Ciara n'aimait pas vraiment être là.

Son voyage avait été long : elle avait tenu à éviter de trop s'approcher d'Arvandor, pour éviter qu'on la repère. Qui savait si elle ne pourrait pas se faire assassiner en chemin, après tout ? Mais sa destination en valait le cout. Cerah était une forêt superbe, riche de variété et de diversité, mais elle inspirait la quiétude, la méditation, le recueillement. Ici, sur ces terres sauvages et vallonnées, les arbres étaient plus faibles, plus chétifs, mais ils défiaient ouvertement les cimes des montagnes avoisinantes, leur déclarant sans honte qu'ils les dépasseraient un jour, et, si cela n'arriverait jamais, Ciara n'était pas femme à reprocher à quelqu'un d'essayer l'impossible. ici, la nature était toute puissante, et les humains s'étaient formés à y survivre, plus qu'à en profiter. Elle aimait bien cet endroit, et ne s'étonnait pas de la réputation qu'avaient ses habitants. Ce n'étaient pas des Angias, alors ils étaient forcément inadaptés à la vie ainsi, mais leurs efforts étaient admirables...

Cela, cependant, ne rattrapait pas l'amertume de devoir cohabiter avec autant d'humains, quand bien même pour un festival. Mais là encore, il fallait parfois faire des sacrifices... En venant ici, la Veilleuse pouvait faire parler de sa cause, montrer sa force à ses ennemis comme à d'éventuels alliés... Et peut être, sur le chemin du retour, sitôt la trève levée, pourrait elle se mettre en chasse... Un accident était si vite arrivé... Oh, peut être que cela risquait de provoquer une nouvelle flambée du conflit, si un diplomate, un prince ou un général tombait d'une falaise alors qu'il était sous la protection de Vollheim en cette période de trêve... Mais elle serait alors sûre de pouvoir forger de nouvelles alliiances, en plus de s'être débarassé d'un autre coupable.

Mais l'heure était à la chasse. Ce n'était pas une activité que Ciara aimait réellement, mais elle avait, au fil des années, du affronter de nombreuses créatures, qu'elles soient corrompues ou non, car elles mettaient en danger les voyageurs ou les habitants de son bosquet... Et, à la différence des humains, elle savait faire la différence entre le meurtre et la chasse. Elle ne tuait pas pour son propre triomphe, pour que l'on parle d'elle, ou par ennui. Elle chassait pour protéger. Elle pouvait à tout moment devenir la proie, et, si elle le craignait, elle ne ressentait nulle honte à cela. La bête et elle étaient égales. Le meilleur des deux triompherait.

Mais ces grands seigneurs, à s'entourer de gardes pour chasser un daim... Un lot pathétique et misérable.

Et la créature qu'on lui demandait de chasser lui convenait. Une bête légendaire, décrite en amples détails dans des contes qui étaient parvenus à ses oreilles au fil des décennies... Elle espérait qu'ils n'auraient pas à la tuer, mais elle savait qu'on ne pouvait dompter ou se contenter de vaincre une telle créature. Cela aurait été orgueuilleux...

Et pour l'aider dans cette tâche, elle était accompagnée de Dogemius, dont la légende ne tarissait d'éloges, mais la laissait toujours dubitative, et d'une jeune femme, qu'on lui avait présentée comme étant une arvandienne... Elle ignorait si le tirage des équipes avait été truqué, mais elle acceptait ce choix, qu'il fut fait par le destin ou par une main bien guidée...

Elle accorda un regard à Dogemius, un hochement de tête à peine discernable en signe de respect, puis elle tendit la main droite vers son alliée d'une chasse.

"Je suis Ciara. Veilleuse du Bosquet de Salaria. Celui que les vôtres sont en train de ravager. J'ose espérer que vous ne soutenez pas cette cause, je détesterais tuer une femme qui fut mon alliée."

Résumé :

Ciara n'est pas très heureuse de devoir cotoyer des arvandiens mais ne le montre pas, elle est assez souriante, et semble anticiper avec plaisir la chasse. Elle va directement discuter avec Carolyn pour l'interroger sur son allégeance à Arvandor.

« Votre boisson est bien agréable, ma chère... Mais pas plus haut que le bol, hein ?! Ahahah ! »

Dogemius festoyait durant cet événement en attendant que le début de la chasse commençait. Bon vivant qu’il était, il mettait en valeur tout autant la discipline requit pour protéger l’Orée d’Émeraude et les moments de relaxation pour se ressourcer. Reste inflexible et tu finiras par te briser comme le chêne mais plie comme le roseau et tu pourras accomplir ton devoir, maintenant et à jamais. Alors, profitant sans doute un peu que son museau était encore connu de Vollhyrs, il taillait la bavette avec bon nombre de géants et même quelques draconides, assit à une table où boisson et plat consistant passaient d’une bout à l’autre.

