Musique d'accompagnement:

Dire que le début d'année au sein des hautes sphères d'Al'Malaq était sportif était un doux euphémisme, à dire vrai cela faisait bien longtemps que la léthargie administration chapeautée par le Trône et les "Gens de l'Empereur" n'avait pas autant été mise à contribution, ce à un tel point que cela avait été un véritable choc pour bien des bureaucrates et divers exécutants habitués à une presque-paresse de se retrouver avec un rythme endiablé où pleuvaient les ordonnances, décrets impériaux et autres ordres plus ou moins directs exigés par le sommet de ce qui constituait le gouvernement. En somme, les plus avisés et observateurs l'avait vu venir de loin, les grands travaux quand au décorum du Palais ainsi que la mise en place de divers census avaient fait office de préambule à ce qui allait inévitablement arriver, de même que le fait que l'Empereur se déplace personnellement à la désormais tristement célèbre Tour de Sylve dès les premières heures de son apparition soudaine donnait le coup d'envoi des derniers relatifs instants de calme.

Car de fait, une fois ce dernier de retour en sa bonne ville d'Evren, il n'avait point attendu afin de donner un énorme coup de pied dans la fourmilière végétative. Les affaires de l'état n'attendaient guère et le Patriarche des Silebor démontrait une fois de plus comme ce fut le cas à de maintes occasions durant sa longue vie qu'il n'entendait pas rester sur le bas côté en tant que spectateur à tenter de relier les divers composantes de l'empire menaçant de se détacher les unes des autres dans un fracas assourdissant. Bien au contraire, il avait l'intention de cimenter les fondations et réparer la moindre des fractures tout en préservant l'ensemble de l'oeuvre du moindre mal et les Dieux seuls savaient qu'il y avait de nombreux périls qui menaçait l'empire. Ironie du sort, certains plus pressants que d'autres avaient été exposés au grand public volontairement par l'Empereur de tel manière à servir d'épouvantails afin d'instaurer ce que le vieillard aimait à nommer une "Terreur contrôlée" afin de remémorer aux diverses factions en luttes de pouvoir en internes que les temps ne se prêtaient guère à des querelles intestines dignes d'une cour de récréation. Entre autre, un mal dont on se serait bien passé qui avait finalement été mis à profit pour l'occasion afin d'aligner plus ou moins tout le monde sur une ligne directive commune ou au strict minima à prévenir la déliquescence sociétale qui était déjà bien avancée.

Les vieilles disputes finiraient par revenir, c'était inévitable, mais dans ce grand jeu d'échec où le moindre faux pas pouvait entraîner des suites de conséquences aussi improbables que désastreuses, il n'y avait guère de petit répit, le moindre bref instant permettant de respirer ou d'éloigner les menaces insidieuses était à saisir et à ronger jusqu'à l'os autant que faire se pouvait. Dans cette suite logique, et en vétéran de l'arène de la politique, l'infatigable monarque avait immédiatement entreprit de mettre en oeuvre son prochain coup se voulant faire deux en une seule pierre.

De fait, tout ce qui pouvait distraire les élites à la loyauté douteuses et les têtes d'affiche séditieuse était bon à prendre et à l'heure actuelle la meilleure option était de mener une vague campagne de propagande afin de diriger les regards vers un ennemi commun aisément identifiable et ne pouvant que rassembler même les plus tenaces des rivaux, ce à quoi correspondait à merveille la corruption et ses engeances. De surcroît, au delà des bénéfices internes, celle ci demeurait une menace concrète à l'heure actuelle extérieure à l'empire mais plus proche que jamais depuis l'apparition de la mystérieuse tour. L'urgence était réelle et bien que orientée et présentée d'une certaine manière, il ne s'agissait nullement d'un mensonge mais bien d'une nécessité impérative que de s'atteler à faire face au moment où elle "s'activerait réellement".

Le sommet historique mis en oeuvre par le Silebor et devant rassembler l'Empire Malaqi ainsi que les royaumes d'Arvandor et de Vollheim à travers leurs monarques respectifs autour d'une même table afin de traiter de cette "Désagréable chose" sur leurs paliers respectifs s'inscrivait ainsi dans la suite logique du reste comme l'étape suivante de ce double programme visant à écraser sur le long terme d'une main cet "ennemi commun" tout en se servant dudit ennemi de l'autre sur le plan verbal et oral afin d'empêcher la société Malaqi de se disloquer sur elle même à cause de ses intrigues internes et de ses vieilles dissonances. Inutile de dire qu'il y avait ainsi à bien des égards fort à faire et ce sur tout les "fronts", ce qui exigeait la mise à contribution d'absolument tous les serviteurs du trône disponible et permettait accessoirement aussi de tester les loyautés et les compétences tout en poursuivant le grand ménage de printemps entreprit par le souverain depuis sa montée sur le trône qu'il avait volontairement étalé sur le temps et à un rythme réduit et discret afin d'éviter des réactions trop... Virulentes et directes diras-t-on.

Un vaste programme en somme où l'on avait déjà fort à faire. Cependant, le destin était cruel et n'avait de toute évidence point l'intention de laisser tout se dérouler comme il se devait. En effet, une nouvelle excessivement mauvaise, pour ne pas une catastrophe aussi soudaine qu'imprévisible avait montré le bout de son nez en plein durant les préparatifs pour le sommet. L'élu de la Charité, que l'on savait aux dernières nouvelles en "sécurité" car demeuré auprès de l'arbre millénaire à la suite de la réunion de ses homologues et des évènements ayant chamboulés le monde "n'était plus". Le plus ennuyeux de l'histoire étant que l'on ne savait ni comment cela avait pu advenir ni dans quels circonstances car aucune missive n'avait atteint la capitale afin d'informer l'Empire de cet état de fait. La découverte avait été faites dans la stupeur la plus totale lorsque l'on avait découvert que la marque de la Charité avait un nouvel hôte.

Immédiatement face à cette réalisation, Sil Silebor avait ordonné d'une part que des enquêtes soient diligentés sur le champ afin d'éclaircir les "circonstances" de cette passation, mais elles allaient mettre du temps à se réaliser, et du temps l'Empereur n'en avait point à allouer à cet imprévu des plus ennuyeux. De l'autre part, ordre avait été donné dans le doute, et notamment dans la soupçon que la "passation" de la marque soit en lien avec les évènements majeurs ayant ébranlés le monde au cours de l'hiver dernier et pouvant se répéter une fois de plus, que le nouvel élu soit ramené à la Capitale sans attendre précisant tout de même de le faire avec égard dû à la qualité d'élu de l'intéressé. Quand aux zélotes protestataires l'on n'hésita pas à faire taire leurs critiques et objections en argumentant que c'était uniquement dans l'intérêt de la protection de ce dernier et en vertu des clauses du traité signé à l'international, rappel une énième fois que la corruption était à la manoeuvre à travers le monde mis fin une fois pour toute à tout débat.

En soit, si tout cela était vrai, il fallait aussi dire que Ioannes n'avait ni l'envie ni la latitude en ces heures de laisser une variable aussi importante qu'imprévisible dans la nature. Dans ses plans d'horlogers pour le pays et l'avenir, la marge d'erreur bien qu'existante devait demeurer aussi faible que faire se pouvait et un nouvel élu laissé sans surveillance à faire ce qu'il lui plaisait était certainement le pire rouage de la fortune pouvant influencer l'ensemble de l'oeuvre. Peu importe qu'il soit naïf ou conscient de ce que cette marque signifiait, même s'il fut aussi innocent qu'un agneau, ses "ouailles" à savoir le peuple, les gens du commun aussi bien que les requins dissimulés avaient tendance à n'en faire qu'à leur tête face à l'incarnation du divin. Car même sans à venir à l'éternel débat qu'incarnait la lutte du Sacerdoce et de l'Empire, la simple présence d'un élu pouvait en fonction des jours et des humeurs être autant une bénédiction ambulante qu'un danger à l'ordre public sur patte. Et c'était là une considération propre uniquement à la qualité d'élu, l'on ne comptait même pas encore l'existence des menaces réelles et concrètes tapis dans l'ordre et prête à s'en prendre à la volonté du divin, car après tout au delà de la corruption et de ses séides, il fallait aussi compter sur des illuminés, des damnés terroristes malpensants qui entendaient bien faire des coups d'éclats à la moindre opportunités. Inconcevable.

Par chance pour cette fois le "rapatriement" c'était fait sans heurt, ce qui était bien la seule bonne nouvelle de toute l'affaire pour l'instant. L'on ne pouvait toutefois pas ignorer la chose et se contenter de reléguer dans une bâtisse la nouvelle incarnation du divin jusqu'à ce que les choses se tassent quand bien même cela aurait certainement rendu les choses plus simples. Mais il n'y avait rien d'aisé en l'ensemble de cette histoire, aucune porte de sortie évidente, point de bonne solutions, seulement les moins pires au vue d'une situation complexe plus vaste.

Dans tous les cas, il était urgent pour le souverain d'Al'Malaq de rencontrer personnellement le nouvel élu, des rapports qu'on lui avait fait à savoir que ce dernier était un elfe répondant au nom de Lundell et que l'on avait découvert du jour au lendemain portant la marque dans au village des éleveurs, une audience en chaire et en os s'imposait ne serait-ce que pour se faire une idée de qui il était et à quel point il avait conscience de son... "Nouveau rôle" si l'on pouvait dire ainsi. Par conséquent Ioannes n'avait pas hésité un seul instant à suriner, façon de parler, ses servants s'occupant de la bureaucratie afin de dégager dans son emploi du temps un créneau pour rencontrer le représentant sur terre de la Charité.

