(TW. langage cru)
Enfin tu pouvais prendre du temps pour toi. Tu avais fini le boulot plus tôt que prévu, les dossiers en attente allaient le rester jusqu’au lendemain, lorsque tu retourneras au travail. Ce soir, tu voulais profiter de la lune d’argent. Tu as délaissé tes affaires sur le lit, les jetant en vrac pour que ta minette puisse se rouler dessus de ses ronronnements bruyants. Tes bottes bien rangées, tes armes fermées à clef dans leur commode, tes bijoux accrochés avec les autres, tes bagues posées à côté de ton miroir, tu as bien décidé de passer la nuit à prendre soin de toi.

Ces rituels n’étaient que trop rares pour toi.
Tu n’avais pas le temps, où plutôt tu ne voulais pas le prendre. Trop occupée à courir partout, presser le pas, vérifier que tout allait bien, rester dans l’ombre du roi, préparer tes troupes, tes expéditions, écouter les murmures de chaque mur. Tu n’étais que rarement chez toi, même ta grosse chalico venait avec toi au bureau, mascotte des espions trottinant entre les couloirs royaux pour réclamer caresses et repas.

Laissant la lumière au strict minimum, tu t’es enfermée dans la salle de bain pour te faire couler un bain amplement mérité. Les muscles tendus, tu as senti tes os craquer en t’étirant de tout ton long le temps que l’eau chauffe et que la mousse soit assez présente pour te satisfaire. Tu t’es même permise une petite cigarette, tirant dessus une première fois avant de te glisser dans l’eau et sentir la pression s’évaporer tout doucement. Un soupir t’échappe, tu fermes les yeux, manque de t’endormir en te prélassant sans te douter un seul instant du chaos se préparant.

Auras-tu simplement, un jour tranquille ?

Note : Blair souffre d'un trouble dissociatif de l'identité (TDI). Quand Blair front, le texte est écrit en "Tu". Quand Maxine front, le texte est écrit en "Elle". Les autres alters front rarement.
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Peut-être qu'on t'a tendu un piège. Peut-être qu'en vérité, on te veut du mal. Mais qu'importe, l'appât du gain est plus fort que la raison. Et personne dans le système n'a été en mesure de t'arrêter et de te faire changer d'avis. Le conflit interne t'a pourtant ralenti mais la nébuleuse volant à tes côtés te permet de rester ancré et de continuer ton petit bout de chemin vers la capitale noctem.

Et pas n'importe où.

Par on ne sait quel moyen, tu te retrouves dans des quartiers richissimes, qui puent, qui sont à la fois aussi bordéliques que bien rangés. Tes dents claquent derrière le masque pendant que le volatile se permet de faire du repérage. Elle sautille partout, laisse ses griffes claquer contre le sol pendant que tu n'attends pas plus longtemps pour tenter d'embarquer ce qui te donne envie, et ce, malgré les remontrances de la protectrice. Elle est sèche, sauvage même, très peu agréable à écouter avec sa voix de crécelle. Tu en frissonnes un peu, courbé pour te remuer dans tous les sens et rapidement emporter deux-trois babioles dans tes poches.

Il y a un bruit qui t'inquiète. Un feulement, suivi d'une plainte. C'est Eileen qui vient embêter ce chat plutôt bien dans son corps. Tu l'ignores un long moment pendant qu'elle collecte des poils divers, des blancs, puis des roux, vicieuse et mauvaise envers ce pauvre animal qui ne t'intéresse aucunement.

Ce sont finalement tes sabots qui doivent trahir ta présence, claquant un peu sèchement contre le sol en voulant saisir un objet volumineux ; c'est clairement de la gourmandise, mais pour des liges, qu'est-ce que tu n'es pas capable de faire ?

L’esprit reposé, les yeux clos, tu as à peine entendu le premier miaulement de ta chalico qui, prise de cours, bloquée sur son dos, tente de se défaire de l’attaque de cette nébuleuse vicieuse. Plaintive, les pattes remuant dans tous les sens, elle finit par se retourner pour hisser ses poils d’une douceur sans pareille - vu le prix du toiletteur ils pouvaient l’être, et feuler bruyamment sur l’oiseau qui en ayant arraché quelques uns.

