Depuis l'arrivée de son plus précieux ami, ils se sont mis en quête de se trouver des compagnons de route, pour l'un une soyeuse, pour l'autre une souriète. Non sans aidé la population lorsqu'ils le peuvent et au rythme des humeurs de l'empathe qui est -il s'est sans doute rendu compte- qu'elle est un aimant à problématiques. On la trouve naturellement quand ce n'est pas elle, qui ressent à distance les peines, leurs peurs et les tracas. Leurs marches sont riches en discussions, en rapprochements et même si leur tête à tête en librairie avait un but précis, ils en sont venu sans le vouloir à de maladroites déclarations. Très maladroites.

Un rapprochement plus tard, quelques journées de marche et de camping et les voilà sur un lieu propice à une rencontre avec l'animal. Aidant Domna à ranger leurs affaires, en attendant qu'ils parviennent à établir un contact, elle rejoint finalement Ezéchiel au cours d'eau. Celui-ci est en pente, donnant sur le ruisseau, le soleil printanier tapant sur eux, réhaussant les couleurs. Elle se perd un instant, à l'observer. C'est sans doute niais, mais depuis leurs petites péripéties sous une certaine tente, elle sent son cœur battre dès que leurs regards se croisent. Mélusine profite de chaque instant qu'ils partagent, car elle le sait, cela ne dur jamais. Ils finiront par se séparer, pour chacun mener sa vie, elle son aventure, lui ses mécanismes. Peut-être qu'un jour, dans de longues années, ils se retrouveront pour enfin vivre leur amour de jeunesse. En tout cas, elle veut lui dédier ses pensées. Jusqu'à... ce qu'il l'interrompt.

Mélusine s'approche pour le rejoindre, elle tient dans une main son matériel de couture. Quelques vêtements à recoudre et des broderies à terminer. Elle s'assied près de lui, en tailleur, commençant à sortir son matériel avec attention, se lançant donc dans la couture d'une boutonnière fonctionnelle, celle-ci ayant craqué lors d'une chute.

"Je vais coudre... D'ailleurs, si tu as besoin que je passe sur des vêtements à toi, n'hésite pas." propose-t-elle naturellement, nullement gênée "Cette fois-ci c'est la bonne, je le sens !" annonce-t-elle d'une voix faussement prophétique "Si tu as besoin de dormir, dors, je veillerais et Domna est là aussi. En plus la soyeuse aime le calme, peut-être que ça l'attirera."

Ou peut-être pas. Ils ont fait quelques essais avant celui-ci, elle espère qu'ils y arriveront. Lui comme elle, ne veulent pas employer de force pour adopter leurs futures compagnons de trajet, une manière de faire louable et longue.

"Hmm... Sinon, décris moi ton futur jardin. Tu m'avais parlé d'un rêve, d'avoir ton propre jardin botanique, dis-m'en plus." le sujet l'apaise et le passionne, peut-être que cette effervescence positive attirera l'oiseau.

Mélusine s'attend à une réponse concise, précise, sans réels détails, mais au contraire, Ézéchiel semble très en phase avec son rêve, capable de l'explorer avec elle au fil de ses mots. Son rêve est humble, pas de grandeur, seulement une maison comportant le nécessaire pour lui et une partie arrière qui lui servira de jardin. Elle s'y perd alors, essayant de l'imaginer au fil de ses coups d'aiguille. C'est un très beau rêve, de vouloir construire un chez soi, à son image et surtout par ses propres moyens. Lorsqu'il évoque avoir oublié le plus important, elle se tourne vers lui, intriguée, puis l'entend évoquer sa propre présence. Elle ? Ses doigts cessent sa couture, elle le regarde un air surprit.

Il la voit dans cette maison rêvée ?
Son empathie fait qu'elle ne sent aucun doute à ce sujet, il désire donc continuer de la voir à l'avenir. Par réflexe, pour ne plus souffrir des séparations, elle préfère partir du principe qu'elle vit des aventures sentimentales temporaires, libérées... Peut-elle espérer qu'il s'agisse de plus cette fois ? Ézéchiel est son ami, bien plus, elle aimerait qu'il soit son compagnon, mais peut-elle se montrer égoïste à le souhaiter ? Peut-être qu'il n'envisage pas leur relation ainsi ? Peut-être qu'elle a des réflexions trop poussées et que lui, simplement traverse l'instant, bien en phase avec ses sentiments et ses besoins...? Parfois, le semi-elfe est difficile à lire pour elle, il peut à la fois se montrer très terre à terre et à la fois être totalement déconnecté de l'instant. Doucement, elle pose ce qu'elle a dans les mains, pour venir le rejoindre, s'allongeant à côté de lui, la tête posé contre son épaule.