Dû toutefois aux affaires d'état ne pouvant attendre et au timing très serré pour ainsi dire, celle ci n'aurait ni lieu de façon officielle au sein de la salle du trône comme l'étiquette l'exigeait ou même dans un des salons dédiés aux gouterons comme les us pouvaient le permettre mais bien dans ce que l'on nommait ironiquement comme le "Temple du surmenage" à savoir la Salle des Portulans.  Ni plus ni moins que la plus vaste étude du Palais nouvellement aménagée sur les instructions et la supervision directe du Silebor et dont celui ci se servait plus ou moins comme d'un quartier général afin de centraliser les innombrables rapports écrits et oraux qu'il exigeait sans cesse et les ordonnances et décrets qu'il émettait le cas échéant dans la foulée. La particularité la plus notable des lieux au delà des chaînes de montagnes de documents et des bibliothèques garnies était toutefois les dizaines de cartes  dispersés et mises en évidence ci et là dans la pièce représentant pour certaine le globe et les nations que des villes, des voies commerciales ou divers autres rendues, certaines ayant été tracés et crées de toutes pièces par l'Empereur lui même il y a des années et dont il se servait comme référence pour beaucoup de ses actions et prises de décision car comme il aimait à le dire : Les Batailles qu'elles soient politiques, administratives, artistiques, martiales ou que sait-on encore se livrent deux fois, la première sur les cartes et la seconde sur les champs d'honneurs adaptés.

Cependant et pour l'occasion, l'on avait fait disparaître grâce à la magie du "redéploiement" quelques piles de dossiers afin de les remplacer par une table et quelques divans et sièges afin de servir de "coin à thé" comme l'avait nommé Silebor lui même le temps de l'entrevue. Hors du temps, les lieux l'étaient certainement, c'était le moins que l'on puisse dire mais certainement pas pour les dorures et mosaïques dissimulés sous la charge de travail ahurissante que le trône avait à sa charge. Pour tout dire et en pure volonté pragmatique d'optimiser son temps, l'Empereur était plongé dans l'inspection d'interminables listes délivrés par l'intendance et prévoyant les coûts "alimentaires" à venir quand au sommet des monarques devant se dérouler dans quelques jours ou plus exactement les divers offres proposés par des virtuoses de la restauration afin de participer aux "festivités" même si de toutes les possibilités il n'y avait véritablement que celle du célèbre chef de Cerah Léandre et de ses associés locaux qui se distinguaient de manière attrayante.

Mais qu'importait le prix des macarons en liges, l'heure n'était plus à éplucher les comptes. Siégeant dans un fauteuil en acajou, Ioannes mis de côté la liste susmentionné, délaissant cette dernière aux côtés de ses consoeurs avant de se saisir du pommeau de sa canne, s'appuyant sur cette dernière pour se relever, donnant volontairement par ailleurs l'impression que le geste lui était difficile afin d'observer des réactions, ce pendant qu'on lui annoncée l'entrée de l'élu.

Lorsque le monarque porta finalement son regard sur le porteur des mots du divin, le premier constat à faire était édifiant et en disait long. Heureusement qu'il portait un masque aux traits neutres en céramique aux teintes argentées et que l'on ne pouvait déceler la moindre de ses expressions car il y aurait eut beaucoup à dire là aussi. Laissant passer quelques secondes de silence, l'on pouvait même se demander si cela était volontaire ou s'il s'agissait d'une réaction épidermique sous la surprise de ce qu'il contemplait. Non pas vis à vis de l'élu en lui même mais vis à vis de ses premiers... Gestes. Finalement le fait que cette audience se déroule à huit clos s'était révélé dès son commencement comme une excellente décision. Certes il aurait été amusant de voir les prélats et les courtisans les plus pieux manquer de s'étouffer face à la scène, mais beaucoup moins ensuite de devoir subir leurs hurlements à l'apostasie et au scandale. Quoi qu'il en soit, l'entrevue était une bonne chose car cela permettrait de mettre au clair quelques points en évitant des embarras dont l'on pouvait se passer dans la sphère publique. Pour le reste, les serviteurs présents étaient de toute manière soumis au silence quand à ce qui allait se dire dans cette pièce. Ainsi, l'Empereur laissa finalement échapper un léger soupir avant de s'adresser à l'élu.

<< L'honneur est réciproque. Cependant et avant toute chose, laissez moi vous donner un conseil d'habitué aux rouages des coulisses de cette nation... Restreignez vous de vous agenouiller ou vous deviendrez bien assez vite le centre de toutes les attentions, et non pas dans le bon sens du terme. Le pouvoir spirituel n'a théoriquement pas à plier face au pouvoir temporel et l'inverse est tout aussi vrai, ils évoluent côte à côte et idéalement en harmonie, avec leurs prérogatives propres. >>

Il marqua une pause avant de faire lentement le tour du bureau derrière lequel il se trouvait, toujours en s'appuyant sur sa canne donc le martel du sol de son bois tranchait net avec le silence pesant qu'il faisait régner durant cet interlude, ce jusqu'à ce qu'il se trouve presque aux côtés de l'élu.

<< Il y a des instants dédiés pour plier, le reste du temps cela est l'apanage seul de l'humilité et non de la Charité. Souvenez vous donc de cela Novice, cela vous sera utile pour la suite face à la noirceur des coeurs et aux ambitions démesurées. Le monde est une scène, et quiconque offre son flanc par naïveté ou mégarde s'expose à de grands désarrois sous la lumière des torches. >>

L'empereur étendu entendit ensuite son bras libre en direction du "Coin thé" tel une invitation gestuelle évidente.

<< M'accompagnerez vous pour le thé ? Il sera bien plus agréable de tenir les sujets de discussions que nous avons urgemment besoin d'aborder autour d'une tasse et avec quelques macarons. Tout le monde aime le sucre, et celui ci tend à adoucir même les choses les plus amères. Et les dieux seuls savent à quel point l'amertume est présente dans les esprits ces derniers temps. Le cas échéant, si vous avez des interrogations ou des questionnements quelconques, exposez les sans craintes et sans détours. Il est crucial de crever quelque abcès qui aient pu se former au plus vite car le temps me manque et vous manquera bien assez vite. Les nouvelles vont vite et ce que vous avez sur votre peau tends à peser une tonne à mesure que le monde s'informe. >>

Et le monde s'informait vite. C'était un fait inaliénable, peut être que les premières impressions étaient mauvaises, un quiproquo qui serait le bienvenu, mais lorsque les hautes instances régentant le monde était impliqués, l'on ne pouvait point se permettre de miser sur une compréhension faussé et de facto il fallait aller plus ou moins droit au but. Plus ou moins car malgré lui l'Empereur avait cette habitude de s'exprimer parfois de façon cryptiques ou tout du moins via des métaphores et des expressions imagées afin de décrire des réalités ou des problématiques. Aucun mot n'était hasardeux dans cette situation, le moindre de ces derniers ayant été choisie avec minutie et ce avec l'intention de faire savoir à l'élu dès les premiers instants que son existence de par l'existence de sa marque, ne serait plus jamais la même que celle qu'il eut vécu auparavant et ce peu importe ses lubies ou le déni qu'il pouvait éventuellement arborer. L'existence même du symbole sur sa chaire offrait de nombreux "pouvoirs" si l'on pouvait dire ainsi mais se voyait accompagné de grandes responsabilités et de toutes les déconvenues y étant associées et sur cela, l'on ne pourrait jamais faire l'impasse. Ainsi donc, l'Empereur espérait de tout coeur que cette entrevue permettre d'éclaircir les zones d'ombres pour tout le monde et surtout si ce n'était pas déjà le cas, ce qui était très probable de par le premier contact opéré, que le nouvel élu prenne conscience dans toute sa latitude sa situation "imposée" par les dieux. Cela serait mieux pour lui comme pour l'Empire et le plus tôt serait le meilleur.

De toute évidence, les mots avaient fait leur oeuvre et le sens des paroles n'était point tombé dans l'oreille d'un sourd alors que l'élu se relevait de lui même. Bien. Au moins l'on n'aurait pas à tourner en rond sur un sujet aussi trivial et il comprenait un minimum l'importance de son nouveau statut, ce qui lui serait bénéfique sur le long termes face à toute la crasse mortelle de ce bas monde. Opportunistes avares, prélats ambitieux, manipulateurs invétérés et encore autant de noms d'oiseaux qu'il existait de variantes de vermines prête à tout pour piétiner son prochain afin de s'élever et ce qu'importe son ascendance sociale. En effet et contrairement à ce que les contes de djinn tendaient à transmettre via leurs morales les méchants des histoires du quotidien n'était jamais uniquement que les nobles corrompus, certes ces derniers existaient et étaient des tares nuisibles provoquant des maux de crâne jusqu'à la salle du trône, mais ils n'étaient jamais aussi nombreux que leurs homologues du commun et pire encore que les brigands de grands chemins et autres hors la loi et séditieux qui se fondaient dans la masse.

Un élu pouvait être bien des choses, l'innocence après tout était charmante et loin d'être un défaut, mais elle demeurait une faiblesse pire encore lorsqu'il s'agissait de naïveté car malheur au crédule qui se jette la tête la première dans un traquenard. Il y avait après tout des finalités bien plus méprisables que de finir dépouillés par excès de confiance et de charité mal estimée de ses biens. Dans le pire des cas, un petit malin pourrait tirer les ficelles afin de s'essayer à l'ascension sociale et causer bien du tord si son seul moyen d'y arriver est de manipuler l'incarnation du divin. Ces maudits parasites étaient plus nombreux que l'on ne le pensait, de véritables et dégoutants cancrelats qu'il fallait écraser à vue dès qu'on les apercevait avant qu'il n'ait l'occasion de causer le moindre tord. Il n'y avait après tout jamais rien de pire que de laisser un incapable accéder à des fonctions ou une position dont il ne pouvait saisir toutes les subtilités hormis celles satisfaisant son égoïsme. Une tique malfaisante plantée sur le dos de l'élu de la charité était la dernière chose dont avait besoin l'empire en ces temps troublés car au delà de sucer le sang et de transmettre des maladies, ces êtres s'accrochaient tant et si bien que les déloger était une épreuve à part entière.