« Ma fille il y a quelque chose ? »

Tu ouvres un œil, puis un deuxième en te redressant de l’eau pour focaliser ton attention sur la pièce. Les mains bien posées sur le rebord de la baignoire, tu sens cette présence. Un oiseau chapardeur et … quelqu'un. Le souffle coupé l’espace d’un instant, tu sors délicatement de l’eau, d’un pas de velours, comme dans l’espoir de ne pas être repéré. Mais tu sais que ta voix a suffisamment porté. Tu n’es pas stupide. Tu entends un bruit similaire à des talons claquer contre le parquet, de quoi attirer un peu plus ton attention.

Enfilant un peignoir que tu viens fermement serrer à la taille tu avances, glissant tes doigts fins contre le bois de la porte pour la pousser d’un grincement presque douloureux. Tes yeux se posent sur l’intru, grand, bien plus grand que toi, imposant, de son aura si particulière et de ses cornes proéminentes. Il n'y en a que peu comme ul, surtout ici. Et l'individu est assez reconnaissable pour que tu comprennes rapidement à qui tu avais affaire.

« Ne bouge pas. »

Tu es sèche dans ta voix, profitant qu’ul soit occupé à dérober un de tes biens pour détailler son dos, ta main glissant jusqu’à la commode où tu avais déposé une arme, pour l’attraper et mettre en joue la créature se tenant en face de toi. Ul voulait jouer à ce petit jeu, sincèrement ? Après toutes ces fois à vous tourner autour et vous chasser ? Ul venait te voler, sans même toquer à la porte.

« Quand on est poli on toque et on demande la permission pour entrer, surtout quand on sait qu'on pourra entrer. Voler mes biens je peux accepter mais … » Tu observes ta grosse chalico qui n’hésite pas un instant à venir pleurer dans tes pattes en miaulant. « ... Laisser Eileen s'en prendre à ma fille, c’est une autre histoire.Tu devrais le savoir ... Blair. » Tu avances d'un pas félin, le menton relevé, l'air provocateur

Pris la main dans le sac. Évidemment. On n'échappe pas au regard perçant de la propriétaire de ces quartiers. Tu aurais dû t'en douter d'ailleurs. Eileen ne tarde pas à piailler, les ailes déployées en direction de l'elfe, lâchant les poils si difficilement volés avant de les ramasser un par un. Ta queue fouette l'air d'agacement en même temps que tu serres les dents. Maxine t'insulte, te dit que tu mérites ce qu'il va t'arriver. Mais elle a mieux à faire pour le moment, négociant avec un autre.

Tu finis par plisser les yeux, ce bruit incessant dans un coin de ta tête est très désagréable. Et comme tu n'aimes pas vraiment obéir à de tels ordres, tu te redresses, les jambes bien tendues comme pour te grandir davantage. Tu pousses un long soupir, la nébuleuse venant se poser sur ton épaule non sans faire savoir son mécontentement. Elle vient poser les touffes de poils dans les plis de ta tenue, comme si ça allait lui permettre de les retrouver plus tard, et elle fixe le chalico, prête à y retourner.

« Lise. » Une bien maigre pause. « Tu sais bien que je ne contrôle pas ce qu'elle fait. »

La concernée crie encore, nettoie ses plumes. Elle aurait bien aimé voler davantage de poils pour se décorer la queue avec. Tu finis par te retourner, les mains prises par divers objets plus ou moins onéreux. Dans cette situation, c'est impossible de te défendre face à une arme à feu. Mais dans le doute, des écailles viennent protéger les points les plus fragiles sous ta tenue.

« On m'a dit qu'il y avait beaucoup de choses de valeur à prendre ici, si j'avais su, j'aurais plutôt tenté ma chance dans les quartiers du roi. »

Au fond, tu entends Maxine qui rit. Ah oui, bien sûr qu'elle profite de chaque erreur pour se foutre de ta gueule. Mais tu restes bien ancré, tu ne veux pas lui donner raison.

« On va faire comme s'il ne s'était rien passé, d'accord ? »

Tu ne peux que étirer un sourire désespéré en lo voyant, bien droit, bien grand, la queue battante. Tu retires la sécurité de l’arme, comme pour espérer lui faire peur ou du moins emmerder la nébuleuse turbulente l’accompagnant.