« Oh, loin de moi l’idée de faire mon rabat-joie. Je suis le premier à apprécier un moment comme celui-ci mais ma légende a été grandement exagérée. Mes exploits ne sont pas aussi grandioses que l’on pourrait le croire… »

C’était son problème, ici, à Vollheim. Malgré qu’il ait légitimement déjà tué un Voldrak, il pense qu’il l’a fait illégitimement et a du mal à accepter cette « légende » à son propos. Mais c’était pourtant pour cela qu’il était là. Pour rebondir sur cette popularité, montrer ce dont il était capable et peut-être gagner une audience avec des Vollhyrs de pouvoir et les rallier à Cerah, si ce n’est le temps d’une campagne.

C’est d’ailleurs pour cela que quand le géant tenant la barre de l’événement annonça qu’il allait faire équipe avec Ciara, il manqua de s’étouffer sur son cuissot de poulet.

« HHHRRF ! KF-KFF ! Aah ! C-Ciara ? Je … Pardonnez-moi, braves gens, mais j’ai à faire … »

Et il se délogea de la table pour retrouver ses compagnons de chasse… Non sans revenir sur ses pas et attraper une cuisse de poulet en plus pour la route. Le petit homme-bête se faufila dans la foule, se hissant parfois à divers étales du festival pour voir par-dessus tous ces géants et finalement repérer Ciara qu’il rejoignit en quelques instants, finissant de manger sa viande avant de s’approcher. Cependant, lui ne se contenta pas d’un simple signe de tête, trottinant jusqu’à elle.

« Ciara ! Quelle surprise ! … » Même si son ton suggérais le plaisir de la retrouver, il était surtout confus et lui adressa ensuite à voix basse. « Mais que faites-vous ici ? Je pensais que vous deviez aller ailleurs pendant que je gagne le respect des Vollhyr ?? »

Mais la conversation ne s’éternisa pas puisque rapidement, ils rejoignirent leur coéquipière du jour. Une humaine… Il y a clairement préjudice mais Dogemius n’avait en général pas de mal à se dire qu’il y en a des biens. Il jugera cette personne sur ses actes et sans doute ses convictions si il les découvre, au lieu de son origine. Mais il ne put s’empêcher de s’avancer un peu vers les deux femmes lorsque Ciara se présenta.

« Uhm… Et je suis Dogemius Bonemorrow, Chef des Forestiers de Cerah. Peut-être pourrions-nous penser à tout cela APRÈS les festivités de la chasse, non ? »

Qu’importe les avis, Dogemius fut le premier à se tourner vers la draconide qui vint leur exposer la situation, le Beathach prenant naturellement la parole suite à cela.

« Ce n’est donc pas qu’une excuse pour la grande chasse, c’est également un réel problème par ici ? Très bien ! J’ai déjà tué un Voldrak par le passé, je le referais pour apporter un semblant de paix à ces montagnes ! »

Résumé:

Oh, comme elle était vexée...

Mais Ciara préférait cela. Cette réaction indiquait plus profondément ce qu'elle ressentait que n'importe quelle autre réponse... Sa poigne était amère, malgré son apparente sincérité. Mais l'Angias décida de garder le même sourire avenant. Sa réponse posait néanmoins des questions... Pourquoi avait elle décidé de mentionner les humains séparément de la population d'Arvandor ? Elle savait qu'Arvandor était aussi la terre d'une autre Race, les... Comment les avait on appelés ? Les Célestes, oui, mais elle n'avait ni aile, ni allure angélique. Et pourtant, elle semblait mépriser les humains autant que Ciara elle même... Une question intéressante suspendue dans l'air... En revanche, elle avait menacé Dogemius. Et cela, la Veilleuse ne l'appréciait pas. Mais elle enchaîna bien vite sur un autre sujet : la chasse elle même. Et maintenant qu'elle avait une idée du profil de leur nouvelle alliée, elle pouvait se concentrer là dessus...

L'idée de la blonde n'était pas idiote. Peut être que la créature avait été corrompue, mais c'était une hypothèse non nécessaire. La créature pouvait être agressive parce qu'elle avait récemment pondu, parce qu'un camp militaire s'était établi trop près de son habitat... Ces théories étaient bien plus probables, et si les Voldraks étaient si dangereux, on n'aurait pas envoyé une lancière, un chien armé d'une massue, et une guérisseuse en affronter un corrompu. Encore que... Ils pensaient Dogemius vainqueur d'un Voldrak en duel. Tout était possible. Elle retint un grognement désapprobateur. Mais l'humaine détestant les humains avait raison. Elle n'impressionnait pas à proprement parler l'Angias, mais elle la respectait.