Dans tous les cas Lundell avait pris conscience de son... Importance. Quand à savoir les tenants et les aboutissants du pouvoir en lui même, cela se verrait bien assez vite. Bienheureux celui qui écoute son prochain et ne s'offusque pas de l'expérience qu'il transmet fut elle cryptique. Par réflexe, l'empereur acquiesça d'un geste de la tête vertical qui fut la seule réaction perceptible de par le barrage de céramique accomplissant son oeuvre.

<< Ce n'est pas tant de la sagesse que de l'expérience agrémenté d'une dose raisonnable de cynisme. Le Grand Jeu est formateur mais n'est point adapté à tous aussi lorsque ce dernier cherche à déborder sur des domaines qui ne devraient point entrer en contact avec lui, il est préférable de mettre en garde céans plutôt que d'avoir à intervenir une fois le mal fait. Pour ce qui est de l'image du royaume, vous marcherez en effet sur des braises à de nombreuses occasions et à l'image du Trône, chacune de vos décision ou même de vos paroles sera entendu, analysée et parfois même interprétée ou déformée en fonction de qui est à l'écoute. Personne ne vous reprochera d'être fidèle à ce que vous incarnez en ce bas monde, ce serait sacrément saugrenue. Toutefois, la finalité de la compréhension peut être altérée ou détournée. Une charité raisonnée et habile peut vite tourner à l'abus et à l'absurde lorsque un "Maître esprit" se donne pour vocation de trouver la moindre faille dans le processus afin de l'exploiter pour X raison. >>

Il marqua une pause. L'élu se disait à l'écoute d'autres conseils ? Soit, c'était l'occasion d'émettre quelques avertissement supplémentaires.

<< Pour ce qui est du reste et au delà des mises en garde d'ordre général, il y a certains sujets nécessitant une extrême précaution autant que votre attention mis nous y viendrons assez tôt. Si je dois vous suggérer toutefois quelques choses, c'est de prendre garde à vos homologues des autres nations. Les péchés comme les vertues incarnés sont les passions exacerbées à leur paroxysme et incarnent chacun un pan de l'âme poussé à l'excès. Ce qui en un sens rends jusqu'à un certains degré prévisible les pensées et les actions de chacun d'eux, ce qui est aussi vrai pour vous ceci dit. Toujours est-il que si vous... Incarnez une facette de cette nation... Eux aussi pour les leurs. Or, les nations n'ont pas d'amis à proprement parler. Seulement des intérêts. Mais cela, vous le constaterez bien assez vite, souvenez vous simplement que bien que vous vous ressembliez de par votre... Statut. Chaque élu est unique et leurs aspirations aussi de même que les agendas qu'ils représentent en dépit d'un simili d'indépendance. >>

Sur ces mots, le monarque pris la direction de l'espace aménagé pour le gouteron, refusant avec politesse l'assistance proposée afin de se rendre là bas. Il avait encore sa propre fierté d'une part et de surcroit le pouvoir temporel qu'il incarnait devait conserver sa... Prestance. Il aurait été sacrément ironique sur le plan symbolique que le Sacerdoce "vole au secours" de l'empire après que l'hégérie de ce dernier lui ai fait la morale sur sa position. Montrer l'exemple était essentiel après tout, dans tous les cas cela permettait tout du moins de mieux cerner l'élu qui n'était point l'incarnation de la Charité pour rien.

Les deux interlocuteurs ayant pris place, les serviteurs se mirent en action immédiatement, offrant à chacun d'eux les saveurs et les délices du thé en fonction des goûts qu'ils souhaitaient. Pour le souverain ce fut fruit rouge agrémenté de sucre, une manière de reprendre des forces et de stimuler son activité afin de se revigorer après des heures de travail ainsi que celles à venir qui seraient tout aussi longues que leurs prédécesseurs. Cela fait, Silebor déploya des plis de ses atours, qui contenaient vraisemblablement un compartiment faisant office de poche, un espèce de tube en bambou qu'il déplia de tel manière à ce qu'il double de taille, laissant l'extrémité basse tremper dans le thé tout en portant son équivalent haute vers une ouverture dans son masque fort commode là où se trouvait la bouche sur son masque. Une bouche que l'on aurait juré être fermée et inexpressive juste avant et qui arborait désormais un espace afin de permettre à la paille de passer. C'était là un tour de passe passe d'illusion de l'empereur qui usait de ce ceci afin de ne point dénaturer la plupart du temps les expressions de la céramiqu tout en conservant un côté pratique à ses masques de tel manière à pouvoir se sustenter sans avoir à les retirer.

Conservant un relatif silence tout en écoutant religieusement l'élu faire son introspection et émettre des doutes quand à soudaine et nouvelle condition, Silebor engloutie deux gorgées du breuvage à travers sa paille avant, une fois que Lundell eut achevé son envolée de prendre la parole quand à tout ceci.

<< Personne ne naît jamais prêt pour quoi que ce soit. Qu'il s'agisse de l'humble paysan travaillant la terre, du tout puissant souverain régnant sur une terre, du vieil aristocrate ayant fait prospérer sa fortune, du Général chargeant sur les champs d'honneurs ou même du marchand en vogue victime de son succès. Tout est affaire d'apprentissage, d'éducation et d'acquisition d'expérience. Cela vaut aussi pour les élus, quiconque vous dira qu'il est prêt à soutenir le destin et les attentes du divin est un menteur éhonté, les façonnés eux même quand bien même sont-ils préparés toute une vie à incarner un aspect du spectrum émotionnel ne seront jamais totalement apte le jour J s'il arrive un jour à la tâche. Ce pour la simple et bonne raison que les voies des dieux sont impénétrables et que leur volonté est aussi soudaine qu'imprévisible. C'est là une récompense ultime quand à une philosophie d'existence autant qu'une malédiction s'accompagnant de restrictions et d'attentes infinies poussant à vivre dans un perpétuel cycle d'excès. Voyez cela comme un passage de l'enfance à l'âge adulte. Hier vous étiez insouciant, vivant votre existence sans contraire et aujourd'hui les Dieux vous ont choisis afin de converser en leur nom parmi les mortels avec tout ce que cela implique comme bénéfice et tares. C'est une situation nouvelle et avec le temps viendra la compréhension et l'habitude. Après tout personne n'entends d'un nouveau née qu'il puisse payer des impôts comme ses géniteurs ou qu'un apprenti artisan crée des artéfacts faisant office de trésors nationaux. Ce sont là des attentes absurdes et déraisonnables. Il en va de même pour les élus nouvellement choisis par le divin, à l'exception ceci dit que vous manquez de temps pour vous adapter à cet état de fait. >>

Ceci étant dit, le monarque s'en retourna à ses songes un instants afin de pondérer sa réponse à venir quand au point d'orgue et les incontournables questions qu'ironiquement chaque élu de la Charité était amené à poser comme ce fut déjà le cas pour le prédécesseur de Lundell et ceux d'avant encore. L'histoire farceuse aimait à se répéter après tout.

<< Si c'est cela que vous nommez une critique, vous êtes bien indulgent. Soyez assurés que j'ai déjà entendu plus virulent et véhément ne serait-ce que ce matin et pas plu tard qu'hier pour ne donner que cela en exemple. Les malcontents ne sont guère discrets après tout et qu'importe qu'on cherche à leur donner le sort des mauvaises herbes en les arrachant à l'instar de ces dernières ils en reviendra toujours car pour un heureux il y aura systématiquement son contraire. Aussi et in fine, peu importe qu'ils médisent, tant qu'ils ne beuglent pas de façon trop visible et qu'ils ne dépassent pas les bornes par des actes... Déplacés... Ce qu'ils pensent est sans conséquence. Mes priorités sont établies et mes objectifs clairs comme de l'eau de roche. J'entends laisser à mon successeur un Empire dont les fondations je l'espère permettront d'ériger un nouvel âge des merveilles. Pour le reste je laisse aux historiens et aux générations futures la tâche de me juger moi comme mes choix. >>

L'empereur marqua une pause, engloutissant une nouvelle gorgée de thé via la paille avant de revenir aux questions philosophiques en tant que tel. Des sujets sensibles auxquels il n'y avait jamais une seule réponse satisfaisante, seulement des moins pire choix. C'était ainsi.

<< Les mortels ne naissent pas égaux. C'est un fait, et quelque part c'est un grand bien car sinon le monde serait terriblement ennuyeux si nous étions tous similaires en potentiel et en qualités comme défauts. Pour autant la question coule de sens. Qu'est ce qui fait qu'un éleveur travaillant honnêtement et péniblement ne puisse point bénéficier des mêmes... Récompenses... Qu'un élu ou même d'un noble. Une question aussi vieille que le monde auquel les ânes et les sots répondront que c'est ainsi et que cela doit être ainsi. Faux. C'est certains ainsi mais cela ne doit pas l'être, c'est plutôt une conséquence malheureusement nécessaire faute de moyens qu'un absolu. Certaines jeunes gens de sang bleu diront volontiers de nos jours que de par leur naissance et leur sang ils sont supérieurs en tout point aux gens du commun. Foutaises et balivernes. Ils ont simplement oubliés ou font mine de ne point se rappeler le coût de leurs privilèges et de leur statut. Le prix du sang, de l'acier et de la sueur d'antan, de leurs ancêtres, des fondateurs de leurs dynasties si prestigieuses n'ont rien à envier à l'oeuvre d'un éleveur. Non... ils ont juste oubliés et se reposent sur des gloires passés et des sacrifices accomplis par ceux qui les ont précédés. La noblesse n'est pas seulement une affaire de sang. C'est avant tout un contrat envers les dynasties et le reste du peuple. Un contrat de dévouement et services rendues conclu en des temps sauvages et reculés où être noble avait beaucoup plus de signification. Administrateurs, Meneurs, Protecteurs, autant de rôle en un qui rendaient compréhensible un digne paiement en privilèges et en richesses. Enfin... Les histoires en dépit de leur caractère fantasmés ne sont toutefois jamais loin du vrai quand leur morale indique les indignes finissent par être châtiés et même s'ils ont sang bleu. L'aristocratie est après tout extrêmement compétitive et se purge d'elle même des incapables et mauvais participants au Grand Jeu. J'en sais moi même quelque chose. >>

De douloureuse mémoires qui se rappelèrent à Silebor sous la forme d'une brève grimace sous la céramique. Ce qu'il ne disait toutefois pas, car notamment c'était là l'une des prérogatives du pouvoir temporel qui ne concernait en rien une émanation du spirituel et plus généralement les non initiés aux noirs secrets de l'état, c'est que au delà des dissensions entre les lignées qui permettaient d'équilibrer la caste, le Trône avait aussi à l'oeil certains noms dont la loyauté mal placée ou les ambitions déplacées n'étaient guère du goût de otut le monde. Ainsi, il n'attendait qu'un prétexte, qu'une occasion afin de sauter à la gorge des concernés et... Faire ce qui devait l'être. Un grand ménage. Mais venait le moment de "répondre" à la question.

