- Voilà, vous allez me débarrasser de ce nuisible. Je vous donnerais le reste une fois la mission accomplie.
- Ne vous en faites pas, le travail sera exécuté le mieux possible. Même si votre chiffonnier est rapide, je ne pense pas qu’il le sera autant que moi.

Le mercenaire attrapa la bourse d’un air confiant. En effet, celui-ci était un beathach guépard, soit l’animal terrestre le plus rapide sans l’usage de magie. Si le voleur n’en faisait pas usage, il pourrait sans peine le rattraper. Il y avait bien quelques gazelles animales à Arvandor ou Al’Malaq qui pouvaient lui échapper à la course, mais elles n’étaient pas aussi rapides. Seule leur endurance et leur agilité pouvait les mettre hors de portée du prédateur. La paye était très prometteuse et finalement de quoi rendre très rentable son voyage jusqu’à Xing Alda.

De ce qu’il savait du malfrat dont on devait débarrasser le quartier noble, il s’agissait d’un homme-bête, une gazelle apparemment. Cela promettait une chasse excitante. Après tout, il avait plusieurs fois chassé des gazelles à Al’Malaq, Arvandor et Cerah, quand ce n’était pas des cervidés, d’autres bovidés ou des lagomorphes. Mais un homme-bête ressemblant à du gibier qu’il chassait habituellement était une première.

Un peu plus loin, Zéi saluait ses compagnons de pause repas et repartait à la recherche de trouvailles pour dans les poubelles des nobles. Il se remit en pagne pour cela. Il mit son foulard sur son nez pour atténuer les mauvaises odeurs alors qu’il s’approchait d’un tas de déchets venant d’une de ces nombreuses somptueuses demeures qui faisaient le quartier noble. Il avait déjà mit la main sur deux statuettes, une en forme de daoyu et une de tortoryx. Pour le moment, il ne trouva rien de spécial. Les nobles semblaient plus raisonnables aujourd’hui. Et cela jusqu’à ce qu’il ne voit un bijou. Rien à voir avec ce qu’il trouvait habituellement. En général, c’était souvent endommagé. Celui-ci, bien qu’un peu usé, était en bon état global, même un peu trop bon au vu de son contexte de trouvaille. Sa forme de lune était intrigante, mais Zéi avait un business à faire tourner. Tant pis pour le propriétaire de ce bijou. Ca lui apprendrait à jeter un tel objet sur un coup de tête.

Soudainement, les oreilles de Zéi se dressèrent en alerte. Il sentait qu’on le surveillait. Il avait intérêt à filer. Ce fut le moment où il vit surgir un beathach-guépard et il en avait après lui. Le petit beathach prit aussitôt la fuite. Mais malheureusement pour lui, le guépard était très rapide et avait plusieurs fois été à deux doigts de l’attraper. En revanche, Zéi avait remarqué qu’il était moins agile que lui. Ainsi, l’homme-bête gazelle bifurqua plusieurs fois pour tenter de distancier le guépard. Pour le moment, son poursuivant semblait tenir le coup, mais Zéi sentait quelques signes de fatigue chez le mercenaire. Zéi esquiva une charrette tirée par une daoyu. Celle-ci prenait une bonne partie de la rue et allait sans doutes ralentir le mercenaire. Mais finalement, ce fut les menaces de coups de cornes d’un tortoryx monté devant lequel le guépard était passé d’un peu trop près. Epuisé, le mercenaire contemplait impuissant, sa cible s’envoler.

Zéi quitta le quartier noble avec ses trouvailles, haletant. Il avait remis son kimono. Il s’adossa un moment contre un mur avant de rentrer chez lui. Une fois dans son logement rudimentaire, il se mit en pagne et se chargea de laver les objets. Zéi avait bien failli se faire pincer. Ce mercenaire était terriblement rapide. Rien à voir avec des humains peu motivés et plus lents auxquels il était confronté habituellement. En tout cas, quelqu’un avait une dent contre lui, du moins, voulait pas qu’un objet refasse son apparition. Mais ça paraissait un peu perché pour Zéi. Non, l’explication la plus rationnelle, c’était juste que certains nobles en avaient marre de voir un gueux se balader chez eux et qu’ils étaient tellement radins qu’ils protégeaient leurs propres déchets. En tout cas, le collier avait quelque chose d’un peu étrange. Mais Zéi ne saurait pas dire quoi.

