L'idée de la luge fait rire Varin, mais il se doit de brosser l'idée d'un geste de la main. C'est drôle à imaginer, mais ça resterait un sacré poids en plus d'être loin d'être pratique, vu tous les petits rochers, les pentes et compagnie qu'ils allaient devoir passer pour rentrer. Autant prendre ce qu'ils peuvent et laisser le reste.

Il sent le jugement de la draconide sur lui quand il parle de bain et il souffle du nez d'un air amusé en voyant son regard.

- Quoi ? Me regarde pas comme ça ! J'suis complètement d'accord qu'il me faut un bon bain aussi !

Et enfin, les voilà en route, jusqu'à ce que le géant propose à son amie qu'elle passe devant, chose acceptée après un temps d'hésitation. Il hoche la tête et lui sourit quand elle se prépare et qu'il lui tend sa clef.

- T'inquiètes. File !

Il la suit du regard, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière la cime de quelques sapins. Le voilà seul, levant haut les pieds pour éviter de trop galérer dans l'épaisse poudreuse. Oh il a l'habitude de la montagne, oui, bien sûr, mais ça ne veut pas dire que ça ne reste pas une corvée, en soit. Surtout chargé comme ça. Mais eh, l'idée d'un bon bain chaud, d'un repas délicieux et de la compagnie de Lilienthal lui suffit à se motiver. Il marche donc assez vite, replaçant parfois ses biens d'un coup d'épaule.
Franchement, il a froid. Mais juste ce qu'il faut pour le vivifier. Il adore ça. Il préfère mille fois la morsure du froid que la chaleur écrasante du soleil. Il est plus gêné par l'humidité qui se fait doucement sentir, à force. Parce que la neige ça s'accroche à la fourrure de sa tenue, puis ça fond, et puis ça fait de l'eau qui s'infiltre doucement. Il aurait dû le prévoir et mieux serrer les sangles de cuir qui permettent d'empêcher l'eau de passer trop facilement, mais... il a peut-être été un peu stupide.

Bientôt, enfin, il atteint les portes de la ville. Il se dirige vers chez lui tranquillement, saluant quelques personnes au passage et achetant quelques ingrédients. Enfin, il arrive à sa demeure et pousse la porte. Un soupir d'aise lui vient quand enfin, il sent la chaleur d'un feu bienvenu caresser sa peau. Il produit un nuage de vapeur par le nez avant de fermer derrière lui et vite poser ses biens sur la grande table.
La voix de son amie atteint ses oreilles et il approche de la salle d'eau pour passer la tête et lui sourire.

- Ouais, zéro soucis sur la route ! Mais ça fait du bien d'être chez soi ! Merci pour le feu, ça fait du bien en rentrant...

Et puis... eh bien il n'a pas l'habitude, puisqu'il n'a jamais vécu avec quelqu'un. Il a grandit à la caserne, donc il y avait certes du feu, de la chaleur, mais pas vraiment d'endroit personnel. Depuis qu'il a sa propre maison, les fois où le feu était déjà allumé quand il est rentré peuvent se compter sur les doigts d'une main.

- Tu permets que je me joigne à toi, une fois que je me suis occupé de ce qu'on a ramené ? J'ai vraiment besoin d'un bain, là.

C'est dans la chaleur qu'il apprécie le plus le piquant du froid. Le contraste entre sa peau glacée par l'air extérieur lui plait à peu près autant que de se coucher dans un lit tout propre et bien frais, le soir. Les meilleures sensations au monde. Il s'éloigne de la salle de bain et approche plutôt la cuisine, où il attrape des broches. Il met en priorité la cuisse à cuire tranquillement, puis les morceaux de viande les plus fragiles.  Le reste part dans un tonneau de sel pour mieux se conserver. Lilienthal choisira les morceaux qu'elle veut ramener, mais autant éviter que ça se perde d'ici là. Une fois le plus urgent traité, le géant revient enfin à la salle de bain. Il s'assoit sur le tabouret pour virer ses gants, puis ses chaussures, et continuer jusqu'à se retrouver nu.
Y'a pas, il est plus à l'aise sans tissu. Et puis la pudeur, ça existe pas trop entre deux soldats. Du moins eux deux. Le voilà donc qui approche de l'eau, enjambant le bord de la bassine pour s'y glisser dans un petit soupir de plaisir. C'est bien chaud, c'est parfait.

- Tu me fais une place ?

Varin fait attention, évidemment. Pour Lilienthal, c'est une petite piscine. Pour lui, c'est confortable sans être immense. Il pose ses bras sur le bord de la bassine, de chaque côté de sa tête, et laisse celle-ci doucement retomber en arrière pour se caler.

- On devrait avoir de quoi manger en sortant de là... Mais là comme ça, j'ai envie de rester au chaud pendant des heures. Merci d'avoir tout préparé hein ! T'as pas trop galéré pour remplir toute l'eau ?

Il se redresse un peu, attrapant ses longs cheveux pour les laisser retomber en dehors du bain. Il a pas envie de se les laver aujourd'hui, et donc pas non plus envie de les mouiller.
Pas de pudeur entre eux, certes, mais Varin ne regarde clairement pas trop son amie draconide. Peut-être pour ne pas la gêner -gêner Lilienthal en étant nu, la blague- ou parce qu'il ne veut pas être pris dans le petit piège qui lui arrive parfois quand il aperçoit quelqu'un qui lui plait. C'est facile de se perdre dans l'admiration d'un corps.

Tu réponds au sourire du géant, battant tranquillement des pieds pour t’occuper. Ton bras gauche, libre de ses bandages, montre une peau encore abîmée par les brûlures de Vikka, que tu évites de trop tremper dans l’eau chaude. C’est plus supportable à présent, mais ta peau te lance encore facilement. Tes muscles ont perdu en force, à cause de la convalescence… Mais le pire, ce serait la pitié ; alors tu espères que Varin n’a pas vu, ne fait pas attention. Ses remerciements sont chassés d’un mouvement de main droite, trois petits doigts qui laissent quelques gouttes d’eau sur le sol. Rien à redire là-dessus, et quand il demande s’il peut s’inviter, tu as un coup d’oeil pour l’immense bain trop rempli pour toi.