<< Pour reprendre l'exemple de l'éleveur et du lit. Je poserais trois questions. D'une part, est ce que l'éleveur dispose de l'intérêt et de l'envie d'acquérir le lit ? Ensuite, est ce qu'il est possible de fournir le lit à l'éleveur ? Enfin, combien cela va-t-il coûter en moyens et en efforts pour fournir ledit lit à l'éleveur ? En admettant que l'éleveur dispose de l'envie et de l'intérêt, qu'il soit possible de lui fournir ce bien et que les coûts soient établis cela nous mène à une quatrième question. Pourquoi ne pourrait-on pas faire de même pour son voisin ? Et pour le voisin de son voisin ? Et pour son cousin à l'autre bout du pays ? Et pour son frère par delà l'océan ? Et pour sa soeur sur un navire ? Vois tu donc, Novice où je veux en venir ? Je parlais plus tôt des excès des passions exacerbés. La réponse idéale à ta question en est l'exemple le plus édifiant. En supposant idéalement que tous les facteurs soient réunis pour permettre à l'éleveur d'obtenir le même lit que toi, l'équité voudrait que tout l'empire ait accès au même lit. Ce qui est factuellement impossible. D'une part car tous les sujets de cette nation ne réuniront jamais je le crains les trois condition sine qua non, et surtout car cela provoquerait la ruine du pays. >>

Tout le monde n'avait pas les mêmes aspirations mais surtout et plus simplement tout le monde ne vivait pas au même endroit et chaque lieu avait ses conditions d'accès et ses restrictions. Autant de facteur faisant que l'équité parfaite et absolue n'était qu'une utopie. Et si l'on se lançait dans des aventures de charité trop prononcée, cela ne ferait qu'exacerber le péché d'envie.

<< Dans le cas de l'éleveur vivant humble dans son village. Est-il seulement possible de d'apporter ce lit complexe là bas ? Et à quel prix surtout ? Le chemin est long, exténuant et c'est là sans compter les bêtes dangereuses et le climat imprévisible. Et même en admettant que l'objet arrive sans heurts là bas avec un coût exorbitant, les autres éleveurs tout aussi méritant qui n'auront guère de lit développeront inévitable un sentiment d'envie s'ils entretiennent les mêmes aspirations que leur homologue. Et de l'envie nait la discorde. Un cycle infini, une boucle sans fin, un gouffre béant. La situation est ainsi non pas car elle doit l'être mais car nous ne pouvons pas y remédier unilatéralement. Il n'y a  ce titre aucune parfaite ou même bonne solution. Seulement des dilemmes aux choix moins pires. C'est là le fondement même du règne et le plus grand malheur de chaque dirigeant, devoir choisir volontairement l'inéquité car c'est le moindre mal. Car si je prends la décision d'ouvrir les coffres et de vider le trésor pour permettre à chacun d'avoir un lit tel que celui de l'élu pour ne pas créer des dissensions... Lorsque le malheur frappera et qu'un énième séisme aplanira un quart de la capitale, que le climat deviendra si chaud que les récoltes flétriront jusqu'à provoquer une famine, que les eau se soulèveront et s'abattront dans un raz de marée sur les côtes en emportants bicoques, êtres vivants et embarcatons, et que les vents souffleront jusqu'à envoyer dans les ceux des villages entiers... Que restera-t-il donc à cette nation afin de faire face à ces malheurs et d'alléger la souffrance des victimes des éléments implacables ? Les lits confortables seront-ils d'un quelconque secours lorsque des milliers mourront de la main de cette terre et que plus encore périront car nous ne pourrons pas leur offrir un repas charitable ou des médicaments afin de soulager leurs maux ? Seulement les larmes pour pleurer les disparus et un âge de déchéance à venir et des bûches qui furent autrefois des lits pour se chauffer lors des froides nuits >>

Extrapoler et aller dans les extrêmes de raisonnement ? Non... Pas le moins du monde. Juste un peu. Mais assez édifiant pour faire valoir un point et exposer une vision des choses, une infime part de cet... "Univers plus grand" que devaient contempler les dirigeants en prenant des décisions difficiles. Une vision radicale qui différait largement avec les aspirations bienveillantes du commun. Naïveté ? C'était comme cela que l'Empereur décrivait cette manie de vouloir sans cesse aller contre les tares universelle à marche forcée. Charmant mais tout aussi voir plus destructeur qu'un pêché lorsque tombant dans la boucle de l'excès.

<< Enfin, Charbonnier est maître chez lui et fait ce qu'il lui plait de ses possessions. Libre à toi de distribuer tes meubles comme ces surplus de pâtisseries. Pour les secondes j'aurais au moins la certitude qu'elles auront été exploités à leur plein potentiel... Façon de parler quand on sait qu'il s'agit de nourriture bien évidemment. Dans tous les cas, il est toujours possible de faire un geste à son échelle et louable. Tout est question finalement de tempérance et de moyens. >>

Une poignée de macarons avait d'ailleurs entre temps disparus, là encore un oeil avisé aurait distingué des formes disparaître sans laisser de traces du côté de l'ouverture dédié au thé sur le masque. Là encore un coup des sens et des perceptions à coup sûr. Un fait amusant qui ferait sourire à tous les coups quiconque en prenait connaissance. Ce qui n'était pas le cas de ce que souhait évoquer Silebor par la suite.

<< Je transmettrais les compliments au chef les ayant confectionnés. Enfin, pour en revenir à nos moutons, il y a un certains nombre de sujets à aborder... Et notamment la nomination en tant qu'élu... Enfin plus exactement non pas les tenants et aboutissants de celle ci ou la personne concernée, avec tout le respect que j'ai pour les élus mais... Ah comment dire... Pour reprendre les termes d'une oeuvre littéraire de fiction "Il ne peut y en avoir qu'un, et il doit toujours y avoir non pas un Roi Liche mais un élu.". En d'autres termes... Pour qu'un élu soit nommé, son prédécesseur n'est forcément plus... Apte à converser au nom des dieux.... Ce qui... Veut tout et rien dire. Surtout en l'état... Ou cette... Passation s'est faites... Soudainement.... Et... N'était certainement pas attendue... >>

Bel euphémisme que de dire que le sujet était épineux. C'était un labyrinthe de ronce oui. Mais les bases de la question étaient posés à minima...

Les longs discours, monologues et autres exercices oratoires de longue haleine étaient comme une seconde nature chez l'Empereur qui depuis des décennies avait dû manier la verbe envers et contre tout dans diverses situations et pour des finalités dont lui seul savait les tenants et aboutissants. Un véritable dévouement en quelques sortes qui définissait ainsi partiellement son existence et ce d'autant plus lorsque l'on savait que certaines rhétoriques réapparaissaient si souvent que ressortir des réponses devenait presque un automatisme digne d'une de ces machines elfiques sophistiqués. Quelque part cela aurait d'ailleurs été mentir que de nier le fait qu'il avait partiellement anticipé cette semi-discussion sur les mesures à prendre afin de... Soulager le fardeau populaire diras-t-on. Pour autant cela n'avait rien d'étonnant dans la mesure où comme il l'avait mentionné les excès des vertus comme des péchés rendaient leurs hérauts prévisibles à un certains degrés, c'était d'ailleurs certainement l'une des plus grandes faiblesses des élus qui de par leur nature même étaient à priori conditionnés à fonctionner selon certaines règles sur le plan de la psychée ce qui permettait plus ou moins de voir venir pour quiconque savait calculer ses coups un peu à l'avance. Quoique cela ne soit pas non plus un absolu puisque le libre arbitre des uns comme des autres avait aussi un rôle important et pouvait potentiellement fausser de savantes machinations.

Dans tous les cas, le pouvoir temporel avait ses raisons, largement explicités peu avant soit dit en passant de ne point plier à la moindre quémanderie visant à piller les coffres au profit d'une folle charité qui ne pouvait décemment entrer en digne concordance avec les impératifs de l'état et la nécessité d'employer stratégiquement ses ressources tout en conservant à portée des réserves tactiques dédiés aux situations de crise. Ouvrir des Orphelinats et financer des hospices était une chose et se faisait régulièrement comme la doctrine vertueuse impériale le dictait, mais l'on n'allait pas pour autant mettre les finances à genoux pour des idéaux fragiles qui voleraient en éclat dès que les sables éternueraient et que l'océan vomirait sur les centres de population toute sa véhémence à l'instar de ses homologues des autres éléments. Pour ce qui était du reste, l'on ne pouvait décemment pas alléger toute la misère du monde quand ledit monde même jouait contre vous à tous les degrés. Quelque part, ce n'était pas un hasard si le pouvoir spirituel disposait de ses propres prérogatives lui permettant de louvoyer sans avoir à subir les ingérences de son homologue, c'était là le rôle des représentants du Divin que de passer du baume au coeur des bonnes gens, même si en toute franchise tous ne le méritaient clairement pas mais que voulez vous donc ? C'est dans la nature de la Charité d'oeuvrer sans distinctions et de combler les plus nécessiteux afin de tenter de combler un vide bien trop grand.

