à lui vendre ?

Une fois la réponse de la jeune femme donnée, Zéi la suivi dans la boutique, la main sur son sac contenant ses trouvailles du jour. Il fallait pas trop qu’il traîne, car le frangin allait sans doutes revenir dans pas très longtemps à la maison. Ce dernier commençait à se douter des magouilles du cadet. Qu’il ne cherchait pas vraiment un travail honnête. Mais dans leur situation, un travail honnête n’avait rien de gagnant. Les salaires ne faisaient pas vraiment rêver. Se tuer à la tâche pour une paye de misère, Zéi le refusait. Son seul rêve, c’était de quitter ce trou puant. Les parents et le frangin avaient connu le monde extérieur, alors pourquoi pas lui. Il se souvenait de ce qu’on lui avait raconté sur ce monde, son immensité. Il rêvait de le découvrir de ses propres yeux.

Zéi observa un peu autour de lui la boutique, en tout cas, ces bijoux étaient plutôt du bon travail. Mais il espérait que la propriétaire puisse le payer de manière satisfaisante. La jeune femme prévint la patronne qu’elle allait se charger de la vente d’objets avant de partir.

- Désolé de t’obliger à finir la journée plus tard.

En tout cas, Zéi avait bien vu la liste avec les prix actuels de chaque objet. Au moins, ça pourrait potentiellement éviter les arnaques dans les deux sens. Puis au moins, Zéi pouvait compter sur le salaire de son frère, même si ça restait dérisoire. A la question de si c’était la première fois qu’il venait ici, Zéi répondit à l’affirmative. Il ne connaissait pas encore tous les artisans de Fang, forcément, il devait se constituer une clientèle plus élargie petit à petit. Se servir chez les nobles c'était une chose, encore fallait il que cela lui rapporte quelques liges.

- Oui, c’est la première fois que je viens ici.

Finalement, Zéi sorti de son sac les pierres précieuses. Certaines étaient ébréchées, mais un artisan pourrait les retaper. Il montra également la statue en jade qui elle aussi pourrait-être recyclée. Celle-ci avait la forme d’un dragon, mais il avait une de ses cornes en moins, mais également un bras manquant.

- Voilà, ce que j’ai, six pierres-précieuses et cette statue qui peuvent-être recyclée. Je sais que dans la mine où je travaillais avant, ils avaient cette fâcheuse tendance à pas mal abuser des prix, bien au dessus de ceux affichés sur le document.

Il montra du doigt la partie du tableau concernant le jade.