“J’avais compté avec, oui ! Sauf si tu as besoin d’aide pour la cuisine ?”

C’est pourtant rapidement vu, et tu profites encore de la baignoire taille géant pour flotter au milieu de l’eau, le bras accroché au rebord pour ne pas trop dériver ; jusqu’à entendre du bruit, Varin qui vient te rejoindre. Tu te redresses, appréciant l’eau qui dégouline de ton crâne sur ton visage, suivant la forme de tes cornes pour goutter sur la surface du bain. Tu l’entends se déshabiller plus que tu ne regardes, après tout il n’a pas été proche de votre chasse : pas besoin de vérifier s’il a été blessé et cherche à dissimuler quelque chose. Sa demande te coupe dans tes réflexions, un rire te secoue doucement.

“Non, je prends une petite place, t’as tout le reste !”

Un mouvement pour t'enfoncer une dernière fois dans l'eau jusqu'au sommet du crâne et tu te pousses, par principe, alors que le niveau de l’eau augmente encore, appréciant l’idée d’un repas chaud à la sortie d’un bain. La vie partagée avec quelqu’un, dont les instincts ne sont pas ceux d’un animal parlant mais d’un autre être humain. La réalité, tu n’as jamais été faite pour la vie solitaire qui est la tienne depuis plus d’une décennie. Chaque rappel est à la fois un présent et le douloureux retour à la réalité qui s’en suit.

“Nan, tout est trop grand ici, mais ça m’a détendu. Et tu nous a préparé un repas qui sera excellent j’en suis sûre, on complète, comme ça !”

Plus qu’à se détendre jusqu’à ce que l’odeur de la viande grillée vous donne trop envie pour rester dans l’eau. Tu restes quelques minutes à simplement profiter des remous créés par un autre corps dans l’eau, focalisée sur le bien-être du moment, jusqu’à ce que la chaleur sur ton bras te pousse à bouger, te redresser, observer le géant qui, de toute évidence, évite ton regard - penses-tu. Tu pinces les lèvres, t’approchant pour tapoter son avant-bras, plus accessible maintenant qu’il est vautré dans l’eau et toi debout.

Tu pourrais lui demander, directement, mettre les pieds dans le plat. Quelque chose comme “y’a un truc qui te gêne ?”, sans plus de détours. Après tout, le courage ne t’a jamais fait défaut. Mais tu as aussi plus récemment appris que le frontal n’est pas toujours la meilleure option. Quand il s’agit de parler de ce qui tracasse, par exemple.

Bon. T’es pas la meilleure à cette approche. Mais c’est un détail, ça.

“Tu peux m’aider avec mes cheveux ? J’ai encore du mal à garder le bras dans la bonne position pour ça.”

Tu n’es pas aussi coquette que lui ; tes cheveux sont longs pour que tu puisses les attacher au combat et que la repousse ne te dérange pas, parce que ça tient chaud, détaché, et qu’à Vollheim toute chaleur est bonne à prendre.

“Sauf si… Quelque chose te gêne ?”

Oui bon. En fait, c’est quand même pas mal les pieds dans le plat.

Une petite place... Varin souffle du nez dans un rire amusé à la blague de la draconide et se déshabille avant de la rejoindre dans le bain. Il l'écoute en profitant de la chaleur si douce de l'eau, et s'amuse d'entendre parler de taille. En effet, le plafond doit bien être à cinq mètres de haut, c'est... un vrai palace pour elle. Mais il n'y a pas trop le choix, s'il ne veut pas vivre le dos courbé.

- Rassure-toi, vu la moyenne dans le monde, c'est les géants les anomalies en terme de taille... Et ouais, j'espère que t'apprécieras le repas ! J'ai mis la cuisse sur une broche et j'ai acheté quelques pommes de terre avec. Elles sont sous la braise, là. On aura le repas le plus mérité du monde.

Lui aussi profite du silence qui règne pendant quelques minutes. Il ferme les yeux, sentant ses muscles se détendre doucement. Ça tire un peu, comme souvent, mais il aime bien. Il a la sensation d'avoir bien bossé. De mériter son repos. Le géant sent bien la draconide bouger, mais il ne réagit pas en pensant qu'elle change juste de position. C'est quand elle lui tapote l'avant bras qu'il pose enfin son regard sur elle, curieux.
Oh, ses cheveux ?

- Bien sûr, sans soucis. Cale toi contre moi, dos contre moi.

C'est pas comme s'il ne savait pas faire, vu les siens qui lui arrivent aux hanches. Il a des cheveux qui font la taille d'une Lili, en fait. La pensée l'amuse alors qu'il attrape le mélange qui sert de shampoing, un savon à base de graisse animale et de cendre. Et puis... il est coquet, il faut dire. Alors le savon qu'il achète est parfumé, prenant une douce odeur florale légère. Il revient à Lilienthal et s'occupe tranquillement de bien humidifier ses cheveux avant de frotter chaque mèche, une à une, semblant apprécier prendre soin d'elle.
Il est un guerrier, certes, mais il aime beaucoup le repos. Et dans ses façons de se reposer, il y a prendre soin de lui ; et il aime visiblement aussi prendre soin des autres.

Le voilà même qui masse son cuir chevelu, quoique très doucement pour éviter de lui faire mal.

- Tu as les cheveux un peu cassants tu sais ? C'est dommage, ils risquent de vraiment beaucoup s’abîmer, à force.

Dire que pendant tout ce soin, il ne fait que fixer les cheveux de son amie. Il n'ose clairement pas chercher son regard ou risquer de laisser glisser ses yeux ailleurs. Il a totalement ignoré la question sur la gêne, mais Lilienthal aura sûrement vu ses joues rougir avant qu'elle ne se tourne.

Oui, il est gêné. Parce qu'il trouve quand même Lilienthal sacrément jolie.
C'est pas comme être nu avec certaines autres draconides.

Alors pour éviter la gêne, il prend largement son temps lorsque vient le moment de lui rincer les cheveux.