Après une sieste, l’homme-bête mit simplement un pantalon ample, restant torse nu, et prit le chemin du quartier des artisans avec ses trouvailles. Enfin, cette fois-ci, les secteurs les plus proches des hauts-quartiers. On y trouvait essentiellement des artisans pauvres, ainsi que quelques revendeurs un peu douteux. Une petite place de marché assez exigüe sur laquelle s’entassaient divers stands les uns sur les autres. Zéi se contenta de poser une petite couverture sur laquelle il disposa les objets trouvés le jour-même et d’autres qu’il avait récupéré de précédentes excursions chez les nobles. Les potentiels clients défilaient. Les autorités étant moins présentes, les trafiquants, voleurs et chiffonniers pouvaient parfois se montrer au grand-jour. Dans les hauts-quartiers, c’était les voyous qui faisaient la loi.

Zéi parvint à vendre la statue de daoyu, mais pour le moment, personne ne lui avait proposé de prix suffisamment satisfaisant pour le collier au pendentif en forme de lune. Enfin jusqu’à ce qu’un homme un peu trop bien habillé pour les gens du coin de s’intéresse à ce qu’il vendait, enfin surtout ce bijou. Il demanda où le beathach avait trouvé l’objet. Avant de demander s’il pouvait observer l’objet de plus près.

Cependant, Zéi se mit en alerte, non pas à cause de l’homme à première vue, mais en raison d’une présence tristement familière. Cette fois-ci, l’homme-bête gazelle de Thomson ne parvint pas à échapper au mercenaire guépard qui maîtrisa sans peines le voyou maigrichon.

- Désolé, je fais mon travail, j’ai été payé pour prendre ce voyou !

Mais au vu du monde autour, le guépard ne pouvait semer le client de Zéi. En tout cas, cela confirmait à l’homme-bête gazelle que le type intéressé par le bijou n’était pas de mèche avec le mercenaire. Ainsi, Zéi allait s’en servir à son avantage, il n’avait pas trop le choix après tout.

- D’accord, je vais vous dire ce que je sais de ce collier. Mais libérez moi de ce matou !
- Toi tu la fermes !

Si le potentiel client avait accès au collier librement. Le nouveau propriétaire qui avait potentiellement des informations risquer de s’envoler avec le mercenaire.

Toujours coincé entre les griffes du mercenaire, Zéi se débattait comme il le pouvait, bien que son frêle corps ne fasse pas le poids face à la poigne du combattant. Entre temps, il remarqua que le collier avait disparu. Il était sûr que c’était le type face à lui, trop bien habillé pour être un potentiel acheteur du coin. Mais dans sa situation actuelle, il n’était pas très bien placé pour protester. En tout cas, pour le moment, le type semblait négocier avec le mercenaire, lui tendant une bourse paraissant bien remplie. Puis il lui demanda de lui remettre Zéi contre cet argent. Tout en parlant qu’il avait un lien avec l’Académie. L’homme-bête n’était jamais allé là-bas. Pour cela fallait affronter le désert, même si le potentiel n’était pas inintéressant en termes d’ordures.

- Bien, je vous rends cette vermine ! Si vous avez des ennuis avec mon commanditaire, ça sera votre problème. Lui aussi est influent… Mais bon, j’ai pas envie d’avoir d’ennuis avec les autorités.

Il lâcha Zéi sans aucune délicatesse, laissant l’énergumène retomber lourdement comme un sac à patates. Puis le guépard s’éloigna. L’homme-gazelle se leva en s’époussetant. Maintenant qu’il était libre, Zéi aurait très bien put se faire la malle, mais il n’avait pas spécialement envie de s’attirer les foudres de l’Académie tout de suite. Puis il ignorait les capacités de l’homme qui lui faisait face et semblait déterminé. Maintenant, il allait devoir lui obéir pour le moment. Enfin, il l’espérait, devoir faire la serpillère devant les riches n’était pas une activité des plus plaisantes pour le beathach. Même si ce type semblait pas aussi ravagé de la cervelle que les nobles d’en bas. A croire que la météorite leur ravageait le cerveau.

Il aurait bien demandé à ce qu’on le paye pour le bijou, surtout si le gars en face était riche, mais bon, il sentait que le type allait lui sortir qu’il avait déjà payé pour sa libération. Puis dans sa situation, il valait mieux qu’il ne fasse pas de vagues pour le moment. Puis il avait promis de dire ce qu’il savait.

- J’avais promis de vous dire pour le collier. Bref, je l’ai trouvé dans les ordures de la maison d’un noble. Je sais pas son nom, mais je sais où c’est. C’est que les nobles ont tendance à jeter absolument n’importe quoi !

