Reste immobile, le regard insistant.
Il a conscience que sa demande est grande, qu'elle pourrait très bien la refuser, après tout, il avait volontairement tu l'information et que son secret leur en avait coûté beaucoup, dans les décombres de la Cour.
Mais elle acquiesce, et la tension de ses épaules s'étiole, il sent enfin ses muscles se détendre pour de bon, comme la terreur glaciale réchauffée par la chaleur fantomatique de sa paume contre sa joue.
L'observe du coin de l'oeil s'activer, à l'affût du moindre signe d'inconfort et prêt à lui venir en aide au cas où.

— La Griffe...

Ça lui tire une mine surprise.
Le régiment est dédié aux draconides, à ceux dont les exploits ne sont plus à prouver.
Qu'avait-il de son côté, pour justifier une telle reconnaissance ?

— Lilienthal.

S'était avancé, Vikka, attrape les assiettes entre ses mains, sourcils froncés.

— Je n'ai aucune victoire à mon nom.

Ce n'est pas le sien, pas entièrement.

— Je ne suis personne.

Dans cette vie, du moins.
Sait pertinemment que les cicatrices qui décorent sa peau pour en faire une toile grotesque d'affrontements remportés sont une manifestation de sa résilience face à l'adversité, de tout ce qu'il avait traversé.
Mais les souvenirs sont perdus depuis longtemps.

— Comment les autres pourraient m'accepter dans les rangs ?

L'interrogation est sincère, visible dans son iris posé sur elle.

Lorsque Vikka récupère les assiettes dans tes mains, tu te demandes s’il va même te couper ta viande en petits morceaux. L’attention serait aussi touchante que déplacée. Mais il y a bien plus important, et tu affrontes son regard inquiet, sans aucun doute dans tes yeux.

“Nous n’avons plus de hauts faits à notre actif depuis bien longtemps, Vikka. Plus de soldat qui se démarque au combat, plus de batailles à remporter.”

Tu pourrais lui expliquer ce dont vous avez parlé, avec Gunhild. Mais tu n’en as pas le courage, ça semble si terre à terre, sur l’instant.

“Je veux croire que si notre Roi m’a mise à ce poste, c’est parce qu’il a confiance en ma capacité à ne pas laisser la Griffe péricliter… Et pour ça, il nous faut du sang frais.”

Ton ventre se serre brièvement, ton regard se détourne, sans que tu puisses l’en empêcher.

“Tu m’as déjà vaincue en duel ; c’est suffisant pour inspirer le respect et pour te faire un nom. Mais vu les circonstances… Il nous faudra des spectateurs ; ou quelque chose de marquant. Qu’on voie à quel point tu as ta place parmi nous.”

Et comme il ne va pas se transformer à moitié pour jongler avec des crâne enflammés… Tu ne vois que le duel.

“Mais seulement si tu es d’accord.”