« Elle est mal éduquée. » C’est une très vilaine fille. « Elle doit apprendre à être plus gentille. » Et moins jalouse aussi, mais ça risquait d’être compromis vu son caractère. Tenant toujours lo voleur en joue tu attends, le détaille bien avant de remettre la sécurité, retirer toutes les munitions de l’arme et la reposer sur la commode. Comme si tu allais lui tirer dessus, pour trois babioles.

Te penchant pour gratouiller entre les oreilles de ta chalico pour la rassurer, tu prends tout ton temps. Tu sens qu’ul ne fuira pas comme ça, pas sans t’avoir piqué quelque chose, même insignifiant. Alors tu te redresses pour te rapprocher d’un pas félin et récupérer un premier objet pour en vérifier l’état et le reposer à sa place.

« Tu sais tu ne vas pas gagner grand chose avec ça, c’est un cadeau de ma nièce. » Tu vérifies l’état d’un deuxième objet en profitant qu’il ait les mains pleines pour te montrer taquine. « C’est fait maison. Avec amour et passion, j’y tiens. » Hors de question de le donner à Blair, et ce malgré toute l’affection que tu pouvais lui porter. « Je ne sais pas qui t’a renseigné mais c’est bidon. Tu peux aller dans les quartiers du roi, franchement y a rien d’intéressant. » Et tu sais de quoi tu parles. Un instant tu t’échappes, tes cheveux encore trempés par l’eau, pour aller dans la cuisine et revenir avec plusieurs friandises : quelques unes pour ta princesse retournée sur le lit, au plus loin de l’oiseau, et une barre bourrée de graines que tu tends à la créature mouvementée pour espérer la satisfaire et la calmer.

« Tu mériterais surtout une bonne fessée pour ton comportement. »

Tu t’es hissée sur la pointe des pieds pour te grandir, prenant appui sur ses bras pour rapprocher ton visage de son masque, la voix sévère et le regard pétillant de malice.

« Et si tu me disais plutôt de quoi tu as besoin ? »

La nébuleuse ne compte pas se laisser faire. Elle se souvient bien de cette femme face à elle, l'observe d'un œil plus qu'agressif. Elle va lui voler dans les pattes à ce rythme, nerveuse en voyant déjà son précieux butin lui être arraché. Toi, tu n'as pas l'air d'avoir peur de cette arme. Tu fais confiance aux écailles tailladées, parfois en mauvais état. Elles ont enduré bien plus qu'une balle. Alors… Ça devrait aller.

« Je n'ai pas à éduquer cette belle fille. C'est son caractère, on fait avec. »

L'air semble s'alourdir à mesure que vous vous parlez. Même si son arme est rangée, tu restes prêt à la blesser une fois de plus pour t'en sortir. Tu grognes un peu, comme pour lui dire qu'elle n'a pas intérêt à vider ton sac de la sorte si elle ne veut pas attirer tes foudres.

« Donc je ne peux rien voler si je t'écoute, je suppose que ton jouet pour solitaire en jade dans son sac de satin a été fabriqué par la cousine de ta grand-mère au huitième degré ? Ça a juste une valeur sentimentale pour toi. Tu ne sais pas ce que ça vaut réellement. »

Tu roules les yeux. Il y a forcément des choses à prendre chez le roi, lui qui semble avoir tant de secrets à tel point que les rumeurs traversent potentiellement les frontières. Eileen devine très rapidement que la barre lui est destinée et elle n'attend pas longtemps pour se ruer dessus et l'attraper dans une patte. Posée ailleurs, elle commence à picorer et à briser la barre miettes par miettes, frappant le meuble de celle-ci comme si elle pouvait s'en servir comme arme contondante.

Et toi, tu restes de marbre. Il n'y a que ta queue qui se redresse comme une provocation, mais tu refuses de lui offrir ton dos. Tu souris derrière le masque, les yeux rivés sur l'elfe d'un air dégoûté.