Zéi prit un air songeur. Il était vrai que de trouver le collier dans les ordures était assez louche. Il était en trop bon état et il avait quelque chose de bizarre. Cela lui confirmait qu’il y avait des zones d’ombre autour de celui-ci. C’était assez rare qu’il s’intéresse aux histoires derrière ce qu’il récupérait dans les ordures.

- A vous entendre, la personne a qui appartenait ce bijou avait l’air d’y tenir.

- Honnêtement, c’est plutôt le contraire chez la plupart des résidents du quartier ! La preuve, il y en a un qui était prêt à envoyer un mercenaire à mes trousses !

Décidément, ce type était moins désagréable que sa richesse laisser penser. Vu qu’il semblait vivre à l’Université, il n’était pas exposé à la météorite qui était responsable de la corruption des personnes ayant cherché à s’en approcher. Cela et sans doutes aussi l’argent. Puis l’interlocuteur de Zéi reparla du collier. Il enchérit sur le fait que c’était pas l’objet qu’on jetait aux ordures comme ça.

- Effectivement, je trouvais que quelque chose clochait avec ce bijou. Mais j’arrive pas à savoir. Mais bon, quand on vit dans les hauts-quartiers, on fait ce qu’on peut pour s’en sortir… Je respecte le fait que quelqu’un soit prêt à aider une personne qui a des ennuis, il y en a pas assez ici.

Zéi avait des parents originaires de Cerah, forcément, le chacun pour soi n’était pas vraiment dans leurs valeurs à l’origine. Cela avait impacté forcément leur fils, même si Zéi semblait s’être bien mieux adapté au chacun pour soi de Xing, vu qu’il y était né. Mais il reconnaissait que Cerah lui faisait envie. Puis l’homme se présenta enfin et une chose était sûre, ils n’étaient pas du même monde. Et les grades n’étaient point les mêmes. Même si Zéi avait tendance à être quelqu’un qui n’hésitait pas à cracher à la face des riches, il restait tout de même pas du genre à les affronter en face, sans doutes conscient d’un rapport de force lui étant défavorable. Il n’était pas du genre suicidaire non plus malgré le fait qu’il ait tendance à n’en faire qu’à sa tête.

- Euh… enchanté, moi c’est Zéi, vendeur d’objets en tout genre… J’imagine que l’élève que tu cherches n’est pas du genre à sécher les cours…

Le beathach n’avait jamais été un élève très studieux. Il avait pas mal séché les cours dans sa jeunesse pour faire l’école buissonnière. Les rares cours trouvant grâce à ses yeux étaient ceux autour du monde extérieur, en particulier quand ça concernait Cerah, sauf quand ça tombait dans la géopolitique. Les querelles entre puissants ne l’intéressaient guère.

Zéi se mit à ranger ses affaires dans un sac. Il vendrait tous ces objets ultérieurement. Puis autant voyager léger. Au pire, il pourrait en profiter pour trouver quelques bricoles.

- Bon va falloir que je ferme la boutique et que je range tout avant qu’on aille dans les quartiers nobles.

Sans doutes, l’instinct de prof qui avait parlé, il avait flairé le fait que Zéi soit ce genre d’élève ayant la fâcheuse tendance à sécher les cours. Il lui était aussi arrivé de rêvasser ou de participer aux chahuts lorsque qu’un cours l’ennuyait. Par exemple, il avait eu horreur des maths ou de tout ce qui touchait aux histoires autour de la pseudo-Sainte-Sauveuse. Même si paradoxalement, il avait réussi à trouver une utilité aux mathématiques dans ses magouilles. Par contre, les idioties autour de la Sainte-Sauveuse, rien du tout. Cette histoire, il avait du mal à y croire. Même s’il savait que le dire à voix haute serait un coup à s’attirer des ennuis et il en avait déjà assez comme-ça.

- T’as un sixième sens de prof, un truc comme ça ?!

Pendant ce temps, Zéi rangeait méticuleusement chaque objet. Après tout, c’était ses gagne-pain, et meilleur était leur état, plus il pouvait les vendre cher. Ils étaient emballés dans des tissus puis ficelés pour bien maintenir cette précieuse protection. Puis Zéi replia la natte. Autrement, tant que Weiyan tenait sa promesse pour le paiement, pas de soucis. Il n’avait pas l’air d’être un mauvais gars aux yeux de Zéi, mais il s’en méfiait quand-même, de part son statut, puis peut-être parce que le beathach avait appris à se méfier des gens.

- Va falloir que je passe chez-moi pour déposer tout ça. Pas question que j’aille en bas avec tout ce bazar.

Zéi invita Wei à le suivre. Il passait par de nombreuses ruelles, et faisant de nombreux détours afin de perdre d’éventuel poursuivants, et surtout qu’ils ne retrouvent pas sa planque. Sur le chemin, il prit la peine de répondre aux autres interrogations de Weiyan.