Ton sourcil se lève ; il n’a pas vraiment répondu, peut-être que tu te fais des idées. Mais il a rougi. Obéissante, tu t’installes contre lui, frissonnant brièvement au contact. Avant, tu n’aurais pas eu cette brève interrogation que tu chasses rapidement, un regret qui fait partir ton regard le long d’une de ses jambes, se perdre bien plus loin.

Bientôt, une odeur florale s’élève, reconnaissable ; c’est celle qui le suit, discrètement, et tu n’avais jamais réalisé que c’étaient ses cheveux. Ses mains ont toujours été délicates, pour les travaux minutieux comme s’occuper de chacune de tes mèches où le sang s’est logé. Chaque geste te détend un peu plus, tes yeux se ferment à moitié, alors que ta peau se courvre de chair de poule. Jusqu’à ce qu’il attaque vicieusement ton crâne ; un soupir chaud t’échappe, à la limite de la lascivité.

Sans rien dire, tu te retournes pour t’appuyer plus franchement contre son torse et qu’il ait toujours accès à ton crâne. Une manière très sérieuse de lui dire “continue”, même si tu fais un petit effort pour ne pas lui perforer quelque chose avec tes cornes. Les mains posées sur ses épaules pour en faire quelque chose, principalement, tu te sens bien, comme ça. En sécurité, à partager quelque chose de presque intime, de doux. Il faudrait sûrement que tu lui rendes la pareille, mais il sape tes forces et tu n’as pas envie de lutter.

C’est d’ailleurs à peine si tu as l’énergie de lui répondre, alors qu’il fait une remarque sur tes cheveux. Comme si tu avais le temps - ou les connaissances - pour t’en occuper.

“Hnnn… J’couperai les pointes, ça devrait faire le boulot ?”, ta voix rauque, hésitante montre bien que c’est globalement la seule chose que tu fais. Quand tu as deux fois plus d’extrémités de cheveux que de racines, hop, une petite égalisation et c’est reparti pour quelques années.

Tu serais prête à suivre ses conseils, s’il t’en donnait. Mais au fond… A quoi ça servirait ? Il n’y a personne pour qui faire des efforts. Et les draconides qui sont sous tes ordres te suivent parce que tu as démontré tes capacités martiales, pas parce que tu as de jolis cheveux… Mais les mais s’éloignent de ton crâne et tu as un vague chouinement de protestation. Le rinçage est lent, étrange pour des amis, mais tes yeux sont fermés et tu profites égoïstement des attentions qu’il t’offre sans arrière pensée.

“Tu m’as absolument vidée… merci pour le coup de main.”, tu devrais t’écarter. Tu rassembles ton énergie pour le faire, t’étirant toute entière une fois l’exploit réussi. “Echange de bons procédés, j’te savonne le dos ?”

Une brève pause, avant que tu ne repense à quelque chose qu’il a dit plus tôt.

“Et, hm.. T’es pas une anomalie, hein ?”

Varin le sent bien, quand Lilienthal commence à doucement « couler » contre lui sous la détente. D'un petit soupir, elle se tourne pour se coller à lui, ce qui le fait rougir. Merci le bain, ça fait qu'il a déjà la peau rougie par la chaleur. La réponse de la draconide quand il lui parle de l'état de ses cheveux le fait sourire et il lui renvoie la chevelure en arrière pour ensuite bien frotter ses racines.

- C'est déjà ça. Mais c'est pas ça, les « entretenir » bien. Je te montrerai, va...

Le voilà qui lui rince les cheveux, tout doucement, en douceur. Il veut faire ça bien, laisser durer pour qu'elle se sente enfin détendue après tout ce qu'elle vécu. Le géant apprécie prendre soin de ses amis, et Lilienthal est un cas un peu particulier, il faut bien le dire. Et puis elle apprécie. Elle n'est pas plus patiente que lui, pourtant elle ne proteste pas et reste tout sagement blottie contre lui jusqu'à ce qu'il s'arrête enfin. C'est bien qu'elle a apprécié le traitement.
En témoigne sa façon de s'étirer quand elle se recule finalement. Il lui sourit gentiment, n'osant encore une fois pas poser son regard sur elle. Il préfère regarder un point légèrement au dessus de sa tête pour lui donner l'illusion. Varin sait que son regard pourrait trop facilement glisser, sinon.

Et il se sent con, franchement.
Il en a vu des centaines, des corps à poils ou presque.

Que ce soit dans des sources chaudes, avec des soldats pour se tenir au chaud, ou juste les torse nus des guerriers qui s’entraînent et préfèrent ne pas nager dans leur transpiration.

Peut-être que là, la différence, c'est que tout ça lui semble très sensuel, lui qui aime tant s'occuper de son corps...
Et qu'il est très proche de Lilienthal, aussi.

Il hoche enfin la tête, après un instant à regarder le vide au dessus de la tête de son amie, puis se tourne lentement pour lui offrir son dos. Il s'assoit en tailleurs dans le bain, ne voyant pas de position plus pratique, et s'installe lentement pour éviter de faire déborder de l'eau.

- Tu peux y aller franchement, la cicatrice est vieille.

Cette marque dans son dos, qui est là depuis des décennies. Oh, il ne la cache pas, vu qu'il passe sa vie torse nu. Mais d'habitude, on ne lui propose pas de lui savonner le dos. Donc la précision lui semble importante.
Ce qui est drôle, c'est qu'à chaque fois qu'on lui demande d'où il la tient, sa réponse est différente. En général, ça reste la marque d'une grosse bête. C'est juste la grosse bête qui change.

Il pose ses bras sur le bord du bain, et y pose sa tête ensuite pour fermer les yeux, détendu.

- Mh ?.. Oh, je parlais juste des géants... Si tu regardes toutes les populations qui existent dans le monde, on est quand même... curieux, niveau taille. Ça doit être compliqué de trouver sa place, littéralement, pour ceux qui vivent pas à Vollheim.

Il en rit doucement, s'imaginant vivre dans l'une des maisons vollhyr conçues pour les draconides ou autres races. Il aurait de sacré soucis de dos en plus de rien avoir à sa taille dans les outils. Un couteau de cuisine deviendrait un cure dent.

D'ailleurs, parlant de cuisine...