« L'argent manque, j'ai un homme et des enfants à nourrir… Ah, quel malheur. » Tu ne dramatises pas tes gestes, resserrant simplement un sac en tissu pour l'accrocher à ta ceinture. « Mais maintenant que je sais que je suis chez la fameuse Lise Eurelt, je ne saurais même pas quoi te demander. Tu pourrais me passer des infos sur le royaume, mais en vérité, je m'en fous. Maxine s'en fout. Tout le monde s'en fout. Ta blessure au cœur va mieux ? »

Tu l’entends grogner mais tu continues de récupérer tes affaires une à une pour libérer ses bras de tes biens. La pie plus loin, tu relèves la tête bien haut pour jauger le lézard te provoquant sans perdre de temps. Les joues empourprées, les oreilles presque relevées sous la surprise, tu écarquilles les yeux avant de te reprendre rapidement, un rire nerveux échappant la barrière de tes lèvres étirées en un sourire mesquin. Que c’était petit de t’attaquer sur ça.

« Je vois que tu l’as bien aimé la dernière fois qu’on l’a utilisé tous les deux. Je le garde, il est à moi. Il pourra m’être utile pour quand tu auras décidé de m’accorder un peu de temps. » Hors de question de te laisser t’avoir sur ton terrain, à domicile. Le menton levé, le regard pétillant d’une douce malice, tu appuies sur son torse d’un doigt, le tapotant un peu en essayant de croiser son regard du tien.

« Un homme … et des enfants ? »

Tu plisses des yeux. Tu n’aimes pas ça, la lèvre supérieure relevée, tu lui fais comprendre ton agacement et ta jalousie d’un soufflement de nez. Les bras croisés, les traits renfrognés, tu t’agaces déjà vite en claquant du pied. Tes cheveux dégoulinent le long de ta nuque, te donnant un air de chien mouillé désemparé par la situation. L’arrête du nez pincée, tu serres les dents pour espérer te calmer en lui faisant signe de faire comme chez lui.

« Ma blessure au coeur te dis d’aller te faire enculer. Arrête de te foutre de ma gueule tu sais que je déteste ça putain. » Ul a ce don pour te faire sortir de tes gongs facilement. Fermant la fenêtre par laquelle ul s’est faufilé, tu repasses par la cuisine pour remplir la gamelle de ta chatte et récupérer deux verres que tu viens poser sur la petite table basse de ton salon.

« Il est tard et les patrouilles vont commencer à sortir et d’ici peu elles seront en bas de chez moi pour quadriller le quartier. Si tu ne veux pas te faire tirer la queue tu ferais mieux d’attendre ici. »

Sortant un alcool arvandien, tu vérifies la date avant de servir vos verres comme si de rien était ; ul ne devrait pas être là, ul est toxique, ul n’est qu’un homme-bête, un draconide, tes ennemis. Et pourtant … pourtant avec Blair, c’était différent. Quelque chose d'indescriptible, sur lequel tu n’arrivais pas à mettre un mot. « Comment va Maxine ? Ça se passe toujours mal ? » Simple question pour tenter de tâter le terrain le temps de quitter la pièce et jeter ton pauvre peignoir sur le rebord du canapé - on repassera pour ta pudeur inexistante, et le troquer contre une chemise de nuit et une robe de chambre faite de soie.

« A chaque fois tu fais genre d’oublier que je vis ici, alors que tu sais très bien que c’est mon appartement personnel. C’est pas la première fois que je vois ma fenêtre ouverte en rentrant le soir tu sais ? »

Peu de choses te perturbent. Et ce ne sont sûrement pas les provocations du maître espion qui vont te faire flancher, bien au contraire ; tu as la rage de lui faire entendre raison, de lui prouver à quel point elle a tort sur tous les points. C'est à peine si ta queue vient furieusement fouetter l'air quand tu l'écoutes, obligé de lâcher ce qui se trouve entre tes griffes pour tout lui laisser.

« Je n'ai rien à t'accorder, Lise. »

Tes dents claquent derrière le masque. C'est un appel à la folie tandis qu'Eileen se lasse très rapidement de sa friandise. Elle ne tardera pas à reprendre le gros chalico pour cible, cette fois-ci pour parer ses plumes de poils tricolores. Ça lui plaît bien, cette idée, et son regard pétille de cette lueur significative quand elle a une idée derrière la tête.