<< Chacun est libre d'accomplir en son âme et conscience ce qu'il peut et surtout ce qu'il veut dans la mesure de ses moyens. Nous avons tous un rôle à jouer et qu'importe les divergences et les spécificités, personne ne vous en voudra d'accomplir ce que vous pouvez. C'est là dans la nature des élus que d'essayer en restant fidèle à ce qu'ils incarnent, qu'importe l'opposition et les épreuves qui s'imposent sur le chemin fut-il des plus longs. In fine le plus grand nombre et les témoins de l'action seront reconnaissant sauf peut être les éternels ingrats, insatisfaits et autres scions de l'entropie qui en digne gueule béante de malveillance n'ont jamais assez d'occasions pour déverser leur fiel car cela est leur seule source de satisfaction. Au strict minimum même s'il est désormais évident que nous ne pouvons agréer à toutes les demandes, le Trône peut au strict minimum tendre l'oreille et en fonction intervenir ou porter assistance. Tout dépend de la situation et de la marge de manoeuvre. >>

En somme, les portes n'étaient jamais définitivement closes mais leur ouverture demeurait sujette à des conditions et était sujette à de multiples variables. Enfin, il fallait bien entretenir l'espoir. Espoir qui avait sacrément chancelé ironiquement avec le trépas de l'ancien élu, les nouvelles allant vite et de par la nature même de cette insupportable marque ainsi que de "l'attirance divine" il fut impossible de dissimuler quelques temps la chose afin de gagner du temps pour atténuer les effets de l'évènement sur les humeurs populaires. Héraut divinisé ou non, la désignation d'un nouvel élu n'était jamais une partie de plaisir d'un point de vue purement politique car au delà de rebattre les cartes quand à l'individu même recevant la marque et mettant de nombreuses choses à "refaire" sur la table, l'impact et surtout la symbolique de la chose avait une grande influence sur les fidèles. Allez donc dire à Monsieur Tout le Monde que l'ancien porte-parole d'une divinité, de surcroit incarnant une vertu appréciée et estimée, n'était plus. Sans parler du fait que l'évènement arrivant de nul part, la Cour et les pontes l'avaient après dans la surprise générale comme tout le monde ou presque.

Un véritable casse-tête des plus ennuyeux qui rajoutaient du grain à moudre dans les considérations et facteurs potentiellement pénibles à devoir gérer lors du sommet à venir. Dans tous les cas, l'on n'attendait guère du nouvel élu des informations quand au destin, funeste ou non, de son prédécesseur. Il était évident que celui ci était dans le noir complet et que la charge du divin lui était tombée sur la tête tel le ciel sans crier garde. Les Dieux avaient un de ces sens de l'humour... Enfin au moins ne s'embarrassaient-ils pas de protocoles bien trop complexes traînant sur la durée. Une marque irréfutable preuve suprême de la volonté des cieux et voilà qui était réglée. Imaginez donc en plus si l'on devait gérer à chaque transmission potentielle des imposteurs le temps de trouver l'élu véritable ? Quel enfer cela serait-ce.

<< Nous ne pouvons que théoriser sur le sort de feu votre prédécesseur à l'heure actuelle. Aux dernières nouvelles celui ci avait pris part à la grande réunion des élus de la fin de l'an dernier et était demeuré sur place avec ses homologues à l'issue de celle ci suite aux  récentes... Au vue de la temporalité ou la transmission de la marque est advenu, l'on peut aisément supposer que cela se soit déroulé au départ de l'arbre afin de retourner dans l'Empire ou tout du moins sur le chemin. Quand à savoir s'il s'agit d'une perte de grâce ou... D'autre chose... Seul le temps nous le diras et surtout les enquêtes qui ont été diligentés mais qui vont durer pour l'heure étant donner que nous savons à peine où chercher les prémices d'une piste. >>

L'empereur marqua par la suite une pause, profitant de l'occasion pour se réhydrater dans la foulée avant d'arriver à une conclusion édifiante et inaliénable sur la question du jugement divin quand à leur représentant.

<< Les voies du Panthéon sont impénétrables. C'est ainsi et l'on n'y peut rien. Le Divin n'entend pas offrir un manuel d'utilisation comme cette camelote Noctem, il décrète et attends que sa volonté soit faites. Quand à savoir ce qu'est sa volonté exactement, c'est le rôle de l'exécutant que de le savoir ou tout du moins penser le savoir puisque cela est à priori en lien avec sa nature. Malheureusement, je crains qu'il soit impossible d'aller exposer quelque contestation ou doléance que ce soit à leurs Célestes Personnes si j'ose dire. >>

Le sens de l'humour Divin encore une fois à n'en point douter. Mais était-ce réellement surprenant ? Une divinité était par essence comme par définition même un être supérieur en termes de puissance et d'impact pure sur l'univers et ses lois et ne résonnait donc point comme le commun des mortels. N'en déplaise à tous ses zélotes laissés dans le noir qui se retrouvaient malheureusement à devoir interpréter la volonté des cieux et bien souvent comme par hasard selon des versions qui les arrangeaient. Cynisme ? Voyons, qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

<< Toujours est-il que la Garde Impériale déployée dans ses attributions n'est qu'une mesure de sécurité mis en oeuvre en vertue du Traité signée par les nations quand à la protection devant être affublée aux élus. De surcroît la chose ne me semble pas saugrenue lorsqu'une transmission de marque ne se fait pas par faute de la vieillesse et plus encore lorsqu'elle advient dans la surprise la plus totale. Quelque part d'ailleurs peu importe les avis et les critiques sur la chose, mieux vaut un élu indisposé qu'un élu trépassé n'est-ce-pas ? Enfin, pour ce qui est du reste, nous vous tiendrons bien évidemment au courant des résultats des enquêtes diligentés et de leurs progrès. Dès que nous en aurons, cela va de soit. >>

C'était la moindre des choses, le strict minimum et le nécessaire absolu afin de conserver les bases d'une relations saine. Après tout, il fallait bien être transparent sur certains sujets afin de demeurer mieux opaque sur d'autres. Le pouvoir temporel avait ses mystères et attributions mais devait tout de même aire quelques gestes envers le spirituel afin d'avancer main dans la main au nom de l'harmonie des fondations, ce pour la plus grande prospérité du pays. Toutefois, cela ne voulait pas pour autant dire que le Trône allait converser à coeur ouvert de secrets de tous les sujets et notamment de la politique extérieure. Non pas que ce soit contre les élus mais plutôt car à la veille d'un de ces moments historiques, Silebor entendait minimiser les risques de fuite d'informations et surtout d'intentions qui pourraient être mal interprétés ou manipulés par d'autres partis à mauvais escient. Les cartes devaient demeurer secrètes jusqu'au dernier moment afin d'éviter des ingérences et perturbations impromptues.

<< Les nations n'ont pas d'amis, seulement des intérêts. Les ententes vont et viennent au gré des évènements et du passage du temps, c'est dans leur nature. Aussi nous verrons bien en fonction des la gestuelle et du verve qui est prêt à faire preuve de bonne volonté. Le Navire sablonneux a déjà son cap et s'en tiendras à celui ci. C'est au tour du Renard puis au Roc que de jouer son coup désormais. >>

Rien de tel que des métaphores nébuleuses pour parler pour ne rien dire. Ah la langue de bois dissimulant des détails en apparence anodins, quel plaisir...

Réaliser son devoir sans causer du tord à l'autre, un idéal à atteindre dans un monde parfait afin que les diverses conceptions, interprétations et ramification du pouvoir puissent prospérer sans craindre de répercussions de leurs homologues influant sur des domaines autres. Une utopie dans certains cas, un état de fait dans d'autres. Il n'y avait jamais rien de semblable dans l'arène tortueuse de la politique comme dans le labyrinthe nimbé de mystère qu'était la foi, tout dépendait encore une fois des individus, de leurs humeurs, de leurs passions, ou plus généralement de leur propension à voir plus loin que leur existence teintée d'égoisme, quoique l'on pourrait aussi mentionner la capacité à ne point faire preuve de mauvaise foi. Blâmer quelqu'un pour les malheurs du jour comme de l'ère était un réflexe propre aux mortels qui ne pouvaient se targuer d'atteindre la perfection qu'incarnaient les augustes divinités demeurant par delà l'horizon immaculé. Les rois et les reines devenaient ainsi des tyrans alors que les prophètes se transformaient en impostures ambulantes, le voisin était un profiteur et une nuisance, le voyageur la cause de tous les malheurs et plus généralement tout ce qui n'avait point un semblant de ressemblance était évidemment le mal incarnée et un démon quelconque se gaussant des tourments des bonnes gens.

Les actions des uns étaient voués à être comparés à celles des autres, de même que les conséquences et inévitablement s'installaient les rancoeurs et noirs pensées qui habitaient les coeurs et les âmes des mortels intrinsèquement. C'étaient là la nature profonde des gens, les non-dit dont on ne parlait pas, les idoles d'amalgames et crasse que l'on mettait volontairement au piloris en élevant les élus des vertus comme antithèses vivantes des défauts de chacun. Ces cyniques pensées arrachèrent l'espace d'un instant un sourire accompagné d'un léger rire d'amusement même si ce dernier ne fut qu'éphémère le temps d'une poignée de secondes. C'était là le propre du monarque que de se vautrer dans la paranoïa et toujours envisager et contempler le pire de ce qui pouvait ressortir ci et là. De cette manière l'on n'étais jamais réellement surpris et surtout l'on pouvait apprécier à sa juste valeur des situations infiniment moins complexes à superviser qui se voulaient beaucoup moins catastrophiques que les prédictions.L'inverse étant rare, cela était une valeur sûre même si il convenait de préciser que dans le cas très improbable où les expectations étaient pires que ce que l'on avait pu entrevoir... Eh... Cela devenait un état de fait réellement mauvais. Les dieux seuls savaient à quel point celui qui tirait désormais les ficelles de l'Empire avait imaginé et vu se jouer des drames complexes et réalités potentielles dans son esprit sans cesse occupé à comploter, superviser et planifier.