- Ça commence à sentir bon, non ?

Un doux fumet provient de la pièce de vie, une odeur de viande grillée. Ça lui met l'eau à la bouche, mais c'est encore loin d'être prêt. Il peut profiter de l'attention que lui offre Lilienthal, maintenant.

Une vague “gneugneugneuh” franchit tes lèvres lorsqu’il fait une remarque sur ton incapacité à t’occuper de ta crinière. Peu convaincu, mou, comme si tu avais déjà accepté l’attention qu’il te promet. Tu t’accroches à l’instant avec la certitude, de toute façon, qu’il te faudra bientôt replonger dans ton quotidien, mais ça ne te gêne absolument pas d’échanger les places. Tu l’observes s’installer en tailleur, galérer avec ses cheveux qui touchent presque l’eau. Première chose que tu fais, te secouer les mains pour chasser l’eau qui y est. Tu es peut-être une bourrine, mais tu sais à quel point ça peut être désagréable, l’eau qui fait que les doigts s’accrochent trop aux cheveux et tirent de partout. Récupérant la masse blanche, tu attrapes une mèche entre les dents pour l’éloigner du reste, enroulant les longs cheveux en un chignon efficace que tu fixes avec cette dernière mèche.

Il serait vraiment beau, avec une coiffure traditionnelle.

La pensée passe, alors que tu observes, frôles la cicatrice qui est sur son épaule. Tu l’as déjà entendu dire que c’était un Grammung, un Voldrak, un Wollop particulièrement motivé - cette fois-là, il avait pas mal bu, ou était-ce toi ? - et tu doutes qu’il donne un jour la vraie réponse.

“La fois où tu as échappé à un Jordhvelv en rut, c’est ça ?”

Une manière de dire que tu n’es pas dupe mais que tu ne demandes pas plus d’explication ; plutôt, tu attrapes du savon pour commencer. D’abord, savonner, comme tu lui as proposé, pour repérer les points plus tendus que d’autres.

“C’est vrai ; même à Cerah, les angias étaient moins… impressionnants ? Mais il y avait un peu de tout. Et à part ça et Arvandor, j’ai pas vraiment bougé… De toute façon, on est mieux ici.”

Tu reprends du savon, ayant sous-estimé la largeur de son dos ; ton regard descend, en même temps que tes mains, sur ses reins. Tes yeux, un peu plus bas par erreur, et tu sens une vague chaleur monter à tes joues, alors que vite, tu fuis pour revenir sur la cicatrice de son dos. Elle attire tes doigts, en réalité ; la texture différente, les histoires derrière, la certitude que c’est un guerrier, quelqu’un sur qui tu peux t’appuyer. Tu soupires, pensant rapidement à autre chose lorsqu’il parle de viande.

“Ca me donne l’eau à la bouche mais… Pas encore prêt. Et j’t’ai promis de m’occuper de ton dos… ”

Vu ce qu’il a porté, ça ne t’étonne pas vraiment qu’il ait les épaules un peu plus rigides que le reste, et tu t’y appliques, faisant rouler les muscles entre tes doigts avec une régularité que tu espères relaxante.

“T’as gagné en muscles dernièrement ? J’ai l’impression que tes épaules sont encore plus développées, c’est joli…”

Lentement, tu remontes sur sa nuque, petits cercles avec tes pouces jusqu’à la racine de ses cheveux. Tu n’as pas sa sagacité, tu n’évites pas de regarder, tu remplis tes yeux de beau, sans songer à mal. Tu laisses même le temps passer ; si tu as envie de te pencher, pour mordre à pleines dents, c’est que l’odeur de viande se fait de plus en plus attirante. Certainement…

Il se demande ce que Lilienthal fait, quand il la sent trifouiller ses cheveux. Mais finalement, ça devient clair quand il sent ses cheveux attachés en chignon. Astucieux, tiens. Ça le fait sourire joyeusement, tandis qu'il s'appuie au bord de la baignoire pour se laisser porter par le savonnage de dos offert. La remarque sur sa cicatrice le fait rire. Il aime cette espèce de petit mythe à base « qu'est-ce qui a bien pu me faire ça ? », et il compte bien emmener le secret dans sa tombe.

- Exactement. Faut croire que j'étais sur son territoire ou que sais-je.

Pourquoi démentir ? C'est très drôle, l'histoire du Jordhvelv en rut.
Il ferme les yeux, poussant un petit soupir d'aise quand elle lui frotte le dos. Il sait se débrouiller seul, oui, mais c'est quand même autre chose, de juste se laisser choyer un peu. On insulte les vollhyrs de sauvages, pourtant il sait qu'il est loin d'être le seul à aimer prendre soin de lui et de son corps. Les autres ne savent juste pas ce qu'ils manquent. Il hoche en discutant de la taille des géants, se demandant s'il a même déjà vu un angia...

- J'ai pas trop vadrouillé non plus. Et je suis complètement d'accord, on est mieux ici. Regarde, là ce soir, y'a absolument rien qui pourrait être mieux. Notre plus gros soucis ça a été de pas nous mouiller les cheveux. On est pas à plaindre.

Les doigts de Lilienthal sont un délice sur ses muscles fatigués et tirés par la journée. Ils n'ont fait que chasser et rapporter quelques choses, mais ça a suffit pour lui bloquer un peu les épaules. Il aime se dépenser physiquement, donc c'est pas un soucis, mais ça reste vraiment agréable d'être ainsi massé. En plus, petite comme elle est, ses doigts peuvent appuyer bien où il faut dans les nœuds de son dos. C'est relaxant au possible.

- Mhh...

Ce petit soupir -grognement ?- d'aise est la seule récompense qu'il donne à la draconide qui indique qu'elle n'a pas fini de s'occuper de son dos, et que de toute façon le repas n'est pas prêt. Lui, ça lui va. Il a la sensation qu'il pourrait s'endormir là. Peut-être même que la question qu'elle lui pose alors le réveille, vu qu'il met un petit instant à répondre et qu'il redresse la tête comme dans un sursaut.