« Et oui, contrairement à toi, ma vie ne s'est pas arrêtée au moment où mon ex est parti par la fenêtre. », dis-tu le torse bombé. Tu aimerais repartir d'une simple enjambée mais tu as assez étudié la question pour savoir que les tournées vont commencer et que tu te feras attraper comme un voleur du dimanche si tu fuis maintenant. « Et Maxine ne souhaite pas te parler. Elle a moins de patience que moi. »

Dans un soupir, tu te défais d'une partie de ta tenue. Le masque retiré, c'est prendre le risque d'exposer l'elfe aux pires maladies possibles. En vérité, cette aura permanente qui draine ton énergie petit à petit est beaucoup moins dangereuse que tu ne veux l'admettre quand tu ne la laisses pas s'échapper de tes lèvres. Tu attrapes le verre, reniflant de façon suspicieuse l'alcool. Puis tu viens tremper les lèvres pour le goûter, il semble anesthésier ta pulpe comme tu l'aimes. Ça ne plaira pas à Niamh. Tant pis.

« J'aime bien revenir sur les lieux du crime. Régulièrement. Mais ce soir, je voulais vraiment partir avec quelque chose. »

La nébuleuse vient voler au plus près de la tête de la femme, retenant une énième provocation. Tu vois bien dans son attitude qu'elle se serait soulagée avec plaisir sur son épaule, ou pire, dans ses cheveux. Juste pour la rendre folle. Mais elle préfère rester posée en hauteur, nettoyant son bec plein de graines.

« Et si tu t'attends à quoi que ce soit de moi, tu n'auras rien. Il faut tourner la page, Lise Eurelt. De toute façon, je ne suis qu'un numéro au milieu de toutes tes autres relations. Il ne faut pas être dupe, tu te tapes plus de monde que toute une maison close, le Roi devrait avoir honte. »

Le verre fini, tu sens que tu n'as pas eu assez. Tu le fais savoir d'un grognement, le plumeau de ta queue soulevant la fine couche de poussière qui s'est installée en quelques heures à peine quand on a le malheur de ne pas nettoyer le sol six fois par jour.

« Je suis d'humeur joueuse, cela dit. Peut-être que tu me feras changer d'avis avant que je ne dissocie. Allez, au pied. Et au pas de course, chienne. »

Les mots font mal, mais tu essaies de ne rien montrer. C’est parfois dur, parfois impossible, mais tu refuses d’offrir ce petit plaisir à Blair. Tu sais qu’ul se satisfait de cette supériorité et que nourrir son orgueil n’est pas la meilleure chose à faire. Tu n’es pas n’importe qui Lise, tu te dois de rester droite et fière malgré les provocations. Toi-même, tu provoques, et c’est en subissant ces propres provocations - quand même bien tu considères les tiennes moins brutales que celles du draconide, que tu te rends compte de la violence de certains de tes propos.

« J-Ma vie ne s’est pas arrêtée, je me suis juste un peu plus investie dans mon travail. » Pressant l'arête de ton nez de tes doigts tu soupires d’exaspération, tu n’as que rarement eu de relations … réelles. Léandre aura été très bref, Leoric t’a lâché pour ton caractère un peu trop brusque et Blair … Blair c’est particulier. C’est violent, toxique, sale, c’est tout ce qu’il ne faudrait pas. C’est de l’adrénaline, de la colère, un défouloir sans avenir, sans queue ni tête, un combat, une guerre opposant draconide à elfe dont tu n’arrives pas à te défaire. « Au moins tu assumes qu’il y a eu quelque chose d’au moins un petit peu sérieux entre nous. »

Le laissant se mettre à l’aise, tu laisses tes yeux dévorer ses traits, silencieuse, attentive au moindre changement, à la moindre possible coupure ou cicatrice supplémentaire. Tu ne bouges cependant pas, les bras croisés sous ta poitrine, secouée par ces sentiments contraires se battant indubitablement en duel, pour savoir qui remporta la guerre entre ta morale et tes sentiments.

« Tu es beau sans ton masque. »

C’est sincère. Devant Blair tu as tendance à t’écraser un peu plus, incapable d’affronter quelqu’un d’encore plus éffronté que toi. Parce que tu t’agaces, incapable de trouver les mots justes, les mots acerbes sans vriller et devenir violente. Et tu ne veux pas l’être avec Blair qui n’aura aucun mal à te laisser sur le carreau ; ul est indomptable et bien plus fort que toi physiquement.