- Ouais, il s’en passe des choses, ici, mais aussi plus bas. Une fois j’ai été témoin d’un règlement de compte entre nobles dans un dojo qui n’avait rien à envier à n’importe quelle baston d’ivrognes dans une taverne des hauts quartiers.

Il désigna le sac contenant toutes ses trouvailles.

- Pour le boulot, je suis bien obligé d’y aller. Je préfère ça que de croupir dans les mines… Puis il y a quand même quelques personnes sympas.

Les oreilles de Zéi se mirent en alerte, il remarqua un groupe d’hommes bien baraqués et visiblement pas très amicaux qui les suivaient depuis un moment. Pour Zéi, pas question d’aller à sa planque tant qu’il avait encore ces types dans les pattes. Et avec Weiyan, il ne pouvait pas fuir pour les semer facilement. Il était convaincu que c’était bien ce dernier qui les avait attiré au vu de sa tenue qui trahissait une certaine richesse.

- J’aime pas ça… Peut-être que j’ai un kimono de rechange si besoin… Il est un peu grand pour moi, donc je le mets pas souvent. Parce qu’avec une telle tenue, peut-être qu’on passe inaperçu dans le quartier noble, mais pas ici…

Zei n’était pas apte à combattre ces gars et il doutait qu’un prof puisse faire le poids.

- Je crois qu’il va falloir qu’on se barre, tu m’as l’air assez élancé et la bande de nigauds n’ont pas l’air d’être aussi rapides qu’un guépard…

Décidément, c’était la journée des ennuis pour ce pauvre Zéi qui soupira d’agacement. Entre le mercenaire, devoir faire le toutou pour un riche, même s’il n’avait pas l’air méchant, et maintenant voilà qu’il y avait une bande de brutes qui voulaient se défouler les poings sur eux… enfin… surtout sur le richou. Ils ne pouvaient pas être plus discrets ceux-là ?! Mais bon comme le soulignait Weiyan, c’était un peu trop tard pour cela, même avec une tenue différente. Puis il même dans ces conditions, il continuerait à faire tâche, ne serait-ce qu’avec sa propreté bien supérieure aux locaux. Et pourtant, Zéi était loin de se considéré comme particulièrement sale et négligé. Juste qu’il n’avait pas accès à l’eau courante et à la meilleure qualité, forcément, même avec les intentions les plus louables.

- Enfin, là-bas, j’ai l’impression qu’ils en font tous des caisses pour se démarquer au point de plus ressembler à rien !

Même si Zéi en avait vu une fois un se démarquer, enfin du point de vue des Aldanis. Un type avec pan de son kimono baissé, ce qui était choquant chez les nobles qui étaient connus pour leur pudeur. On restait tout de même dans la surcharge de bijoux et autres tissus précieux, même en montrant un peu de peau. Zéi, ça l'avait pas spécialement choqué, pour lui, ça restait un noble surchargé. Mais il avait bien vu les réactions outrées des passants. Et c'était les mêmes qui fréquentaient des bains ou des restaurants où on pouvait se baigner. Dans les quartiers pauvres, ils n'étaient pas aussi à cheval sur la tenue, mais ils gardaient certaines limites.

Concernant la solution au souci des malandrins, aux propositions de Wei, Zéi proposa la première option.

- Bien, je crois qu’il est temps de dire au revoir à cette bande d’abrutis. Cependant, on va faire en sorte de faire quelques détours avant d’atteindre la planque. Il ne faudrait pas que ces crétins nous coincent comme des rats ! En tout cas, j’espère que tu vas pas avoir trop de mal à me suivre. M’enfin vu comment t’es motivé, ça devrait pas poser de soucis normalement !

Juste avant de faire ce qu’il savait faire de mieux, Zéi tendit un petit papier sur lequel il avait noté de se retrouver au lavoir commun un peu au nord. Juste histoire que leurs adversaires ne puissent pas savoir le point de rendez-vous s’ils se perdaient de vue. L’écriture du Beathach était maladroite, à voir si son interlocuteur réussirait à la déchiffrer, mais ça serait pas impossible normalement. En tout cas, Zéi n’avait pas de soucis à se lire.

Voilà qu’il se mit à déguerpir à toute vitesse en espérant que son compagnon d’infortune puisse suivre son rythme. Mais vu qu’il semblait aussi déterminé pour retrouver son élève, il aurait pas trop de mal à le retrouver. Enfin Zéi le pensait. Si la bande d’abrutis comptaient le rattraper, ça serait bien compliqué, d’autant plus avec leurs airs de gros balourds. Zéi n’allait pourtant pas à son maximum dans la volonté de ne pas paumer Wei par précautions, mais il faisait en sorte que les assaillants ne puissent pas le rattraper. Au pire, ils se retrouveraient au point de rendez-vous.