"C'est un très beau rêve Ezou... Je serai ravie d'y participer." elle n'a aucun doute, si c'est ce qu'il souhaite, il y parviendra "Moi ?" elle l'a déjà évoqué avec Reviens, un elfe rencontré avant son départ et bien qu'à l'époque elle n'était pas certaine de pouvoir mener un tel projet à bien, elle s'y engage enfin "Je souhaite faire de la pâtisserie et j'aimerais... faire goûter des spécialités des différents royaumes d'Arathia."

Ainsi son voyage prendrait du sens. Rencontrer des cuisiniers réputés, des boulangers, des pâtissiers, en apprendre plus sur les différentes cultures culinaires, pour un jour, pouvoir ouvrir son établissement -sans grande prétention-, un livre de recette bien remplie écrit par ses soins. Ses cours de lectures et d'écritures prennent à leur tour une importance... Finalement, prend une tournure bien plus... passionnante. Suivre Aurelia n'est plus son seul but, elle veut maintenant préparer son retour à Clara Nocte, car elle se le promet, lorsqu'elle rentrera, ce sera définitivement.

"Je pourrais ouvrir ma pâtisserie près de ta maison !" lance-t-elle niaise, un grand sourire au visage "Ainsi, je pourrais t'aider à ton jardin, quand tu le veux, autant que tu le souhaites. Parce que... j'en ai envie aussi." elle se serre contre lui, allongée sur le flanc, son bras passe sur le torse de l'ingénieur "Je ferais le tour d'Arathia et quand mon livre de recette sera plein, alors je rentrerais."

Elle espère, qu'ils sauront s'attendre.

Mélusine a une moue. Il est vrai qu'à Clara Nocte, l'ouverture sur la diversité du monde est parfois... absente -souvent-. Cela serait prétentieux de sa part de penser qu'elle pourrait faire évoluer cette mentalité, seulement elle ne peut pas s'empêcher de penser que face à un plat qu'on apprécie, l'origine de celui-ci n'a que peu d'importance. Seul le goût et l'aspect importent.

"D'ici là, peut-être que cela ne sera plus un problème." elle est optimiste.

Elle secoue la tête lorsqu'il la rassure sur le fait de rentrer rapidement, elle n'en a pas l'intention. Le temps qu'elle voyage autour d'Arathia, note suffisamment, apprenne, on parle de plusieurs années, si ce n'est une décennie ou plusieurs. Jusqu'à ce qu'elle se lasse, ou ressente l'envie de rentrer. D'où son espoir qu'il puisse l'attendre... Elle imagine qu'ils pourront se voir ponctuellement, lorsque l'envie de voyager prendra l'ingénieur ou... l'envie de la voir ?

"Si je me tiens à mon envie d'apprendre, de consigner et de visiter tous les royaumes, cela prendra... plusieurs années." incapable de mettre une date précise à ce stade  "On pourra s'organiser des visites ? Se rejoindre dans une destination, à chaque fois différente..." elle espère qu'il sera emballé par l'idée.

Les raisons pour lesquelles elle était partie... Elle hoche la tête.

"Pour me prouver que je ne suis pas une bonne à rien. Trouver ma voie, avoir un destin qui inspire et soutenir les personnes que j'estime." la en réalité, Aurelia, mais depuis sont départ elle en a rencontré d'autres "J'ai envie de m'affirmer et être fiable. Merci d'être venu... tu me l'as rappelé." elle dépose un baiser contre son vêtement, tendre "Et j'espère que tu continueras à suivre mes petites aventures depuis Clara Nocte et qu'à chaque fois que nos routes se recroiseront... On ait plein de souvenirs à se raconter."

Tout est si simple à ses côtés... Cela rend leurs moments bien plus précieux, ils ont une échéance. Depuis quelques jours, ça commence à lui peser au cœur, car elle ne pourrait jamais imposer une relation à distance, ni s'imposer dans les sentiments d'autrui, se contentant toujours de la place qu'on lui laisse naturellement. Elle relève le visage, pour le regarder, la joue toujours posée contre son torse. Ses grands yeux azurs ont toujours cette petite étincelle joyeuse, bien plus lorsqu'elle croise son regard.