"Les éclaireurs sont morts, jusqu'à preuve du contraire... Mais s'il nous est possible de savoir quel équipement ils avaient, en plus de ces informations, cela pourrait être intéressant. Je peux les traquer, et Dogemius aussi, et nous commencerons en effet par là. Il serait plus dur de suivre les traces d'une créature volante... Oh, en parlant de suivre des traces... Dogemius est un Beathach, non un chien. Je suis sûre qu'une jeune femme aussi sage que vous saura faire la distinction, à l'avenir."

Elle tourna ensuite le visage vers Dogemius, dont elle venait de défendre l'honneur.

"Quant à vous, il est vrai, Dogemius, j'aurais du vous avertir de mon arrivée, vous auriez sans doute alors eu le temps de finir votre repas avant de venir me saluer. Et en ce qui concerne ma raison d'être ici, elle est simple : Je viens rencontrer autre chose que des Vollhyr. J'en ai déjà rencontré beaucoup trop, en cherchant à rencontrer des Malaqii et des Cerans."

Enfin, une fois ses comptes réglés, elle regarda à nouveau la draconide qui devait les renseigner.

Quel charmant début de chasse.

… Dogemius posa ses deux mains sur son museau en prenant un air choqué lorsque cette Carolyn le désigna, inhalant rapidement. Il fut submergé par de nombreuses émotions et pourtant, l’indignation d’avoir été appelé un « chien » n’était pas la prédominante. Non, son cœur cessa de battre pendant un instant et si son visage n’était pas couvert de fourrure, on aurait pu voir ses joues rougies. Il commença à gigoter un peu, ne sachant pas trop quoi faire de ses mains.

« V-Vos services ? Q-Quel genre de services ? Ma chère, je … Je tiens à être clair et vous annoncer avant toute chose que … que mon cœur est ailleurs ! Voila. C’est dit ! … »

Et il ajusta son armure comme pour remettre de l’ordre dans son esprit. Quant au sens de son interprétation, il semblait lui-même en être innocent et passa rapidement à autre chose en essayant de garder la face. L’heure n’était pas au batifolage …

Il leva un doigt vers le ciel, cependant, avant de refermer le poing et l’agiter quelque peu tout en reprenant la parole après qu’il ait adressé la draconide avec Carolyn, après les commentaires de l’Angias, toujours très expressif dans sa gestuelle.

« Et Ciara a raison ! Je suis un Beathach… Moi et les miens souffrons souvent d’un tel rabaissement et bien que nombreux ne semblent pas dérangé par cela, la once de fierté en moi préfère ne pas être rabaissé à être un chien ! » Il expliqua cependant avec un ton léger, plus éducatif que réprimandant, offrant même un regard gaillard à celle qu’il considérait sans mal comme une amie.

Celle-ci répondit d’ailleurs à la question qu’il avait posé dans la hâte et ne désirant pas s’étaler sur leurs petites affaire, surtout en présence d’une Arvandienne. « Je vois… Dans tous les cas, cela sera un plaisir de partager cette chasse avec vous, Ciara ! Et ne vous en fait pas pour mon repas. » Il agrippa brièvement son ventre qui n’était pas si prédominant que ça mais avec son armure, il est vrai qu’il avait une forme un peu « ronde ». « Les petits plats de ma maman ne sont que trop délicieux. Cela me fera du bien de couper cours à quelques repas à l’avenir, ahahah ! ~ »

Boutade à part, il reprit avec un peu plus de sérieux, s’éclaircissant la voix.

« Dans tous les cas ! … Je compte sur vous deux pour mener à bien non pas une simple chasse, mais notre mission désormais ! Et je compte aussi sur vous pour que les rancœurs n’affectent pas notre cohésion… » Il ne put s’empêcher d’adresser un petit regard à Ciara mais ne s’y attardant pas. Il dégaina à la place le gigantesque os qui se trouvait dans son dos pour le mettre en valeur. « Car ayant affronté une de ces créature par le passé, je suis témoins de l’ordalie qui nous attend ! La seule raison de ma survie jusqu’à ce jour fut que le Voldrak que j’ai tué était déjà blessé, alors si celui-ci est en pleine forme et vigoureux, nous ne serons pas trop de 3 pour en venir à bout… Ais-je votre confiance pour vous mener à la bête, mesdames ? »

Résumé:

Carolyn était fine.

Elle parlait beaucoup, de façon agressive, faussement naïve, elle faisait mine de suggérer, mais intimait en réalité sa volonté... Et c'était une charognarde. Elle espérait récupérer tout ce qu'il était possible de trouver sur les éclaireurs, et sans doute sur la créature aussi... La Ceranne serait sans nul doute amenée à en rediscuter avec elle... Il était hors de question que l'on pille ainsi le cadavre d'une créature aussi respectable. Ou du moins, respectée. Le peu de sacralisation que les vollhyrs avaient pour leur terre méritait bien que l'on le respecte...