Mais l'on divaguait, encore et toujours, défaut presque maladif de ceux ayant à leur charge le devoir d'assurer la stabilité des fondations alors que toute la structure pouvait s'effondrer sans préavis si le moindre écart était admis, si la moindre erreur advenait. Pour autant... Restait une seule vérité à révéler, le secret de la ressource universelle qui abondait et dont l'on subissait les pénuries dans le même temps.

<< Il y a des temps pour agir, d'autres pour fermer son coeur. Prendre une décision n'est jamais aussi simple lorsque l'on occupe les hautes sphères du pouvoir, les actes et les paroles impliquent chacun dans un sillage pouvant devenir incontrôlable les destins de centaines de milliers. Les malcontents ne sont que des grains de sables dans la tempête qui s'abat inévitablement sur les décideurs. Le vrai danger réside dans un concept existentiel propre à tout et qui dictera nos réussites et nos échecs inlassablement. >>

Il marqua une pause. Installant par inadvertance un silence solennel alors que des souvenir amplies de nostalgies se pressaient soudainement aux premiers plans de son esprit. Regrets et amertume étaient communs à ceux qui tiraient les ficelles, les jeunes avaient bien de la chance de ne point avoir encore fait face à la triste et dure réalité. Question de temps ceci dit avant que le baptême du feu n’advienne.

<< Le temps est plus précieux à chacun en ce bas monde que l’eau à un nomade dans les étendues dorées du désert. Bienheureux celui qui peut se permettre d’en dispenser comme il l’entend et en abondance, mais cela ne durera pas. Cela ne dure jamais. Nous en manquons tous tôt ou tard, sans cela l’âge des merveilles serait déjà sur nous depuis longtemps. >>

D’où l’importance de choisir plus que jamais avec soin à qui consacrer son temps. De toute manière, il était impossible de faire disparaître toutes les tares et les contradictions et l’on avait beau régler cas sur cas, à chacun d’entre eux auquel l’on offrait la satiété, trois autres ou plus sortaient soudainement du bois tel des mauvaises herbes revenant à la charge sans cesse. C'était un flot sans fin, une lutte perdue d’avance, un état de fait gravé dans le marbre dès son commencement. Qu’il s’agisse de gouvernance ou de foi, le pouvoir temporel comme le pouvoir spirituel ne pouvaient sauver et aider tout le monde. Il n’était possible que de limiter la casse et d’endiguer autant que faire se pouvait le flot des maux accablant le monde. Loué soient les idéalistes naïfs car ils disposent encore de la fougue et de la passion, coeurs ouverts et pensées pures, le temps cruel et implacable les transformera bien vite en amalgame d’aigreur et de regrets optant pour un pragmatisme sévère changeant définitivement la vision du monde. Silebor savait bien de quoi il parlait en ce sens. Faire ce qui devait être fait n’était jamais plaisant, mais tous les idéalistes finissaient par passer par là, si ils n’étaient pas balayés avant par le destin, ou que leurs esprits ne s’effondraient guère face à l’horrible réalisation.

Dans tous les cas, il y avait au-delà des menaces inhérentes à chaque esprit des dangers plus concrets pouvant se terrer en ce bas monde. Et pas nécessairement les pires…


<< Les illuminés existent toujours qu’importent l’âge, déception, abandon, rancoeur. Les raisons ne manquent jamais autant qu’il y a des tragédies. C’est là le rôle des nations comme des protecteurs affiliés aux élus que sont les membres de l’Ouroboros de prévenir toute action hostile d’un tel ou d’un groupe. S’il est trop tôt pour théoriser, il convient de se souvenir qu’il n’y a pas que les gens qui peuvent se révéler un danger. Une mauvaise rencontre peut aussi impliquer des créatures quelconques comme il existe aussi des concours de circonstances propre aux territoires et à leur particularités géographique. Après tout, l’on a déjà vu de nos sujets trépasser par un contact malvenu entre leurs crânes et un grêlon un peu trop gros tombant à pleine vitesse suite à un caprice du climat. >>

En d’autres termes, si tant est qu’il y avait sans doutes des gens prêts à vouloir la mort des élus et à se donner les moyens d’obtenir la tête de certains, il y avait aussi de très nombreuses causes possibles de trépas si tant est que l’ancien élu soit mort pour commencer. Les enquêtes en diraient plus une fois menées à bien. Inutile de se perdre futiles pensées pour l’heure, c’était là le rôle du trône que de s’attarder sur les pensées pleins de paranoïa afin d’entrevoir et de prévenir. Préserver l'innocence était une prérogative sacrée.


Quoi qu’il en soit, le monarque s’attardant après ses prises de paroles sur sa boissin afin de ne point souffrir d’une gorge trop sèche qui se révèlerait ennuyeuse pour continuer à converser, ne put s’empêcher d’arquer un sourcil dans un angle insoupçonné jusqu’à présent. Une chance que le masque servait aussi à prévenir ce genre de vision disgracieuse. En soit, Ioannes s’attendait à ce que le jeune élu ne lâche pas l’affaire quand aux relations entretenus avec les autres nations, curiosité à la source de tout, nonobstant avec cette tendance qu’avait le monde à employer le pouvoir spirituel afin de converser d’état à état, de vieux usages aussi absurdes que aberrant. Enfin, il fallait passer outre ces considérations et donner le change.

Même si ceci dit, le Souverain s’il s’attendait à une poursuite du sujet, ne s’attendait et fut, plus ou moins désagréablement surpris que celui-ci en vienne au cas de Clara Nocte. Arvandor, Vollheim voire Ananda étaient dans les expectatives… Mais le royaume de la nuit ? Curieux. Quoique… Au vue du fil allant en aiguille, l’on voyait se dessiner au loin les ficelles d’un raisonnement discret mais bien présent. Il était hautement improbable qu’un élu novice encore il y a quelques instants empreint de naïveté et avec certains points de vue utopiques, se décide soudainement à s’exprimer avec opiniâtreté sur un sujet aussi épineux que la relation avec les noctems. Il devait y avoir autre chose, l’intuition de l’Empereur et son expérience lui faisait flairer cela. Mais les convenances voulaient qu’on ne tire point les vers du nez d’un élu, tout du moins d’un novice. Autant passer outre et entrer dans le vif car dans tous les cas l’on ne pourrait pas esquiver le sujet et même si l’on tentait il reviendrait potentiellement très vite.

<< Inutile de parler en termes détournés sur ce sujet. L’aide offerte à Ananda est un sujet d’actualité à l’étude à l’heure actuelle par quelques-unes de mes mains afin que puisse être dressé au plus vite un bilan afin d’estimer les résultats. Et à vue de nez cela ne se profile pas très bien. Les avis de Clara Nocte en sont une partie mais ne relèvent finalement que de la divergence d’opinion quant à la stratégie à adopter face à Ananda et ses… Résidents diras-t-on. Et force est de constater que leurs arguments ne sont pas tous dénués de sens, les chiffres ne mentent pas et feront office de preuves définitive. En temps voulus il conviendra peut être de revoir les méthodes et l’ampleur de celles- ci. >>

Noyer le poisson en abordant de front le sujet et en centrant sur un aspect technique mais clé, habile. Cela permettrait de reprendre le contrôle de la discussion. Et une poignée d’informations clés pouvant être utiles dans l’optique du désir exprimé car après tout il était hautement improbable que seule la qualité raciale, si jamais elle n’était pas remise en question, importe uniquement. Après tout lorsque l’on avait eut les échos des “aventures” du Général qui s’aventura quelques mois auparavant en la haute et moderne demeure des elfes afin de chercher des réponses quand à l’incident du barrage et à la disparition de l’ambassadeur impérial, cela en disait long sur ce que l’on pouvait prévoir quand à une nouvelle “délégation” à envoyer. Fut-elle menée par un élu. Enfin, il ne fallait pas briser les espoirs des jeunes et dans tous les cas ce n’était pas comme si l’on pouvait l’empêcher d’aller à Clara Nocte non plus. Quelqu’un d’assez ingénieux et déterminé trouverait toujours un moyen d’arriver à ses fins. Autant aller avec le courant et donner les outils afin de prévenir la casse. Nonobstant, cela permettrait toujours de prendre la température et qui sait… Peut être un miracle même si personne n’y croyait réellement.

<< Les autorités Noctems sont capricieuses et égales à elles même. Je s'élèverait guère trop les attentes quoi qu’il en soit quand à cela, mais si vous désirez tenter l’expérience, ce n’est pas comme si je pouvais factuellement vous en empêcher. Hmmmm… En soit cela servira de galon d’essai et… L’expérience sur le terrain parlera d’elle même mieux que tout ce que je pourrais dire ici…. Oui cela est bien comme cela, inutile de gâcher la surprise.  >>

Appréciée était toutefois les déclarations de procéder à ce genre de manoeuvre après concertation et accords toutefois, une touche de gratitude émanant de façon presque imperceptible de la voix de l’empereur.