- Oh euh... je suppose que c'est car j'ai profité de l'été pour beaucoup sortir... Quand y'a moins de risques de tempêtes et que la température reste agréable, je m'entraîne beaucoup plus dehors... et ça marche mieux qu'en intérieur, je trouve.

Il n'y réfléchit pas plus, à moitié endormi sous le plaisir du massage sur sa nuque. C'est vraiment le spot parfait. Là où il a toute la tension de son corps. Surtout la jonction entre nuque et épaules. Le massage en serait presque douloureux, mais sentir les nœuds se défaire n'a pas de prix. Il aura certainement mal demain, oui. Mais quelques étirements et rester au chaud suffiront pour que ça passe.
Et ça dure, encore et encore. Jusqu'à ce qu'un petit frisson lui remonte le dos et qu'il réalise que l'eau commence à être bien froide. Combien de temps ça fait qu'ils sont là dedans ?..

- Lili ?.. le surnom sort tout seul. J'ai faim.

Et il se sent un peu étourdi, entre la vapeur d'eau et le massage. Mais il s'est pas senti aussi bien depuis longtemps, tiens. Il tourne la tête vers elle au maximum pour lui offrir un sourire à moitié endormi.

- Merci pour le massage. C'était trop bien.

Tu acquiesces silencieusement, parfaitement d’accord avec Varin. Pour le coup, tu te sens détendue, en sécurité, malgré ton bras qui commence à lancer. Mais toi, t’arrêter pour ce genre de détails ? Ce serait mal te connaître.

Tu n’abandonnes pas, ce sac de crispation cèdera avant toi !

Mais c’est surtout Varin que tu vaincs ; lentement, très certainement, alors que tu le sens un peu partir. Tu réalises à quel point en voyant son petit sursaut, qui te tire un sourire, un peu plus lointain à sa réponse. Ton été s’est passé… D’une manière que tu n’avais pas imaginé ; tout s’est mal enchaîné, tu n’es pas là où tu te voyais lorsque tu es rentrée à Vollheim. Ton corps porte encore les séquelles de ton affrontement contre du vent, contre un colosse bien trop imposant pour toi. Ton esprit, c’est encore pire. Tu aurais aussi préféré t’entrainer, te sentir plus forte, l’automne arrivant…

Tu te laisses entraîner dans tes pensées, toute focalisée sur ton combat contre cette nuque récalcitrante. Tu y vas doucement, pourtant, mais tu es ailleurs, dans cette pente glissante où tu retraces tout ce qui ne va pas, action par action. Tu tressailles d’ailleurs lorsqu’il te parle, réalise que l’eau est devenue à peine tiède.

Sans hésiter, en réponse à ses remerciements, tu poses un baiser sur sa joue, un “de rien” glissant de tes lèvres. Quelque chose que tu as ramené de Cerah peut-être, une once de douceur supplémentaire. Des habitudes de partage de quotidien, de proximité, de soin de l’autre, qui se sont un peu plus ancrées dans ton esprit.

“De toute façon, autant sortir avant que la viande n’ait trop grillé !”

Sans hésiter, tu escalades le bord de la baignoire, te laissant retomber au sol de l’autre côté du presque muret. Tu frissonnes, la peau recouverte de chair de poule, alors que tu jettes un regard à Varin. Un avertissement silencieux, parce que quand tu attrapes une des serviettes à disposition… Disons qu’on pourrait en sécher deux comme toi sans souci. Tu t’enroules, faisant une fois, deux fois le tour de ton corps, recouverte jusqu’aux pieds. C’en est presque ridicule, mais au moins tu chasses l’eau de ton corps.

Sans hésiter, même s’il doit se pencher pour la récupérer - et que peut-être qu’elle traine un peu par terre - tu passes même une autre serviette à Varin, lorsqu’il sort de là. Serviable, même si c’est clairement inutile.

“Tu me prêterais quelque chose ? Pas envie de remettre mes vêtements ensanglantés tant que je peux l’éviter… ”

Tu tamponnes plus précautionneusement ton bras à la peau encore marquée par le feu, observant comme à chaque fois que tu dois refaire les pansements l’évolution de la chose. Brièvement, tu songes à refaire ton bandage sans rien demander à personne. Mais c’est ta main directrice, tu ne peux pas la délaisser par fierté. Tu n’avais pas prévu de prendre un bain, pas même de te laver les mains vu que tu portais des gants pendant la chasse. Mais tant pis. Il t’a vu vulnérable, et il ne s’est pas détourné de toi. Ce n’est pas une blessure qui changera ça.

“Et, hm… Si tu as aussi un baume, pour ma brûlure.”

Il a déjà été blessé, aussi. Il connait les soins à faire, la lenteur de la guérison… La frustration d’être cloué, d’avoir été trop faible.

Le petit baiser sur sa joue le fait sourire, appréciant la marque d'affection même si le petit regard en coin qu'il lui lance semble assez étonné. Elle, montrer ce genre de tendresse ? Il ne la savais pas comme ça, mais il apprécie carrément. Lui adore vivre en communauté. Il aime beaucoup être seul, mais il vraiment un besoin d'appartenance très développé. Et chez lui, ça comprend un besoin de contact physique, affectueux. Pas forcément orienté sur le plaisir charnel, juste... se sentir aimé, apprécié... et admiré, merci son égo.

- C'est vrai oui. Ce serait dommage d'avoir fait tout ça pour rien.

Il la laisse sortir en première, et il évite encore une fois de laisser trop son regard se promener. Se laver dans les douches communes aux guerriers et prendre un bain chez soi avec elle, c'est pas la même chose. Vraiment pas la même chose. Pour éviter de trop réfléchir à ce que ça peut signifier, il sort de l'eau à son tour et récupère la serviette gentiment tendue, avec un air amusé au visage.

- Merci bien. Et bien sûr, oui, j'dois avoir quelque chose que tu pourrais enfilé... Faut juste pas t'attendre à ce que ça soit à ta taille.

Blague très drôle, jamais faite, tout ça tout ça. Il se sèche rapidement, puis enroule la serviette autour de sa taille. Il jette un œil vers la draconide, l'observant s'occuper de la brûlure, et le géant hoche la tête quand elle demande un baume.

