« Tu n'aimes pas notre jeu du chat et de la souris ? Je suis le chat et je joue avec toi. Un jour, je n'ai pas besoin de toi. Puis l'autre… Je dois me satisfaire. »

Tes dents claquent fermement. Tu n'as pas le temps de venir enfouir ton visage entre ses seins, la gorge raclant péniblement pour imiter un vilain bruit de mécontentement. Tu es obligé de venir satisfaire ses lèvres, attendant sa délivrance pour te désintéresser un peu d'elle. Tu as envie de partir immédiatement, pour le simple plaisir de la voir te courir après. Tu remues furieusement la queue, les yeux plissés dans une expression entre agacement et dégoût.

« Tu n'as pas besoin de moi ce soir, Lise. Comme toutes les autres fois. À quoi tu penses en voulant me faire rester ? »

Qui sait qui sera à ses côtés demain. Probablement pas toi. Tu donnes des coups de sabots, impatient d'être libéré sans te débattre pour autant. Tu vas simplement laisser le temps faire, roulant difficilement un peu plus loin d'elle pour prendre une grande place sur le lit. Tes écailles frottent contre les draps et tu manques de les déchirer sur un coup de corne, les gestes erratiques le temps de trouver une position confortable.

« Si tu veux de moi, il va falloir me retenir plus sérieusement. Et qui sait qui tu risques de rencontrer quand je rouvrirai les yeux ? Ma vie est un enfer, je te rappelle. »

Beaucoup de bavardages pour soutenir la malveillance dont tu peux faire prendre envers elle assez souvent. Mais en même temps, tu la préviens et tu espères qu'elle ne t'accusera pas si tu fais n'importe quoi.

L’interdit, le rejet, les provocations pour mieux s’écorcher, la tentation, c’est devenu ton quotidien, votre quotidien, ta drogue, ton adrénaline qui te fait pousser des ailes. Ul s’éloigne, tente déjà de te délaisser à ton plus grand malheur. Tu veux encore lo réclamer, l’avoir contre toi, sentir sa peau, son souffle, frissonner sous ses muscles mais tu ne dis rien. Tu te redresses simplement, lui tournant le dos pour piocher dans vos vêtements et récupérer une de ses chemises que tu viens enfiler et à peine boutonner. Tu nages dedans mais tu t’en fiches, c’est suffisant pour ne pas avoir trop froid le temps d’aérer et t’allumer une cigarette à la fenêtre.

« Je pense que je suis possessive, et que j’ai envie d’être le chat de temps en temps. »

À moitié assise sur le rebord de la fenêtre, tu l’observes, lo dévorant même du regard en reprenant doucement tes esprits. Ul te laisse une chance de le chasser mais toi, tu t’accroches à ton malheur, à ton poison. Tu viens même en redemander, presque suppliante. « Tu ne te plais pas ici ? Les draps sont propres, tu as tout ce qu’il faut et tu es en sécurité. » Tu écrases la fin de ta cigarette sur le rebord, fermant la fenêtre pour revenir vers lui d’un pas félin et grimper sur le lit. « Pourquoi tu ne veux pas t’ouvrir un peu plus à moi ? Je suis capable d’encaisser tes problèmes et je pourrais peut-être t’aider. » Se noyer dans l’illusion d’une relation radieuse, que c’est ridicule.

Lo surplombant, tu laisses tes doigts parcourir sa joue, frôlant les écailles pour insister sur ses lèvres, les tirant doucement pour dévoiler ses crocs avant de finalement te pencher et sceller vos lèvres futilement.

« Je saurais être distante avec les autres s’ils sont aux commandes demain. » Sans trop lui laisser le choix, tu viens tirer sur les draps, encore couverte de son vêtement, pour te coucher à moitié sur lui et espérer le charmer ne serait-ce que quelques heures, le visage niché dans son cou. « S’il te plaît, je ne me sens pas de finir seule ce soir. Reste avec moi. »