Peu de temps après, Zéi parvint au lavoir commun. Des habitants s’attelaient à nettoyer leur linge. D’autres faisaient leur toilette dans des lieux prévus pour que cela se passe en toute intimité. Le Beathach y allait régulièrement aussi quand il devait se laver ou faire son linge. Chez-lui pas d’eau courante. C’était clairement du luxe ici. D’autant plus que l’eau était rationnée.

Peu de chances que les potentiels agresseurs aient put suivre le rythme. Maintenant, ils allaient pouvoir enfin rejoindre sa planque.

Visiblement, le prof était parvenu à suivre le rythme pourtant assez soutenu de Zéi qui dès lors qu’il l’eut comprit, avait accéléré le pas. Les poursuivants, quand à eux, avaient eu bien plus de mal à le faire. Zéi avait compris que quand on était une gazelle, on était très rapide et que la fuite pourvait-être une arme. Surtout en étant pas du tout bâti pour encaisser les coups. Ainsi, le petit malfrat n’avait jusqu’à maintenant, jamais réussi à se faire prendre. Enfin, hormis par ce guépard. Il notait ainsi que Wei n’en serait pas en reste et qu’il serait difficile à semer si l’envie de lui fausser compagnie le prenait. Heureusement qu’il n’avait pas l’air d’être un mauvais bougre. Car se coltiner un riche avec des travers de peau de vache aurait été juste une définition de l’enfer pour l’homme-bête.

- Je préfère y aller seul, si ça te déranges pas !

Finalement, laisser Wei aux lavoirs n’avait pas été une mauvaise idée. Zéi n’ayant pas très envie de monter sa planque. Une fois chez lui, il rangea soigneusement les divers objets qu’il devait vendre. Là aussi, il aurait très bien put fausser compagnie à Weiyan. Mais bon, il fallait dire que le Beathach n’avait pas été indifférent à la détermination du professeur à retrouver son élève. Ce n’était pas ses profs à lui qui auraient daigné bouger le petit doigt pour aller le chercher s’il avait disparu. Enfin, vu son profil, cela n’aurait rien eu de bien inquiétant.

Une fois ses affaires rangées, Zéi se contenta de prendre son sac et de garder la même tenue. Toujours en prenant soin d’emprunter des chemins différents de l’aller, il rejoignit Weiyan aux lavoirs.

- Me revoilà, bon, faudra juste prier pour qu’on ait pas le droit à emmerdeurs au quartier noble !

Après l’attaque du mercenaire, plus rien ne surprenait le Beathach. Zéi invita Weiyan d’un signe de main à le suivre afin qu’ils amorcent leur descente dans le fond du trou, ce que le Beathach appelait parfois le fond des latrines. Tandis qu’ils marchaient à vers leur destination, Zéi repensait à cette histoire de mercenaire en la mettant en parallèle avec ce qu’avait dit le directeur de l’Université. Pourquoi vouloir supprimer quelqu’un qui fouillait juste dans les ordures. A moins qu’on ait quelque chose à cacher et qu’on refuse de ça soit découvert. Dommage qu’ils n’aient pas pensé à demander au mercenaire qui l’avait engagé. Peut-être qu’il avait quelques squelettes dans le placard.

- J’y pense, j’ignore qui a engagé le mercenaire, mais comme tu le dis, peut-être que c’est pas juste de la haine, même si c’est pas impossible, et que le type à des choses à se reprocher… M’enfin, déjà, je sais où sont les ordures dans lesquelles j’ai fouillé ce matin et trouvé le collier. Et rien n'indique que la personne qui a engagé le mercenaire soit la même que celle ayant jeté ce collier aux ordures...

Il fallait dire que cet objet avait quand-même suffisamment fait tiquer Zéi pour qu’il retienne l’endroit qu’il avait fouillé. Puis c’était peu après cela qu’il avait eu le mercenaire aux trousses. C’était sûrement une simple coïncidence… ou pas. Pourquoi c’était à ce moment-là que c’était arrivé ?!

- Faudrait en apprendre plus sur le propriétaire des ordures, c’est certain. Je connais des gens qui pourraient nous aider…

Zéi faisait mention des serviteurs avec qui il avait l’habitude de prendre sa pause déjeuner en échange de quelques services notamment liés à la revente d’objets allant être jetés par leur propriétaire.