- On va te trouver tout ça. T'inquiète. Déjà le baume...

Tous les trucs médicaux, il les laisse dans cette pièce pour une raison simple : quand il est blessé, il préfère tout nettoyer, et donc utiliser de l'eau. Il regarde son étagère, finissant par attraper un petit bocal en levant le bras. Autant dire que Lilienthal ne l'aurait pas atteint elle-même. Il l'ouvre, regarde l'intérieur, et fait une moue en constatant qu'il en reste peu.

- J'en referais... mais ça devrait suffire. Donne moi ton bras.

Dit-il alors qu'il s'assoit au sol, en tailleur. Une main vient soutenir le bras de la draconide, tandis que l'autre vient appliquer le baume tout en douceur. Il y va vraiment doucement, comme s'il avait peur de lui faire mal. Mais finalement, une sensation assez fraîche peut se faire sentir pour Lilienthal lorsque la concoction commence à agir. Il ne la juge jamais, dans tout le processus, et ça se sent. Ils vivent dans un coin du monde où il est très rapide de perdre la vie si on manque d'attention. Se blesser est encore plus simple. Alors juger quelqu'un pour avoir surmonté les montagnes et leurs dangers ? Jamais de la vie. Et puis il est très heureux qu'elle lui fasse confiance ainsi, à lui demander de l'aide. Il voit un peu ça comme un honneur.

- On devrait pas remettre de bandage tout de suite, histoire de laisser respirer, vu que de toute façon tu vas pas t'agiter dans les prochaines heures. Je t'en remettrais plus tard, ok ?

Il vérifie qu'il a son approbation, avant de se relever et ranger le bocal à sa place. Puis il se dirige de nouveau vers la pièce de vie, et grimpe l'escalier qui mène à la petite mezzanine, au dessus de la salle de bain. C'est grand pour une draconide certes, mais lui ça tient simplement un rangement pour ses vêtements et son lit. Oh, un grand lit, certes. Deux géants pourraient y dormir. Par contre, il tient pas là s'il reste debout, bien droit. Il doit se pencher un peu.
Il a l'habitude, et il se penche donc pour fouiller ses habits. Il attrape un pantalon large, simplement tenu par une corde comme ceinture, pour lui. Pour Lilienthal, il réfléchit un peu puis attrape une chemise.

- ça ?.. Nan, ça va pas arrêter de te tomber le long des épaules. Mhh...

Un coup d’œil vers elle, et il observe la serviette qui lui entoure le corps. Ah, tiens, très bonne idée. Il attrape donc une longue écharpe, qu'il lui tend.

- Je suis sûr que tu peux trouver une super manière de mettre ça qui soit sacrément confortable. Nan ?

Un grand sourire, avant qu'il n'enfile le pantalon pour rester comme ça, torse nu. Il redescend à la pièce de vie et s'occupe de sortir la viande de la broche et les pommes de terre de la braise. Tout ça posé sur deux plats sur la table à manger, il attrape un couteau bien trop grand et attaque la viande, en coupant deux belles parts.
Oh, certes, Lilienthal n'est pas une géante, mais il sait que quand elle a les crocs, elle a les crocs. Alors il lui taille une belle part et la pose sur une assiette qu'il lui tend.

- Est-ce que ça, ça te va ? Oh, merde, attend, j'oublie le plus important !

L'alcool ! Et le voilà qui fonce récupérer un petit tonneau plus loin, remplit du liquide précieux. Il accompagne ça de deux choppes adaptées aux géants, et donc de la taille de la tête de son amie.

- J'te laisse te servir comme tu l'entends ! T'es ici comme chez toi !

Franchement, il voit pas ce qu'il pourrait faire de plus pour lui faire avoir la meilleure soirée possible et chasser tous ses mauvais souvenirs. Son sourire vaut tous les petits efforts qu'il fait.

Varin doit se douter que le but, c’est juste d’avoir quelque chose qui te couvre un peu, histoire de ne pas manger entièrement nue. Chez toi, avec un bon feu, pourquoi pas, mais là… Des limites, même avec ton frère d’armes. Ca ne t’empêche pas de profiter de ses attentions, le remerciant d’un mouvement de tête lorsqu’il attrape le baume, t’évitant escalade ou vol vu la hauteur. Simplement.. Tu ne t’attendais pas à ce qu’il propose même de t’aider, s’installant à même le sol alors que tu reste debout, lui abandonnant à nouveau ton corps, sans hésitation aucune. Tu as l’habitude de gérer ça, avec ta main mutilée, mais c’est bien plus confortable comme ça, juste à se laisser faire. Le frais te tire un frisson, sans que tu saches si tu apprécies ou non. Mais tu ne dis rien, observant à la dérobée l’expression du maître d’armes alors qu’il se concentre sur toi. Il n’a pas l’air réprobateur, simplement attentif. Et malgré la taille de sa main, il se fait doux, assez pour que la gêne que tu éprouves à montrer cet échec s’efface peu à peu.

“J’ai hâte de pouvoir bouger normalement. T’imagines pas comme ça tire… Enfin, j’espère.”, commentes-tu doucement, alors qu’il est sur le point de terminer. Tu détournes même les yeux, rougissant lorsqu’il s’occupe de tes doigts sensibles. “Merci. ”

Tu t’apprêtes à lui tendre le bandage, lorsqu’il affirme remettre une couche plus tard. L’attention est toute simple, sans hésitation, il songe juste à faire au mieux pour que tu ailles bien. Il a même une expression qui te semble dire que, même s’il pense faire au mieux, il se pliera à ce que tu préfères. Tu pourrais lui dire, t’ouvrir un peu, tu lui jettes un regard, entrouvre la bouche, brièvement perdue avant de te reprendre. Un sourire un peu plus mutin.

“Oh, une seconde fois dans la soirée ? J’suis gâtée !”

Curieuse, tu l’observes passer dans la mezzanine. Les lieux sont hauts, tu n’avais pas fait attention. Une manière de gagner de l’espace à plat, tout en ayant dans la pièce à vivre une hauteur sous plafond qui doit lui donner l’impression de respirer un peu plus. Tu te doutes qu’il doit galérer à trouver quelque chose, tu l’entends marmonner, même.