<< Parler au nom d’une nation implique de grandes responsabilités et demeure une épreuve même pour les vétérans. D’autant plus en étant au fait des singularités de Clara Nocte qui est de très loin le cas le plus complexe à appréhender en matière de diplomatie. Je vais être très claire sur la question. Je ne pense pas que vous ayez encore ce qu’il faut pour mener un front d’ambassade comme il se doit. De la même manière que je n’attends strictement rien en l’état des choses d’une prise de contact avec les Noctems pour diverses raisons. >>

Il marqua une pause, reposant sa tasse sur la table et joignant méticuleusement ses mains devant lui comme s’il fut dans un entretien d’embauche.

<< Mais ce n’est pas en restant à se tourner les pouces et à s’exercer avec des manequins que les choses changeront. Vous voulez mon accord afin de vous essayer à prendre contact avec un pays se noyant dans son isolationnisme et son arrogance exacerbée ? Soit. Vous l’avez. Avec tout ce que cela implique, et notamment le poid dans toute sa lourdeur qui va peser sur vos épaules le cas échéant, les attentes, les opportunités ainsi que bien évidemment les conséquences. Il y a de très fortes chances que cela ne mène à rien ou pire que ce soit un échec retentissant, mais que voulez-vous. C’est là le lot des joueurs, des parieurs, il faut bien commencer quelque part. A ceci près que dans ce domaine très précis vous ne manquez pas de temps, reste à savoir comment vous allez l’employer. Parler au nom d’un royaume est éreintant et le moindre mot peut être interprété, pour autant il est impensable de dissocier l’élu, ses actes et ses paroles, de son alter-égo étatique. A partir du moment où vous mettrez le pied en terra incognita, et même avant, vos faits et gestes seront décortiqués et analysés jusqu’à la moindre lettre, au moindre mouvement de cil. Loin de moi l’idée de vouloir agiter un épouvantail, mais ce sont là des points qu’il convient de savoir et dont il faut prendre conscience. >>

A bon entendeur.

S'il convenait d'attendre en somme avant d'avoir des confirmations d'ordre finale et arrêter ainsi une analyse définitive et concluante sur le nouvel élu, au moins ce dernier avait-t-il la grande qualité d'écouter son prochain quoique cela faisait sans doutes parti des conditions sine qua non définies par le divin lorsqu'il fallait un porte-enseigne de la charité en ce bas monde car après tout sourd et aveugle n'étaient jamais caractéristiques providentielles lorsqu'il fallait assister son prochain et ce n'en déplaise à toute la bonne volonté du monde qui puisse exister. Les paroles étaient ce qu'elles étaient, et si on leur accordait un tant soit peu de crédit, il n'était guère saugrenue d'affirmer que les messages, explicites assurément et implicites potentiellement aient été transmis comme il se devait, preuve en était à priori que l'accent avait été mis sur l'accomplissement d'oeuvres de concert et l'habile esquive de toutes situations incongrues devant mettre face au fait accompli. Quelque part c'était là le strict minimum que l'on pouvait attendre, mais avec le pouvoir spirituel l'on ne pouvait jamais réellement savoir, les émotions exacerbées avaient en cela qu'elles déchaînaient les passions au delà de la raison en bien des cas et n'obéissaient guère, ce d'autant plus avec un divin soutient, aux lois communes comme l'on pouvait les entendre. En d'autres termes, tout ceci, tout ce qui fut dit, entendu, exprimé, compris et ainsi de suite, l'on pouvait dire que cela se déroulait... Bien. Correctement. Passablement.

<< Bien. Entendre ces états de fait est le premier pas nécessaire afin d'éviter les innombrables chausses-trappes qui gisent dissimulés plus ou moins aux yeux aveuglés par la fougue et la passion. >>

Comprendre les règles du jeu était essentiel afin de s'en approprier les us et les coups dont on pouvait disposer et placer comme l'on entendait afin d'avancer sans se vautrer lamentablement ou s'effondrer dans une situation inconvenante pour soi comme pour d'autres. Au moins l'on ne pourrait pas dire qu'on n'avait point fait le nécessaire en termes de mises-en-garde. Il était l'évidence même à mesure que ces échanges avançaient et que le Monarque se faisait petit à petit une idée de l'être même du nouvel élu de la Charité que ce dernier était à l'image de ses prédécesseurs relativement obstiné et tenace sur certains points. In fine, chaque déviation et lâcher de lest accomplis l'un après l'autre lors de cette discussion n'était qu'une part d'un ensemble plus important voyant l'attention et les efforts apportés aux idées et projets reportés chaque fois de manière plus poussée et précise sur quelque chose se voulant plus tangible. Quiconque s'amuserait à essayer de décourager l'elfe se heurterait in fine à un échec cuisant, et en soit qu'importe à quel point l'on interdisait ou barrait des routes, quelqu'un avec assez de volonté et d'ingéniosité sans compter d'éventuelles complicités pouvait toujours arriver à passer entre les mailles d'un filet, fut il le meilleur du monde aux maillons les moins permissifs. Ainsi, l'opposition en tant que tel et les réactions épidermiques étaient une perte de temps magistrale et l'on ne mentionnait même pas à dire vrai les potentiels revers et conséquences imprévues pouvant toujours arriver sans crier garde.

Car après tout, en ce bas monde il n'y avait jamais d'absolus, jamais de cycle perpétuel ni de déroulement des choses qui se passait systématiquement sans accroc. La diligence était un atout qui devait se pondérer via la polyvalence et l'adaptabilité autant que la vigilance, c'était là ni plus ni moins que la recette indispensable à un règne afin de prévenir à tout ce qui pouvait potentiellement s'élever afin de causer du tord, fut-il via le hasard, l'involontaire ou à l'inverse le volontaire. Enfin, laisser le vent aller comme il l'entendait quitte à le diriger un peu en échange d'assistance ne voulait pas pour autant dire que les idées bien arrêtés des bourrasques étaient avisées. La naïveté avait quelque de charmant bien évidemment, mais du point de vue de l'Empereur, c'était un obstacle flagrant à tout projet envisageable et ce d'autant plus lorsque cela entrait en contradiction avec des exigences de rationalité qui était pour ainsi dire le maître mot lorsque l'on s'adressait au royaume Noctem ou que l'on évoquait ce dernier. Pour être tout à fait honnête, Silebor avait déjà en tête de multiples scénario tournant plutôt mal et les plus "bénéfiques" impliquaient purement et simplement des fins de non recevoir. Ne serait-ce que pour un point qui à l'écoute seule sortait par les orbites du souverain et témoignait à lui seul en somme du manque d'expérience ou de tact, l'on ne savait pas trop de l'élu.

<< Oui. >>

Lâcha-t-il finalement afin de répondre à la question de Lundell sur sa "Naïveté et son idéaliste" sans aucun artifice de ton ou de gestuelle afin d'atténuer ni d'accentuer la violence et la vérité de ce simple et pourtant cruel mot se voulant pourtant exprimer de par sa crue réalité une façon "d'aider".

<< La naïveté et l'idéalisme, vous n'en manquez guère et pourriez vous étouffer avec si l'on tournait le regard un seul instant, c'est un fait indéniable. Et autant, ces deux choses peuvent dans certains cas être d'une grande assistance en s'incarnant dès lors pour le premier comme une "tare adoucissante" et pour le seconde une qualité contagieuse, autant à l'exact opposé elles peuvent devenir des poids aptes à vous entraîner dans une spirale de noyade. >>

Sans doutes l'élu devait s'attendre à une réponse allant dans l'affirmative, mais peut être pas imagée à ce point, et sans doutes du point de vue des ecclésiastique, Silebor eut peut être dépassé les bornes dans ses dires et ce qu'il s'apprêtait à continuer à énoncer, mais en l'instant l'intéressé n'en avait cure, on lui avait posé une question en attendant une réponse sincère, il la délivrait tel quel, sans artifices, réaliste et dure, mais sans malveillance ni malice. C'était là après tout une de ces occasions afin de dire les termes comme les jeunes orateurs aimaient à dire ces derniers temps. Une occasion afin de donner les armes, afin de faire prendre conscience de certaines choses, ce pendant qu'on le pouvait encore. Car de tels occasions seraient rares à l'avenir, peu importe à quel point le Trône était disposé à faire de la bonne volonté en agissant comme un soutient crucial et un enseignant concerné, les aléas et les devoirs étaient si nombreux que le temps, la ressource la plus précieuse allait inévitablement manquer. Rien que les prochains jours seraient absolument épuisants pour ne citer que ça... Alors les prochaines semaines... Voir les prochains mois...

<< Contacter les élus est une idée raisonnable, en théorie. Vos homologues sont soumis aux mêmes règles que celles que j'exposais plus tôt, la tyrannie des passions exacerbés. Humilité et Arrogance, dans un cas une porte d'entrée potentielle, mais uniquement si vous arrivez à trouver celle ci ce pourquoi je vous souhaite d'avance bien du courage car dit-on le tenant du titre serait un globe-trotteur invétéré. Pour le second élu Noctem, son attribut parle de lui même et le cas échéant je vous souhaite tout autant de courage afin cette fois d'engager une conversation productive. Car même si je n'ai pas le plaisir de connaître cette personne qui je suis certains est absolument charmante au demeurant, j'ai toutefois quelques connaissances en matière d'arrogance, ayant quelques prétendants sérieux à la marque divine à ma cour, et je peux vous assurer que si ces derniers pouvaient s'étouffer avec, cela serait pour le meilleur du monde. >>

Siffla-t-il avec amertume et surtout une dose conséquente du cynisme qui l'habitait tel un démon possédant une âme quelconque. Sans doutes étaient-ce là des préjugés, et des avis inspirés par les on-dit et certains raisonnements tirés par les cheveux, mais il y avait aussi une certaine expérience de la vie, après tout le Silebor était plus proche en tant que tel du crépuscule de son existence que de son aube même si il y avait encore de la marge. Oh, des ogres bouffis d'arrogance il en avait connu, et il avait assisté à leurs fins surtout, sans aucune exception car ce qui était leur plus grande force était aussi leur plus flagrante faiblesse qui amena systématiquement à une chute prématurée. Et dans tous les cas, c'était là universellement complexe de communiquer avec les portes-enseignes de ces péchés.

