Is this music ?:

Surprenant. Un mot d'une justesse draconienne quand à décrire la nouvelle qui avait abasourdi la cour il y a de cela quelques jours. Al'Malaq et son empereur appelait à un conclave entre les nations voisines par voie maritime de la Tour de la Sylve afin de traiter de ce "problème" pour le moins gênant et potentiellement impactant pour tous, une surprise du point de vue de la Dame de Glace qui si elle ne l'avait point montré sur son faciès à l'instant de l'annonce avait arqué un sourcil en réaction. Elle avait TOUT DE MÊME daigné arquer un sourcil à défaut de voir son expression demeurer figée, quelque chose d'assez anodin pour être souligné dans une telle situation.

Quoique, à la vérité ce n'était pas tant la surprise qui l'avait frappé car des rumeurs et murmures qui se disaient ci et là et que les petits oiseaux lui murmuraient lorsqu'elle tendait l'oreille, le nouveau monarque d'Al'Malaq qui n'avait rien à voir avec la dynastie de celui qu'elle aimait à nommer "Le geôlier oppresseur" semblait ressortir au yeux des individus comme quelqu'un d'un minimum "actif" si l'on pouvait dire ainsi. En soit cela pouvait tout dire et son contraire mais témoignait que les choses évoluaient, c'était là la seule certitude dans cette océan de mystère qui planait sur la situation Malaqi dû aux dernières années peu clémentes pour l'Empire quand à sa classe dirigeante. Ainsi donc, comme nous le mentionnons plus haut, ce n'était guère la surprise qui avait impacté la conseillère royale d'Arvandor mais plutôt un désagréable sentiment.

La vexation. Cette petite piqure désagréable qui voulait dire qu'elle avait été pour ainsi dire battu de vitesse à son propre jeu et pire que le royaume avait été battu aux préliminaires de l'affrontement politique qui se profilait au loin. En ouvrant les valses du bal diplomatique, Evren s'était imposé comme chef d'orchestre de ce qui se tramait dans les mers et autour de la Tour, se posant comme médiateur entre les deux ennemis jurés et s'octroyant ainsi techniquement un avantage clé dans les discussions à venir et notamment en termes d'image. Ils avaient été plus rapide, tel était le constat.

Toutefois ce n'était là que la première manche, le jeu ne venait que de commencer et il y allait avoir des cartes à jouer et d'autres occasions de reprendre l'initiative afin que sa Majesté puisse accomplir ses dessein mais aussi que le Royaume ressorte grandit de toute cette affaire. Et si le dernier mot revenait à Perceval, ce dernier allait avoir besoin de tout l'arsenal de ruse et d'habileté de ses conseillers et proches loyalistes afin de l'aider à naviguer au mieux dans le véritable panier de crabe qu'était l'Al'Malaq contemporaine, et qui de mieux placée qu'Algidiade elle même ?

Certes de l'eau avait coulé sous les arche de grès, et l'Empire avait évolué, mais certaines choses ne changeaient guère et de par les élémentaires en fuite et d'autres ressortissant s'exilant pour diverses raison à Arvandor, l'élémentaire de Glace avait eut tout loisir de se mettre à la page et de réactualiser certains domaines d'informations qui lui faisaient défaut en échange de son aide bienveillante afin d'aider ces nouveaux futurs citoyens modèles à s'installer et s'intégrer comme il se devait au royaume de l'épée.

Les derniers jours avaient été ainsi une longue suite de préparatifs et planification et si les valises en elles même avaient été confiés à de fidèles serviteurs en manque de pourboire, un certains nombre d'études de rapports, et la confection de dernier. D'une part afin de laisser au reste du conseil et à certains officiels quelques éléments clés pour leurs tâches mais aussi afin de pouvoir converser avec sa Majesté en abordant sujets sensible de tel manière à pouvoir le briefer efficacement et dans les temps pour le voyage vers Evren.

Une tâche longue et assidue qui faisait qu'elle hantait de manière persistante la salle du conseil, plongée dans ses documents et leur structuration minutieuse.