Mais en dehors de cela, et malgré son côté sardonique, voire caustique, l'angias aimait bien la jeune femme. Elle mourrait un jour, une dague au creux des reins, après avoir trop parlé devant la personne qu'il ne fallait pas déranger, mais d'ici là, elle aurait certainement un parcours intéressant. Et cette personne ne serait pas Ciara. Non, la veilleuse avait d'autres projets... Oh, certains détails n'étaient pas arrêtés. La majorité, en réalité... Elle n'avait jamais été femme à faire de grands plans sur la comète, encore moins à s'y tenir, mais elle pourrait être intéressante. Encore fallait il trouver quelque chose qui l'intéresserait...

Qu'est ce qui motivait cette femme ? L'argent ? La puissance ? L'amusement ? Certainement un peu de tout cela... Et en cet instant, Ciara ne possédait qu'une seule de ces choses. Et elle n'était même pas sûre de laquelle.

"J'ose espérer que vous proposez vos services de couturière, mais dans le cas contraire, cela expliquerait l'agilité de votre langue, très chère... Quoi qu'il en soit, la différence entre un Beathach est un chien est la même qu'entre un humain et un chien. Encore que les Beathach sont plus malins que ce à quoi ils ressemblent."

Elle affichait la même moquerie tranquille que sa compagne d'aventure. Et, à vrai dire, leurs sentiments étaient en réalité très proches... Une colère couvant sous les buis... La connexion qu'elle ressentait vis à vis d'elle n'était peut être pas du niveau de celle qu'elle avait connu avec Zorah, mais les deux femmes pourraient sans doute apprendre à discuter ensemble. Elles étaient loin d'être amies, pour autant, et cela ne serait peut être jamais le cas. Mais Ciara ne cherchait pas à se faire des amies...

"Mais oui, leurs affaires... Je suis sûr que leurs femmes ou enfants seront ravis de retrouver un dernier souvenir de celui qu'ils ont perdu. Les lignées sont très importantes, pour vous autres races de chair, non ? Quant à la bête... Avez vous des capacités de combat ? Vos talents de guérisseuse seront certainement très précieux, mais il serait bon de faire l'inventaire de nos forces... Pour ma part, si la créature ne se pose pas, je ne pourrais certainement pas sauter assez haut pour la forcer à descendre, et notre ami court sur pattes non plus... Peut être devrions nous prévoir un appat ? Savez vous ce qui pourrait l'appater, Mademoiselle ?"

Résumé :
Ciara insulte Carolyn, toujours avec le sourire, explique la différence entre un beathach et un animal, puis tente de rattraper les propos de son amie en expliquant qu'elle souhaite récupérer des souvenirs des disparus pour leurs femmes et enfants. Enfin, elle demande à leur guide si elle connait des façons d'appâter les Voldraks pour les affronter au sol, ou du moins les faire descendre.

Ciara avait observé la jeune femme rentrer à sa tente, déposer son verre. Elle l'avait observé revenir, tout sourire, avec un arc et des flèches.

Elle aurait aimé la gifler, si cela n'avait pas risqué d'inquiéter leur, déjà très préoccupée, guide.

Mais elle se reconcentra. Ainsi, les Voldraks aimaient les fruits ? Ma foi, il serait sans doute possible d'en trouver, de les ouvrir, et de les placer dans la direction du vent. Ensuite, quelques flèches de Carolyn, et, si elle savait viser, Ciara n'aurait plus qu'à finir le travail pendant que Dogemius occupait la bête. Le plant était simple, et elle avait une confiance, relative mais bien existante, en au moins un de ses compagnons. En revanche, il fallait se méfier. Une mère était dangereuse si l'on approchait du nid, mais pas seulement. Certains animaux pouvaient être violents s'ils avaient des petits à protéger, qu'on les attaque ou non. Le voldrak qu'ils devaient chasser était il une femelle ? Et si oui, avait elle eu une couvée récemment ? Dans tous les cas, ils ne pouvaient guère choisir leur cible, alors le savoir ou non ne les aiderait qu'à prévoir son comportement.

Elle porta la main à son arme, pour signifier qu'elle l'avait, et hocha la tête.

"En chemin, dites nous ce que vous savez sur la créature. Son sexe, si elle a récemment couvé, si elle a un compagnon... Quant à vous, Dogemius, préparez-vous. Je vous fais confiance pour nous diriger, alors prouvez votre valeur. Et vous, Carolyn... Ne le distrayez pas."