<< Croire en l'humain demeure pour autant raisonnable. Après tout il est capable du meilleur comme du pire mais personne ne naît finalement mauvais, n'en déplaise au théoriciens du nihilisme, détestables et méprisables personnages s'il en est. Cependant, vous voyez les choses sous un très mauvaise angle, et le cas échéant, votre argumentation immédiate vient d'en pâtir. Croyez en l'humain autant que vous voudrez à Clara Nocte, cela n'aura aucune valeur car ce sont les elfes bénis par l'astre stellaire qui dirigent et ceux ci au cours des dernières décennies ont donnés bien plus d'arguments que l'on ne le voudrait afin de justifier de ne certainement pas croire en leur genre. Bien évidemment les consciences collectives n'existent pas en matière de nation et les amalgames ne font pas acte de foi, mais les faisceaux d'indices et de faits sont sans équivoques. En tout état de cause, je n'attends strictement rien du Royaume de la Nuit. Tout comme ces derniers n'attendent rien de nos. Mais qui-sait. Peut être sera-t-il prouvé que j'ai tord. >>

Il fallait toujours entretenir l'espoir d'être dans le faux sur ce genre de sujet mais ne pas se laisser absorber par celui ci. Une position dure et ferme était nécessaire afin de maintenir le cap dans la tempête et ce genre de menus détails faisaient office de débris et de récifs soigneusement disposés afin de causer du tord. Converser avec l'épicentre du nombril du monde revenait de l'exploit, et arracher la moindre concession un mythe, ce surtout depuis les "maladresses" Arvandoriennes vis à vis des Elfes, un élément non négligeable de l'évolution des choses au sein de l'Histoire récente. Dans tous les cas, et en dépit de ce manque de foi évident du Trône Malaqi, force était d'admettre qu'il faudrait de toute façon bien essayer de converser avec les elfes à un moment ou à un autre. Car après tout, la lutte contre l'ennemi commun du monde ne saurait-être efficace sans l'un des acteurs majeurs de ce dernier. Enfin, l'on verrait bien assez tôt ce qui ressortirait de cette... Aventure.

Le souverain n'osa d'ailleurs pas commenter quand à cette rencontre... "agréable". Cela aurait été malvenu après ces estocades verbales qu'il venait de lancer, non pas qu'il regrette celles ci, mais il fallait demeurer décent et ne pas verser dans l'ironie inutilement. De surcroît, cela était l'occasion de faire une courte pause silencieuse face à la réplique suivante. Un banquet pour tous le pays. Tenace et obstiné jusqu'au bout. Quoique l'idée n'était pas absolument mauvaise sous tous les angles mais présentée ainsi était plus proche d'une absurdité que de quelque chose de concret.

<< Si l'on devait organiser un banquet à l'échelle d'un pays tout entier, cela reviendrait à s'assurer d'une disette pour le moi suivant. Ou de créer un gouffre béant dans la trésorerie. Au choix. >>

Le cas échéant, il n'était pas nécessaire d'épiloguer sur ce qu'il avait déjà exposé plus tôt quand à la nécessité de d'user de ses fonds et ressources avec parcimonie et ce surtout face aux particularités climatiques de l'empire, d'ailleurs.

<< De surcroît, n'organise pas quand il veut un tel évènement car les éléments ne se gêneraient certainement pas pour causer des troubles. Et c'est là sans même évoquer l'état actuel du monde, la montée de la Tour Galate et de la corruption, l'accentuation des gangrènes, les maraudes de bêtes impies toujours plus loin ci et là et ainsi de suite. Les prochains mois vont se révéler assurément cruciaux quand aux dépenses à faire. >>

Il marqua une pause, pondérant quelque chose.

<< Ceci dit, si un banquet, voir même un festival ne seraient pas adaptés au contexte pour des raisons respectives différentes... Une idée me vient à l'esprit... Après tout nous approchons à grands pas de l'Ordalie des cendres... Hmmmm... Oui, cela pourrait valoir le coup... Quelque chose de spécial en ces temps hors du commun... Hmmmm... Félicitation Novice. L'idée bien que maladroite est habile sur le fond et peut être donnera naissance à quelque chose de mémorable, mais cela dépendra d'autres. Mais je garde l'idée en tête... >>

Tout c'était mieux passé que l'on aurait pu le prévoir, c'était là une certitude au regard de la productivité des discussions qui avaient eut lieu aujourd'hui,  et de surcroit en laps de temps des plus réduits lui même encastré en urgence au sein d'un planning déjà bien trop rempli pour les prochaines semaines. Peut être était-ce dû à la nature même de l'élu que l'on devait cela, sans doutes même, converser avec des vertus apparaissait théoriquement plus aisé  qu'avec les péchés à bien des égards bien que cette logique ne soit jamais un absolue, les mortels étaient ce qu'ils étaient après tout et exceller dans un trait de caractère jusqu'à l'excès n'occultait pas nécessairement les autres. Au moins cette fois ci avait-on eut droit à un élu doté du don d'écoutes. Certes, les conversations et autres "promesses" valaient ce qu'elles valaient et l'on verrai ce qui en découlerait ou nom au fil du temps, mais c'était déjà mieux que le néant absolu, pour tout le monde, pour l'élu en question, l'Empereur, la Nation et ainsi de suite. Un grand pouvoir impliquant de grandes responsabilités, qu'il soit Temporel ou Spirituel, il apparaissait essentiel, vital même de dispenser quelques bribes de sagesses afin qu'au moins le détenteur s'en rende compte, qu'il réalise que la transition entre l'avant et l'après de la marque était plus concrète et manifeste qu'il n'aurait pu jamais le penser. De même, si cela pouvait aider à freiner quelques ardeurs malvenues ou à éventrer quelques idées déplacés que ce soit... Non, décidément cette entrevue était tout sauf une perte de temps.

Mais il y avait une fin à toutes les bonnes choses car in fine, la réalité finit toujours par rattraper tous nous rattraper, grands comme petits, notables comme quelconques. Le temps, comme dit plus tôt était la denrée la plus précieuse au monde qu'il convenait d'employer avec rigueur et parcimonie pour ne pas le gâcher vainement, et en l'état celui ci commençait à manquer alors que la tombée de rideau de cette audience s'approchait à grands pas. Au moment de faire les comptes toutefois, il était plus ou moins évident que les préliminaires nécessaire ainsi que le premier tour de table avaient été accomplis sans coup férir. En soit, si ce n'était pas pour ses prochaines obligations, le Monarque aurait tout à fait pu persister dans ses laïus, à continuer à déblatérer jusqu'à ce que le soleil se couche tout en n'hésitant guère à alterner entre vilipender et magnifier en fonction de ses impressions et ressentis.

A mieux y réfléchir d'ailleurs, l'Empereur avait fait preuve d'un sacrée dose de franchise et était allé plus ou moins droit au but sans user d'autant d'artifices et autre procédés oratoires qu'il employait habituellement lors de conversations à trait officielles. Probablement un effet secondaire contagieux de la naïveté de l'elfe... Ou l'âge... Peut être même les deux.  Ce n'était toutefois pas plus mal au vue du résultat final. Ceci dit, le Monarque ne se gêna guère pour balayer nonchalamment la demande de Lundell concernant l'idée qui avait germé dans son esprit à la suite de la proposition faites auparavant par son interlocuteur.

<< Et gâcher une potentielle surprise comme l'on n'en a point vue depuis des années ? Certainement pas.  Ce ne sont là encore que des idées, des potentialités à explorer et mettre en place avec soin en planifiant méticuleusement fondations et charpente, il ne saurait y avoir dans ce cas là d'édifice branlant menaçant de s'écrouler comme un château de cartes. La chose est à méditer, aussi me garderais-je bien de divulguer des détails. >>

C'était là aussi une manière de ne guère faire de promesses tout en attisant l'intérêt et la curiosité de l'elfe en l'éloignant dans le même temps de son idée de base. Il y avait en ce bas monde toujours des occasions à saisir pour faire d'une pierre deux coups, et celle là était l'une d'elle au même titre que l'Ordalie à venir. In fine cela permettrait autant de faire des économies que de satisfaire les uns comme les autres en théorie... Mais de la pratique cela dépendrait grandement des... Discussions à venir avec les têtes des autres royaumes

Enfin, la tasse du Monarque entamait ses derniers instants avec un reste de breuvage en son sein. C'était là le signe avant coureur, le dernier même, que le sablier était lui aussi presque vide. D'ailleurs, l'élu de la charité s'en était aussi rendu compte... Une dernière touche de conseils peut être ?

<< Les erreurs sont inévitables, à un moment où à un autre. Tantôt de son propre fait, parfois de celui des autres, ou bien même des circonstances. Certaines sont en effet impardonnables, plus encore pénalisante à l'excès... Mais rares sont celles inscrits à jamais dans le marbre. L'important n'est pas de faire ou de ne pas faire des erreurs, mais bien de savoir outrepasser ces dernière afin de restaurer un semblant de statu quo... Viendra un temps où face à un problème il n'y aura aucune bonne solution...C'est inévitable, pour tous. A vous de faire un choix inconcevable à cet instant, celui du moins pire. >>

Et sur ces derniers mots, l'Empereur relâcha son emprise sur sa tasse désormais vide avant de la délaisser. Il était temps.

<< Le moment fut plaisant. Mais comme dit, il y a fort à faire, et les obligations n'attendent guère... Passez donc une agréable fin de journée novice, et puisse la bonne fortune vous sourire dans vos entreprises, vous en aurez besoin bien assez vite. >>

Puis il accorda le geste de la main tant attendu, proclamant l'accord du Trône de mettre un terme à cette audience, une audience comme l'on en voyait rarement parmi toutes celles jamais accordées.