Surveillant la pie furieuse, tu encaisses les mots, riant doucement, comme vexée de nouveau. C’est donc comme ça qu’on te voit ? Ul te voit ? Tu sens ton coeur se serrer mais tu essaies de ne pas t’attarder sur ces propos violents. « Peut-être que je note vraiment mes plans cul avec des numéros qui sait, et une note pour savoir si ce sont des bons coups à recontacter. » Reprends du poil de la bête Lise, ne te laisse pas faire, souris lui, de ton air mesquin, pour lui montrer qu’ul ne pourra pas te rabaisser bien longtemps. « Et parfois je baise avec le premier venu pour le travail. Certains sont bien plus bavards quand ils se font chevaucher avec un peu d’alcool dans le sang. »

Remplissant à nouveau son verre, tu relèves la tête pour l’observer. Même sur la pointe des pieds tu ne peux pas l'atteindre, ul est bien trop grand pour toi. La bouteille reposée sur le bord de la cheminée de ton salon, tu écarquilles les yeux à sa remarque, choquée, outrée au point de sentir tes joues te brûler. De quel droit pouvait-ul … te traiter de la sorte ? Attrapant fermement la queue bovine tu tires dessus d’un coup sec, en colère, les sourcils froncés de rage en feulant d’agacement.

« Je te demande pardon Blair Adler ?! Tu me traites de pute puis de chienne ? Tu t’es vu sale petit cabot ? Tu critiques mais tu viens ici tous les trois jours pour te faire entretenir. Je ne serais pas ta petite chienne, je me suis bien faite comprendre ? Si tu avais tourné la page, tu ne reviendrais pas aussi souvent ici. » Sauf s’il voulait te faire souffrir. « Tu auras tout le loisir de m’humilier dans un contexte différent, alors contente toi de m’embrasser comme une reine, pauvre con. »

Et tu serres un peu plus ta prise, pour espérer le faire se pencher à ton niveau tandis que tu te hisses sur la pointe des pieds, titubante mais désireuse de cette toxicité maladive.

Hors de question de tomber sous son charme, de lui offrir ce qu'elle veut. Ici, c'est toi qui commandes, qui mène la danse, tu la rendras folle, tu lui feras avouer tous ses petits secrets dégueulasses inavouables. Tu la mettras à terre, elle rampera comme elle a l'habitude de le faire face à toi et cette simple vision de la voir avec ses yeux brillants levés vers toi t'arrache un large sourire de confiance.

« J'imagine bien tous tes collègues qui doivent avoir un petit numéro spécial dans un coin de ta tête. Ça te correspond plutôt bien je trouve. »

Tu reviens pour l'attaquer, sans cesse, sans t'arrêter. Tes mots peuvent sonner durs et c'est probablement fait exprès pour la mettre plus bas que terre. Tu profites d'un peu de répit pour mieux t'ancrer, soufflant les yeux fermés en serrant le verre. Tu penses avoir gagné, obtenir la paix le temps qu'elle se remette de ce que tu viens lui dire ; mais non. La sensation de douleur est immédiate, pique l'échine au point où tu te redresses comme tu devrais l'être. Tu meugles également, les yeux rivés vers elle. Elle a tout à coup toute ton attention, et probablement pas la meilleure au vu de ton visage fermé comme une pierre froide.

« J'ai l'impression que tu viens de te contredire. », tu halètes un peu, la douleur irradiant tout ton corps. « Si je me fais entretenir, c'est bien parce qu'il y a une petite chienne pour ramper et astiquer le sol au bout de la laisse que je tiens. »

Ton sabot claque sèchement contre le sol, pourrait briser le carrelage bien trop lissé pour des pieds monstrueux. Tu la laisses se mettre sur la pointe des pieds, profitant de cette exquise vision pour laisser tes lèvres pointer dans une malice humiliante. Si la reine se démène de cette façon pour obtenir ce qu'elle veut, alors c'est qu'elle n'a aucune autorité. Alors tu la laisses languir de longues secondes, tirant sur la corde jusqu'à ce qu'elle soit sur le point de céder.

« J'aime bien te voir comme ça. »

Tes griffes s'emparent enfin de son visage, l'emprisonnent aisément d'une prise bien ferme. Tu pourrais presque la soulever comme ça pour qu'elle s'humilie jusqu'au bout mais tu fais l'effort de t'abaisser à son niveau, tes lèvres sèchement scellées contre les siennes. Tu ne lâches rien, tu ne la laisses pas gagner, l'usant jusqu'à ce que l'air vienne à manquer.