Lorsque le silence règne en maître, la moindre perturbation apparaît comme une note dissonante signifiant qu'un élément de l'environnement a changé plus ou moins de façon significative ou bien qu'un autre s'est ajouté à l'ensemble, créant ainsi une nouvelle partition musicale qui en l'espèce s'incarnait sous formes de pas cadencés traduisant que quelqu'un venait de pénétrer dans la salle du conseil. L'élémentaire sensible à ces questions de calme et d'agitation n'en avait pas pris ombrage bien que cela aurait-pu la déranger dans ses affaires, après tout certaines choses résonnaient familièrement à ses oreilles depuis des décennies désormais tant elle faisait parties d'une forme de routine, une norme tacite que seul les plus vieux piliers de ce royaume pouvaient dénoter et apprécier dans une certaine mesure.

Calmement et sans aucun sentiment d'urgence une fois que Millicent se fut annoncée, la Dame de glace écarta dans une pile soigneusement échelonnée le document qu'elle consultait en l'état avant que le fatras de la Grande doctoresse ne vienne ajouter de la matière à l'ensemble de la charge de travail qui trônait sur l'étude; Aucun soupir de lassitude, pas même un sourcil arqué et certainement pas une lueur dans les yeux, un de plus, de moins, cent autres encore, milles en moins, qu'est-ce que cela changeait donc ? L'élémentaire se tourna alors, l'expression de son faciès éternellement figée comme d'ordinaire vers son interlocutrice vraisemblablement très préoccupée.

<< Dame Millicent... N'avez vous point peur de mettre à mal les courbatures des valets qui auront la charge de convoyer en permanence tout ceci ? Quoique l'on ne pourra point médire sur votre consciencieusité n'en déplaise aux fourchelangues. >>

Annonça-t'elle sur un ton monocorde, balayant du regard ces nouveautés dont on devinait toutes les vertus médicinales et autres prescriptions d'urgence et de routine que des décennies comme des centaines d'esprits avaient mis au point en sacrifiant sur l'autel du savoir d'innombrables ressources ainsi que des âmes car tout en ce bas monde avait un prix. D'aucun aurait jugé qu'il n'était nullement nécessaire de... "prévoir à ce point", pour ne pas dire superflus mais quand on parlai d'Al'Malaq aux fléau exotiques et aux divers tours de passe passe pouvant causer plus que de simples coups de soleil... Eh... Prévenir plutôt que guérir paraissait raisonnable. De surcroit, l'on pouvait panser que les médecins affectés au voyage pour l'occasion avaient été soigneusement triés sur le volet et ne daigneraient pas briller par une incompétence flagrante sur une... mission si importante que d'accompagner leurs Majestés. Curieux que la Grande Doctoresse ne fasse guère partie de la traversée.

<< Leurs majestés ont en effet exprimés leur volonté de m'octroyer l'insigne honneur de les accompagner à ce... Sommet. Mes avis et contes de milles et unes nuit vont semble-t-il trouver des échos favorable là où le Capitaine Lioncourt pourra tenir la chandelle. >>

Elle marqua une pause, portant sa main droite à son menton quelques secondes durant sans toutefois voir l'expression de son faciès évoluer grandement.

<< L'Empire est l'Empire, même après tant d'années il demeure fidèle à lui même en dissimulant sous de faux semblants et une mer de dunes son véritable visage. Quand bien même après plus de trois siècle les choses ont évolués radicalement et ne me sont plus toutes aussi familières, les fondations restent les même. Pourries et branlante. Même si là n'est pas l'objet du moment in fine. >>

Conclue-t-elle sans élaborer plus encore. Il y avait énormément de choses à dire sur Al'Malaq en tant que tel, mais toutes n'étaient pas bonnes à déblatérer en l'immédiat, certaines étaient uniquement amenés à émerger à des moments clés tel des cartes que l'on jouait avec attention. De surcroît, les monologues interminables n'étaient pas au goût du jour après ces dernières heures de travail acharné sur les derniers préparatifs. Toutefois, rien n'empêchait une déviation tactique du sujet.

<< J'ai ouï dire que vous aviez assignés des laquais de confiance de votre Brigade pour l'occasion. J'aurais crû que vous vous seriez jointe à cette... Balade. Les terres battus par les éléments ont leur lots de merveilles pouvant être utilisés à bien des fins après tout. >>

A bon entendeur.