“Si tu trouves rien c’est pas grave, hein ! Je resterai en serviette !”

Mais le géant finit par tendre quelque chose, et tu grimpes pour observer l’écharpe, taille… Taille running gag, bien sûr. Très rapidement, tu vois ce que tu pourrais faire avec, laissant échapper un “c’est parfait” alors que Varin se rhabille.Tu observes la taille du tissu alors qu’il redescend, pressant ta chevelure blanche dans la serviette une dernière fois avant de te lancer. Tu pourrais la porter simplement, mais tu crains de ne pas pouvoir beaucoup bouger. Alors tu préfères la prendre dans le sens de la largeur, attachant deux coins derrière ton cou avant de faire passer le tout entre tes jambes. Repliant le reste dans ton dos, tu attaches soigneusement l’écharpe au niveau de ta taille. Largement suffisant, même s’il manque à ton goût quelque chose sur tes épaules dénudées. Pas comme si tu risquais d’avoir froid…

De toute façon, tu ne t’attardes pas, rejoingnant ton ami d’un pas rapide, juste à temps pour qu’il te mette une assiette devant toi, alors que tu t’installes à genoux sur cette chaise absolument pas adaptée. Y’a pas à dire, tu en salives d’avance : l’odeur de la viande grillée, ça active quelque chose de très primitif en toi, qui te donne juste envie de te poser et de manger jusqu’à n’en plus pouvoir.

“Je savais que tu cuisinais bien, mais là tu n’imagines pas à quel point tu me donnes faim !”

Tu commencerais tout de suite s’il ne s’était pas levé, et quand tu vois la taille du verre, du tonnelet… Tu devrais être raisonnable. Mais tu en as assez, de prendre sur toi, de ronger ton frein, d’être mal de tout. Sans hésiter, tu te sers une portion généreuse, avant de récupérer d’office sa chope. C’est pas grand chose, par rapport à ce qu’il fait pour toi, mais tu peux bien lui servir un verre…

“Ca a l’air fantastique. Tu sais, je suis pas sûre de repartir, si tu t’occupes de moi comme ça…”

Tu lui tires la langue, trinquant avant de prendre une gorgée et soupirer de bien-être. Un bon feu, de la bonne compagnie, un repas excellent. Brièvement, les choses semblent enfin en place, soulevant un poids de tes épaules.

“Bon appétit !”

Tu pourrais manger directement avec les doigts. Un vague rappel de politesse t’en empêche, sauf si tu vois Varin faire pareil. La viande grillée grésille encore de chaleur et de graisse, alors que les saveurs emplissent ta bouche. Tu fermes à moitié les yeux, soupirant de satisfaction. Tu devrais parler, le féliciter, mais tu en veux encore.Tu marmonnes à peine un “c’est bon !” alors que tu cales quelques morceaux à la cuisson parfaite dans ton gosier , arrosés d’une longue gorgée d’alcool. La vie semble simple, comme ça…

“Tu devrais te faire faire une veste, dans la fourrure. Une coupe un peu proche du corps, ça t’irait bien… Même si blanc avec tes cheveux blancs.. Hmm.. Sinon, juste la faire en dessus de lit pour se rouler dessus…”

Varin sent le frisson de Lilienthal sous le frais et sourit. C'est que ça pénètre la peau, c'est bien. Il hoche en l'entendant se plaindre que ça tire et libère ensuite sa main tandis qu'il répond.

- C'est jamais agréable de se remettre d'une blessure ouais. Et les brûlures j'crois que c'est dans le classements des pires douleurs. Mais c'est cool que ça guérisse bien !

Parce que les brûlures, ça peut être sacrément sale. Il offre un clin d’œil à son amie quand elle s'exclame d'être gâtée, puis file à sa mezzanine pour leur attraper de quoi s'habiller. Rester en serviette ? Et puis quoi encore ? Autant qu'ils soient bien à l'aise ! Le voilà qui enfile le pantalon qu'il s'est trouvé tandis que Lilienthal... qu'est-ce qu'elle fait ?
Il lui jette un œil, curieux. Il pensait la voir enfiler ça comme la serviette, un peu. Mais elle fait bien plus compliqué que ça, et au final... ben ça fait comme un vrai habit. Le géant hausse les sourcils et commente alors, tout sourire :

- Très chouette ce que tu sais faire avec aussi simple !

La faim se fait sentir, et les voilà qui redescendent pour s'installer à table. Une fois la viande coupée, il se dirige vers son coin « réserve » pour y attraper le tonneau tandis que son amie le complimente sur la nourriture.

- J'ai rien fait de particulier à part mettre la viande sur le feu hein ! Y'a bien quelques épices mais rien de très poussé !

Il pose l'alcool sur la table avec les deux chopes, et voit Lilienthal aussitôt en attraper une pour le servir. Oh. C'est gentil ça. Il la remercie et l'écoute mentionner qu'elle resterait bien, tandis qu'il s'installe enfin en face d'elle à table, ne remarquant que là que... ben oui, même les assises sont disproportionnées pour elle. Enfin, ceci dit elle semble à l'aise ? Elle lui dirait sûrement si elle voulait qu'il lui trouve un truc à caler sous ses fesses pour se grandir. Mais là, il mettrait sa main à couper qu'il y a une question d'ego en jeu : la connaissant, elle refuserait de se retrouver avec un rehausseur. L'idée le fait sourire mais il cache au mieux son petit air amusé en répondant.

- Bon app !

Et le voilà qui entame le repas en attrapant ses couverts. Il est tenté de manger directement avec les mains, mais tout est brûlant et il n'a pas tellement d'autre choix que d'être un peu plus « maniéré » que ça en détachant la viande de l'os avec son couteau. Lilienthal apprécie carrément le repas, de ce qu'il voit et entend.
Varin songe à ce qu'elle a dit sur le fait de ne pas vouloir repartir s'il continue de s'occuper d'elle ainsi, et l'idée l'amuse. Il a assez souvent des amis chez lui, pour une soirée beuverie ou comme là, un bon repas après une chasse fructueuse. Mais juste à deux ? Nah, c'est rare. Il y a quelque chose de différent dans l'atmosphère, et c'est pas pour lui déplaire même s'il a du mal à comprendre quoi. Ou peut-être à accepter quoi.