Et quand tu la lâches enfin, tu la repousses jusqu'au lit. De l'air brûlant s'échappe violemment de tes narines, ta mine reste sévère tandis que tu retires quelques couches de tes vêtements pour ne laisser qu'une tenue bien plus pratique et moins encombrante.

« Tu ne changeras jamais. Tout le monde finit par te marcher dessus. »

La tension grimpe, t’étouffe. Face à Blair tu n’es rien, tu t’écrases, tu le sais. Tu as honte. Ça te dégoûte et pourtant tu cours après cette prestance, tu la cherche, tu la veux, tu crèves pour. Tu ne supportes pas qu’on te tienne tête, qu’il ne se laisse pas charmer, tenter, tu ne comprends pas pourquoi, ça blesse ton ego à t’en rendre obsessionnelle. Les autres sont trop dociles, sans épices, sans saveur. Ul est le seul qui ose te tenir autant tête, te répondre et confronter ton ego vulgaire et toxique.

« Tu trouves vraiment ? Et toi, tu te donnes quelle note ? »

Tu ne lâches pas prise, même quand ul meugle, même quand il t'assassine de ce regard te faisant perdre pied. Tu en frissonnes, ta main libre contre son torse pour prendre appui, titubante, maladroite malgré tes traits sévères. Blair pourrait te briser d’un geste, d’un coup de sabot, tu n’es rien face à ul, insignifiante tentatrice. « Tu aimes bien ça, tenir la grande inquisitrice en laisse. »

Tu vois bien qu’ul te fais languir. Ça te rend folle, tu en râles, ul se joue de toi. Si lui te provoque, toi tu enrages. Lâchant sa queue tu t’accroches à ses vêtements, vexée qu’on puisse si facilement s’amuser avec ton impatience. Tu bouillonnes, Blair a l'ascendant que tu le veuilles ou non et tu ne pourras pas inverser vos rôles en un claquement de doigts.

Et son compliment t’achève.

Les yeux pétillants d’une envie inavouable, tu lo laisses agripper ta mâchoire, ses griffes marquant ta peau pâle alors que tu t’empares de son visage, tes mains l’attrapant fermement, d’un geste presque possessif. Tu ne veux pas qu’ul se recule, qu’ul te délaisse. Ce soir, tu veux être sous les protecteurs, la plus intéressante, la plus belle, la plus désirable. La plus puissante. Et tu suffoques contre ses lèvres, tu cherches à gagner cet affront, reprendre le contrôle, ne plus être la cible de ses avanies te faisant perdre la tête.

Lo sentant s’éloigner, le souffle saccadé, la respiration haletante, tu as planté tes dents dans la pulpe de sa lèvre inférieure pour la marquer, la couper à l’en faire saigner. Un rire s’est échappé d’entre les tiennes en te laissant tomber dans ton lit. Tu ne le lâches pas du regard, le dévorant de tes yeux provocateurs. Tu souris, amusée de l’avoir abîmé en haussant même un sourcil.

« Tu n’es pas le centre du monde, Blair Adler. » Mais peut-être le centre du tien, pour nourrir ton ego ne trouvant aucune autre confrontation réellement intéressante. « Tu fais un peu trop comme si tu étais chez toi, je ne t’ai pas autorisé à retirer autant de vêtements. Tu vas salir mon carrelage. » Tu es sèche dans ta voix, sévère pour te donner un air. Tu sais qu’ul ne t’écoutera pas, Blair ne le fait jamais. Ce n’est qu’une bête indomptable, que tu cherches désespérément à dresser ne serait-ce qu’un minimum.

Te redressant, encore à moitié avachie dans ton lit, tu viens attraper une cigarette dans ton paquet pour la porter jusqu’à tes lèvres et l’allumer. Tu ne lâches pas la bête à tes côtés pour ne pas être surprise, tes mains remontant correctement ta robe de chambre en lo chassant presque d’un geste de la main.