Bien informée... Tout était relatif, c'était son rôle de savoir certaines choses et d'en souffler les tenants ainsi que les aboutissants à des instants clés choisis avec grand soin. La bonne information portée aux bonnes oreilles au bon moment pouvait faire toute la différence dans des contextes attenants à des sujets complexes comme d'une simplicité effarante. A contrario, l'inverse pouvait provoquer des conséquences inattendues au mieux gênantes et au pire catastrophique. Même si en soit tout dépendait encore des circonstances... Enfin, il n'était assurément point sage de tenter le diable comme aimaient à dire les gens du commun. En conclusion, c'était simplement son rôle qu'elle accomplissait dans la mesure de ses capacités et surtout de ses... Accès et sa Connaissance...  Avait-on déjà dis que tout était relatif ?

<< Si vous le dites. Chacun ses préférences car il faut de tout pour faire un monde. Nonobstant, l'on ne sait jamais quand l'urgence peut se faire pressentir. Enfin, si le Médecin-Chef votre mari est celui qui a été dépêché il n'y a en effet à priori point à s'en faire... Même si il apparaît peu probable si ce n'est via un coup du hasard qu'il advienne quoi que ce soit. Tout au plus les conséquences du mal de mer. >>

Analyser et conclure était le fondement même de la tâche préfigurant avant de susurrer aux oreilles pour un conseiller. Même si la certitude absolue ou le risque zéro n'existaient point en ce bas monde, les informations anciennes et récentes couplés aux intérêts apparents des nations mis en évidence de par les récents évènement ayant chamboulés la scène internationale et les priorités de Cerah jusqu'aux mers occidentales. Un échec des négociations serait un revers à bien des échelles pour tous et hormis l'intervention de facteurs ou groupuscules inconnus au bataillon, ou des électrons libres isolés, aucune menace digne de ce nom ne se présente en conclusion.

Ce qui n'est pas sans permettre de souffler quelque peu. En tout état de cause la tâche de l'élémentaire sera moins... Lourde si l'on puis dire ainsi. De ce fait, elle pourra se concentrer sur le fait de fournir les meilleures cartes et armes argumentaires au couple royal lors de la mêlée verbale à venir. Plus encore si le reste de "l'équipage" peut se charger des broutilles et autres détails dont elle n'a que faire. Qu'il est appréciable de pouvoir compter sur ses homologues. Toutefois...

<< S'il a seulement l'occasion de pouvoir prospecter loin des allées marchandes organisées soigneusement pour montrer ce qu'il est acceptable de montrer. Les véritables trésors et merveilles de la terre ne se trouvent jamais sur les étals mais bien au coeur des landes dans le sillage de la colère du climat. Ou le cas échéant enfermés à double tour dans les coffres forts des pontes d'Evren qui aiment à conserver jalousement les miracles de la nature les plus... Précieux. >>

La dame de glace marqua une pause, stoïque dans son expression, ayant saisis entre temps un parchemin et une plume trempée dans l'encre dont elle use afin de mettre à jour un inventaire détaillé. Car le diable se trouve dans les détails et l'ordre ne laisse point de place au doute.

<< Si tant est d'ailleurs que les chaperons impériaux soient d'assez bonne humeur pour laisser quiconque vagabonder comme il l'entend en ville... Prétexter la sécurité afin de mieux surveiller est une manoeuvre classique. Nonobstant, je crains qu'il ne me sois de facto d'autant plus impossible d'accéder à votre requête de par mon histoire compliquée avec l'empire, même si cela me peine. Quoique, en arrondissant assez les termes peut-être sera-t-il possible d'obtenir des pousses des jardins impériaux ou quelques souches de créations apothicaires en guise de souvenir. Si tant est que les autorités soient disposés à offrir quelques faveurs ou... Que les éternels individus ambitieux et isolés cèdent à l'avarice. >>

Rien n'était impossible pour peu que l'on se donnait les moyens de louvoyer à travers les mailles d'un filet fut-il tissé de main de maître, il y avait toujours des failles car la perfection était un mythe qu'importe le domaine.

L'élémentaire ne tiqua pas à la remarque initiale opérée par la grande doctoresse. Bien évidemment qu'il était regrettable de ne pouvoir avoir quartiers totalement libre à Evren, mais c'était là le lot de ces visites politiques, c'était là les us, les coutumes, les règles. Ni plus ni moins que les formalités d'usages afin de prévenir toute tentative d'espionnage ou d'ingérence malvenue car même si elles seraient face à la fin du monde, les nations ne pourraient se défaire de la paranoïa car elle était gravée dans leur veines et comme disais le proverbe, même avec les meilleurs efforts l'on avait beau chasser le naturel, il finissait toujours par revenir au galop sans aucune considération pour les volontés des uns comme des autres ni pour l'état des choses.