Varin boit un peu dans sa choppe, songeur, et se retrouve presque surpris quand Lilienthal reprend la parole pour parler de la fourrure récupérée. Oh. Oui. Il jette un œil vers l'endroit où il a rassemblé leurs trophée de chasse, et sur la grosse fourrure épaisse encore roulée.

- Tu me connais, je porte pas tellement de vestes. J'en ai encore pas mal qui sont loin d'être usées... Mais pourquoi pas en dessus de lit, ouais ! Tu n'en as pas l'utilité toi ? C'est autant ta chasse que la mienne.

Encore une gorgée d'alcool, et il pose sa choppe pour avaler un peu de viande. Il pose son regard sur son amie, lui souriant avec gentillesse. Ça change de la Lilienthal qu'il a vue plus tôt, particulièrement vulnérable alors qu'elle lui racontait ses déboires. Il est ravi de la voir retrouver le sourire ainsi, mais il ne le mentionne pas. Inutile de remuer le couteau dans la plaie.

Il continue de manger, vidant assez vite son assiette. C'est qu'il avait faim, avec tout ça. L'alcool descend bien aussi, et il se sent déjà un peu désinhibé. Il n'a jamais tenu très bien l'alcool. Oh, bien mieux qu'un humanoïde plus petit oui, quand même. Mais face à la plupart des géants il ne fait pas le poids...
C'est pas pour rien qu'il boit rarement aux banquets et compagnie.

Là, il se sent bien. Il est loin d'être saoul.

- J'espère que la soirée te plaît !

D'ailleurs, il commence à faire sombre. Le soleil est couché, là dehors. Alors il se lève et attrape une petite torche pour l'allumer dans le feu et l'utiliser pour allumer les bougies du petit lustre au plafond, histoire qu'ils y voient bien. Et puis, ça met une ambiance sympa dans la maison, le spectacle des ombres dansantes.

- Aaah. Mieux, non ?

Il pose la torche dans le feu pour s'en débarrasser et se réinstalle.

- Tu reveux une part de viande ou t'as assez mangé comme ça ?

Tu roules des yeux en secouant la tête. Ah, ces gens qui ne savent pas accepter un compliment…

“Interdiction de se rabaisser ! Tu as fait un plat qui est bon, doser les épices c’est pas rien, donc, c’est… juste que tu sais faire quelque chose de très chouette avec aussi simple, c’est tout !”

Le repas se déroule tranquillement, dans une atmosphère que tu apprécies. De la connivence peut-être, tu n’es pas sûre de ce qu’elle est exactement, cette atmosphère, mais cela te convient parfaitement. Tu reprends pieds dans quelque chose d’un peu plus concret, votre chasse, la fourrure, et tu ricanes doucement, entre deux bouchées.

“Avoue, c’est pas que t’avais peur que j’aie les épaules à l’air dans une de tes tuniques, c’est que t’en as pas parce que t’es toujours torse-poil.”, ah, oui, tu attaques bas, aidée par l’alcool. “J’ai un manteau en wollop et… Je suis chochotte là-dessus, c’est ma fourrure préférée. Puis, j’ai déjà un Ulvgrim si j’ai envie de poils dans le lit. Même si apparemment, c’est bien, les fourrures blanches, on me voit mieux dessus…”

Non, pour toi l’affaire est entendue. Sauf s’il a une idée exceptionnelle pour vous faire des accessoires assortis, en souvenirs. Mais ça te convient, une manière aussi de le remercier de tout ce temps qu’il t’offre.

Quand tu achèves ta dernière bouchée, tu te sens déjà presque repue ; c’est une satisfaction primaire, chasser, tuer, festoyer de la viande de la chasse, mais c’est dans un plaisir aussi simple que tu te ressource. Attaquant un peu plus sérieusement ta chope, tu réalises à quel point Varin est un gourmet. L’eau-de-vie choisie va parfaitement avec la viande, les pommes de terre en accompagnement s’accordant sans fausse note avec les deux. Tu es perdue dans cet abîme de contemplation - et dans le fond de ton verre - mais tu relèves tes yeux de glace pour les planter dans ceux de ton ami, intensément. S’il t’a déjà vue entamée, il peut certainement reconnaître quelques signes : défier du regard pour provoquer un peu, par exemple…

“Oui. La compagnie comme le repas sont excellents !”

Quand il se lèves, tu penses que c’est le signe que c’est terminé - tu n’as pas envie - mais non. Il allume un lustre, que tu observes le nez levé alors qui se débarrasse de sa torche dans le feu. Tu te vautre moitié sur la table, le buste entièrement allongé sur le bois et la main tendue au maximum, pour vous resservir en alcool tous les deux, son verre étant à une Lili de toi au moins, et c’est dans cette position qu’il te retrouve, alors que tu reviens sur ta chaise pour vous servir - toujours lui un peu plus que toi.

“J’ai rechargé les armes !”, t’expliques-tu, comme si tu avais besoin de te justifier.

D’ailleurs, quand tu te laisses aller en arrière pour t’appuyer contre le dossier de la chaise, tu te reprends rapidement, manquant de manger le sol - au moins l’assise. La question se pose, de manger encore un peu ou non… Mais Varin a été généreux, et manger plus serait abusif. Tu soupires, exagérant ton expression d’une main sur ton front.

“Hélas ! Mon corps retient mes envies, et si mes désirs les plus secrets appellent à un second service, les dures réalités me soufflent que ce serait gâcher : je suis plus capable d’avaler la moindre bouchée, mais c’était excellent.”

Paradoxe, parce qu’il y a toujours de la place pour la chope que tu vides presque en entier. Un dossier. Voilà ce qui rendrait la soirée vraiment parfaite.

“Mais ça pourra servir demain matin ou.. Vu la quantité, y’a de quoi partager… peut-être avec… ”, une pause, ton regard se fait lointain. “... J’ai plus que Moro pour partager ; et il chasse seul. De ton côté ?”