« Les verres vont pas venir d’eux-même ici mets y du tien, va les chercher et ramène une autre bouteille. Y a de l’alcool vollyr quelque part, dans la commode à côté du bureau. Je crois, c’est plus fort que l’alcool de contrebande arvandien. » Probablement coupé à l’eau, à moitié, malgré l’étiquette de qualité. « J’avais du travail et voilà que je me retrouve obligée de m’occuper d’une sale bête comme toi, je trouve que je suis quand même très bonne avec toi, tu devrais me remercier et réellement me traiter comme ta reine. » Après tout, sans toi ul se serait déjà fait attrapé non ?

C'est d'un rire provocateur que tu lui réponds. Personne ne lui obéit, et tu ne seras clairement pas lo premier à le faire. Pour satisfaire ton petit ego qu'on ne peut que difficilement écraser. Tu as envie de lui sauter dessus, de la marquer, de lui faire regretter de te garder enfermé de la sorte dans ses stupides quartiers. Tu la fixes avec insistance, ignorant une grande partie de ses paroles pour ne te focaliser que sur elle. Ses lèvres bougent et c'est à peine si tu y prêtes attention, l'esprit encore trop agacé pour songer à la complimenter.

« Je fais ce que je veux, et tu devrais le savoir depuis le temps. »

Et comme pour t'affirmer, voilà que tu défais une nouvelle couche. Seulement le haut. Tu lui jettes tout ça dessus sans aucune once de douceur, la tête haute, l'équilibre légèrement perdu au vu du poids atroce de tes cornes. Tu places tes mains sur les hanches le temps de prendre la pose, les jambes galbées sous l'effort. Comme ça, elles paraissent beaucoup plus longues, puissantes même, prêtes à lui asséner un coup pour enfin calmer son attitude insupportable.

« Attention à ce que tu me dis. Je n'aurai aucun scrupule à tout défoncer ce que tu gardes ici. Et qu'importent les conséquences, je veux te faire du mal, Lise Eurelt. Je te veux tellement de mal, te voir à terre, pleurer, tu t'en sors un peu trop bien pour une pimbêche de ton genre. Je connais des connasses qui méritent moins de malheurs qui meurent de faim pendant que tu te gaves comme ton putain de chat. »

Sec et mauvais, il te faut un peu de temps pour te calmer et passer à autre chose. Tu finis par te reculer, l'attitude toujours plus provocatrice pendant que tu viens chercher l'alcool demandé. Il ne te faut pas beaucoup de temps pour trouver et reconnaître la bouteille, l'agitant doucement pour mieux te rendre compte de la piètre qualité.

« Tu t'es faite avoir. T'as vraiment rien dans le cerveau quand il ne s'agit pas d'aller fourrer ton nez entre les cuisses du Roi. Tu as réussi à tirer ton coup avec, d'ailleurs ? »

Une fois les verres attrapés avec l'autre main, tu reviens. Tu meurs de soif. Tu sers ton verre en premier, bien peu galant en le surveillant non sans lui lancer un regard particulièrement agacé. Les crocs ensuite mis en évidence, tu ne lui apportes même pas son verre, te pavanant avec le tien en faisant les cent pas juste devant elle. Ta queue fouette parfois le bord du lit tandis que tu restes insolent, énervant.

« J'aimerais bien repartir, moi. Mais si je fais ça, les gardes vont se rendre compte qu'une statue qui bouge, ce n'est pas très normal. »

Que faire d'elle ? Tu n'en sais rien. Et personne ne te fait de suggestions ; évidemment, quand tu as le plus besoin des autres personnes qui cohabitent avec toi, elles préfèrent se taire. C'est un phénomène assez rare, mais au fond de toi, ça te terrifie. Il n'y a personne pour t'occuper, et tu ne sais vraiment pas comment le monde tourne quand chaque individu ne partage pas un corps avec d'autres.

« Dis-moi plutôt les potins du royaume. Et si y'a des contrats à prendre. Je m'ennuie. »

Et tu te glisses enfin dans le lit, à côté. Il y a bien trop d'espace, tu te demandes à combien vous pourriez tenir sans manquer trop d'espace. Une main griffue remonte lentement les draps, attrape finalement sa gorge pour la forcer à relever le visage en plaçant le pouce sous son menton. Ça ne doit vraiment pas être agréable.

« Allez, lâche-toi. Tu sais comment ça va finir. »