Toutefois, si Milicent visait en partie juste, toutes ses... Analyses n'étaient pas vrai pour autant, mais ça elle ne pouvait guère le savoir. La conseillère était de ces êtres à la personnalité glaciale, sans mauvais jeux de mots, qui si elles pouvaient très bien sociabiliser, n'en disaient pas nécessairement immensément sur leurs ressentis, préférences ou autres considérations. De fait, si Algidiade pour sa part entretenait une certaine rancoeur envers l'Empire et notamment ses décideurs, mais pas uniquement, il était toutefois peu adapté de considérer qu'elle était en proie à de la frustration quand à sa perception d'Al'Malaq et plus généralement de comment l'on risquait de l'accueillir. Elle s'était faites une raison il y a déjà bien longtemps de toutes façons. Les choses étaient ainsi, certes en partie à cause du destin et de l'Histoire mais surtout et principalement de par son propre choix.

<< Qu'est-ce donc qu'une maison ? Un chez soi ? Quatre murs et un toit ? Un lopin de terre ? Une citée cerclée de hautes murailles ? Rien de tout cela. C'est là où l'on choisit de demeurer, par conviction, par passion et pour les âmes qui le méritent. Ni plus ni moins. L'on ne choisit pas où l'on voit le jour, mais l'on choisit où l'on souhaite poursuivre son existence. Le miens a été fait il y a longtemps, et si il était à refaire, je ne changerais guère de cap. L'île sablonneuse n'a jamais été ma maison en tant que tel, à peine un champ de bataille perpétuel où faire mes armes. Non... Mon chez-moi à Arvandor, c'est là un fait inaliénable eet à ce titre comment diable pourrais-je être accablée par la peine ? >>

En dépit de cette volonté flagrante de systématiquement verser dans le ton neutre et l'élocution sans émotions l'on pouvait toutefois voir poindre à l'horizon une saupoudrée d'amertume à l'évocation d'Al'Malaq, cette terre ne représentait guère grand chose pour l'élémentaire si ce n'était la cristallisations de biens des maux, et cela elle entendait être très claire à ce sujet.

<< Tous les apothicaires ne peuvent pas être contrôlés, il y aura toujours moyens de moyenner. Et dans l'optique la moins reluisante, négocier des présents d'état permettra d'en inclure. Une nation riche se doit d'étaler son faste et même si c'est pour maquiller les apparences, le Trône d'Evren ne devrait pas couper à la chose. >>

Prestige, raison d'état, us, étiquette. Autant de domaines et de concept cruciaux qui permettaient d'estimer et de trouver des issues à ne certaine échelle à certaines requêtes de tel manière à les satisfaire. C'était là l'essence même de la politique, la clé de voûte de la fonction de l'élémentaire permettant de distiller sagesse et vivacité d'esprit aux décideurs qui même si ils étaient brillants n'étaient pas parfaits, personne ne l'était de toute façon, c'est pour cela que les plus grands souverains étaient de ceux qui savaient comment s'entourer.

Mais lorsque vint sur la table le sujet de la nouvelle Tour, la conseillère se mura dans un silence initial tout en affichant une mine un peu plus sombre, cherchant les justes mots à répondre à Milicent.

<< Le Nerf de la guerre c'est l'information. Or cette structure et son apparition demeure nimbée de mystère, s'il n'est pas nécessaire de la craindre, il serait idiot de ne pas envisager de le faire car il n'y a rien de plus menaçant qu'un potentiel ennemi dont on ne sait rien. Dans tous les cas et au vue de la distance géographique, l'initiative est à d'autres et le demeurera un temps en fonction des résultats d'investigations. Mauvais points pour les discussions car cela place leurs majesté en position de faiblesse et de dépendance du bon vouloir des autres souverains. Mais cela, l'on n'y peut rien. Il faudra donner le change. >>

L'élémentaire marqua une pause avant d'adresser un regard "entendu" à l'attention de Milicent.

<< Nonobstant, nous savons toutes deux que quoi qu'il arrive vous finirez par recevoir accès aux rapports. Si les contraintes administratives étaient un obstacle pour vous, la brigade de la Guérison aurait vue ses fonds fondre comme neige au soleil depuis longtemps. >>